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Accueil du site > Tribune Libre > Un an sans alcool : paradis ou enfer ?

Un an sans alcool : paradis ou enfer ?

 

Comment elle a fait diront certains, je ne vois pas où est le problème diront d’autres. Rien que la réflexion que vous vous faites sur le sujet révèle une partie de votre relation avec l’alcool…

En tout cas, personnellement, je ne pensais pas pouvoir dire ça un jour mais ça fait un an que je n’ai pas bu une seule goutte d’alcool. Je déposais mon dernier verre de mousseux le 29 mai 2014 et un an après, on peut dire qu’il ne me manque pas tant que ça.
Ce n’est pas que je buvais tous les jours mais comme je suis une « extrémiste » quand je commençais j’avais du mal à m’arrêter.
Je faisais des petites « cures de jouvence », par période, pour éviter de tomber dans les excès trop fréquents et me prouver que je n’avais pas de problème avec l’alcool. Quand on veut se prouver ce genre de chose, vient souvent la question honteuse : Suis-je alcoolique ?
Pour moi, j’étais une fêtarde et une bonne vivante. Mais il m’arrivait de ne pas aller travailler un lendemain de veille ou d’avoir des trous noirs sur ce qu’il s’était passé la veille.
Je ne trouvais plus ça très marrant et pourtant, plusieurs fois par semaine, je buvais quand même.
Alors… ?
Je me suis renseignée sur l’alcoolisme. Ses variantes sont énormes et personne ne peut dire à quelqu’un s’il est alcoolique ou pas.
En voici la définition :

L’alcoolisme définit à la fois un mésusage (mauvaise utilisation) de la consommation de boissons alcooliques, mais aussi l’ensemble des troubles engendrés par cet abus. L’alcoolisme peut être aigu avec la « cuite » ou les phénomènes de « binge drinking » correspondant à des alcoolisations ponctuelles et massives, mais l’alcoolisme est majoritairement chronique. Dans ce cas, il s’agit d’un comportement qui se caractérise entre autres par l’envie et le besoin de consommer de l’alcool, l’évolution se faisant petit à petit vers une tolérance progressivement accrue à l’alcool avec des besoins de quantités de plus en plus importantes. Une fois la dépendance avérée, l’alcoolique doit faire face à l’apparition de signes de sevrage en cas d’arrêt de la consommation. L’intoxication alcoolique entraîne notamment des destructions de tissus et d’organes, en particulier le foie, et des désordres psychologiques et sociaux (tentatives de suicide, violence, troubles relationnels, etc.).

Cette définition me paraissant assez floue, comment savoir ? Et là, Alléluia, j’ai entendu La Phrase qu’il fallait :
– « Est-ce que l’alcool te fait souffrir ? » – Heu… pas toujours, mais honnêtement, assez souvent, oui !
– « Est-ce que tu as le désir sincère d’arrêter de boire ? » – Oui, j’aimerais bien tenter l’expérience en tout cas !

Et l’aventure a commencé !

Alors, quels sont les résultats d’un an sans alcool ? Je vous révèle tout (ou presque !) :

Rien que ma tête déjà… 😉

 

lau alcool2010

2015 033_14-11-20-LaurenceDegey

 

1. Apprendre à vivre un jour à la fois

Avant, quand je faisais mes petites cures détox, je me définissais un temps d’arrêt déterminé. C’était bien mais quand je m’y remettais je perdais les bénéfices que j’en avais retiré puisque je rattrapais le temps perdu.
Cette fois-ci, je ne me suis pas dit : « J’en ai maaaaarre ! Je ne bois plus jamais de ma viiiiie ! » (comme chaque lendemain de veille !)
Je me suis simplement dit qu’aujourd’hui je ne boirais rien. Les jours se sont accumulés et me voilà arrivée à un an sans alcool, et sans pression ! Et je ne sais pas si demain je ne boirai pas, mais juste pour aujourd’hui… pas !

 

2. Ne plus anesthésier mes émotions

Avant, je fêtais tout et n’importe quoi. Une naissance : champagne ! Un décès : Whisky ! Jusque là ça va… Ensuite, tout devenait un prétexte pour s’offrir un verre…
« J’‘ai gagné 3 euros à l’euromillion : rhum-coca ! Quoi, 6 euros le verre ! Bon, ben au point au on en est, on va boire pour oublier l’inflation, tiens !
Mon ex m’a quitté : rhum-coca ! Mon ex est revenu : champagne ! Il s’occupe plus du chien que de moi : vodka ! On va regarder le foot : chopes ! »
Finalement je n’étais jamais dans mes vraies émotions. Je pleurais pour rien, je riais pour tout.
Aujourd’hui, je vis mes émotions pleinement, elles sont moins sous l’effet yoyo et je les entends vraiment mais surtout je les écoute.

 

3. Profiter pleinement des journées

Avant, un jour sur trois, je passais la journée à récupérer de la fête de la veille.
Maintenant, les journées sont plus longues, je fais plus de choses. La perception du temps est différente. Une impression de profiter pleinement de la vie…

 

4. Se (re)découvrir

Au fur et à mesure, vu que mon esprit est toujours clair, je me découvre de nouvelles passions, de nouveaux buts.
Et se réveiller fraîche et dispo, ça redonne confiance en soi.
Je ne me demande plus ce que j’ai dis ou fait la veille. Je vis en pleine conscience et mon estime de moi grandit petit à petit.

 

5. Ne plus devoir négocier avec l’alcool

Avoir l’esprit libre, ne plus se demander si je vais arriver à boire seulement 2 verres à telle soirée ou savoir comment la soirée commence mais douter sur la façon dont elle va se terminer.

 

6. Lâcher prise

Bizarrement, ne plus boire une seule goutte d’alcool m’a appris à lâcher prise. Déjà sur le fait de ne plus essayer de contrôler ma consommation mais aussi dans tous les domaines de ma vie. J’apprends à changer les choses que je peux et à accepter celles que je ne peux pas changer.

 

7. Ne plus être égoïste

J’ai toujours eu l’impression d’être généreuse, et je l’étais ! Mais les choses tournaient beaucoup autour de moi. Même quand j’aidais les autres, je m’oubliais moi-même et essayais de me donner un amour de moi approximatif à travers les autres. Ma vie avait beaucoup de hauts et de bas, il fallait toujours régler quelque chose.
Aujourd’hui, quand je donne, c’est avec tout mon coeur. Je n’attends rien en retour.

 

8. Aider les autres

Ce cheminement m’a donné envie d’aider les autres. Plus de façon maladive. Mais avec sincérité et authenticité.
Il y a beaucoup de personnes qui sombrent dans l’alcool ou la drogue. Ces produits sont des tueurs progressifs pour les personnes qui y sont sensibles et il est souvent trop tard quand elles s’en rendent compte ou elles doivent avoir perdu beaucoup pour prendre conscience de la progression et la gravité de leur consommation !
Avant de se poser la fameuse question : « Suis-je alcoolique ou dépendant », il faut vraiment se demander si le produit, quel qu’il soit, vous fait (trop) souvent souffrir. Si oui, n’attendez pas de tomber dans un trou trop profond parce qu’il sera peut-être celui de votre tombe !

 

Conclusion : la vie sans alcool est un paradis pour ceux qui sont tombés dans l’enfer…

- See more at : http://laphilodelau.com/un-an-sans-alcool-paradis-ou-enfer#sthash.Ipnwz3lU.dpuf


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43 réactions à cet article    


  • Olivier Perriet Olivier Perriet 2 juin 2015 13:11

    C’est la différence entre une photo prise au milieu de la nuit dans un endroit sombre et en plein jour dans la nature ! Entre les 2 vous avez pris 5 ans smiley

    Bonne journée !


    • laphilodelau laphilodelau 2 juin 2015 15:42

      @Olivier Perriet

      Oui ! smiley Mais quand je buvais je n’avais pas le courage d’aller me promener dans la nature ! ;) Je dirais même plus mon cher Watson, entre les deux, j’ai gagné 5 ans ! smiley

      Belle journée aussi !


    • hunter hunter 2 juin 2015 13:46

      Hello,

      Pour votre sevrage, vous vous êtes démerdée seule ou bien vous avez été aidée par des blouses blanches ?

      Pour ma part, 15 piges sans une goutte, après un alcoolisme mondain (le pire,+ différentes substances réputées « festives », pas jusqu’à l’addiction, mais bon, vous avez teufé, vous voyez ce que je veux dire....), de 21 à 35 piges !

      J’ai tout arrêté seul, début 2000 ; du jour au lendemain je suis passé de 100 à zéro ! j’en avais marre d’être en permanence dans un état second, d’être dépendant !

      Ce fut un peu dur, mais pas tant que ça !

      Beaucoup plus dur d’arrêter le tabac, d’ailleurs je fume toujours !

      L’alcool, j’avais une vraie volonté d’y mettre un terme, j’avais plus de plaisir, ce qui n’est pas le cas du tabac.

      Et puis quand je vois les ravages de l’alcool autour de moi......

      Bien à vous

      H/


      • Fergus Fergus 2 juin 2015 14:41


        Bonjour , Hunter.

        S’il n’est pas question que j’arrête de boire du vin – j’en serais sans doute incapable et je ne le souhaite pas -, j’ai en revanche décidé il y a bien longtemps d’arrêter le tabac pour ne pas polluer l’enfance de mon fils. Et contrairement à toi, cela s’est révélé très facile malgré une addiction théorique assez forte. Mais je dois reconnaître que j’ai été aidé par les circonstances. J’ai raconté cette expérience dans un article de 2009 intitulé Arrêter de fumer : et si c’était facile ?.


      • hunter hunter 2 juin 2015 15:21

        @Fergus
        Hi Fergus,

        En fait, je me rends compte que je prends toujours plaisir à fumer, alors qu’avec la picole, je n’avais plus du out de plaisir !

        De plus, les effets ne sont pas les mêmes ; avec l’alcool, j’étais vaseux, je faisais n’importe quoi, surtout lors des teufs : oubli d’où la bagnole était garée, fréquenter des filles dont j’ignorais le prénom et dont je ne me souvenais plus la semaine d’après, prendre des substances dont la provenance n’était pas claire, bref la routine quoi !

        Pour le tabac, je fume des cigarrillos, donc bien moins que si c’était de la blonde virginienne, et bon he crois que le jour où je n’y prendrai plus plaisir, j’arrêterai aussi sec que l’alcool !

        Adishatz

        H/


      • laphilodelau laphilodelau 2 juin 2015 16:11

        @hunter

        Féliciations !

        Pour ma part je me suis arrêtée avant de faire dégâts et pour prendre du recul, donc seule mais en partageant a avec d’autres personnes dans la même démarche que moi.

        En fait pour moi c’est plus dur de me limité à quelques verres que de ne pas en boire du tout.

        Je n’ai plus envie de négocier avec l’alcool alors je le laisse loin de moi, pour aujourd’hui en tout cas...

        Bien à vous.


      • laphilodelau laphilodelau 2 juin 2015 16:13

        « limiter »


      • Fergus Fergus 2 juin 2015 14:35

        Bonjour, laphilodelau.

        Sincères félicitations pour cet effort sur vous-même face à ce qui était bel et bien une addiction. Nombre de personnes auraient intérêt à suivre votre exemple. Mais pour beaucoup, ce n’est pas gagné, et faute de connaître leur parcours de vie, nul ne peut leur jeter la pierre.

        Personnellement, j’aime boire du vin, et plus rarement des apéritifs ou des digestifs. Et pas question de m’en passer : c’est pourquoi, grosso modo deux fois par semaine, l’une au restaurant, l’autre à la maison, nous descendons notre bouteille, mon épouse et moi. Et cela avec un grand plaisir dont il serait difficile que nous nous passions tant nous y sommes attachés. Le reste du temps, nous tournons à l’eau du robinet sans le moindre problème. Le retour du pinot gris ou du sancerre n’en est que plus apprécié !

        Dans ce domaine, personne n’est à même de donner des leçons, entre les buveurs tempérés et les buveurs invétérés, chacun ayant sa propre résistance aux effets de l’alcool et une perception différente des conséquences éventuelles sur le comportement. Votre article n’en est pas moins utile dans la mesure où il amène chacun d’entre nous à réfléchir sur le sujet.

        Cordialement.


        • hunter hunter 2 juin 2015 15:27

          @Fergus

          Le vin dans l’ensemble, ça va quand tu marches à un rythme raisonnable !

          Pour ma part, c’était l’alcool de teuf :whisky-coke, cuba libre, gin tonic, vodka orange, TGV (Tequila Get Vodka), Paris-Moscou (Get Vodka), bref que du fort.

          Mais s’il y avait le dîner avant, alors oui, pinard of course !

          Et sans parler des whiskies au taff, pour se donner du courage.....même à 9H30 du mat’, avant une réunion bien pénible !

          L’alcoolisme quoi.......

          Adishatz

          H/

          Ps : ce qui me manque en fait parfois.....un vin italien en mangeant un bon repas, mais sinon le reste ne me manque pas !

          Ps 2 : félicitatons à l’auteur, tenez-bon le cap !


        • laphilodelau laphilodelau 2 juin 2015 15:47

          @Fergus

          Merci Fergus,

          Tant que l’alcool ne fait pas souffrir je ne vois pas pourquoi il faudrait s’en passer, effectivement.

          Malheureusement, beaucoup de personnes sont dans le déni et la honte, n’osant pas parler de leur consommation.

          C’est effectivement quand l’alcool commence à faire souffrir qu’il faut passer à l’action : ne plus boire ! Une action en soi !

          Buvez un verre de Pinot Noir pour moi, j’aimais (trop) ça ! ;)


        • Fergus Fergus 2 juin 2015 16:40

          @ laphilodelau

          Du pinot noir, j’en ai bu un excellent il y a huit jours en Alsace : du rouge d’Ottrott en l’occurrence. smiley

          Bravo encore !


        • bakerstreet bakerstreet 2 juin 2015 15:44

          Bravo pour cet article et votre prise de conscience. C’est intéressant de faire le bilan une année après, et de montrer que l’abstention n’’en est pas une : C’est un engagement dans une autre voie. De passif, on devient actif. 

          De spectateur de soi même et de ses mensonges, on devient acteur, avec la fierté qui va avec : Une sorte de griserie, finalement, mais si positive..
          Tout le monde n’est pas à égalité devant une verre de vin, et l’addiction. 
          Je me souviens d’un femme qu m’avait confié que la première fois qu’elle avait bu un verre d’alcool, elle a su tout de suite qu’elle deviendrait alcoolique. 
           J’oubliais de dire que j’ai travaillé pas mal avec des alcooliques, et toutes sortes d’addictions, dans le secteur médical. Les rechutes, la dégradation inéducable de certains, certaines, se fanant à toute vitesse, jusqu’à la mort, sont restés pour moi des souvenirs douloureux ! 
          De tout cela, on ne parle guère sur les écrans télé, et au festival de Cannes, où pourtant, là aussi, derrière les paillettes, ce problème doit être concomitant au stress, à la névrose des illusions et du paraître. 

          • laphilodelau laphilodelau 2 juin 2015 16:07

            @bakerstreet

            Merci Bakerstreet,

            c’est vrai que l’alcool peut faire des ravages. Comme toutes les addictions d’ailleurs.

            Etes-vous encore dans ce domaine ? On se sent effectivement impuissants face à des personnes concernées mais il existe pourtant des outils qui peuvent sauver des vies. Malheureusement, peu de personnes les utilisent.

            Merci pour votre commentaire.


          • bakerstreet bakerstreet 2 juin 2015 18:38

            @laphilodelau


            Infirmier en retraite depuis six mois. j’ai beaucoup bossé en psy...Pour s’en sortir, il n’existe pas de solution miracle, mais souvent personnalisé, mais aussi un ensemble de petites choses toutes simples toutes bêtes. Des encouragements, et les « alcooliques anonymes » et autres « croix bleus » ont un rôle très positif pour certains. Avant tout le désir de tourner la page, et d’avoir une bonne raison pour le faire : 
            Alors « je » est déjà un autre...Après vous le savez bien la nature a horreur du vide, et il faut trouver un substitut à l’alcool : Ils sont légions : Le sport un engagement, la musique, l’art sous toutes ses formes qui est un formidable levier qui vous hausse à des auteurs que parfois certains n’avaient pas soupçonné. ..
            Je dis des généralités, alors que chacun est unique...Il me revient une histoire qui est assez parlante du déclic, ce fameux effet miroir que certains, dans la toute puissance refusent : Madame dupont, dirons nous, avait été hospitalisé x fois, sevrages, cures, rechutes, depuis plusieurs années...un jour elle est si mal en point qu’elle est hospitalisé en gastro, avec un diagnostic très défavorable....Suite à cela, pendant plusieurs années, on ne la revoit plus, on finit par l’oublier. Un jour, elle revient, mais cette fois, pas pour alcoolisme, mais pour une dépression, pas trop grave...L’alcool : Plus une goutte....Je l’interroge....Elle me raconte les suites de son hospitalisation en gastro, trois ans auparavant.
            Elle s’était remise de sa crise hépathique, et son mari l’a ramenée à la maison, dans la campagne bretonne. 
            Là, le choc, quand elle rentre dans la chambre : Quatre catafalques autour du lit, avec un couvre lit noir....« bha oui, j’avais pris mes dispositions, dit le mari. Car à l’hôpital, au téléphone, ils m’ont fait comprendre que ça n’allait vraiment pas fort pour toi ». ....Le mari un peu fruste, a fait davantage dans cette prise en charge sauvage, involontaire, que toutes les cures : Là elle s’est vu morte, pour la première fois, sans pouvoir fuir, sans trouver de faux semblant.......

          • raymond 2 juin 2015 16:07

            Un article sur mesure pour rocla, merci


            • Phoébée 2 juin 2015 16:37

              @l’auteur

              Si j’ai bien compris, j’avais une chance avec la fille de 2010 et aucune avec celle de 2015.

              Je préférais quand vous picoliez ! !


              • laphilodelau laphilodelau 2 juin 2015 16:40

                @Phoébée

                Heuuuuu... j’ai loupé la partie où je parle de vous dans l’article... ;)


              • Fergus Fergus 2 juin 2015 16:48

                Bonjour, Phoébée

                Au-delà de la plaisanterie, l’alcoolisation peut poser de réels et gros problèmes aux filles. Dans un article d’avril 2010, Shoes tossing, alcoolisation et hurlements, j’écrivais ceci :

                « Plus de place dans les bars ou aux terrasses ? Pas grave, on s’installe à même le pavé et l’on vide là aussi packs de bière, bouteilles de vodka et autres cocktails explosifs. Puis l’on pisse et l’on reboit. Après quoi, la démarche parfois chancelante, l’on repisse encore, principalement dans l’impasse qui s’ouvre sur un côté de la rue et dont le pavé se charge, au fil des heures, d’écoulements douteux, mélange d’urine et de bière renversée, sans compter quelques flaques de vomissures. Bref, la fête bat son plein !


                À 1 heure du matin, les bars ferment, comme le veut le règlement municipal, appliqué drastiquement dans la métropole bretonne depuis quelques années, et tout le monde se disperse lentement dans la ville d’un pas parfois mal assuré. Un exploit pour certains, telles ces deux filles ivres rencontrées un jour affalées sur le pavé malodorant de la rue de la Soif, au risque de se blesser sur des tessons de verre, et prises en charge par des camarades compatissants un peu moins imbibés qu’elles. Ou bien décidés à tirer parti de la situation… Ainsi va la fête !
                 »



              • laphilodelau laphilodelau 2 juin 2015 17:14

                @Fergus

                Merci ! C’est bien de préciser parce que certains hommes préfèrent abuser des filles alcoolisées qu’ils vont parfois jusqu’à droguer. Manque de confiance en soi sans doute mais ce n’est pas pour autant qu’il faut accepter les choses que l’on peut expliquer.

                Merci encore pour cet ajustement !


              • bakerstreet bakerstreet 2 juin 2015 19:01

                @Fergus

                C’est sûr qu’en Bretagne le mal est profond, culturel. Difficile de refuser un verre sans fâcher.
                Et que tout cela vient de très loin, associé à la fête, à l’ivresse obligatoire, qui est une sorte d’exutoire du malheur, que l’on peut reléguer pendant une soirée avant de retrouver : La boue des tranchées il y a cent ans, ou bien un embarquement pour une campagne de pêche, la dureté de la terre, un certain matriarcat culturel, où beaucoup associeront aussi l’alcool au lait maternel, les mots étant assez révélateurs : « la bibine » « têter la bouteille »....

                Le passé de la Bretagne, et son histoire douloureuse, qui est faite d’exils, d’émigration , de séparations, d’abandon d’une langue que l’on interdite, ne sont pas étrangers non plus à la montée de l’alcoolisme, tout autant que cette mondialisation des produits, que favorisa la guerre de 14 18, faisant découvrir à certains le camembert, à d’autres le vin.....

                . Mais il en est de même pour d’autres régions, comme le nord. Zola en a très bien fait l’analyse : L’assommoir« restant un chef d’oeuvre, à travers le processus de dégradation d’une femme au départ admirable d’énergie : Gervaise, qui finit pocharde crevant dans la rue.

                 Curieusement, le vin qui avait mauvaise presse, et était lié à l’alcoolisme des pauvres, avec les bouteilles six étoiles vendus en épicerie, a retrouvé des lettres de noblesse, cachant un nouveau problème : Un certain alcoolisme qui se gargarise d’œnologie...
                C’est la bière, et surtout ces cocktails insensés, qui aujourd’hui pose problème auprès des jeunes, faisant un malheur chez les filles, qui naguère avaient l’intelligence, ou le tabou, de ne pas boire. 

                Si l’égalité entre les sexes est la meilleure chose du monde, revendiquer ce qu’il y a de pire chez les hommes, comme l’alcool, et aussi une certaine forme de pouvoir viril et con, fait de machisme et d’autorité, est une erreur fatale. ...Ne pas oublier aussi que, la nature étant ce qu’elle est, le physique féminin »encaisse" beaucoup moins facilement les abus que chez les mâles., et les livre aux prédateurs... 
                Donc : La femme est l’avenir de l’homme, surtout si elle ne boit pas..

              • bakerstreet bakerstreet 3 juin 2015 22:32

                @Cadoudal

                Si je suis critique sur l’alcoolisme, qui est une forme de boulimie et d’abandon au pire, j’apprécie pour autant le bon vin, surtout quand il n’est pas rempli de saloperies : Heureusement des viticulteurs prennent de plus en plus conscience du problème, et offrent des vins de qualité qui ne vous laissent pas avec un mal de tête le lendemain, quel que soit la quantité bue. 


              • bakerstreet bakerstreet 3 juin 2015 22:37

                Sinon, j’ai entendu moi aussi cette information, mais je doute que nous serons encore vivant au moment de la vendange. Pas sûr que l’humanité soit encore debout, elle aussi ; ce problème de réchauffement est une cornue du diable, dont on ne sait qui survivra, mis à part les moustiques et le philoxera !

                En Californie, des biologistes ont expérimenté les vertus du compost bio : Non seulement il retient l’eau, ce qui est vital pour eux, mais de plus c’est un véritable puits à carbone. L’avenir n’est un tout à l’égout que si l’on tire la chasse d’eau !

              • Phoébée 6 juin 2015 22:26

                @laphilodelau
                N’importe quoi la philo de l’eau.
                je n’ai jamais connu un mec qui droguait sa victime sans son consentement. Je bois, je me drogue et puis je proteste...

                Droguer& draguer c’est pas la même chose tu vois ? ... vous l’oubliez quand ca vous arrange !

                Et je parle pas des garçons alcoolisés qu’elles vont parfois jusqu’à droguer ...

                Vous me direz le monde a changé...

                c’est vrai !


              • sls0 sls0 2 juin 2015 18:05

                Je réside dans un pays où il n’y a pas ce regard négatif vis à vis de l’alcool, 7 fois plus de morts sur les routes qu’en France et 11% de mineures enceintes. (0,3% en France)
                Une voiture et une bouteille de whisky en 1km deux filles mineures c’est embarqué.
                La majorité des homicides c’est sous influence alcoolique. (23 fois plus par habitant qu’en France)

                Comme il n’y a plus le coté dégustation localement, ma consommation d’alcool à sérieusement baissé, quand on me demande pourquoi je bois peu d’alcool, je réponds que j’arrive à être con sans boire et que l’alcool n’est pas nécessaire.


                • laphilodelau laphilodelau 3 juin 2015 10:49

                  @sls0

                  J’adore la dernière phrase, je la mets dans mes réponses toutes faites favorites !


                • sls0 sls0 3 juin 2015 14:49

                  @laphilodelau
                  Se moquer de soi-même enlève toutes prises à la polémique, par effet miroir le message passe très bien. J’ai plus tendance à voir mes erreurs que celles des autres ça aide.

                  De l’alcool j’en bois mais pas avec m’importe qui, en France j’avais un ami jésuite, je suis athée. Lors de nos discussions, je ramenais le saucisson fermier et du vrai pain, Lulu trouvait toujours un superbe vin ’’de messe’’ dans sa cave pour accompagner.
                  J’avais aussi des contacts avec des lamas, c’était sans alcool mais les discussions étaient aussi enrichissantes et les éclats de rire aussi nombreux.

                  Où je réside l’alcool sert la plupart du temps pour faire sauter le verrou des inhibitions, comme j’en ai aucune, je n’ai pas besoin d’alcool.


                • gaijin gaijin 2 juin 2015 18:51

                  chouette témoignage et bravo d’en être sortie .....
                  il y a juste la définition de l’alcoolisme que je trouve trop « alambiquée » si j’ose dire
                  l’alcoolisme c’est quand on a « besoin » de boire et pas « envie » comme pour toute dépendance
                  on parle ici d’alcool , tabac , drogues mais ils y a d’autres dépendances qui sont ignorées ( et pas forcément moins nocives ) le café , le sucre .....les smartphones ......
                  et oui aussi ! combien de fois entendez vous ( ou dites vous ) j’ai besoin de mon café le matin ....


                  • laphilodelau laphilodelau 3 juin 2015 11:11

                    @gaijin

                    Je suis d’accord avec le fait que c’est un besoin et non une envie. Et merci de préciser que ça peut toucher tous les domaines. on parle d’alcoolisme mais je trouve en effet qu’on peut parler de comportement de dépendant. Quand un produit, un objet ou une personne devient obsessionnel pour la personne et tend à lui faire perdre la maîtrise de sa vie...


                  • smilodon smilodon 2 juin 2015 20:04

                    @ l’auteur : Les causes de l’alcoolisme sont multiples !.. Ca va de trop de bonnes soirées entre amis, (quand on est jeune), pour finir tout seul avec son apéro devant sa téloche (quand on est « moins jeune ») !.... On le devient par plaisir ou par ennuie. Avec plein de potes autour (avant),ou tout seul dans son coin (après) !... Bref, on ne sait pas trop bien comment on le devient, ni même pourquoi. Dès fois même, on ne le sait pas du tout. On le « soupçonne », mais c’est pas facile à se l’avouer à soi-même !... Chaque « alcoolique » a sa propre histoire... Son pourquoi et son comment. Le seul « truc » commun à tous, une fois qu’ils arrêtent, c’est le vide sidéral dans lequel ils auront l’impression de vivre, le temps que la « brume » disparaisse. Que ce soit « entre potes » ou bien « seul », l’alcool est un « médicament » !.... Ce qui prouve bien que « l’alcoolisme » est une maladie. Tous ceux qui auront eu 2 ou 3 « milligrammes » par « litre » sauront me comprendre.. La vie est tellement moins triste avec plus de « bulles » que de « globules » !!... Non ??... Eh oui !.. Hélas !.... Très bel article. Suivez-bien votre chemin, Mademoiselle..... C’est le meilleur. Bravo et bonne chance !.... Adishatz.


                    • Olivier Perriet Olivier Perriet 2 juin 2015 22:28

                      @smilodon
                      @hunter

                      Mais qui sont tous ces adishatz ???


                    • hunter hunter 3 juin 2015 10:14

                      @Olivier Perriet

                      http://fr.wiktionary.org/wiki/adishatz

                      voilà ! A noter qu’en fait, le sens est beaucoup plus proche du « salut ! » en Français, car on l’emploie en arrivant dans une assemblée, et aussi en la quittant !

                       smiley

                      H/


                    • laphilodelau laphilodelau 3 juin 2015 11:08

                      @smilodon

                      Merci ! Et merci de rappeler que l’alcoolisme est une maladie ! En effet, on ne sait pas comment on le devient mais une chose est sûre c’est évolutif et ça ne se guérit pas encore, même si les recherches dans ce domaine sont multiples.


                    • smilodon smilodon 3 juin 2015 20:16

                      @Olivier Perriet : « Adishatz » est un mot « occitan gascon », du moins je crois. Dans les Landes, ça veut dire « au-revoir », « adieu », où même « bonjour » des fois...... En tout cas, même pour les « étrangers » à ce département, c’est un mot sympa !... Adishatz.


                    • smilodon smilodon 3 juin 2015 20:39

                      @laphilodelau : petit espoir avec le « baclofène » !.... A confirmer. De toute façon, pas facile de redescendre de son « nuage »  !... Qu’on y soit monté par le biais de l’alcool ou de la coke !... La vie sur notre « plancher des vaches » est tellement triste !.... La vraie question que nos « élites » devraient se poser dans ce domaine serait à mon avis celle-ci : Pourquoi tant de gens ont-ils besoin de « s’exploser la tête », pour 2 minutes ou quelques heures « d’évasion » ???.... Au risque de « bousiller » leur santé, leur vie et celle des autres ???... Pourquoi tant de « mal-être » dans nos belles démocraties ???!!... Et si on remplaçait notre PIB (Produit Intérieur Brut), par la BNB (Bonheur National Brut), comme au BHOUTAN ??... Y’a des alcooliques au BHOUTAN ??.....J’sais pas.. L’idée est bonne en tout cas.... Allez, je vous laisse.... Gardez-bien votre cap !...Restez forte. Car vous l’êtes sans aucun doute. Mais les femmes sont tellement plus fortes que les mecs !!.... Une bonne soirée à vous.... On vous aime. Je vous admire.Adishatz.


                    • 65beve 65beve 2 juin 2015 22:33

                      Bonsoir l’auteur.

                      Bravo pour votre démarche.
                      Vous ne faites pas la morale mais vous montrez l’exemple à suivre.
                      Puissiez-vous faire des émules !
                      Perso j’ai arrêté il y a 25 ans et j’en mesure toujours les effets bénéfiques.
                      Mais moi, je parle du tabac pas de l’alcool.
                      Je n’ai pas de problèmes avec l’alcool, quoique.....
                      cdlt.


                      • laphilodelau laphilodelau 3 juin 2015 10:58

                        @65beve

                        Merci !


                      • COVADONGA722 COVADONGA722 3 juin 2015 00:06

                        Bois du vin ! Tu recevras de la vie éternelle. 

                        Le vin est le seul philtre qui puisse te rendre ta jeunesse.
                         Divine saison des roses, du vin et des amis sincères ! 
                        Jouis de cet instant fugitif qu’est la vie.



                        O Kayyam

                        • Hector Hector 3 juin 2015 11:21

                          Bonjour « La Fille de L’eau »,
                          Il est bon de rappeler de temps en temps que l’on peut se sortir de cet enfer qu’est l’alcool, du moins pour certains.
                          J’y suis passé il y a maintenant plus de quinze ans et j’ai reconnu certaines phrases que l’on apprend en AA. comme la prière de Marc Aurèle que vous citez en partie et qui ponctuait chaque fin de réunion après le passage du « chapeau ».
                          Je ne dirais jamais assez à quel point je suis reconnaissant à cette association et à ses membres de m’avoir accueilli, aimé, de m’avoir entouré de tout ce qui fait que l’on peut renoncer et « poser le verre ».
                          J’ai trouvé là toute l’amitié, l’affection et la considération qui manquent aux buveurs chroniques dans leurs environnement.
                          C’est votre premier anniversaire et je vous le souhaite avec grand plaisir.
                          Continuez, un jour après l’autre.
                          Merci.


                          • laphilodelau laphilodelau 3 juin 2015 14:35

                            @Hector

                            Merci Hector !


                          • Norbert 3 juin 2015 12:57

                            C’est un beau témoignage qui est juste, touche au cœur et ne fait pas la morale. 

                            Merci.


                            • laphilodelau laphilodelau 3 juin 2015 14:34

                              @Norbert

                              Merci Norbert !


                            • daniel721 daniel721 3 juin 2015 20:39

                               Bonjour laphilodeleau,


                               Tout d’abord bravo pour cette nouvelle vie .

                               Je voulais juste vous demander pourquoi vous ne dites rien de la méthode qui vous a permis de devenir abstinente. Je crois pouvoir dire que vous avez probablement fréquenté les AA, mais pourquoi cette discrétion ?..

                              Pour ma part j’ai été alcoolo toute ma vie. J’en suis sorti par les A.A assez facilement depuis douze ans, après plus de trente ans de souffrances et de visites chez les toubibs et autres incompétents.

                              JE voulais dire qu’ aidez son prochain après cet enfer, c’est prévenir les hésitants que l’alcoolique détruit son entourage, sa famille, ses enfants, ses amis, son boulot, son compte en banque.
                               C’est dire ensuite ce qui vous a permis d’en sortir, quelle méthode, quel hôpital ou quel association. Actuellement c’est l’association des Alcooliques Anonymes à ma connaissance qui obtient les meilleurs résultats en nombre de personnes abstinentes sur le long terme.
                              Dire aussi qu’il se passe un petit miracle assez inexplicable dans les réunions des AA pour les personnes qui imaginent ne jamais en sortir.

                              On en sort. Des milliers de gens en sortent . Le plus difficile, c’est d’y aller la toute première fois. Un traitement en unité hospitalière spécialisée est bien efficace aussi,
                              chacun voit sa solution. 

                               Voilà merci de votre attention, et encore tous mes compliments.

                              • laphilodelau laphilodelau 4 juin 2015 22:57

                                @daniel721

                                Bravo à vous.
                                Tout d’abord parce que dans alcooliques anonyme....ben, il y a le mot anonyme. Parce que je ne parle pas de l’alcoolisme spécifiquement mais des gens qui souffrent à cause de l’alcool. Parce qu’il y a plusieurs choses qui m’ont aidé et qui ne sont pas le sujet de mon article. Parce que les personnes qui cherchent à s’en sortir, si elles sont alcooliques, trouveront les infos nécessaires sur internet ou me contacteront via mon site.

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