Un génocide méconnu qui persiste : celui des nations Amérindiennes !
Bien des nations amérindiennes ont été anéanties, rayées de la surface de la Terre-mère depuis 1492, date où Christophe Colomb abordait les rivages des Caraïbes. On estime que 56 millions d’Amérindiens ( de l’Alaska à la Patagonie) auraient été exterminés (peut-être plus) ! La colonisation aurait provoqué la disparition de 90% de la population amérindienne entre 1492 et 1613, et près de 10% de la population mondiale de l'époque. Malgré ce génocide d’ampleur, sans égal depuis, nombre de nations amérindiennes ont survécu et peuplent les trois Amériques, toujours debout et bien vivantes...
Depuis plus de 500 ans, les Amérindiens combattent pour survivre. Pas toujours avec des armes ! De nos jours, certains luttent à coup d’avocats et de procès, comme les Lakotas (appelés aussi Sioux) aux États-Unis, pour reconquérir leurs montagnes sacrées, les Black Hills, qui leur ont été volées il y a 150 ans. D’autres ont mené de véritables guérillas, tels les Zapatistes au Mexique. Nombreux sont ceux qui revendiquent la restitution de leurs terres, comme les peuples de Guyane. Pourtant tous sont les véritables natifs de ce continent ! Imaginons que nous européens ayons été dépossédés de nos pays par des conquérants venus de l’autre côté de la planète, que nous aurions été pour la plupart d’entre nous massacrés, et les survivants parqués dans des « réserves », quelques lopins de terre minuscules et arides de notre grande Europe ! Plus de nation française, ni espagnole, ni italienne, ni allemande. On nous interdirait de parler notre langue natale, de pratiquer nos traditions et nos religions, on nous déposséderait de nos richesses, de tout ce que nous aimions. C’est pourtant le sort de toutes les nations du continent américain, dans le passé, et encore à l’aube de ce nouveau millénaire, où nombreuses sont celles qui doivent se battre. Les génocides se succèdent (actuellement au Brésil) sans jamais de fin… Les droits des natifs sont bafoués, voire inexistants dans bien des pays d’Amérique.
Aux États-Unis, certaines nations attirent l’attention des médias, d’autres sont très discrètes, quelques unes sont riches comme la petite tribu des Pequots avec leur immense casino, mais la grande majorité est pauvre, d’autres encore viennent d’être reconnues, mais nombre d’entre elles resteront dans l’oubli, voire condamnées à disparaître. Les misères sont leur lot quotidien, la drogue, l’alcool, la malnutrition, les violences sous toutes ses formes, avec en prime nombre d’Amérindiens emprisonnés et soumis à une justice plus rigoureuse que les autres communautés.
Malgré ces cinq siècles de génocides, de persécutions, de déculturation, les natifs continuent de lutter pour exister, et se sont relevés. Ils revendiquent leurs droits, fiers d’être ce qu’ils sont. Les religions amérindiennes et leurs traditions sont pour la plupart d’entre eux le moteur de leur renaissance, et leur force. Peut-être leur salut pour l’avenir ?
Prenons l’exemple d’une réserve aux États-Unis, celle de Pine Ridge dans le Sud Dakota, la deuxième en superficie dans ce pays (la plus grande réserve est celle des Navajos). C’est une des réserves les plus pauvres, la plupart des Lakotas (Sioux) vivant sous le seuil de pauvreté. Le taux de chômage avoisine les 80 %, l’espérance de vie est bien inférieure aux autres communautés du pays, le taux de suicide supérieur, notamment chez les jeunes, les violences de toutes sortes sont courantes. La malnutrition est le lot de nombreuses familles, et les maladies comme le diabète sont prédominantes. L’alcool fait des ravages et cause un nombre élevé de syndrome d'alcoolisation fœtal (SAF) et ses effets, ainsi que d'autres formes de maladie mentale. La drogue et les gangs sont de mise, instaurant une certaine insécurité dans les parties isolées de la réserve. Nombre de Lakotas vivent dans le dénuement, dans des maisons délabrées, trop petites, non isolées, certaines encore à notre époque sans eau ni électricité. Dans cette région des Badlands (Mauvaises terres), les conditions climatiques sont rigoureuses. Les familles vivent d’allocations, souvent insuffisantes. En 1999, suite à la venue du Président Clinton à Pine Ridge, un programme d’avoir fiscaux, pour la création d’entreprise, avait été décrété, mais ce renouveau économique met du temps à s’instaurer, quelques sociétés se sont créées, mais insuffisamment face au nombre de personnes sans emploi. Bien des natifs sont tentés de quitter la réserve pour les villes de Rapid City et autres, mais la discrimination raciale est une réalité et une barrière.
Malgré tous ces maux, ils résistent toujours, comme d’antan où l’armée les massacrait, ou les Blancs les affamaient (on estime à 75 millions de bisons (leur nourriture) qui furent massacrés)
Aux États-Unis : de nos jours les Amérindiens reconnus sont environ 3 millions, soit moins d’1 % de la population. Il y a plus de 300 réserves pour 550 nations (validées). Au cours des siècles, il y a eu 400 traités non respectés de la part des Blancs, (sauf un seul) ! De nombreux massacres décimèrent les nations, (face à des Indiens issant souvent le drapeau blanc) le dernier fut celui de Wounded Knee en décembre 1890 (où plus de 300 hommes, femmes et enfants périrent) mettant fin aux guerre indiennes en Amérique du Nord. Dans sa conquête de l’Ouest, l’armée américaine a massacré des milliers d’Amérindiens. Sur les champs de bataille, il y avait des cadavres d’Indiens préalablement torturés par les soldats : des femmes éventrées, des fétus extirpés du ventre de leur mère, des guerriers émasculés, etc… Les soldats exhibaient leur trophée, comme le faisaient aussi certaines tribus, notamment en scalpant leur ennemi (par ailleurs, à l’origine, le scalp n’était pas une coutume amérindienne, mais elle vient des Anglais qui scalpaient les Irlandais durant leur guerre). (De même, les Espagnols ont pratiqué des massacres de grande envergure, des supplices en tout genre, un véritable « holocauste » envers les populations amérindiennes au Mexique et en Amérique latine.) Geronimo, célèbre chef apache, et son peuple, ont été déportés durant des années dans un soi-disant camp d’internement, surveillé par des militaires : les captifs ne pouvaient s’enfuir… Certes, ce n’était pas un camp « d’extermination », mais ça y ressemblait : ces camps étaient basés sur des mauvaises terres et les captifs mourraient de malnutrition ou de maladies ! On pourrait parler « d’éradication déguisée » de « camp de concentration », (les Américains l’auraient-ils inventé ?) ! Leur déportation s’effectuait le plus souvent à pied, –au mieux par rail dans les wagons à bestiaux– avec en prime un long chemin à parcourir, ainsi beaucoup mourraient d’épuisement, de froid, comme pour la déportation du peuple Cherokee (nommée la piste des larmes) ou la déportation du peuple Navajo.
Sans oublier que les maladies comme la variole, le choléra ou la grippe, exterminèrent des millions d’Amérindiens ! (les Anglais donnèrent volontairement des couvertures souillées de virus dans le but d’anéantir les tribus, les Américains et les Français également, et sûrement les Hollandais et les Espagnols !). On estime à 12 millions la population des natifs en Amérique du Nord avant l’arrivée des colons, ils n’étaient plus que 250 000 au recensement de 1891. Dans ce pays, ce ne fut qu’en 1924 que la citoyenneté des natifs fut enfin reconnue, mais ils n’eurent le droit de vote qu’à partir de 1948.
Pour aller plus loin, les livres de : Ward Churchill, « Que sont les Indiens devenus ? » éditions du Rocher, et de Jack Weatherford, « Ce que nous devons aux Indiens d’Amérique », éditions Albin Michel
le roman « Elisa Bison Blanc » aux éditions Ex Aequo (fiction sur fond historique) :
https://editions-exaequo.com/elisa-bison-blanc-marie-pierre-hage
Note pour la photo : vue d’une localité sur la réserve de Pine Ridge (la plupart des maisons sont des préfabriquées et des mobil-homes ).
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