Ulysse et Pénélope (Version ABCD égalité pour tous. CM1/CM2)
Mon téléphone sonne. Je décroche :
-Coucou, Ariane ! Comment vas-tu ?
C’est Najat Belkacem !
On s’est connu autrefois quand elle était hôtesse d’accueil au club Med de Tanger et cela faisait quand même un bon bout de temps qu’elle ne m’avait pas contactée !
-Très bien ! Et toi, ma belle ?
-M’en parle pas ! J’en ai marre, marre, marre, avec cette histoire de « genre » ! Tu es au courant ?
-Bien oui, je suis au courant ! Mais aussi, quelle idée ! Pourquoi tu fais ça ?
-Tu imagines que je choisis ! Je fais ce qu’on me dit de faire ! C’est tout ! On a une feuille de route !
-Ah ! Oui ! Quand même !
-Casanova nous a mis dans une panade ! Il tourne à 3% de satisfaits !
-A ce point ! Mais chez Goldman Sachs, ils doivent être très satisfaits de lui, non ?
-Hihihihi !! C’est sûr. Il a même eu la médaille de l’employé de mois avec son pacte ! Mais je ne t’appelle pas pour ça. Voilà. Tu as vu un peu pour cette histoire de cours ABCD ?
-Oui, j’ai lu. C’est complètement naze.
-M’en parle pas ! Et par-dessus le marché voyager avec Peillon et jouer l’institutrice, merci !
-J’ai le texte de présentation sous les yeux.Tu l’as lu ?
-Non, non. Pas le temps.
-Ecoute ça : « La danse est-elle réservée aux filles ? Une femme peut-elle être maçon ? » C’est complètement con. Il y a quand même des mecs qui dansent ! Regarde Travolta ! Et les femmes ne sont pas maçons parce que pour charrier des sacs de ciment dehors en plein hiver…Tu serais maçon, toi ?
-Oui, mais ce sont des exemples. On veut dire que tous les métiers sont possibles pour tout le monde.
-Ou, mais ma poupoule, votre problème c’est que bientôt aucun métier n’est disponible pour personne ! Tu as entendu parler du chômage, quand même ?
-Oui, mais ça c’est une façon de faire oublier le problème.
-Tu m’étonnes.
-On fait comme si. Ça donne de l’espoir ! Les petits, plus tard, ils auront du boulot et les garçons seront danseurs et les filles maçons !
-C’est un peu du n’importe quoi, non ?
-Non, non ça passe ! Le but de Vallsounet c’est quand même de réunir la gauche sur un maximum de problèmes avant les élections ! Alors il leur lance des os ! Avec l’antisémitisme il a fait bingo et là avec cette histoire d’égalité hommes-femmes, ça marche ! C’est le FDG qui fait notre campagne ABCD sur les réseaux ! Hihihihihi !
-Attends, je continue : « Il ne s’agit pas de dire que nous nions les différences, c’est tout le contraire, nous les respectons » , a rappelé Vincent Peillon, ministre de l’Éducation Nationale. Ca, c’est sûr, les différences entre riches et pauvres, vous les respectez vachement !
-Hihihihi !! Tu es drôle !
-A ses côtés, la ministre en charge des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a estimé que le dispositif a vocation à « lutter contre toutes les autocensures« , car « même des garçons peuvent souffrir de ne pas accéder à certains métiers, comme ceux de la petite enfance. » Ils te font passer pour une conne, là ! Comme si les mecs, leur rêve absolu c’était de s’occuper de la petite enfance !
-Oui, mais c’est la fille de Moscovici qu’ils m’ont mis pour rédiger ça !
-Sa meuf ?
-Non, sa fille ! Et crois-moi c’est pas plus un cadeau que le père ! Quel tromblon, lui !
-Et écoute la suite : « Vous savez comment on appelle un homme +sage femme+ ? Est-ce que c’est bizarre d’être une femme maçon ? » a demandé ensuite la ministre à des CM1-CM2, après avoir vu des maternelles se demander « si un garçon peut jouer à la dînette . » Attends !… Le problème c’est de mettre quelque chose dans sa dinette ! « Un garçon peut jouer à la dînette ! » Des enfants meurent à gaza et en Syrie et vous, vous vous demandez si les garçons vont jouer à la dinette !!! Vous avez la comtesse de Ségur au ministère ?
-Justement . Est-ce que tu pourrais écrire quelque chose pour moi ?
-Quoi ?
- C’est au sujet des textes anciens qui donnent une image de la femme-femme et de l’homme-homme. Et c’est un problème.
-Vous voulez réécrire les textes anciens ?
-Oui. Ca va occuper les gens.
-La Bible aussi ?
-Il y a déjà quelqu’un sur le coup. C’est une déesse qui envoie sa fille , Pamela , sur terre.
-OK.
-Donc , est-ce que tu pourrais nous reprendre l’Odyssée ? Parce que , pour les filles, c’est perturbant cette histoire de nana qui fait de la tapisserie pendant que son mec fait du bondage avec les sirènes !
-Tu veux reprendre l’Odyssée ?
-En quelques lignes seulement ! On te propose 300 000 euros pour faire ça.
-Combien ?
-C’est pas assez ? 500 000 si tu veux.
(C’est là que pour une fois, j’eus de l’indulgence pour Pierre Laurent.)
-Bon…Ecoute…
-Fais-le moi, je t’en prie, je t’en prie, fais-le moi !
Et voilà comment je me suis trouvée engagée au ministère des droits de la femme dans l’équipe des grands auteurs du 21 ème siècle.
Un quart d’heure après, j’avais fini la version moderne de l’Odyssée. Que voici :
« Pénélope (étymologie Pene (penis ) Lope (Lupus) :Bite de loup.) faisait sa muscu sur la plage. Femme moche, bien poilue, le corps ferme, un seul sein, l’autre étant resté chez les Amazones.
Son mari Ulysse aux boucles d’or, car il le valait bien, avait quitté l’île depuis dix ans pour faire du shopping autour de la Méditerranée. Et depuis dix ans aucune nouvelle. On l’avait beaucoup vu à la Fashion Week de Troie et tout à coup, disparition de la gazelle. On avait entendu parler d’une vague histoire de lasagnes de cheval cuites au barbecue. Et depuis, plus rien !
Bite de Loup n’en avait pas pour autant démérité. Elle avait pris sur l’île avec elle une bonne trentaine de prétendants Polonais . Elle avait mis les plus vieux à la cuisine, les plus costauds à couper du bois et les plus mignons à passer de bonnes nuits avec elle. Ils étaient quatre. Pendant que trois la lutinaient, le quatrième faisait tapisserie.
Or ces prétendants de l’Ile de la séduction commençaient à caqueter car ils voulaient que Pénélope leur distribue les bijoux d’Ulysse. En particulier de merveilleuses boucles d’oreilles offertes par Zeus, le Dieu qui, s’étant remis assez rapidement de son accouchement de la déesse Athéna, se promenait sur les nuages en talons Louboutin ! D’où le tonnerre et les éclairs !
Or un jour, des cris sur la plage. Thélémaquette, le fils-fille du couple se précipite et dit :
-Papa ! Maman est là !
-Quoi ?
-Ah ! Non ! Maman ! Papa est là !
-Que dis-tu ?
-Maman-papa ! Papa-maman est là !
-Quoi ? Ulysse est de retour ?
-Chut ! C’est un secret ! Il ne faut pas que les prétendants le sachent sinon ils vont vouloir des cadeaux !
Et Ulysse entra… Quel charme ! Cet homme qui avait baisé Charybde et Scylla, celui qui s’était mis le doigt dans l’œil du Cyclope, celui que Circé avait traité de petite cochonne, celui qui à Djerba avait fumé le lotus inventant ainsi le tampax, parut dans la splendeur effervescente d’un moment unique !
Penelope lui dit :
-Dix ans pour faire quelques courses ! Tu rigoles ou quoi ?
-Chérie, dit Ulysse, faisant saillir sous sa jupette ses fesses attractives, les dieux m’ont interdit le retour !
-C’est ça ! Prends- moi pour une conne !
-Te prendre ? Mais je ne pense qu’à ça depuis dix ans !
Il savait que les femmes étaient lubriques et qu’un petit coup venait toujours à bout de leur caractère grognon. Il roula sa langue sur sa bouche pour lui montrer son désir. Il savait aussi qu’il n’était qu’une chose à faire jouir mais il acceptait son destin. Dans une autre vie peut-être il serait femme puéricultrice ! Son rêve se réaliserait enfin !
Mais Penelope avait ses règles. Jamais de sexe avant d’avoir agacé un max. Ce qui mit hors de lui Ulysse !
-Et ces prétendants ! On me dit que tu as couché avec eux pendant mon absence ? Tu serais mal placé-ée pour me reprocher un cyclope… avec un seul œil !
-J’ai inventé la polygamie pour m’occuper. Et alors ?
-Quoi ? Tu avoues ?
A ce moment-là, Ulysse se précipite sur toute la vaisselle d’or du palais, casse des objets immémoriaux, se jette sur Pénélope son recourbe-cil à la main et tente de lui arracher le foie, lui fracasse une jarre sur la tête, heureusement que Pénelope venait de mettre son casque de char Vespasien. Bilan de la colère : 3 millions de sesterces Ithaquiens ! »
A ce moment du récit, je me suis arrêtée un instant…
J’ai pensé à Homère. Peut-être s’était-il crevé les yeux lui-même pour ne pas voir la connerie de son temps… Peut-être avait-il inventé une belle histoire pour donner à son temps une beauté qu’il n’avait pas…
Avais-je vraiment besoin de 500 000 sesterces Ithaquiens ?
J’ai envoyé un texto à Najat :
« Je le san pa. Touch pa a mon pot Omer. Ulis né til pa déjà en petit jup kon voi sa culot ? Sam sufi. Touch pa a no meks ! »
J’ai senti qu’Homère, en jupe brodée sur la plage, était fier de moi…
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