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Accueil du site > Tribune Libre > Tout est bon dans le mouton !

Tout est bon dans le mouton !

Ce texte est ma contribution au concours national du pamphlet organisé par la bibliothèque de Clamecy (Nièvre). Il a été écrit en juin dernier, mais j’ai peur qu’il ne soit encore d’actualité.

Un fleuve d’amour coule dans mon âme. J’aime l’humanité dans son ensemble, mais tout particulièrement ces hommes et ces femmes d’élite qui nous gouvernent avec humilité, avec tendresse, avec abnégation. Qu’ils soient politiciens, actionnaires, experts, journalistes, chefs d’entreprise, financiers ou publicitaires, ces êtres d’exception travaillent sans relâche à encadrer nos actions, à diriger nos sentiments, à façonner notre pensée. Et comme ils le font bien ! Comme leurs choix sont sages ! Vraiment, il est juste et bon de leur rendre grâce, toujours et en tout lieu !
 
Tu l’auras compris, cher lecteur, je n’ai pas l’âme d’un pamphlétaire. Le pamphlet, d’après le règlement de ce concours, exige un ton « vif, mordant, éventuellement virulent, voire violent ». Ma prose, tout au contraire, est naturellement douce, caressante, constructive, tour à tour édifiante comme un sermon d’Henri Guaino[1] et lénifiante comme une catéchèse de sœur Ségolène. S’il ne tenait qu’à moi, j’écrirais un grand chant d’amour en l’honneur de nos Bons Bergers. Ils nous guident vers les gras pâturages de la Croissance économique. Ils font de beaux discours pour sauver la planète. Ils nous protègent des loups d’Al-Qaïda. Et s’ils nous tondent, de temps en temps, c’est toujours pour notre bien ! S’il ne tenait qu’à moi, je bêlerais tout simplement ma joie. Ma joie d’être un mouton choyé… ma joie de brouter à ma faim sans avoir à penser… ma joie d’aimer et d’être aimé par plus grand que moi !
 
Seulement il est des Méchants. Ce sont les mauvais bergers dont parle l’Évangile. Ce sont les rebelles, les esprits forts, les cracheurs dans la soupe. Rien que d’y penser, des frissons de haine parcourent mon corps paisible de mouton. Mais la haine n’est-elle pas un péché ? Non : il n’est pas interdit de haïr le Mal ! Certes, il sied à notre cœur moutonnier d’être toujours gonflé d’amour. Seulement l’amour véritable est sans mièvrerie. Il prend même, parfois, la forme paradoxale d’une Sainte Colère. Notre Seigneur n’a-t-il pas usé d’un fouet pour chasser les marchands du Temple ? George W. Bush n’a-t-il pas fait la guerre aux primitifs d’Afghanistan et d’Irak pour leur apporter la démocratie et le cheeseburger ? Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas donné une sévère leçon de courtoisie à un pauvre con qui rejetait sa main tendue[2] ? C’est en pensant à ces exemples que je me suis décidé à écrire ce pamphlet. Puissent mes mots, tel le fouet de Jésus-Christ, faire saigner le cœur des Méchants et les inciter au repentir !
 
Ceux que j’appelle les Méchants, ce sont ces agitateurs qui – confondant à dessein liberté et licence, démocratie et anarchie, éducation et subversion – instillent dans les cervelles plébéiennes le séduisant poison de l’égalitarisme. On l’aura deviné : je veux parler des populistes.
 
D’où viennent les populistes ? Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Pourquoi sont-ils si méchants ? Pourquoi faut-il les terroriser, taseriser, kärcheriser, aboughraïbiser, guantanamiser, jusqu’à ce que leur volonté satanique soit brisée ? Telles sont les questions auxquelles ce modeste pamphlet s’efforce de répondre.
 
D’où viennent-ils ?
 
Le populisme plonge ses racines dans ces années ténébreuses qu’on nomme quelquefois, sans doute par ironie, le siècle des lumières. Un texte du philosophe teutonique Emmanuel Kant résume assez bien l’esprit détestable de cette époque : « Qu’est-ce que les Lumières ? La sortie de l’homme de sa minorité. Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. »[3] Si l’on débarrasse ces lignes de leur lourdeur germanique, on comprend que Kant encourage ses lecteurs à mettre en cause toute autorité. Au lieu de suivre sagement les conseils de son médecin, les ordres de son capitaine, les décrets de son roi et les préceptes de son directeur de conscience, l’homme des lumières refuse l’obéissance aveugle au nom de sa prétentieuse petite « Raison ». Voilà toute la « pensée » de Kant et des « philosophes ». Bienheureux les aveugles, puisqu’il leur a été épargné la lecture de ces auteurs abominables !
 
Qui sont les populistes ? Que veulent-ils ?
 
Aussi nauséabonde fût-elle, l’idéologie des « lumières » était encore bien innocente comparée au populisme radical qu’elle enfanta. Par populisme radical, j’entends un mouvement qui vise à restreindre le pouvoir des élites (censées trahir l’intérêt général) et permettre aux citoyens ordinaires de participer activement aux affaires publiques. En un mot, les populistes radicaux veulent démocratiser la démocratie. Or, la plupart des philosophes des lumières n’ont jamais eu de sympathie pour la démocratie. S’ils ont critiqué la monarchie, la noblesse et la religion, ce n’était pas pour aider le peuple à s’émanciper, mais pour légitimer une nouvelle élite, plus apte selon eux à gérer les affaires de l’État. En lieu et place du clergé et de la noblesse de sang, ils entendaient promouvoir une aristocratie fondée sur l’argent et sur l’instruction : la bourgeoisie. Qu’on songe seulement à Voltaire, qui écrivait en 1766 : « J’entends par peuple la populace qui n’a que ses bras pour vivre. Je doute que cet ordre de citoyens ait jamais le temps ni la capacité de s’instruire […]. Il me paraît essentiel qu’il y ait des gueux ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi une terre, et si vous aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis. Ce n’est pas le manœuvre qu’il faut instruire, c’est le bon bourgeois, c’est l’habitant des villes ; cette entreprise est assez forte et assez grande. » En vérité, je vous le dis, il sera beaucoup pardonné à Voltaire pour cette belle maxime !
 
Mon admiration va aussi à ces révolutionnaires modérés, qui ont eu la sagesse de reprendre de la main droite ce qu’ils avaient concédé à la plèbe de la main gauche. Je pense ici tout particulièrement à toi, Sieyès, toi qui prônas le suffrage censitaire juste après avoir rédigé la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. D’aucuns ont cru voir là une contradiction. Mais en affirmant l’égalité de tous les hommes, divin abbé, tu ne pensais pas à ces primates qu’un usage laxiste a rangés dans l’espèce humaine. Les pauvres, les femmes et les nègres nous ressemblent beaucoup, c’est incontestable, mais ce ne seront jamais que d’agréables animaux de compagnie. Telle était ton opinion, Sieyès, et celle de tous les révolutionnaires modérés. Aussi ne faut-il pas s’étonner si la Révolution a attendu 1794 pour abolir l’esclavage, et si elle n’a jamais accordé le droit de vote aux femmes et aux pauvres.
 
Comme on le voit, même le fanatisme révolutionnaire avait ses limites. Celui des populistes radicaux n’en connaît aucune. Rien n’est sacré pour ces moutons noirs. Avec une arrogance qui serait risible si elle n’était insupportable, ils passent leur temps à contester les décisions des Élus et la parole des Experts. À titre d’exemple, je mentionnerai le cas incroyable de Frédéric Lordon, un farfelu qui se prétend économiste et chercheur au CNRS. En 2005, invité par charité aux Matins de France Culture, ce monstre d’ingratitude commença par déverser son fiel sur ses hôtes. D’après lui, il était significatif que les chroniqueurs quotidiens de l’émission (Olivier Duhamel, Alain-Gérard Slama, Alexandre Adler et Marc Kravetz) se fussent tous les quatre déclarés en faveur du Traité Constitutionnel Européen. D’après M. Lordon, cette unanimité illustrait à merveille le matraquage médiatique subi par les Français durant la campagne référendaire. S’il avait un tant soit peu réfléchi – mais peut-on attendre une telle chose d’un sans-culotte ? – notre Lordon n’aurait pas raconté ce genre de salades[4]. Il aurait compris que le consensus des élites en faveur du Traité prouvait scientifiquement l’excellence de celui-ci. Comment des hommes soigneusement sélectionnés pour leur amour du Bien Commun auraient-ils pu faire l’apologie d’un texte nuisible ou médiocre ? Voilà ce que Frédéric Lordon a refusé de voir. Car tels sont les populistes radicaux : intoxiqués par la théorie du complot, ils imaginent toujours des intentions malveillantes de la part des classes dominantes.
 
Pourquoi sont-ils si méchants ?
 
La plupart des populistes radicaux sont comme ce M. Lardon : ce sont des impuissants, des jaloux. Faute de pouvoir accéder aux hautes sphères, ils se consolent en les dénigrant. Sans être excusable, une telle mesquinerie est compréhensible dans une certaine mesure.
 
Il n’en va pas de même pour ces populistes étranges, qui vomissent les élites… alors qu’ils en font eux-mêmes partie !!! Pour ces dégénérés, un diagnostic s’impose : la HAINE DE SOI. Dans le genre, le cas Chomsky est édifiant. Jugez plutôt. Membre reconnu de l’élite intellectuelle mondiale, Noam Chomsky ne cesse de lui reprocher sa complaisance envers l’ordre capitaliste. Américain, et à ce titre seigneur du monde, il prend plaisir à débusquer les minuscules travers de la politique étrangère de son pays. Juif, il n’a pas de mots assez insultants pour critiquer la bienveillante domination des Israéliens sur les va-nu-pieds de Gaza et les bédouins de Cisjordanie. Avec Chomsky, le populisme radical prend des proportions pathologiques. Comment est-il possible de renier ainsi sa caste, sa nation, son ethnie ? Comment peut-on, lorsqu’on est un brave mouton bien nourri, renoncer à son instinct grégaire et s’écarter du troupeau ? Comment peut-on cracher sur sa patrie, surtout quand elle se trouve être le pays de la Liberté et de Walt Disney ? Comment peut-on être à la fois juif et critique à l’égard d’Israël, donc antisioniste et par conséquent antisémite ? O abîme de la perversité humaine ! O puissance formidable de la propagande ultra-gauchiste !
 
Pourquoi il faut les envoyer à Guantanamo
 
Quel sort faut-il réserver aux populistes radicaux ? Depuis la disparition du Goulag, nous ne savons plus trop où parquer nos dissidents. Par bonheur, nous avons depuis 2001 un ersatz tout à fait acceptable : Guantanamo. Mais, me direz-vous, ce châtiment n’est-il pas un peu excessif ? Non. C’est qu’à vrai dire il ne s’agit même pas d’un châtiment. Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais son repentir. Pourquoi souhaitons-nous faire souffrir les populistes ? Pourquoi voulons-nous les terroriser, les électrocuter, les humilier, les faire lentement rôtir sous le soleil de Cuba ? Pourquoi les forcerons-nous à psalmodier la lettre de Guy Môquet ? Est-ce par sadisme ? Non ! C’est pour purger leur âme des erreurs qui l’ont pervertie.
 
Car les populistes, comme tous les méchants, sont victimes d’un aveuglement. S’ils nous trompent, c’est parce qu’ils se trompent eux-mêmes. Et leur erreur est au fond toujours la même : ils se croient sages parce qu’ils ignorent leur propre ignorance ; ils méprisent les élites parce qu’ils ne comprennent pas à quel point elles les dépassent. Demandons à un bon citoyen d’expliquer en quoi il est inférieur à ses dirigeants. Il répondra certainement : « Je ne saurais le dire. Et c’est justement pour cela que je ne suis qu’un citoyen ordinaire. Si je savais précisément en quoi les élites me sont supérieures, je serais aussi savant qu’elles, donc digne d’être accueilli en leur sein merveilleux ». Voilà un raisonnement imparable, et à la portée de n’importe quelle personne de bon sens. Mais les populistes, avec leur esprit tordu, ont une tout autre manière de voir les choses. D’après eux, notre incapacité à prouver la supériorité des élites indiquerait… l’incompétence de celles-ci !
 
On comprend maintenant à quel point la cervelle des populistes est ravagée par l’orgueil et la bêtise. Dire que les élites sont incompétentes est évidemment absurde. D’abord, il va de soi que les élites ne seraient plus les élites si elles étaient incompétentes. Un enfant de cinq ans sait cela ! Ensuite, il faut bien se rendre compte que les élites passent leur temps à s’informer mutuellement, si bien que l’étendue de leur savoir est incommensurable. Je m’explique. Chaque élite a sa spécialité. L’élite politique n’a pas la même fonction que les élites médiatique, scientifique, militaire, économique, etc. Mais toutes ces sphères admirables s’interpénètrent en permanence. Par exemple, les grands journalistes fréquentent régulièrement les maîtres de l’économie et de l’État. Tous ces dieux vivent sur un même Olympe. Ils ont fait les mêmes études, vont aux mêmes soirées mondaines et dépendent les uns des autres pour s’informer ou pour financer leurs activités. Sans cette féconde connivence, comment les grands journaux américains auraient-ils su, en 2003, que Saddam Hussein cachait des armes de destruction massive ? Comment auraient-ils pu communiquer la bonne nouvelle à leurs lecteurs et justifier ainsi une nouvelle guerre contre l’Irak ?
 
Un autre exemple, peut-être plus frappant encore, ce sont les liens étroits qui unissent le monde politique au monde des affaires. C’est grâce à cette symbiose que les politiciens sont si compétents en économie et les multinationales si florissantes. En France, on connaît l’affection du chef de l’État pour de grands entrepreneurs comme Lagardère ou Bolloré. Sans cette amitié, on comprendrait mal comment un homme peu formé aux subtilités de l’économie a pu prendre des mesures aussi géniales que le bouclier fiscal ou la réforme des droits de succession. C’est sans doute en fréquentant la grande bourgeoisie financière et industrielle que Nicolas Sarkozy a découvert ce théorème si précieux de la science économique : ce qui est bon pour les riches est bon pour la société. Cette vérité est connue depuis toujours, mais c’est tout récemment qu’on l’a démontrée rigoureusement. Sous l’influence des gauchistes Smith et Ricardo, on avait cru que les richesses proviennent du travail de l’homme. Aujourd’hui, nous savons qu’il n’en est rien. Malgré les apparences, les véritables créateurs de richesses ne sont pas les travailleurs mais les actionnaires. Et c’est pourquoi il faut être très gentil avec eux. Contre les populistes, qui voudraient ponctionner la fortune des riches pour financer les caisses de retraites, il faut rappeler inlassablement que les riches ont été programmés par le Créateur pour s’enrichir, et les travailleurs pour travailler jusqu’à ce que mort s’ensuive.
 
Voilà ce qu’ont très bien compris Nicolas Sarkozy et tous les autres chefs d’État. Car, bien entendu, le cas de la France n’est pas isolé. Partout dans le monde, les politiciens donnent la main aux hommes d’affaires pour construire ensemble un monde plus prospère, plus juste et plus solidaire. Aux États-Unis, ces liens sont encore moins cachés qu’en France : les grandes entreprises financent les campagnes électorales, ce qui leur donne un pouvoir non négligeable sur les dirigeants qu’elles ont contribué à faire élire. C’est ainsi que les banquiers ont fait pression sur M. Clinton et sur le Congrès pour obtenir une fructueuse déréglementation. Depuis le New Deal, les banques de dépôt étaient bridées par la loi Glass-Steagall, qui leur interdisait d’utiliser l’argent de leurs clients pour faire des placements aventureux. En 1999, ce carcan inique sautait enfin. Grâce à une émouvante fraternité entre hommes politiques et hommes d’affaires, la spéculation financière s’envolait, pour le plus grand bien de l’économie mondiale, vers des hauteurs jusqu’alors inconnues.[5]
 
Nous voici au terme de notre démonstration. Il est maintenant manifeste que les populistes radicaux sont des fous, des pervers, des monstres d’orgueil et de bêtise, des jaloux et des ultra-gauchistes. Il convient de les rééduquer, pour le salut de leur âme, et par les moyens les plus cruels possibles. Mais il convient plus encore de les mettre en quarantaine, afin que leurs délires ne contaminent pas le paisible troupeau des citoyens moutons. Dès que les dernières traces du laxisme soixante-huitard auront disparu de nos législations, nous enverrons cette racaille à Guantanamo.
 
En attendant, il faut l’isoler moralement, en la discréditant aux yeux de la population. Et pour ce faire, il n’est pas inutile de savoir manier la rhétorique. Ainsi, ce n’est pas pour rien que j’ai utilisé le mot de populiste tout au long de ce pamphlet. C’est qu’il a l’avantage de mettre dans le même sac tous ceux – de l’extrême droite à l’extrême gauche – qui contestent la légitimité des élites. Une personne est-elle favorable à une réduction des inégalités ? C’est une populiste. Une autre souhaite-elle davantage de démocratie dans l’État ou dans les entreprises ? C’est encore une populiste. Une populiste, c’est-à-dire une démagogue, une irresponsable, une fanatique. Ce mot de populiste finira par devenir l’injure suprême, ex aequo avec terroriste. D’ores et déjà, il remplace avantageusement fasciste et communiste. Il est d’ailleurs fréquent qu’on rapproche le populisme du totalitarisme. Récemment, le philosophe et psychanalyste Alain Juranville expliquait sur France Culture que le capitalisme mondialisé est notre horizon indépassable, et que la démocratie directe mène nécessairement au bolchevisme et au nazisme[6]. Peu importe l’exactitude historique de cette analyse : l’essentiel est qu’elle fasse l’amalgame entre le populisme radical et deux régimes qui, pour des raisons mystérieuses, ne sont guère appréciés par l’opinion publique.
 
Si cette propagande s’amplifie suffisamment, il y a fort à parier que nos brebis perdues finiront par avoir honte de leur folie. Pardonnées, bêlantes de joie, éperdues d’amour pour leurs maîtres généreux, elles retrouveront la douce chaleur du bercail capitaliste et les vertus dormitives du consumérisme. Quant à nous, les moutons fidèles, nous pourrons de nouveau brouter tranquilles, attendant patiemment le jour béni où, métamorphosés en gigots, nous partirons pour un ultime voyage vers l’estomac de nos propriétaires.


[1]Rappelons qu’Henri Guaino est l’auteur, entre autres chefs-d’œuvre, du discours prononcé par Nicolas Sarkozy au Sénégal en 2007. C’est lui qui écrivait ces lignes sublimes pour remettre à leur place les négrillons de l’université de Dakar : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. »
 
[2] Comment peut-on dédaigner une telle main – cette main si virile et pourtant si douce, plus prompte à pardonner qu’à châtier, cette main qui ne craint pas de se salir un peu en serrant d’autres mains d’une facture moins noble : la main fainéante des chômeurs, la main agressive des ouvriers de Gandrange, la main fanatique des écologistes et parfois même – malgré les mises en garde de Brice Hortefeux – la main brune et sournoise des Maghrébins ? 
 
[3] E. Kant, Qu’est-ce que les Lumières ? – 1784, traduction de Stéphane Piobetta, Montaigne, 1947.
 
[4] Salades au Lordon, bien sûr !!! Sans fausse modestie, je trouve qu’elle est très bonne. Allons, il faut bien rire un peu, même à propos des sujets les plus graves. L’humour est la crème de la vie, comme disait Bernard-Henri Lévy dans Entartage vertigo. 
 
[5] Signalons que l’ancien président des États-Unis a été bien récompensé pour son dévouement à la cause des banquiers : « Le mois qui suivit son départ de la Maison Blanche, M. Clinton gagna autant d’argent qu’au cours de ses cinquante-trois années de vie antérieures. Goldman Sachs le rétribua 650 000 dollars pour quatre discours. Un autre, prononcé en France, lui rapporta 250 000 dollars ; cette fois, c’est Citigroup qui paya. » Information tirée du mensuel bolchevique Le Monde diplomatique, édition de juin 2010.
 
[6] Propos tenus le 14 mai 2010 durant l’émission Macadam philo.

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4 réactions à cet article    


  • zelectron zelectron 25 octobre 2010 13:45

    Moi, je ne suis pas d’accord : j’ai cuisiné ce mouton comme tu l’as indiqué mais je trouve qu’il manque d’assaisonnement, finalement je vais me résoudre à laisser paître les autres de l’herbe de félicité et de l’eau de jouvence que ce poulet vient d’évoquer avec tant de douceur et de commisération. Cet écrit devrait servir de pense-bête pardon d’exégèse à tout homme politique désirant avec abnégation se sacrifier (« sacerdoctalement ») à la cause commune du peuple, pour le peuple, avec le peuple, à cause du peuple, grâce au peuple...
    J’applaudis à ce texte révélateur majoritairement à l’esprit de pommade doucereuse déversée par des politiques qui ne se rendront même pas compte de quoique ce soit lorsqu’ils seront précipités dans le chaudron., 


    • Jordi Grau J. GRAU 25 octobre 2010 15:05

      Mêêêêerci pour ces louanges. J’espère que d’autres gens seront de ton avis, ou du moins qu’ils auront la curiosité de lire mon pamphlet. J’ai peur que beaucoup prennent le titre et l’illustration au premier degré, et ne pensent qu’il s’agit d’une recette de cuisine.


      • parzifal 25 octobre 2010 15:26

        Merci pour ce texte !!!


        • LE CHAT LE CHAT 25 octobre 2010 22:27

          mêêêê mêêêê mêêêê
          pas de mais !

          pauvres moutons , que fait Brigitte Bardot contre cette zoophilie ? smiley

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Jordi Grau

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