Un p’tit Français sympa en maillot jaune : Le Monde n’a pas supporté !
Sous le titre « Tour de France : les cétones, « carburant » du moindre mal », le journal Le Monde (19/07/2019 – 4h17) jette la suspicion sur le Tour de France. Centré sur « les cétones », produits considérés comme s’inscrivant dans la gamme des énergisants, autorisées par l’Agence mondiale antidopage (AMA), il crée un doute dévastateur sur l’ensemble des coureurs. Julian Alaphilippe en photo, le maillot jaune Français, illustre l’article. Un paragraphe dans ce contexte lui est consacré, histoire de le mettre à l’aise.
On pose le décor...
On le sentait monter depuis plusieurs jours. Hier, à travers un long article-interview consacré au coureur Lilian Calmejane intitulé « Tour de France : « Le vélo, c’est cool, je gagne de l’argent, mais… » Le coureur "chouchou" du public après sa victoire d’étape sur le Tour de France 2017 », en attente de confirmation, « évoque pour « Le Monde » les difficultés du statut de leader quand les jambes ne suivent plus. »… Il explique ne pas comprendre pourquoi il n’a plus les jambes malgré le travail fait, entre fatalisme et un peu de dépit, alors qu’aujourd’hui d’autres coureurs Français brillent : « Le panache » dit-il, « je l’ai toujours en moi, mais il faut se rendre à l’évidence : physiquement, j’ai montré que je faisais de grandes choses et j’en ferai plein d’autres dans ma carrière, mais je n’ai pas le moteur de Julian Alaphilippe, de Thibaut Pinot. » On pose une atmosphère peu en rapport avec un peloton dans lequel les Français occupent certaines des meilleurs places, chose depuis longtemps attendue, dont notre Julian Alaphilippe, surprenant porteur du maillot jaune. En fin de journée sort un autre article : « Tour de France 2019 : le mystère de l’abandon de Rohan Dennis ». Revenant sur l’abandon surprise du coureur australien, champion du monde de contre-la-montre, on en profite pour conclure l’article en rappelant des « révélations » du journal sur le dopage en mai dernier. Juste derrière, ce matin, on porte l’attaque par un article avec ce chapeau : « Le débat sur ce « carburant » non interdit et utilisé comme une boisson énergétique, agit comme un écran de fumée dans un contexte d’élévation des performances des coureurs » Le ton est donné !
On polémique pour induire le poison du doute
Présents naturellement dans le corps et fabriqués par le foie, les corps cétoniques peuvent être selon d’aucuns, un carburant du muscle pendant l’effort. Ils permettraient de retarder la sollicitation des glucides, et ainsi, l’accumulation d’acide lactique dans les jambes. Boissons mises au point il y a une dizaine d’années par l’université d’Oxford, elles sont décrites comme « assez répandues sur le marché des compléments alimentaires ». On interview le directeur scientifique de l’AMA, Olivier Rabin. « On est toujours resté circonspect », dit-il au Monde. « Les méta-analyses montrent qu’il n’y a pas d’effet positif. » Le nutritionniste Denis Riché, qui suit Romain Bardet, ne dit pas autre chose : « Comme il y a un aspect novateur, les gens ont gobé le truc, d’autant plus que certaines sociétés ont fait courir le bruit que tel ou tel coureur l’utilisait ». Toute une série de témoignages viennent contredire l’idée d’une super-performance grâce à ce produit, comme celui du docteur Xavier Bigard, conseiller scientifique de l’Union cycliste internationale (UCI), qui explique que le chiffre de « 15% » d’augmentation supposée des performances est « largement surinterprété », dans le prolongement d’une étude sur le produit. Alors pourquoi ici en fait-on des tonnes ?
Le scoop entend dépasser la fiction contre le sport
Présent jeudi à Toulouse au départ de la 12e étape du Tour de France, le président de l’UCI David Lappartient s’est vu réclamer d’interdire les cétones par Marc Madiot, le manager général de la formation Groupama-FDJ, nous- dit-on. « Il faudrait pour cela prouver qu’elles ont un effet néfaste sur la santé », a-t-il répondu. Xavier Bigard, son conseiller scientifique, s’inquiète plus des cures d’amaigrissement des coureurs « que l’on met en état de dépravation d’apport énergétique pour qu’ils perdent le maximum de graisses. » On comprend la demande de Marc Madiot au vu de la suspicion qui entoure le moindre cheveu qui dépasse dès qu’il est question de vélo, inquisiteurs en embuscade.
Mais tout cela n’est que mise en bouche pour aller bien plus loin, le cétone étant un faux-nez puisqu’un non-événement. Le tournant de l’article tient dans cette phrase à soumettre aux écoles de journalisme comme modèle retord en matière d’information : « cette polémique sur un produit autorisé est un moindre mal, dans un contexte d’élévation des performances. La domination collective d’une poignée d’équipes rappelle à certains les années noires du sport. Le dernier contrôle positif à un produit lourd sur la Grande Boucle remonte à sept ans, signe que la lutte antidopage marque le pas. » Et voilà, emballé c’est pesé ! Si on n’en trouve pas c’est qu’il y en a et si on en avait trouvé c’est qu’il y en avait… Quoi de plus logique en somme ! On revient ensuite sur le thème des produits dopants en laissant entendre qu’on n’en fait pas assez, de façon tortueuse… Mais finalement ça passe, c’est tout bon, on a fait le travail.
Entre deux paragraphes, on trouve cette référence bien sûr anodine : « Lire aussi : Vingt ans après l’affaire Festina, le dopage se fait tout petit sur le Tour de France. » On a bien empoisonné une fois de plus l’ambiance pour faire le buzz. On ne les changera pas, à moins d’y aller au dégagisme, si le peuple démocratiquement s’en mêle.
L'info, triste spectacle qui flirte avec l’abus de pouvoir
Ils s’autoproclament « lanceurs d’alertes », journalistes, que nenni, seulement les petites mains d’une information spectacle basée sur le scandale et le clash. On y voit poindre un pouvoir d’influence sans doute jouissif, mais à quel prix ? Ils y oublient à tout le moins leur véritable rôle, celui d’informer. Pas d’instruire des procès à tout propos, selon cette vision postmoderne que plus rien n'existe que chacun son nombril, trônant sur un monde sans frontières livré à la mondialisation, avec la cause du changement climatique pour emballage. On les connaît, ils ne supportent pas une France risquant de reprendre un peu de fierté sur elle-même et de bonheur de vivre, ne serait-ce que par quelques jolis coups de pédales, la nation signifiant pour eux nationalisme et donc fascisme, le mot peuple leur donnant la nausée. Tout ce qui peut avoir du sens collectif positif étant renvoyé ici à un champ mortifère.
Allez Julian, montre-leur !
C’est bien au peuple que ce maillot jaune de Julian Alaphilippe fait plaisir, comble de l’horreur sans doute pour ces oiseaux de malheur. Un beau mot pourtant, « Le peuple », qui a à voir avec un autre, « Liberté » : la Nation au sens moderne, c’est lorsque le peuple s’érige en corps politique souverain pour décider de son sort, ce qui se traduit en général par un mouvement de table rase d’un ordre injuste et de ses élites en assurant l’idéologie dominante. En attendant la prochaine révolution, ils peuvent espérer que ce soit un Anglais de derrière les fagots qui remporte le tour, et là il n’y aura du côté de ce journal qui n’a que le papier de neutre, rien à y redire. Mais il en faudra plus que ce coup bas à la « Grande Boucle » pour ébranler notre petit Français en jaune.
Allez Julian, fais-les mentir ! Montre-leur ! C’est le meilleur pied de nez que tu peux leur faire. L’étape du jour, il l’a fait, il l’a gagné avec la manière et pour nous les frissons ! Rendez-vous pris aux Champs-Elysées. N’écoute que toi p’tit, t’as la gagne, fonce, et tu iras au bout !
Guylain Chevrier
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