Un apologue à méditer...
« Ne marche pas de travers, disait une écrevisse à sa fille, et ne frotte pas tes flancs contre le roc humide. — Mère, répliqua-t-elle, toi qui veux m’instruire, marche droit ; je te regarderai et t’imiterai. »
Quand on reprend les autres, il convient qu’on vive et marche droit, avant d’en faire leçon.
On doit ce court apologue à Esope, poète grec, inventeur de ce genre littéraire qu'est la fable...
Esope a vécu entre le 7ème siècle et le 6ème avant JC et il nous donne là une leçon universelle que chacun devrait méditer...
Notre monde n'est-il pas celui des donneurs de leçons ? Les hommes politiques ne sont-ils pas les premiers à en donner et pourtant, sont-ils eux-mêmes exemplaires ?
Mensonges, corruption, détournements de fonds, privilèges exorbitants, les hommes politiques se rendent coupables des pires abus...
Désormais, sur la toile, on trouve, aussi, des donneurs de leçons, partout : à les en croire, ils détiennent la vérité, le bon goût, ils affirment de manière péremptoire des idées douteuses, n'hésitent pas à user d' amalgames.
Les donneurs de leçons sont eux-mêmes loin d'être exemplaires : le mensonge, la fatuité, l'arrogance, la vanité fleurissent en tous lieux, sur internet et ailleurs...
L'agressivité est partout et ceux-là même qui la réprouvent haut et fort, s'y livrent avec la plus grande délectation !
L'essentiel pour ceux-là est de ne pas être la victime de cette agressivité qu'ils dénoncent hautement, par ailleurs !
Voilà bien les contradictions humaines !
Si l'on veut que les enfants, les adolescents évitent de faire des fautes d'orthographe, il est préférable que les enseignants eux-mêmes soient irréprochables dans ce domaine, si un père de famille veut que ses enfants soient honnêtes, il vaut mieux qu'il en donne lui-même l'exemple...
Or, à tous les niveaux, les donneurs de leçons ne mettent pas en pratique leurs propres idées, seuls les autres sont montrés du doigt, eux-mêmes s'exemptent de toute règle de vie et de mesure.
Cette façon de faire se généralise, et on voit toute l'actualité de la fable d'Esope : au fond, le monde n'a pas changé, les donneurs de leçons se perpétuent dans toutes les sphères de la société, et même les plus hautes !
Vous n'aimez pas être insulté gratuitement ? N'insultez donc pas les autres, avec hauteur et dédain, sans raison.
Vous n'appréciez pas les menteurs, les gens malhonnêtes ? Ne soyez pas vous-mêmes menteurs ou malhonnêtes !
Vous n'aimez pas les gens qui trichent, qui détournent de l'argent, qui ne paient pas leurs impôts ? Soyez vous-mêmes honnêtes et sincères !
Dans le cas contraire, si vous aimez mentir, tricher, invectiver, ne donnez pas de leçons aux autres !
C'est, là, le sens de la fable d'Esope : l'homme n'a, parfois, même pas conscience de son propre comportement et se permet, ainsi, de fustiger les autres, avec la plus grande décontraction.
L'inconscience humaine est terrifiante, et elle n'a plus de limites dans le monde actuel, où les gens se comportent souvent comme des êtres irresponsables, incapables de se réfréner.
Et, en plus, ce sont souvent les gens les plus retors qui donnent des leçons à autrui : ils n'hésitent pas à condamner chez les autres des comportements dont ils se rendent eux-mêmes coupables.
Je vois déjà venir des contradicteurs : on va m'accuser moi-même de donner des leçons d'honnêteté, de droiture, de sincérité, mais au moins puis-je dire que j'applique, le plus rigoureusement possible, tous ces principes et que je m'abstiens de toute malhonnêteté morale et intellectuelle...
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2015/08/un-apologue-a-mediter-la-suite.html
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