Tunisie : A quand la dispersion de la gauche ?

Du point de vue de nombreux observateurs, certains dirigeants de l’opposition assument une grande part de responsabilité. Certains soutiennent que la multiplicité des partis de gauche n’est, malheureusement, pas un facteur d’enrichissement de la vie politique. C’est plutôt un facteur de dispersion et d’affaiblissement de l’opposition. Depuis des années, des partis mènent une succession de luttes dans des rangs plutôt dispersés. Une analyse globale des contradictions principales que vit le pays, fait défaut à ces partis. Tout cela cultive davantage les querelles de chapelle et les divisions au sein de la gauche.

Un réel élan de la démocratie en Tunisie doit s’intégrer à une stratégie réaliste et réfléchie. Jusqu’ici, les principales actions qui ont été menées par certains partis de l’opposition ont varié entre les écrits contestataires, le boycott des élections (présidentielle, législatives et municipales) et les grèves de la faim. La proposition de nouvelles idées pour le progrès du pays en pâtit. Pour promouvoir la démocratie et les droits de l’homme, la gauche tunisienne doit changer de discours et de pratiques politiques dans le sens d’une réelle prise de conscience des enjeux et d’un réel écoute de ce que demande le citoyen dans la vie de tous les jours.

Par ailleurs, nombreux sont ceux qui accusent la gauche d’être des rentiers. Or, le propre des rentiers, c’est qu’ils se complaisent dans le statu quo puisqu’ils en profitent. 

Malgré l’importance du rôle assumé par une fraction de la gauche tunisienne qui gagne en maturité et en crédibilité, force est d’admettre que ni la contestation seule, ni le seul fait de compter sur des cercles activistes n’est suffisant pour créer les conditions d’une vie politique évoluée et démocratique.

A quand le sursaut de la gauche tunisienne ? Quand va-t-elle jouer pleinement et positivement son rôle de force de proposition et d’anticipation ? Quand va-t-elle mettre fin à des alliances contre nature avec les islamistes ?