Un petit miracle, et un grand merci public...
Permettez, chers lecteurs, que je parle un peu de moi pour une fois. Ce papier est une anecdote qui vient de m’arriver, et je n’ai d’autre moyen de la conclure qu’en passant par ici. Cela quand même peut vous intéresser et, qui sait, vous êtes peut-être le héros de cette belle histoire...

Le dimanche précédant le premier tour de la présidentielle, alors que ma nièce venait de naître, j’ai perdu mon portefeuille dans le 19e arrondissement de Paris. A ce moment-là, je n’étais pas en mesure de savoir si j’avais été victime d’un pickpocket dans le métro, ou si l’objet s’était subrepticement glissé hors de ma poche.
Bien sûr, dans ces moments-là vous prend une bonne montée d’adrénaline. On se sent con, on se bafferait, on s’en veut. Je m’en voulais. A mort. Un portefeuille, à priori, on y met tout. Enfin, moi j’y mets tout. Papiers d’identité, carte vitale, cartes diverses et variées, argent liquide, tickets de métro / carte orange, bref la totale.
En clair, à sept jours du premier tour de l’élection présidentielle, je ne savais pas comment j’allais pouvoir voter. Sans compter tout ce que j’allais devoir faire comme procédures diverses...
Je dois ajouter que le portefeuille lui même est un objet auquel je tiens. C’est un cadeau, fait par un vieil ami très cher, un objet rare qu’il avait ramené d’un voyage au Kenya. Le genre d’objet dont la vente est désormais interdite, la bête utilisée pour étant protégée. Je sais, c’est mal, mais que voulez-vous. Ce portefeuille est vieux comme Hérode et le malheureux fauve sur lequel on a prélevé le cuir ne sera pas ressuscité parce que je foutrai mon portefeuille à la poubelle.
Le mieux que je puisse alors faire, nonobstant l’attachement que je porte à mon portefeuille, c’est en prendre soin et remercier tous les jours la pauvre créature qui fut tuée pour en permettre la création.
Anyway, dans ces cas-là, un petit tour au commissariat s’impose. Rapidement. En effet, circuler sans papiers n’est pas permis, et en cas de contrôle, c’est vite génant de devoir dire qu’on s’est fait chourrer ses papiers et qu’on a été assez con pour ne pas encore le déclarer. Bref, déclaration.
Là, je découvre avec stupéfaction et un brin d’angoisse que la déclaration de perte ou de vol ne constitue pas un justificatif d’identité et que donc, normalement, je ne peux pas voter avec. Heureusement trainait dans mon agenda une vieille carte d’identité militaire (eh oui, j’ai été officier de l’armée française durant six ans), périmée, mais qui, jointe à la déclaration, apportait une preuve suffisante de mon identité. Le contraire aurait été drôle, vu que j’étais assesseur pour les deux tours de l’élection !
Les semaines passent, pas de nouvelles, jusqu’à ce qu’un courrier de la préfecture arrive à la maison, prévenant mon ami qu’un papier portant son nom et ses coordonnées avait été retrouvé. Et qu’il était invité à passer le retirer au service des objets trouvés, rue des Morillons, Paris 15.
Je m’y suis rendu cet après-midi. le papier était bien là, qui attendait. Au milieu d’un portefeuille, contenant mes papiers, mes cartes diverses et variées. Mon portefeuille. Le mien, celui auquel je tiens tant. Même l’argent liquide était lui aussi présent à l’appel.
C’est marrant, je vais donc pouvoir aller voter comme tout un chacun aux législatives, après avoir tant flippé pour les présidentielles. Quand on pense à l’intérêt comparé des deux, cela me frappe. J’avoue apprécier en connaisseur ce genre de situation que la vie vous réserve.
Voilà. je ne sais pas qui je dois remercier. Cette personne honnête a retrouvé mon portefeuille, je ne sais où. Et l’a ramené, sans rien y ôter. C’est un geste rare. Très rare. Au-delà du plaisir que j’ai de retrouver mes affaires, que j’avais égarées par négligence, je suis ému et touché par le geste de cet(te) inconnu(e).
Ce qui m’est arrivé n’est pas de la chance. Ce qui m’est arrivé est un geste généreux, positif, élégant. Je suis heureux de savoir qu’il existe en France des gens capables d’un tel geste, des gens qui pensent aux autres. De bons samaritains qui viennent réparer une bourde que vous avez commis.
Qui que vous soyez, sachez que je suis impressionné. Touché. Et que, du fond du coeur, je vous remercie.
Manuel Atréide.
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