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Accueil du site > Tribune Libre > Un mois pour rien ?

Un mois pour rien ?

Cela fait maintenant un peu plus d’un mois que je suis parti. Un mois sans écrire un seul article, suivant de loin en loin l’actualité, au gré de mon accession au web, seul véritable lien entre “ailleurs” et ici. Là ou j’étais, l’actualité internationale n’était traitée que très succinctement, juste suffisamment pour m’apercevoir que les préoccupations de l’Europe sont très éloignées de celles du pays dans lequel je me trouvais : pour tout dire, là-bas la crise financière, on s’en contrefiche…

J’ai tout de même réussi à me connecter par-ci par-là, aux blogs et sites que je consulte habituellement. J’y ai constaté d’abord que la situation économique et sociale ne s’arrangeait pas (loin de là), mais aussi et surtout que les analyses et commentaires (qu’ils soient politiques, journalistiques ou “citoyens”) continuaient à se complaire dans une critique quotidienne, répétitive, à la fois lassante, inutile et passive…

C’est comme si, en définitive, le monde tel qu’il tourne satisfaisait très bien tout le monde : ceux qui ne sont pas touchés par la crise ne s’en préoccupent pas, et pour les autres en parler suffit amplement, ça fait tourner la machine, et peut-être même cela met du beurre dans les épinards…

Pendant ce temps-là, on sabote les retraites, on laisse le chômage augmenter, les riches continuent de s’enrichir et les pauvres de s’appauvrir… Les scandales, les petites polémiques font vendre les journaux, permettent des discussions enflammées sur les plateaux-télés, donnent du contenu aux brèves de comptoirs, en gros font vendre de la pub, des consommations et… occupent le fameux “temps de cerveau disponible”.

Mais finalement, que s’est-il concrètement passé depuis un mois ? Rien ? Rien à part la continuation des politiques commencées bien avant la crise, celles qui ne font que l’aggraver sans que personne ne se lève pour les faire cesser… Et pour cause, tant que tout ce qui compte dans ce pays, tous ceux qui ont une visibilité médiatique ne comprennent pas, ou font semblant de ne pas comprendre le but de tout ceci, il n’y aura évidemment aucun changement possible, de quelque sorte que ce soit.

Toutes les mesures restrictives concernant les retraites, les salaires et les emplois sont en train d’être mises en place sous couvert de cette crise, et l’idée d’une nouvelle gouvernance européenne, ainsi que celle d’une nouvelle monnaie font petit à petit leur chemin, dans les journaux d’abord, et ensuite dans les esprits….D’opposition réelle à toute cette formidable machinerie il n’y en a point. Rien que des mots. Toujours et seulement la critique, sans proposition ni véritable dénonciation de ce qui se profile à l’horizon. Personne, ni syndicats, ni partis politiques, ni grandes figures indépendantes ne bougent, ni même ne semblent disposés à lever le petit doigt pour défendre la cause des faibles.

Alors voilà ou nous en sommes, un mois après mon dernier article : au même point ou à peu près. L’ennemi avance ses pions doucement, et celui qui se dit son ennemi les fait avancer un peu plus. Peu importe qu’ailleurs le monde tourne d’une autre manière, car tôt ou tard même les nations dont la puissance semble hermétique aux changements de ceux qui dominent effectivement le monde finiront par se faire rattraper.

Mais s’il est vrai que je n’ai pas écris d’article durant le mois passé, j’ai beaucoup lu, et beaucoup réfléchi… beaucoup appris. Ce temps de recul sur les évènements, de même que la constatation que j’exprime actuellement, sont loin de m’avoir rangé à l’idée qu’il est impossible de changer les choses, au contraire. Le monde est entièrement à reconstruire, et même si des pans entiers de l’humanité, c’est à dire des centaines de millions de gens, ne sont pas conscients et de leur pouvoir, et de la nécessité de ces changements, ce n’est pas une raison pour ne pas les vouloir, ni les tenter. Chaque grande époque historique a ses révolutions, et chaque révolution influence le monde de manière irrémédiable. La conscience de l’histoire de l’humanité ne se limite pas à notre pauvre imagination résonnant en siècles, ni en kilomètres carrés, ni en milliards d’habitants,mais en millénaires, en milliers de mondes possibles, en milliards de milliards d’habitants. Et tout ceci ne dépend que de nous, ainsi que de notre capacité à évoluer.

Les rêves qu’entretenaient nos aînés, qu’ils aient échoués ou partiellement réussi, ont transformé à la fois le monde et la manière de l’envisager. Plus que jamais de nouvelles idées, de nouveaux mouvements doivent être repensés, et mis en place. Les états généraux dont j’ai déjà évoqués la constitution sont un des moyens de réfléchir le monde, et partout se trouvent des gens prêts à participer à une autre aventure. Nous ne rêvons pas d’un monde parfait, mais simplement d’un monde meilleur. Nous ne désirons pas revenir en arrière, mais aller plus loin. Nous ne voulons pas nous laisser diriger sans rien dire, mais décider nous-mêmes.

Les armes économiques sont des armes capitalistes, et c’est le capitalisme qu’il faut vaincre. La violence est l’arme des puissants, et ce sont les puissants qu’il faut vaincre. J’ai bien étudié le mouvement “Zeigeist” dont on me parle régulièrement en réponse à mes propos, et j’ai lu un livre intéressant sur la manière d’entrevoir le futur, “Fondation”, d’Isaac Asimov. J’ai lu un ouvrage d’Aldous Huxley, l’auteur du “meilleur des mondes”, écrit en 1929 et dans lequel il décrit ses craintes concernant l’avenir, presque toutes réalisées. Je me suis délecté à lire “le roman de monsieur Molière”, de Boulgakov, exprimant l’influence d’une personne sur les siècles suivants, ainsi que les réflexions de Dostoievki sur l’existence du mal en chacun de nous, notre lâcheté et notre égoïsme. J’ai lu aussi “la solitude du vainqueur”, de Paulo Coelho, constatant la futilité de nos rêves actuels, et la perte de sens concernant nos vies…

Tous ces hommes ont réfléchi le monde à leur manière, et ont en commun de rechercher non pas la vérité sur le monde, mais un sens à donner à l’existence humaine. Tous se ressemblent car, à des époques et en des lieux très différents, avec des cultures, des religions et des opinions très divergentes, ils sont des êtres humains croyant en l’homme, d’une manière ou d’une autre. Et d’une certaine manière, ces gens ont “changé” le monde, en ce sens qu’ils ont changé tous ceux qui les ont lu. Ils n’ont pas attendu que le monde se fasse malgré eux, mais ont tentés de le changer, avec leur coeur, par leur seule existence…et y sont parvenus, puisqu’on les connaît aujourd’hui.

Car en définitive c’est bien le coeur qui compte plus que l’économie, et le monde ne pourra changer que lorsque les hommes auront réappris à écouter leur coeur. Pour cela il faut qu’ils sachent qu’ils en ont un, et qu’il ne peut être ni acheté ni vendu, mais seulement partagé. Des projets comme “Zeigeist” ne sont envisageables qu’à cette condition, et même s’ils sont loin d’être parfaits, ils ont le mérite d’avoir été pensés avec le coeur. De mon côté, les états généraux dont je souhaite la mise en place seront sans doute longs à réunir, mais ils ne seront pas vains : car s’il est bien une chose certaine en ce monde, c’est que le “rien” n’existe pas.

Agissons, car nous sommes vivants, et c’est notre seule force.

Caleb Irri

http://www.calebirri.unblog.fr


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9 réactions à cet article    


  • Voris 18 juin 2010 11:39

    « Cela fait maintenant un peu plus d’un mois que je suis parti. Un mois sans écrire un seul article... » : bienvenue au club ! smiley

    Des états généraux ? Non ! Passons directement à l’étape suivante : l’abolition de tous les privilèges !


    • PhilVite PhilVite 18 juin 2010 12:50

      Là où vous vous trompez, à mon avis, c’est justement qu’être vivant ne suffit pas. La plante verte qui est sur mon balcon est bien vivante mais elle ne fera jamais la révolution. Il faut autre chose, et cette autre chose à été laminé par la société de consommation, par l’école...par l’ensemble de notre socio-culture. Pour faire simple, cette autre chose c’est une forme de conscience, celle qui devrait nous permettre de percevoir la réalité du monde derrière l’écran de fumée de notre quotidien marchandisé. Globalement, cette conscience est morte et l’humanité (celle des pays occidentaux, au moins) est zombifiée. Et je ne crois pas que quelques éclairs de lucidité par ci par là changeront la donne.
      Mais si je n’y crois pas, d’autres, dont vous faites partie, peuvent y croire. Alors je vous souhaite bon courage et tous mes voeux de réussite vous accompagnent.


      • ninou ninou 18 juin 2010 13:17

        Si chaque être humain pouvait, comme vous avez eu l’occasion de le faire, prendre un mois de recul de temps en temps dans sa vie, la société s’en trouverait rapidement améliorée.
        Je parle de vrai recul, pas de vacances...
        Nous sommes tous plus ou moins embarqués dans des vies trop trépidantes, souvent « le nez dans le guidon », et ce que nous prenons pour nos valeurs, nos certitudes, sont souvent imposées par notre style de vie. Nous pensons trop souvent en réaction à l’actualité, sommés que nous sommes, explicitement ou non, de prendre parti.
        Pourquoi ne pas imaginer une forme de retraite civile due à tout citoyen sans condition tous les cinq ans...
        Mais qui de nos puissants oserait ainsi offrir le bâton pour se faire battre ?


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 18 juin 2010 14:59

          Salut Caleb,

          c’est fou ce que le recul sur les évènements permet d’y voir bien plus clair sur le quotidien, et comme la géographie change la donne en matière d’actualité. 

          " D’opposition réelle à toute cette formidable machinerie il n’y en a point. Rien que des mots. Toujours et seulement la critique, sans proposition ni véritable dénonciation de ce qui se profile à l’horizon." Je dois reconnaitre que je suis excessivement critique envers la Société, mais c’est ce qui m’entraine à développer des quantités de concepts qui feraient office de proposition si elles étaient suivies. J’ai soutenu des thèses très controversées par expérience, mais les ayant décrites dans un certain détail, j’ai obtenu 50 % d’accords favorables : http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/votez-pour-l-ineluctable-vote-69391 Ce thème m’est cher car il correspond à mon avis à notre avenir et surtout à celui de notre démocratie. Il s’inscrit dans le mouvement numérique que l’on vivra tous bientôt au quotidien. L’ère numérique est en passe de révolutionner la politique et il n’est pas surprenant que nos gouvernants soient tentés de s’en servir pour nous asservir, voire bloquer le système s’ils le pouvaient.


          • mcjb 18 juin 2010 16:06

            merci pour votre tribune,

            vous avez tord de dire que rien ne s’est passe depuis un mois, c ar vous n’etes pas dans la tete des gens, et vous ne savez pas ce qui se passe en sous jacent,j’ai une constatation qui peut etre est de bon augure, les talibans se seraient t’ils calmes tout a coup en Afganistan, et deviendraient ils tout a coup meieurs, toujours est il qu’il y a moins d’attentats depuis une semaine, esperons que cela dure,, une autre grande nouvelle, ce sont ces travaux passes totalement inapercus a l’iria de bordeaux , et pourtant publies sur le net qui portent sur les travaux de probabilite , deja engages par Pascal et continues par Fermat en incluant une nouvelle base de travail autre que 6 et 7.

            vous avez tord de dire que rien ne se passe, car au contraire , je pense que le temps de 
            la passivite est fini, et nous entrons dans l’ere de la responsabilisation de chacun qu’ils soient de droite de gauche , et toutes nations confondues,
            vous avez tord de dire que rien ne se passe ,car le monde de l’internet est un monde phenomenal qui permet de relier toutes les idees a condition qu’elles soient positives, 
            car tous les milieux s’entraident avec le concours bien entendu des scientifiques qui n’hesitent pas a poster pour eclairer le debat 
            l’appel du 18 juin a ete entendu en 1940, l’appel du 18 juin 2010 fera sans doute date dans les annales de l’histoire. et la pub prend la une dimention nouvelle « c’est simple comme un coup de fil. »


            • L'enfoiré L’enfoiré 18 juin 2010 17:32

              Que vous dire, Caleb ?
              C’est bien. Maintenant que vous avez bien réfléchi, bien lu, bien constatez.
              Retournez prendre quelques vacances, pour le prochain épisode, celui qui vous donnera la pierre philosophale et qui fera changer la face du monde.
              Prendre du recul, c’est ce qu’il faut faire.
              Un mois, c’est même trop peu.
              On ne voit que la superficie des changements.

              Au fait, vous n’avez pas dit où vous êtes allé ?
              J’espère que c’était loin de la France, il faut du recul dans le temps et dans l’espace.
               smiley


              • caleb irri 18 juin 2010 17:41

                @ l’enfoiré

                bonjour,

                je connais votre réticence à l’idéalisme et à l’optimisme, mais je ne comprends pas pourquoi vous voudriez qu’il disparaisse chez les autres que vous...

                lorsque j’étais plus jeune, on m’opposait souvent la maturité et les rêves, comme quoi le monde des adultes n’était pas le monde des bisounours. j’en suis évidemment bien conscient, mais je regrette amèrement que la maturité soit pour les gens comme vous synonyme d’abandon de vos rêves de jeunesse, de votre espoir quant à l’avenir de l’humanité... pour moi, cette manière de penser signifie la vieillesse d’esprit plutôt que l’état adulte de la pensée. je ne pense pas que ce soit une différence de génération, mais plutôt une différence de philosophie... je ne regrette pas la mienne, mais je suis désolé pour vous


              • L'enfoiré L’enfoiré 18 juin 2010 18:25

                Cher Caleb,
                 Je crois qu’on s’est mal compris.
                 Vous n’avez jamais lu mon « A propos », sinon vous ne diriez pas cela.
                 Ce que le temps m’a appris, c’est qu’il n’y a jamais de réelles révolutions, mais toujours des évolutions.
                 Les révolutions éternelles, j’en ai vu les résultats à Cuba.
                 J’ai eu une profession qui m’a amené à une logique particulière. Logique que j’ai tourné vers la vie de tous les jours. 
                 Je suis un idéaliste, un utopiste, même, à certains moments. Il faut en avoir.
                 Les réalités sont parfois parallèles à nos désirs. Elles sont communes dans leur gestion.
                 Je m’intéresse à autre chose qu’uniquement ce qui se passe dans mon pays.
                 C’est pour cela que je demandais où vous êtes allé pendant un mois. Même éloigné aujourd’hui le monde est devenu petit par internet.
                 Tout m’intéresse, à part, peut-être le sport devant la télé.
                 Je vous assure que cela donne aussi beaucoup de recul sans même bouger de sa chaise.
                 La vieillesse, c’est quand on fait du « sur place » dans ses pensées.
                 Consultez mon site et vous aurez une image de ce que je suis. La parodie est ma tasse de thé.
                 
                 Moi, j’ai donné mon âge. Je ne connais pas le vôtre.
                 Quant à ma maturité, laissez moi rire.
                 Si j’ai choisi un pseudo comme le mien, un avatar comme le mien, je vous laisse le soin d’en trouver la raison.
                 J’aime beaucoup les jeunes, j’ai confiance en eux et dans l’avenir qui sera très différent du mien et peut-être du vôtre. J’en connais qui ne s’en laissent pas dire avec la fougue comme je l’ai été plus jeune.
                 Ne soyez surtout pas désolé pour moi. Je ne suis pas de la trempe de PV, pour ne citer que lui.
                 Si j’ai été timide mais je me suis soigné depuis très très très longtemps.
                 J’espère qu’on s’est mieux compris.
                 N’oubliez pas de répondre à mes questions. Merci d’avance. smiley
                 
                 
                 
                 


              • caleb irri 19 juin 2010 15:09

                @ l’enfoiré

                tout d’abord pardon d’avoir été un peu trop catégorique à votre égard, c’est sans doute qu’effectivement j’avais assez mal pris votre premier message.

                il est vrai que je vous connais un peu taquin, et j’aurais du en tenir compte...

                pour le reste, il est vrai que je connais votre âge et un petit peu votre parcours, et vous ne connaissez pas le mien. mais cela est bien volontaire, et je ne vous en dirai pas plus que ce que mes papiers peuvent laisser transpirer. c’est que j’ai choisi dès le départ l’anonymat de façon volontaire, afin que l’on me juge uniquement sur ce que j’écris, essayant de ne pas laisser trop d’éléments extérieurs influencer mes lecteurs sur ma personnalité, comme je suis sujet à le faire moi-même envers les autres.

                ce n’est pas que j’ai quelque chose à cacher, ni honte de quoi que ce soit, c’est tout simplement que je considère ce que j’écris comme devant être indépendant de ma vie de tous les jours. pour autant, j’imagine bien laisser de nombreuses traces de ma vie personnelle dans mes écrits...

                pour le lieu où je me suis rendu, c’est un peu la même chose : le fait de dire que je suis parti loin d’internet suffit à la rédaction de mon article, car si j’avais été plus loin dans la description de ce lieu, des appréciations, interprétations auraient été susceptibles de troubler, d’orienter la lecture de ce papier.

                d’ailleurs, ce n’est pas un blog personnel que je tiens, mais un blog « idéologique », et je n’ai pas à y raconter ma vie, car je n’en éprouve pas le besoin. qu’importe si je suis jeune ou vieux ? si cela change la vision de mon lecteur, alors mon article vaudrait à mes yeux déjà moins...

                à bientôt sans doute

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