Un grexit : vraiment ?
Les journaux, radios et télévisions font leurs choux gras du grexit, cette contraction anglophone - à l’air si « branché » - de greek et exit. Cependant, aucun de ces journaux ou télévisions ne vous dit que ce scénario n’est pas écrit. Et pour cause...
En effet autant les traités européens ont bien cadré l’entrée des pays candidats en zone euros, autant ceux-ci, dans leur certitude de détenir la vérité économique et incapables de penser un éventuel retour en arrière ou la simple conversion de la monnaie unique en une monnaie commune (1), ont oublié de cadrer formellement la sortie de certains de leurs membres de la zone euros. Pour l’UE, il est clair que l’appartenance à la zone Euro est irrévocable.
Cette sortie est pourtant envisagée et certains médias (2, 3), mais ces derniers s’empressent de vous préciser qu’elle est impossible, non pas au plan technique, mais simplement parce qu’elle placerait le pays sortant dans une situation catastrophique. Outre que ce point ce discute (4), la vérité est ailleurs : aujourd’hui, la seule façon cadrée de sortir de l’euro, c’est de sortir de l’UE.
Dans ce contexte, le traité de Lisbonne de 2007 dit que « Tout État membre peut décider conformément à ses règles constitutionnelles de se retirer de l’Union ». Ainsi, l’article 50 précise que « L’État membre qui souhaite se retirer notifie son intention au Conseil européen, qui présente des orientations pour la conclusion d’un accord fixant les modalités du retrait ». Cet accord est conclu au nom de l'Union par le Conseil européen, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen. Les traités cessent de s’appliquer à l’État qui en fait la demande, dès l’entrée en vigueur de l’accord, ou au plus tard deux ans après la notification du retrait. Le Conseil peut décider de prolonger cette période ». On voit bien que cette sortie de l’UE, prélude à la sortie de l’euro, reste un processus long et complexe.
En matière de sortie de l’euro partielle , il existe cependant au moins une autre possibilité qui est celle décrite par l’article en référence (1), qui permettrait à la Grèce et à d’autres pays, de relancer leur économie. Conserver l’euro comme monnaie officielle et créer une euro-drachme à parité qui servirait aux payements intérieurs, salaires compris. Cette option est d’ailleurs aussi proposée pour la France par « Nouvelle Donne » le mouvement politique crée par l’économiste Pierre Larrouturou. L’intérêt d’une telle mesure est double : elle permettrait tout d’abord aux Grecs (ou à d’autres) de reprendre le contrôle de la monnaie, et elle constituerait un formidable pied de nez à l’UE, au FMI, et aux banques qui sont très grande partie responsables de la dette grecque (5, 6) et, au travers de mesures d’austérité absurdes et récurrentes, de l’incroyable dégradation des conditions de vie dans ce pays.
Références
1. Sortir de l’euro. Frédéric Lordon. Le Monde Diplomatique - Août 2013.
2. L’impossible sortie de la zone euro. Pierre-Yves Cossé. La tribune - Mars 2011.
3. Pourquoi une sortie de l'euro exposerait encore plus à la mondialisation les salariés des grandes entreprises françaises. Jean-Yves Archer. Atlantico.fr - Octobre 2013.
4. Une sortie de l’euro n’est en rien une catastrophe. Christian Losson et Vittorio De Filippis. Libération - Janvier 2015.
5. La part illégitime de la dette grecque : environ 70%. Jean Gadaray. Alternatives économiques - Février 2015.
6. La BCE contre le peuple grec. Esther Jeffers et Jean-Marie Harribey. Les économistes atterrés. Février 2015.
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