Ukraine, le basculement historique du 21 février 2022
Avec le discours historique de VV Poutine du 21 février 2022 portant sur la reconnaissance des Républiques indépendantes du Donbass ukrainien s’est ouvert un nouveau chapitre de l’état du monde, c’est à dire l’avènement d’un monde multi polaire et la fin de l’hégémonie américaine.
L’annonce de cette décision de reconnaissance est venue dans ce remarquable discours après un long développement historique et factuel concernant l’Ukraine : ses origines et son évolution, les erreurs de Lénine et de ses successeurs, dont Krouchtchev, tout ce que l’Union soviétique a donné à l’Ukraine et pour terminer par un impitoyable constat de l’état de l’Ukraine après ce qu’il a qualifié de ‘coup d’état’ en 2014, c’est à dire sa ruine, qu’il a détaillée, son contrôle total par les USA, son action génocidaire, notamment le crime féroce d’Odessa, où des personnes ont été brûlées vives dans la maison des syndicats, vis à vis de ses populations russophones... et son obstruction systématique sur l’application des accords de Minsk.
L’évacuation de populations civiles des Républiques du Donbass et la reconnaissance de l’indépendance des Républiques de Donetsk et Lugansk sont survenues comme un mouvement de déséquilibre dans le contexte de la campagne de propagande exacerbée américaine faisant référence à un envahissement militaire de l’Ukraine par la Russie.
Cela rend naturellement la réaction américaine plus complexe.
La réaction américaine
Pour plusieurs raisons la réaction américaine ne peut être au niveau du défi lancé par la Russie. D’abord il y a la détermination de ne pas s’engager militairement au côté du régime de Kiev. Et puis une action militaire de la part de l’OTAN est rendue difficile par l’abstention de l’Allemagne, de la France et d’autres. Et puis comme l’a souligné VV Poutine et d’autres responsables russes, un nouveau lot de sanctions économiques étaient déjà prévu.
Sur ce plan il faut déjà souligner que toutes les sanctions précédentes à l’encontre de la Russie n’ont pas été sans effets néfastes mais ont globalement servi l’économie russe.
D’abord en lui évitant de sombrer dans le néo libéralisme qu’un certain nombre de hauts responsables russes voudraient voir implanter dans l’économie russe. Puis en obligeant la Russie à développer sa production et son agriculture.
Vis à vis de l’économie russe il y a beaucoup de dénigrement et d’incompréhension. Certains économistes la classent même de manière totalement ridicule au niveau de celle du Portugal par exemple. La Russie c’est une position dominante dans le monde sur le nucléaire, l’espace, une capacité militaire au plus haut niveau, de grands Instituts de recherche, ainsi que de grands danseurs, pianistes, athlètes... C’est aussi un excédent commercial extérieur, largement au niveau de l’Allemagne, de l’ordre de 100 milliards de dollars en forte hausse actuellement avec l’envolée des prix du gaz naturel, du Pétrole.. Des responsables russes soulignent que cet avantage commercial a d’ailleurs conduit à l’amortissement de l’investissement propre de la Russie dans le gazoduc Nord Stream 2. C’est également la possibilité de se tourner vers le marché asiatique.
Depuis un certain temps Biden brandissait la menace de nouvelles sanctions à l’égard de la Russie. Un large éventail de sanctions générales et individuelles techniquement possibles existe bien. Mais leurs effets ne sont pas obligatoirement ceux recherchés. Ainsi sur la mesure type bombe atomique au niveau du commerce international, constituée par l’exclusion de la Russie du mécanisme Swift. Une telle mesure qui de toute manière a été anticipée par la Russie et la Chine, serait sans doute susceptible dans un premier temps de freiner les importations de la Russie, mais elle ne l’empêcherait pas, à terme, de vendre ses matières premières et ses biens à des pays qui dépendent de ces importations de manière vitale. Même les USA achètent du Pétrole russe. Et puis cela conduirait rapidement à la dédollarisation sur des échanges internationaux qui sont déjà de grande ampleur. Soit un coup mortel donné au Dollar et donc à l’hégémonie des USA et à leur capacité à exploiter par la monnaie les ressources du monde entier.
Ces sanctions seront au bout du compte incapables d’influer sur le planning des événements à venir de la part de la Russie.
Les développements à venir
Il est clair que les actions de la Russie dans le cadre de leurs demandes sur la sécurité et vis à vis du problème ukrainien, ont été soigneusement planifiées et organisées depuis longtemps. Et les réactions anticipées.
Il y a particulièrement un volet militaire que VV Poutine et son ministre des armées Choïgou manipulent avec prudence.
Il a été clarifié par la Russie que la reconnaissance des Républiques du Donbass se faisait sur la base de leurs régions administratives respectives. Dont une grande partie est aujourd’hui occupée par l’armée du régime de Kiev.
Cela définit l’espace géographique de l’inévitable action militaire russe, avec la participation des militaires du Donbass, qui est à venir.
Dans cet affrontement l’armée ukrainienne se retrouvera seule. A ce niveau il est nécessaire de rappeler que les accords de Minsk sont venus pour sortir le régime de Kiev de la défaite militaire que les indépendantistes du Donbass venaient de leur infliger.
La position de l’Allemagne et de la France dans cette période transitoire
De multiples raisons objectives, géographiques, économiques et politiques, poussent l’Allemagne et la France vers des relations internationales fructueuses avec la Russie. Dans sa campagne détruite pour les élections présidentielles de 2017 François Fillon avait eu le mérite de faire allusion à cette réorientation de notre politique extérieure. Ce qui lui a valu cette élimination par l’intermédiaire du tribunal médiatique et des bras armés du système dominant dans ce domaine que sont Médiapart et le Canard enchainé.
Dans le cadre de l’Union Européenne totalement entre les mains du pouvoir de l’empire anglo saxon, l’Allemagne et la France sont dans un état de vassalisation totale.
Macron malgré la terrible humiliation dans l’affaire des sous marins avec l’Australie qui aurait du conduire la France à sortir immédiatement de l’OTAN, continue à se tourner vers Biden. Sa tentative d’intervention dans la crise ukrainienne auprès de Poutine, qui en fait était uniquement à visée électoraliste, est passée sous la table. N’ayant pas peur du ridicule la France menace maintenant la Russie de sanctions.
L’Allemagne sous Angela Merkel puis maintenant avec le médiocre nouveau Chancelier, Olaf Sholz, et sous couvert d’une façade anti russe agressive, maintient en sous main des relations avec la Russie. Ainsi sa volonté d’achever la construction du gazoduc Nord Stream 2 en défiant les pressions des présidents américains, surtout Trump et Biden. On notera que la mise en service de ce gazoduc réclamé par les allemands eux mêmes et critique pour la fourniture de gaz naturel à l’Europe du Nord, est suspendue et que le gazoduc n’est pas abandonné. Il y a aussi le refus de l’Allemagne d’une participation à une éventuelle opération militaire des forces atlantiques en Ukraine ainsi que la non fourniture d’équipements militaires au régime de Kiev malgré les supplications de Zelensky. Également il y a l’expression du rejet en profondeur de la vassalisation US par les milieux dirigeants en Allemagne qui a été démontrée par la publication, par l’Hebdomadaire Der Spiegel, d’un document secret défense qu’ils ont spécialement déniché et qui matérialisait en 1990 l’engagement de l’OTAN de ne pas s’étendre à l’Est. C’est un soutien affirmé et puissant des allégations de VV Poutine sur le sujet.
Au delà des besoins énergétiques qui conduisent l’Allemagne vers des relations normales avec la Russie, il y a aussi la nécessité pour ce pays exportateur de passer des accords commerciaux avec la Chine. Le poids politique actuel des grünen qui sont des atlantistes forcenés bloque pour l’instant cette réorientation potentielle.
Une bonne partie de la politique américaine menée vis à vis de l’Ukraine et de la Russie est destinée à maintenir l’Allemagne et la France sous sa coupe. Pour l’instant cela marche.
Conclusion
Malgré le silence de tous les analystes en géopolitique autorisés à l’Ouest, il est clair qu’une nouvelle ère dans les rapports de forces dans le monde vient de s’ouvrir avec le discours du 21 février 2022 de VV Poutine. Le fait que cette annonce ait été faite par le Président russe démontre le nouveau poids de la Russie dans les affaires internationales.
L’hégémonie américaine est ainsi battue en brèche.
L’étape suivante sera constituée du rejet par des Etats européens soumis actuellement à l’Union Européenne, de la tutelle américaine.
Ce thème est malheureusement largement absent dans la campagne électorale pour les présidentielles en France.
L’avenir, le salut des pays européens liés par les traités de l’UE est ainsi entre les mains de l’Allemagne. Ceci est particulièrement vrai dans le domaine de la crise énergétique. Rappelons que l’Allemagne est aussi un grand artisan du blocage de notre électronucléaire qui dans le contexte actuel revêt une importance primordiale pour notre économie et notre industrie.
Enfin il faut malheureusement souligner que tout ce contexte géopolitique et l’existence d’extrémistes puissants au sein de l’empire anglo saxon augmentent considérablement le risque de guerre généralisée qui comporte de grandes probabilités d’être nucléaire
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