Tragédie d’Orlando : qui pleure-t-on vraiment ?
Le sujet est complexe. D’abord parce qu’il tient à une tragédie humaine qui appelle à un silence de recueillement, ensuite parce qu’il s’agit d’un sujet deux en un qui prêterait aisément à confusion. Je dissocierais l’analyse des mobiles probables de ce massacre de la réaction tout aussi symptomatique que discutable qu’il a suscité en Occident, particulièrement à Paris où les autorités ont hissé le drapeau LGBT au sommet de la Tour Eiffel, sur les murs de l’Hôtel de Ville et du ministère de la Culture. Je suis loin de porter Hollande dans mon cœur mais de là à lui faire un procès sur la base d’une dite maladresse quand il affirme dans son hommage tweeterien que tout homme est libre de « choisir » son orientation sexuelle, il faut vraiment le faire !
Mais commençons par le commencement. Qui est Omar Mateen, l’homme qui a inexorablement liquidé une cinquante de personnes dans un night-club de profil gay et en a blessé environ le même nombre ? Une lecture synthétique des journaux permet d’établir deux faits :
- Primo, Mateen était issu d’une famille musulmane rigoriste, lui-même s’était radicalisé quitte à collaborer (ou, qui sait, à rejoindre ?) l’EI.
- Secundo, le personnage aurait été un habitué du lieu de la tragédie. Son mode de détente divergeait quelque peu des prescriptions de l’islam sachant qu’il se saoulait volontiers et avait un faible pour les spectacles trans.
Pour la plupart des lecteurs, ces deux faits sont en parfaite contradiction. C’est en apparence le cas mais qu’en est-il en pratique ?
Sans être psychologue ou psychiatre, j’opterais pour trois scénarios avec une certaine préférence, autant le signaler de suite, pour le dernier.
- La thèse la plus récente, celle sur laquelle le mainstream médiatique a choisi de s’appuyer, c’est celle de l’amant éconduit. Pris d’un accès de démence, il décide de se venger à grande échelle. Nous avons là un crime passionnel dans toute sa splendeur diabolique. L’islam n’a rien à voir là-dedans – et cela est vrai ! – mais l’islamisme lui n’est évoqué que dans la mesure d’une possible influence exercée par une poignée d’imams salafistes déambulant à travers les vastes étendus US en passant d’abord par l’Australie et le Québec. L’imam Farrokh Sckalestefer est d’abord pointé du doigt avec ses prêches homophobes, les médias pensent avoir trouvé le coupable en quelques clics, mais voilà que ce dernier verse dans le déni : ses propos auraient été extraits de leur contexte, jamais il n’a préconisé la peine capitale pour les gens de la mouvance LGBT. Aussitôt, les mêmes médias reviennent sur leurs griefs en essayant presque de redorer le blason d’un prêcheur notoirement radicalisé. Nous en revenons automatiquement à l’hypothèse de l’amant éconduit.
- Les rescapés ont témoigné de seize coups de fil passés par Mateen après l’attentat. Ses interlocuteurs auraient été des membres de l’EI auxquels il avait fait un rapport exhaustif de son « exploit ». Peu après, l’EI revendique officiellement cette boucherie. S’il en est ainsi – et je ne vois aucune raison de ne pas croire tant de témoins – il faudrait considérer que les bacchanales de Mateen n’était qu’une vaste ruse pour, de un, endormir d’éventuels soupçons de la part de la communauté, de deux, sonder le terrain pour augmenter le nombre de victimes. Un islamiste qui se force à picoler, me direz-vous … Oui, mais un terroriste est avant tout un être humain qui souvent a du mal passer à l’action et cherche refuge dans les drogues ou breuvages défendus.
- Maintenant, pourquoi ne pas supposer qu’un gay en pleine inhibition émotionnelle et/ou sexuelle rejoigne les rangs de l’EI ? J’ai connu dans le temps un homme provenant d’une famille catholique de sensibilité lefebvriste qui était homo en puissance et se détestait en tant que tel. Il ne ratait pas une seule messe et projetait d’émurer son « vice » au plus profond d’un cloître lointain. L’histoire n’a rien d’exclusif, nous pourrions être dans un cas de figure similaire mais dont le dénouement est plus typique des envoûtements salafistes. En se résolvant à commettre ce massacre, Mateen se savait condamné à la même peine que ses victimes. Ne croyait-il pas être acquitté de la sorte par un Dieu qu’il croyait être Allah ? En d’autres termes, se purifier et servir une cause qu’il pensait juste ? Les journalistes se trompent quand ils laissent entendre que ce genre de personne instrumentalise le discours religieux pour maquiller une homophobie avérée. Ils n’instrumentalisent rien du tout, ils y croient. Mais cela, les bobos de la plume ne sont pas fichus de le comprendre. Même quand ils savent que dans certains pays islamiques et wahhabites dont l’Arabie Saoudite l’homosexualité est passible de la peine suprême. Est-ce précisément là que le bât blesse les monarchies du Golfe, des EI qui « ont réussi » comme l’a si bien dit Kamel Daoud, étant les alliés de la France et les créatures chéries (à quelques tensions près) des USA ? Mais il faudrait aussi expliquer comment est-ce que font des prédicateurs de la trempe d’un Sckaleshfer pour se produire en toute liberté en Australie, au Québec, aux USA sans oublier les pays de l’UE où les Frères Musulmans pourtant interdits dans une grande partie du monde arabo-musulman se la coulent douce ?
Il est donc très clair que les interprétations livrées ne sont que d’humbles bribes suintant la lâcheté et l’hypocrisie.
Le 13 juin, Paris était en deuil. Cette synecdoque pour désigner les têtes bien-pensantes d’Europe occidentale qui, sans le vouloir, ont mis à nue un aspect partiellement abordé suite à la tragédie de Charlie (au fait, fera-t-il des caricatures sur le sujet ??) : celui du deux poids deux mesures – il y a des morts et des morts – corrélé ici à un culte étrange et maladif voué à la tendance LGBT … si même Hollande s’excuse d’avoir mal formulé un hommage pourtant tout à fait sincère !
- Si les morts du night-club avaient été membres d’une organisation pour la défense des chrétiens d’Orient, aurait-on vu flotter ses insignes sur la Tour Eiffel ? Et s’ils avaient été membres du PKK ? Les exemples ne manquent pas, la réponse est évidente.
- Il est bien facile de revêtir les murs de l’Hôtel de Ville de l’arc-en-ciel LGBT. Il est en revanche difficile et surtout dangereux de déclarer une guerre ouverte aux alliés islamistes qui pendent et décapitent sur la place publique les gays et qui financent les prédicateurs radicaux à l’oeuvre dans les cités.
Avec tout ça, qui pleure-t-on ? Des GENS, des êtres humains hors de leur orientation sexuelle ? Une maman qui est allée chercher son fils gay au club pour l’exhorter à rentrer et qui est tombée, criblée de balles ? Pardonnez-moi, mais ce n’est pas mon impression. Une fois de plus, le PS joue à des valeurs qu’il n’a pas. Une fois de plus, l’on joue à paraître sans être.
Françoise Compoint
http://novorossia.today/tragedie-d-orlando-qui-pleure-t-on-vraiment/
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