• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Terraferma, le film : une vague d’émigrants sur une île (...)

Terraferma, le film : une vague d’émigrants sur une île italienne

JPEG - 17.3 ko
Le Radeau de La Méduse
Le Radeau de La Méduse Artiste : Théodore Géricault Date : 1818-1819 Technique  : peinture à l’huile

Terraferma, c'est un film que je vous conseille de voir. Seul. En groupe. En famille. Avec ou sans les enfants. C'est un film intéressant, bien qu'il ait eu le grand prix du jury à la Mostra de Venise 2011.

Voici le synopsis de ce film sorti en 2012 et qui est de plus en plus d'actualité. 

Sur l'île italienne de Linosa au large des côtes de la Tunisie et au sud de la Sicile, la pêche traditionnelle est devenue non rentable et fait place au tourisme. Au cours d'un été où îliens et touristes se mélangent, l'île est accostée par des groupes entiers d'immigrés clandestins venus d'Afrique. Les familles de pêcheurs, déclassées socialement à la suite des difficultés de l'économie de la pêche, essaient, non sans mal, de cohabiter avec les nouveaux arrivants. Jeunes et anciens, parents et enfants, se confrontent sur l'attitude à tenir face à la détresse des réfugiés : ne pas leur venir en secours en mer et les dénoncer aux autorités comme la loi les y incite ou respecter les valeurs morales et la solidarité de l'île héritées du travail de la mer.

Après le synopsis, le ressenti.

Le sujet est grave mais le film n'est pas lourd.

Le focus est mis sur les insulaires, leurs réactions, leurs difficultés à joindre les deux bouts, leurs tiraillements entre la loi officielle du rejet du migrant et la loi séculaire de l'hospitalité. Laquelle des deux est légitime ?

Passé le long panoramique du début, on entre dans l'ambiance lente comme avant, dans l'ancien temps, et on évolue dans le village à un train de sénateur.

Les habitants sont pauvres. L'économie a tué la pêche. Les pensions des retraites ont supplenté le salaire du travail. Les jeunes quittent un à un l'ile pour s'en aller gagner leur vie loin de la terre où ils sont nés. Pourtant que la mer est belle.

Les pêcheurs ne trouvent plus de poissons dans leurs filets. Ils sont confrontés aux rescapés de ces nouveaux radeaux de la Méduse. On vit avec une famille normale de trois générations, dans la pauvreté mais sans misérabilisme, avec des émotions mais sans sentimentalisme. Ce sont des hommes et de femmes. Ce ne sont pas des héros.

De plus démunis qu'eux arrivent. La loi interdit de leur apporter de l'aide et impose la dénonciation. Faut-il suivre la loi du jour ou la loi éternelle de la mer de l'aide et de l'hospitalité ? 

C'est Timnit T, une jeune Africaine qui a réussi à débarquer sur l'île de Lampedusa, qui joue son propre rôle dans le film.

Dans ce film les migrants sont des personnages secondaires. On sait peu de choses d'eux. On n'en voit encore moins. On ignore de quelle Afrique ils partent, s'ils ont échappés dans leur périple à l'esclavage ou aux dons d'organes forcés.

A sa sortie, le film montrait un drame récurrent. Depuis la série de drames s'est accrue.

L’Italie chiffre le nombre d’arrivées par la mer de migrants clandestins pour les huit premiers mois de l’année 2014 à 118 000, en augmentation de 175% par rapport à la même période de l’année précédente. Conséquence dramatique des évènements géopolitiques au Moyen-Orient. http://www.atlantico.fr/decryptage/naufrages-en-serie-en-mediterranee-triste-illustration-tres-forte-poussee-migratoire-actuelle-gerard-francois-dumont-1758757.html publié le 17 Septembre 2014

Au hasard : le mercredi 10 septembre 2014 c'est encore un nouveau drame au large des côtes de Malte avec le naufrage d'une embarcation de fortune et de ses 500 migrants partis d’Égypte, volontairement coulée par les passeurs.

Près de 7.000 d'entre eux (des migrants) ont été arrêtés en Libye au moment où ils tentaient de rejoindre par mer l'Europe, a annoncé lundi un responsable relevant du gouvernement parallèle formé à Tripoli après la prise de la capitale libyenne en août 2014 par une coalition de milices appelée Fajr Libya. Le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale est, quant à lui, installé dans l'est du pays http://www.mediaterranee.com/2122015-les-migrants-en-mediterranee-un-long-recit-dhorreur.html publié le Lundi 4 Mai 2015 à 21h05

Plus de 5.800 personnes qui tentaient de rejoindre l'Europe à bord d'embarcations de fortune, ont été secourues pendant le week-end par les garde-côtes italiens. https://fr.news.yahoo.com/video/m%C3%A9diterran%C3%A9e-5-800-migrants-secourus-133407305.html Durée:00:43 Le 05:05/2015

Ce n'est que dans les chansons que la misère semble moins pénible au soleil.


Moyenne des avis sur cet article :  1.25/5   (16 votes)




Réagissez à l'article

14 réactions à cet article    


  • Orélien Péréol Orélien Péréol 15 mai 2015 08:49
    Merci pour cet article.

    J’avais écrit un article, dans le même esprit, pour dire en gros la même chose :

    • Orélien Péréol Orélien Péréol 15 mai 2015 08:51

      Un autre film, sur la traversée de la Méditerranée et la mort qui s’y cache au fond :

      Harragas, Ou le devoir de présence au monde

      http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/harragas-allez-le-voir-71046


      • Mowgli 16 mai 2015 01:04

        @Orélien Péréol

        Avec six mille euros vous avez de quoi vous faire faire tous les faux papiers du monde et il vous reste de quoi vous payer un billet d’avion Tripoli-Paris et en première classe encore, excusez du peu.

        Alors vos salades de pôv’ migrants ouin ouin ouin moi y’en a payé plein les z’euros pou’ passage, gardez-les pour faire pleurer Margot le soir à la veillée et en attendant carrez-les-vous dans le fion pour les garder bien au chaud.


      • Saltz Saltz 16 mai 2015 09:36

        @Mowgli

        J’aurais préféré que vous développiez votre argumentation en termes plus châtiés.

        Que voulez-vous dire ?
        Si 6.000 euros est le prix moyen que les clandestins disent payer à ceux qui les amènent en Libye, il faut prendre en compte que la prestation comprend le voyage et l’entrée en Europe clandestinement.
        Dépenser n’importe quelle somme pour atterrir à Roissy ou à Orly est inutile à cause des contrôles et du refoulement qui s’ensuit.
        Les passeurs fixent les prix et le type de prestation.
        D’autre part, ils ne cherchent pas à fournir un service efficace, car comme vous le faites remarquer, ils fourniraient des faux papiers. Ils cherchent à faire du fric et n’ont pas peur d’un SAV inexistant.


      • foufouille foufouille 15 mai 2015 09:10

        6000€ = 60 smic africain. quel européen pauvre peut obtenir autant d’argent liquide ?
        en france, cela équivaudrait à 60000€.


        • Saltz Saltz 15 mai 2015 09:14

          @foufouille

          Pourquoi ce chiffre de 6000€ ?


        • César Castique César Castique 15 mai 2015 10:50

          @Saltz

          « Pourquoi ce chiffre de 6000€ ? »



          Ce sont les prix moyens que les clandestins disent payer à ceux qui les amènent en Libye, puis à ceux qui tentent de leur faire traverser la mer.


          @ foufouille


          « 6000€ = 60 smic africain. quel européen pauvre peut obtenir autant d’argent liquide ? »

          De plus, six mille euros multipliés par des dizaines de milliers d’individus, cela fait des centaines de millions d’euros, et multipliés pas des centaines de milliers d’individus, cela fait des milliards d’euros.

          Ce constat a conduit l’ancienne sous-secrétaire d’Etat italienne Daniela Santanchè à penser que nous sommes en présence d’une invasion, financée par des organismes qui cherchent à déstabiliser l’Europe en opposant les peuples prétendument souverains - qui dans bien des endroits n’en peuvent déjà plus - aux gouvernants qui les ignorent, tout en facilitant la pénétration de djihadistes prêts à passer à l’action lorsque l’ordre leur en sera donné.

          Et c’est vrai que face à de telles sommes, concentrées en Libye par des gens issus de peuples parmi les plus pauvres de la planète, on doit se poser les questions que les élites n’effleurent même pas.

        • Saltz Saltz 15 mai 2015 11:11


           @César Castique

          Les flux financiers liés à ces migrations mériteraient un article à part entière.

          Il y a les flux financiers liés aux déplacement lors de la migration, qui profitent aux passeurs .

          Il y a aussi les flux financiers des immigrés qui travaillent.
          D’après une étude de la BAD, les transferts financiers officiels des migrants maliens représentent 11 % du PIB, 79 % de l’APD et une moyenne de 7700 Euro par foyer et par an.
          ...
          Alors que 65 % des transferts viennent de France, 73 % de ceux-ci transitent par des circuits informels.
          http://news.abamako.com/h/10518.html


          Les transferts de fonds des migrants représentent des flux financiers très importants pour les pays en développement, pouvant atteindre jusqu’à 30% du produit intérieur brut du pays récipiendaire. Souvent, ils dépassent même le montant d’aide publique au développement.
          http://www.leadinggroup.org/rubrique153.html


        • César Castique César Castique 15 mai 2015 10:11

          Je n’irai voir ce film qu’à une seule condition, que la dernière image montre une flottille de barcasses s’éloignant de Linosa, transportant les autochtones dépossédés de leur terre ancestrale, vers l’Italie. D’où ne vient aucuns secours, en raison de la réalité que les fuyards amènent avec eux.



          « Plus de 5.800 personnes qui tentaient de rejoindre l’Europe à bord d’embarcations de fortune, ont été secourues pendant le week-end par les garde-côtes italiens. »

          Et environ 3100 autres entre hier et avant-hier.

          P.S. - On se demande ce que l’U.E. attend pour envoyer des bateaux recueillir les boat-people qui se font jeter d’un pays à l’autre dans l’océan Indien. Quelle honte ! Quel égoïsme ! Quelle inhumanité !

          • Saltz Saltz 15 mai 2015 10:24

            @César Castique

            Je ne vais pas déflorer le film (spoiler en français d’aujourd’hui).

            Mais la fin surprend tout en étant parfaitement logique.

            Le film existe sur DVD.
            Regardez-le ne serait-ce que pour l’angle de vue inhabituel : celui des insulaires.


          • César Castique César Castique 15 mai 2015 11:40

            @Saltz

            « Regardez-le ne serait-ce que... »


            Ce ne sera pas nécessaire. J’ai recherché les critiques de la presse immigrationniste italienne et j’ai trouvé sur le même site celles du Fatto quotidiano, de L’Unità, du Manifesto et d’Avvenire (quotidien de la conférence épiscopale italienne). Que ces quatre titres disent du bien de ce film constitue, de mon point de vue, un élément de dissuasion rédhibitoire.


            Pour l’anecdote, on rapprochera avec intérêt la description des clandestins par Il Fatto quotidiano et les chiffres que je donnais ci-dessus, à 10:50, et auxquelles vous n’apportez qu’une réponse, à mon sens, très partielle, parce que les illégaux affluent de partout, du Sénégal à la Chine.


            Gianni Canova, le critique du canard, parle d’une image qui restera dans toutes les mémoires :

            « Un gros plan : celui dans lequel Timnit, réfugiée africaine, enceinte d’une fille, remercie celui qui l’a recueillie dans les eaux de la Méditerranée, la sauvant de cette mort en mer à laquelle la loi italienne condamne ses semblables : les damnés de la terre. Les derniers. Les réfugiés, les exilés, les clandestins. Ceux qui n’ont rien à perdre. Ceux qui n’ont rien de rien.  »

            Fermez le ban !


          • Saltz Saltz 15 mai 2015 12:49


            @César Castique

            Que ces quatre titres disent du bien de ce film constitue, de mon point de vue, un élément de dissuasion rédhibitoire.
            Ce n’est pas parce que mon adversaire idéologique exprime un avis que je me sentirai obligé d’être d’un avis contraire.

            Ce n’est pas un film sur les migrants, mais sur les gens qui les voient arriver.
            Cela permet de se poser des questions comme « Et si ces migrants arrivaient dans ma ville ? »

            *****************

            Ce constat a conduit l’ancienne sous-secrétaire d’Etat italienne Daniela Santanchè à penser que nous sommes en présence d’une invasion, financée par des organismes qui cherchent à déstabiliser l’Europe en opposant les peuples prétendument souverains - qui dans bien des endroits n’en peuvent déjà plus - aux gouvernants qui les ignorent, tout en facilitant la pénétration de djihadistes prêts à passer à l’action lorsque l’ordre leur en sera donné.

            C’est peut-être vrai.
            Mais je pense que ce sont des « hommes d’affaires » qui voient dans cette activité un moyen de s’enrichir.

            Un de nos Observateurs a pu enregistrer en secret une conversation au cours de laquelle un trafiquant installé en Turquie explique comment sont organisés les passages de migrants vers l’Europe. Une description aussi cynique que détaillée de ces voyages à très hauts risques.

            La Turquie est un carrefour pour les migrants en provenance du Moyen-Orient cherchant à rejoindre l’Europe. Parmi eux, des dizaines de milliers d’Iraquiens, d’Iraniens et d’Afghans mais la plupart sont des Syriens qui ont fui la guerre. Depuis l’éclatement du conflit, en 2011, ils sont plus d’un million à s’être rendus en Turquie. Ceux disposant de moyens financiers suffisants essaient le plus souvent de quitter la Turquie pour rejoindre des pays d’Europe, où ils ont plus de chance d’obtenir l’asile politique. Dans ce contexte, la Turquie est devenue un véritable paradis pour les passeurs.

            ...
            Ahmad, un Afghan installé à Ankara, est l’un de ces trafiquants. Notre Observateur, dont nous tenons à garder l’identité secrète pour des raisons de sécurité, a enregistré en secret cette conversation avec lui en dari (l’une des variantes du persan, NDLR). Des parties de la retranscription de l’enregistrement ci-dessous ont été réorganisées pour davantage de clarté.

            Actuellement, environ 80 % de nos clients sont Syriens. Les autres sont Irakiens, Iraniens ou Afghans. Ils ont rarement une destination précise en tête. On les emmène en Italie ou en Autriche, et ils peuvent ensuite décider de se rendre dans un autre pays, en se débrouillant.

            Les prix varient énormément selon les passeurs : tout dépend vraiment de l’argent qu’ils sont prêts à dépenser pour sécuriser le passage de leurs clients. S’ils veulent dépenser très peu d’argent, il y a plus de risques que les clients soient attrapés. Mais que ces derniers soient arrêtés ou meurent, qui s’en soucie ? Ils ont déjà reçu une partie de l’argent en amont, donc ils ne sont jamais perdants.

            Il est possible de quitter la Turquie par voie maritime, aérienne ou terrestre. Quand les migrants choisissent la voie maritime, ils rejoignent alors la Grèce. S’ils veulent faire la traversée à bord d’embarcations gonflables, ça leur coûte 1 600 euros. Le voyage à bord d’un bateau de pêche coûte 2 400 euros, et à bord de bateaux de croisière 3 200 euros. Pour les bateaux de croisière, les passeurs emmènent les migrants dans des petits bateaux jusqu’à la limite des eaux territoriales grecques et de là, ils font monter les réfugiés à bord avec la complicité de membres de l’équipage.

            Le moyen le moins cher de quitter la Turquie reste la voie terrestre. Si les migrants veulent voyager dans un conteneur à bord d’un camion pour atteindre l’Italie ou l’Autriche, ils doivent dépenser 800 euros.

            « Les passeurs se soucient uniquement de l’argent, ils sont prêts à sacrifier n’importe qui pour cela »

            ...

            L’an dernier, les autorités italiennes ont sauvé au moins 150 000 migrants en Méditerranée, via le programme « Mare Nostrum ». Elles ont toutefois décidé d’y mettre fin à l’automne 2014, faute de soutien de la part d’autres pays européens. Une initiative européenne était censée le remplacer, mais celle-ci semble compromise après le refus du Royaume-Uni d’y participer. Le ministère britannique des Affaires étrangères a déclaré que le programme envisagé encouragerait les migrants à prendre davantage de risques pour tenter la traversée. Au moins 2 500 migrants sont morts en mer depuis le début de l’année.

            En parallèle de ces négociations, Frontex, l’agence chargée de surveiller les frontières extérieures de l’UE, a lancé l’opération Triton au mois de novembre. Son objectif est principalement de contrôler les frontières par le biais de patrouilles pouvant aller jusqu’à 30 miles des côtes italiennes. Mais Triton ne prévoit ni la recherche, ni le sauvetage de personnes en danger.

            Cet article a été écrit en collaboration avec Ershad Alijani (@ErshadAlijani), journaliste à France 24.

            http://observers.france24.com/fr/content/20141120-est-jamais-perdants-passeur-devoile-trafic-migrants-syrie-l%E2%80%99europe


          • César Castique César Castique 15 mai 2015 15:24

            @Saltz

            « Ce n’est pas un film sur les migrants, mais sur les gens qui les voient arriver.Cela permet de se poser des questions comme « Et si ces migrants arrivaient dans ma ville ? » »


            N’étant ni insulaire ni « gens de la mer », pour ce qui me concerne, le problème ne se pose pas dans les mêmes termes que dans le film. 

            En tant que « terrestre », j’ai déjà eu la possibilité de me « tester », si j’ose dire, en lisant, et de me « retester » en relisant, « Le Camp des Saints » le prophétique roman de Jean Raspail. 

            Et je dois avouer, au risque de passer pour un imbécile, que mon avis n’a pas changé depuis ma première lecture, qui remonte au début des années 90.

          • pivac 5 mars 2016 00:44

            Article intéressant merci aussi, ce film prend en ce moment une tournure tellement particulière... Je me permets de vous partager mon article publié sur mon webzine www.sacrecinema.com, au sujet de ce film http://sacrecinema.com/2016/03/03/terraferma-emanuele-crialese-2012/

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité