Un pro-nucléaire est-il plus dangereux qu’un trader ?
Face au déluge anti-nucléaire qu’ont déclenchés les événements au Japon, j’ose ici poser cette question fondamentale.
15 août 1971 : Richard Nixon fait sauter le dernier verrou interdisant de tuer des êtres humains par millions. Il lève définitivement l’interdiction de provoquer la destruction des nations : la fin des accords de Bretton Woods qui, en rendant stables les linteaux économiques reliant entre-elles les nations, créait le socle physique pour le développement de la biosphère et de l’humanité.
8 mars 2011 : Lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale et à l’initiative de Claude Bartolone, président du conseil général du 93, l’association « Acteurs publics contre les emprunts toxiques » est créée pour avoir une « force de frappe collective [contre les banques] dans les actions judiciaires ». La Seine-Saint-Denis est l’un des départements ravagés par les prêts toxiques qui composent 95% de sa dette.
« Très remonté devant « l’arrogance des banques » et l’immobilisme du gouvernement, Bartolone s’offusque devant la « provocation » de la banque belgo-française Dexia qui lui a proposé de payer une pénalité de 33 millions d’euros pour renégocier un prêt toxique de 55 millions !
En vérité, a avoué Bartolone lors de la période des questions, Dexia se retrouve dans l’impossibilité de renégocier les conditions des prêts car elle ne possède même plus la dette du 93 ! Celle-ci, comme les subprimes et tant d’autres flux financiers de toute sorte, a été « titrisée » et revendue dans le monde entier via la banque d’affaires new-yorkaise JP Morgan ! » [Source]
1971-2011. La spéculation ayant détruit la capacité des nations à concevoir et améliorer l’infrastructure naturelle et humaine nécessaire pour faire vivre dignement une dizaine de milliards d’êtres humains, nos hommes politiques auront donc, à 6 mois près, attendu 40 ans pour commencer à se sentir concernés par le plus grand génocide jamais perpétré dans toute l’histoire de l’humanité… grâce à l’arme la plus douce qui soit : le fantasme de la spéculation.
Un trader qui spécule sur les monnaies est-il plus dangereux qu’un ingénieur qui travaille à développer l’énergie nucléaire ?
Pour répondre à cette question, il faut remonter à 1776, aux Etats-Unis. Alexander Hamilton (1755-1804), afin de libérer les Etats-Unis du joug de l’Empire britannique, crée la première Banque nationale des Etats-Unis. Par opposition au système de banques centrales privées, le système de banque nationale donne à l’Etat la capacité unique d’émettre du crédit et, par conséquent, de diriger ce crédit vers une activité nécessaire à l’intérêt général.
C’est la première fois qu’émerge l’idée de l’équipement intégré de l’intérieur des terres d’un territoire. Cette idée est la pire qui soit pour l’Empire britannique : contrairement au serviteur de cet Empire, Adam Smith, cela signifie que le profit ne réside plus dans le principe « acheter pas cher pour revendre plus cher » (échanger « librement »), mais dans le bénéfice physique, économique, politique et culturel que permet l’amélioration des conditions de vie d’une population. En clair, le véritable système d’économie politique américain d’Alexander Hamilton met fin à l’esclavagisme du libre-échangisme britannique.
C’est ce que comprend Franklin Roosevelt en 1933 en mettant fin à la prédominance sur la vie américaine de la branche US de l’Empire financier britannique sis à La City : Wall Street. En instaurant la loi Glass-Steagall en 1933, il sépare l’activité de spéculation (contrôle de Londres via Wall Street) de l’activité de crédit pour les grands projets d’équipement du territoire américain. Le cordon ombilical est coupé : Wall Street ne pouvant plus vampiriser l’économie physique de son ennemi – la population et le territoire américains -, c’est la fin annoncée de l’emprise sur le monde de l’Empire financier britannique, via son contrôle de cette première République aux velléités humanistes.
Mieux : Roosevelt bat Keynes à la conférence de Bretton Woods de 1944. Ce dernier, sujet avoué de l’Empire britannique, voulait instaurer une monnaie mondiale – le bancor contrôlé supra-nationalement -, qui aurait signifié la fin de la coopération d’Etats-nations souverains au profit, à nouveau, d’un Empire britannique devenu mondial : la « mondialisation ». Mais c’est la proposition de Harry Dexter White, l’émissaire de Roosevelt à Bretton Woods, qui réussit à imposer à l’Empire son pire cauchemar : l’instauration de taux de changes fixes entre nations souveraines, disposant du droit d’émettre du crédit pour développer la biosphère et l’infrastructure humaine au niveau mondial, piste de décollage pour l’exploration commune de l’univers. En un mot : la poursuite de l’aventure humaine.
Des milliards de dollars furent alors dépensés pendant les décennies suivantes pour 1) détruire les linteaux de Bretton Woods, 2) détruire l’arme du Glass-Steagall et, le plus important de tout, 3) créer le terreau culturel qui ferait en sorte que plus jamais l’humanité n’aurait ni le désir ni la volonté de prendre le risque de découvrir les lois qui régissent l’univers. Surtout qu’une source d’énergie extrêmement dense et ayant le potentiel - si elle était développée de manière pacifique – d’équiper en infrastructures la totalité des territoires le souhaitant, était en train de prendre son essor : le nucléaire, à propos duquel - soit dit en pasant - peu de journalistes ont su démêler les enjeux d'un débat artificellement cantonné au "pour" ou "contre".
Le court-terme financier, rendu possible par un terreau culturel de l’immédiat et d’un pessimisme no future endémique, devaient venir à bout de telles velléités. L’Empire britannique a failli réussir, car la toute première République au monde à avoir inventé l’émission de crédit, et à avoir découvert le talon d’Achille de l’ennemi des nations – l’arme du Glass-Steagall - a failli tomber. Mais son peuple se réveille et c’est lui qui, de par son Histoire et sa compréhension historique de ce qu’est une mentalité d’Empire, doit être à la hauteur : c’est en premier lieu à cette République de réinstaurer le Glass-Steagall afin de fermer définitivement Wall Street. Non pas pour le fun, mais parce qu’il s’agit aujourd’hui d’une question de vie ou de mort pour l’ensemble des Etats-nations du monde.
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