Ukraine-Russie ou vol au-dessus d’un volcan
Le conflit ukrainien doit s'analyser dans le contexte des rapports historiques entre l'Ukraine et la Russie, et dans celui des contingences d'ordre géopolitique qui régissent les relations entre les E.U et la Russie.
Les rapports entre l'Ukraine et la Russie s'inscrivent dans un double contexte :
- un contexte historique "fondateur" que l'on ne saurait occulter sans tomber dans le déni partisan.
- un contexte géopolitique actuel, qui voit les États-Unis, par OTAN et Europe interposées, s'efforcer d'encercler la Russie et de limiter, sinon de réduire, ses efforts pour retrouver un rang mondial en rapport avec ses ressources naturelles, son potentiel économique …. et sa culture séculaire.
1. Le contexte historique
Aucun historien digne de ce nom ne s'aviserait de nier l'étroitesse des liens qui ont, depuis leurs origines respectives, marqué les rapports entre les deux nations.
Certes, il est de bon ton de rappeler que la Russie est "née" de l'Ukraine, ou plus exactement de la principauté de Kiev.
Mais il est également utile de rappeler que l'Ukraine et la Russie ont, depuis lors, connu des rapports "d'amour et de haine" alternativement marqués par l'assujettissement de l'Ukraine à la Russie, ou "a contrario", ses velléités séparatistes et ses périodes d'indépendance.
Il est bon également de rappeler que lors de la révolution russe de 1917-21, a existé un mouvement anarchiste ukrainien qui s'est alternativement allié aux blancs contre les rouges et inversement, pour être finalement écrasé par les bolcheviques. Il s'agissait de la Makhnovshchina. Ce mouvement anarchiste ou libertaire, profondément enraciné dans la paysannerie ukrainienne, a été impitoyablement réprimé par le régime bolchevique.
Il est d'ailleurs relativement méconnu dans l'opinion française, qui est habituée à ne voir dans la révolution russe de 1917 que l'opposition entre "rouges" et "russes blancs".
Autre évènement majeur longtemps nié, occulté, et n'ayant jamais bénéficié d'une quelconque instrumentalisation, contrairement à d'autres génocides, celui de l'holodomor.
On désigne par ce terme "l'extermination par la faim" dont La Russie soviétique s'est rendue coupable en Ukraine, véritable holocauste dont le nombre de victimes est chiffre, selon les sources, à près de 3 ou 5 millions.
Cela explique, sans le légitimer, le "ralliement" d'une partie des Ukrainiens à l'Allemagne nazie lors de l'invasion de 1941. Le souvenir des exactions soviétiques était assez vif dans l'opinion ukrainienne, pour susciter un tel ralliement, qui fit préférer à nombre d'Ukrainiens l'envahisseur allemand à la défense de la "mère patrie" soviétique.
Dans le droit fil de ce comportement, il faut bien admettre que durant la période nazie, la plupart des "kapos" des camps de concentrations ont été ukrainiens, et que des milliers de soldats ukrainiens ont servi dans les rangs allemands (Division SS Galicie, Armée de libération ukrainienne, armée Vlassov)
Au lendemain de la guerre, cependant, le souvenir des atrocités commises par l'envahisseur allemand, qui considérait tous les "Slaves" comme des "sous hommes", la glorification justifiée de l'héroïsme des libérateurs russo-ukrainiens, et l'effet majeur de la férule stalinienne, ont "soudé" l'Ukraine et la Russie au sein de l'URSS.
Enfin, à la suite des changements de frontières intervenus après la guerre, le territoire ukrainien s'est déplacé vers l'Ouest (Pologne – ligne Curzon) tandis que le territoire Polonais a lui-même avancé vers l'Ouest au détriment de l'Allemagne (frontière Oder Neisse). Cela n'a pas été sans conséquences sur la composition démographique de la nouvelle Ukraine.
2° Le contexte géopolitique actuel
La situation actuelle doit donc être examinée en fonction de ces données, mais surtout en fonction du désir des Américains "d'encercler" littéralement la Russie et de l'empêcher de retrouver un statut de grande puissance, ce que n'admet tout simplement pas Poutine.
Sans en appeler aux mânes de Charles De Gaulle, qui fut simplement réaliste par rapport à la Russie, mais qui s'opposa positivement à la volonté américaine de faire de la France un protectorat au sortir de la guerre 39-45, il est permis d'observer avec sidération l'asservissement actuel de la France aux E.U et à leur bras armé, l'OTAN.
Nous signalerons tout de même au passage que dans sa volonté d'établir avec Staline un partenariat destiné à contrecarrer tant soit peu l'influence américaine, De Gaulle renvoya en Russie plusieurs dizaines de milliers de soldats russes enrôlés dans la Wehrmacht, mais également des Russes déserteurs ayant rejoint les rangs de la résistance sur le sol français, et certains opposants au régime stalinien dont le seul tort était précisément celui d'être des opposants à Staline.
Depuis, les socialistes français de la SFIO, et leurs successeurs du P.S, "atlantistes" avérés, ont repris avec les E.U des relations plus "inféodées", à tel point que l'on ne vit jamais un alignement aussi total que celui de nos gouvernants actuels, alignement dénoncé avec juste raison par le Front de gauche et – avec une certaine logique historique – par sa composante PC.
Sans pour autant accorder à Sarkozy et Fillon une sympathie idéologique particulière, force est de reconnaître que leur approche de la problématique russe était, par ailleurs, bien plus "équilibrée" que celle des gribouilles qui nous gouvernent actuellement.
Nous oserons dire enfin que l'extrême droite française et le FN ont une compréhension du rôle de la Russie en Europe plus intelligente et réaliste que celle de l'attelage qui régente présentement la politique extérieure de la France.
Le Pouvoir et les médias atlantistes, majoritaires, orchestrent pour leur part sans retenue une désinformation orwellienne destinée à justifier et légitimer une opération devenue classique de "révolution" colorée, et une avancée de l'OTAN jusqu'aux frontières de la Russie, le tout étant caché derrière le paravent "démocratique" d'un "village potemkine", référence qui, en l'occurrence s'impose parfaitement.
Nous voici donc, pour l'heure, plongés malgré nous dans une dangereuse situation de guerre au cœur même de l'Europe.
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