Un Rafale franchit le mur du son au-dessus de Paris... Une belle connerie, mon général !
France info, 1.10.2020 : En fin de matinée, les autorités ont perdu le contact avec un aéronef en direction de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Le Rafale est alors au-dessus de Créteil (Val-de-Marne). Pour rejoindre l’appareil le plus vite possible, il franchit alors le mur du son. "Ce bruit un peu spécifique, c’est le bruit d’une onde de choc. Lorsqu’il est supersonique, le Rafale passe devant le mur du son et crée cette onde de choc", explique le colonel Stéphane Spet, porte-parole de l’armée de l’Air et de l’Espace. Après avoir retrouvé la liaison radio, le Rafale a achevé sa mission et s'est posé à Évreux (Eure).
Pour secourir un aéronef civil - quelle sorte de secours ? - secours qui s'est révélé inutile, l'appareil ayant vite retrouvé sa fréquence radio... énorme détonation qui a semé l'effroi dans la population parisienne, faisant trembler les immeubles... C'est dingue !... Et rien dans la presse de gauche traditionnellement anti-militariste !
Politiquement, je suis plutôt de droite, par tradition familiale certes, mais aussi pour les valeurs auxquelles je crois. D'origine saint-cyrienne, carrière courte, lieutenant-colonel, proposé au grade de colonel dans les réserves à laquelle je n'ai pas donné suite, je n'ai voulu rester qu'un officier de troupe et non d'état-major. N'étant pas tenu par un devoir de réserve comme un officier général, je m'exprime.
Victime, si l'on peut dire, quoique conscient, d'un marchand de biens qui avait trouvé les mots pour me convaincre, j'ai acheté dans les années 1976 et suivantes, un château "versaillais" qui courait à la ruine dans l'indifférence générale, et cela, après m'être assuré que les différents maires successifs ne voulaient pas en faire l'acquisition.
Terrible période qui me faisait lever la nuit pour vérifier l'étanchéité des toitures, remettre en place les bâches provisoires, etc... etc... J'ai trois échelles : une grande, plusieurs petites ou moyennes et une échelle de toit. J'ai refait une partie de la toiture, restauré le reste, reconstruit des intérieurs, un travail de titans ! Restent quelques grandes pièces que je laisse en l'état où je les ai trouvées, pour témoins, avec les étais de sécurité. Et encore aujourrd'huit, à 88 ans, il me faut penser à nettoyer les chéneaux avant l'hiver.
Bref, les années les plus dures furent les premières et c'est pendant ces années-là que les premiers avions supersoniques de la base de Dijon vinrent crever le mur du son au-dessus de ma région, à l'ouest de la ville de Chalon-sur-Saône, jusqu'au moment où cela s'est révélé incompatible avec le développement de l'urbanisation.
Oui, c'est avec terreur que j'appréhendais, alors, le passage de ces aéronefs bruyants, non pas à cause du bruit, mais à cause de l'ébranlement que cela causait à la construction, allant jusqu'à m'imaginer, à tort bien sûr, un concours entre ces chevaliers du ciel pour qui, le premier, ferait s'écrouler l'édifice.
Déjà fragilisées par des années et des années de mauvais entretien et par les infiltrations d'eau, oui, je vous l'affirme, des briques tombaient des cloisons après le passage de ces monstres bruyants.
Il faut savoir qu'au XVII ème siècle, la construction des châteaux de type versaillais se faisait suivant un processus qu'on pourrait qualifier déjà de "pré-industriel". Le château de Taisey en est un exemple.
Il nous faut penser le déroulement de la construction de ce type de monument en deux temps : un chantier préparatoire dans un premier temps, puis, dans un deuxième temps, la construction proprement dite.
Les travaux qui, d'après un document écrit, devaient être terminés pour 1686 sont des travaux préparatoires. Cela concernait les travaux de fouilles, notamment la réalisation d'une grande citerne enterrée du volume d'une petite chapelle. Cette citerne a été construite pour recueillir les eaux de pluie que, tout autour du bâtiment, des drains ou tout simplement un remblaiement adéquat devait canaliser jusque-là. Cette citerne enterrée communique intelligemment avec un puits intérieur installé en sous-sol. Les autres ouvrages cités sont les pierres taillées et sculptées extraites des carrières voisines, lesquelles n'étaient peut-être même pas encore amenées sur place (louvres, lucarnes, oculi...).
Vers 1690, premier chantier, on peut imaginer la situation suivante : le bâtiment est sorti de terre jusqu'au larmier, au niveau du sol du rez-de-chaussée surélevé. Les poutres en chêne de 7 mètres 50, environ (longueur à la limite de la flexion acceptable) grossièrement équarries en trapèze (pour recevoir le hourdi de remplissage) sont posées, les bouts reposant sur les murs extérieurs ; elles sont espacées d'environ 20 cm, certaines avec encore leur écorce. Même chose à l'étage. C'est simple et c'est la structure de départ.
Ce n'est qu'en 1712, qu'un héritier rachète le domaine, Messire Guillaume Burgat, chevalier, conseiller du roi en ses conseils, président en la chambre des comptes de Bourgogne et Bresse. Une pierre que j'ai mise au jour au cours de ma restauration, portant la date de 1715, nous confirme que la construction du château a repris à cette date-là. Le toit est peut-être posé à ce moment-là.
C'est reparti. Entre les poutres, on bourre des hourdis de pierres tout-venant, récupérées de la démolition de l'ancien château fort, et calées d'argile. Pour l'isolation, on étend au-dessus une bonne couche de terre issue des travaux de fouille. On pose les briques et les tomettes. On élève des cloisons en utilisant les briques anciennes récupérées. On monte les murs jusqu'à l'étage. On construit des voûtes de soutènement au-dessus de l'embrasure des fenêtres. On repose, à l'étage, des poutres espacées dont les bouts reposent sur les murs extérieurs etc... Lorsque l'isolation ne s'impose pas, on se contente d'étendre une couche de terre sur des grosses planches de peuplier, puis les tomettes. Tout cela est très standardisé. Par exemple, l'embrasure des fenêtres est toujours la même.
Que se passe-t-il chaque fois que le bâtiment est ébranlé par le passage d'un avion franchissant le mur du son ? les planchers avec toute leur poutraison sont secoués comme un tamis qu'on agite de droite à gauche. Les hourdis de pierres et de terre descendent d'entre les poutres, ne serait-ce que d'un milimètre chaque fois, empêchant les dites poutres de revenir ensuite à l'horizontale d'origine. Résultat : ou bien les plafonds s'incurvent et se fendillent, ou bien ils se détachent de la structure er s'effondrent. Et ce qui s'est passé pour mon château de province, pourquoi un bâtiment parisien y échapperait-il ?
C'est à cette époque que j'ai ouvert les intérieurs du château à une première visite. Je n'ai pas eu le courage d'expliquer tout cela au journaliste qui m'a fait un premier article, n'y voyant qu'un château en danger, alors qu'il était en début de restauration. Et puis, après un autre article qui s'est focalisé sur une serre rouillée du XIXème, sans évoquer d'une ligne le monument aux volets repeints qui commençait à retrouver son ancienne splendeur, j'ai compris l'absurdité de mon époque.
Emile Mourey, 1er Octobre 2020
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