Un peu de recul…
Nos sociétés sont sans mémoire, elles subissent en permanence la dictature de l’instant. Peu sont capable, d’insérer le présent dans son passé et faire un effort de prospective et de projection. C’est ainsi que l’actualité bégaye, on assiste à de perpétuels aller et retour… Les responsables ? Sans doute les médias, mais pas seulement, la classe politique et la médiocrité des intellectuels d’aujourd’hui contribuent à cette société opaque.

Examinons les réformes entreprissent peu à peu par François Hollande, qui sans dessiner de grands desseins, pour autant prépare peut être l’avènement d’une nouvelle république. On reconnaît bien là, la manière et la philosophie politique du président. Ne pas brusquer la société en évitant des annonces à grand coup de mentons qui ne feront que heurter l’opinion et les précarrés des nantis.
Edgar Pisani disait toujours il faut savoir regarder le monde les yeux mi-clos pour aller à l’essentiel. La revue de détail des opérations engagées et à venir se révèle au final assez spectaculaire. C’est un mode de gouvernance tout à fait nouveau que François Hollande est en train de faire passer à petits pas, tout en prenant de front des bastions jusqu’ici réputés intouchables : les élus et le conservatisme qui frappent aussi bien à gauche qu’à droite...
Le non-cumul.
Ce fut laborieux et la résistance c’est exprimé au sein du PS même, les amis du Président ne lui ont rien épargné, François Rebsamen, sénateur et maire de Dijon en est l’exemple le plus éclairant.
La loi a été votée, malgré l’opposition résolue du Sénat et entrera en vigueur en 2017, certes à la fin du quinquennat, mais l’engagement sera tenu. Et que l’on ne s’y trompe pas, il s’agit d’une réforme qui va peser lourd dans la vie politique française. Elle va contribuer à un large renouvellement du personnel politique qui donnera sa chance aux femmes et aux jeunes générations.
Les critiques n’ont pas manqué, les plus violentes sont venues du PS lui-même. À titre d’exemple, Philippe Doucet député socialiste du Val d’Oise et maire d’Argenteuil a déclaré : « On entre dans une boite noire, dont on ne sortira qu’en 2017 sans avoir suffisamment réfléchi à la sortie ». Dont acte, ce « cri » est bien celui du conservatisme qui se manifeste à chaque fois que le progrès pointe le bout de son nez.
Il reste encore pour parfaire le dispositif à introduire une pointe de proportionnelle et réduire le nombre de députés et de sénateurs. Prenons ici les paris que se sera engagé avant la fin du mandat de François Hollande, il reste encore du temps pour le mettre en place.
Les nouveaux conseillers départementaux.
Voilà encore une réforme adoptée que l’on a bien peu commentée, il est vrai que sa lisibilité n’est pas pour cette année, mais bien en 2015. La réforme des scrutins locaux a mis en place un nouveau mode d’élection des conseillers départementaux (ex-conseillers généraux).
La France a fait preuve d’originalité : c’est un scrutin binominal paritaire qui a été introduit. Pour chaque canton, devront se présenter non pas un ou une candidate, mais un binôme composé impérativement d’un homme et d’une femme. La réforme a imposé du coup une refonte des cantons, en les diminuant de moitié.
Mais là, encore, le progrès est spectaculaire, alors que les assemblées départementales ne comptent aujourd’hui que 13,5 % de femmes, la nouvelle géographie électorale qui va ainsi émerger de la réforme sera composée de 50% de femmes.
Là encore, la droite aussi bien que la gauche ont tout tenté en vain pour empêcher le président d’arriver à ses fins.
La réforme territoriale.
La création de 14 grandes métropoles, dont le Grand Paris, la diminution du nombre de régions et l’amorce de la réduction du nombre de départements (avant disparition) sont du « lourd », car les citadelles réputées imprenables y sont légion.
Il s’agit de la loi MAPAM (Modernisation de l’action publique et d’affirmation des métropoles), celle-ci prévoit la création automatique par décret, de métropoles de droit commun au 1er janvier 2015. Sont concernées : Toulouse, Bordeaux, Grenoble, Lille, Nantes, Nice, Rennes, Rouen, Strasbourg, Brest et Montpelier, s’y ajoute Paris, Lyon, Marseille/Aix-en-Provence.
Depuis l’adoption, de la mise en place des grandes métropoles urbaines, l’idée d’y dissoudre les départements circule, déjà le grand Lyon va absorber une bonne partie du département du Rhône (au 1er janvier 2015). Du coup, on annonce déjà la disparition des trois départements de la petite couronne (Les Hauts de Seine, la Seine Saint-Denis et le Val de Marne) lors de la mise en place du Grand Paris au 1er janvier 2016.
Ainsi l’air de rien… c’est tout Hollande, une nouvelle république se dessine peu à peu, plus moderne et surtout mieux adaptée aux défis à venir de l’Europe.
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