Un syphon… phon… phon
Mais d'où viennent les nouveaux électeurs de Jean-Luc Mélenchon ?
Chaque élection nous gratifie de son lot de surprises que les sondages les plus affûtés n’auront pas su prédire. Ainsi avons nous eu le fameux 21 avril 2002, l’élection de Jacques Chirac qui a envoyé Balladur à une retraite bien méritée et Sarkozy dans le désert pour une petite traversée dont on connaît maintenant l’issue.
Il semble toutefois crédible selon les instituts que le candidat-Président ainsi que son challenger socialiste soient au second tour de l’élection 2012 le 6 mai prochain. Et comme les journalistes ont toujours besoin de maintenir l’attention de l’électeur sur le modèle de « ne zappez pas », ils sont partis en quête du troisième homme, l’arbitre de la finale. Souvenons-nous de François Bayrou en 2007 auquel Ségolène Royal jouait la sérénade du bas de son immeuble entre les deux tours.
Au fil des études, alors que l’on s’acheminait doucement vers une Lepénisation de la campagne, il est apparu que ce troisième larron pourrait bien être Jean-Luc Mélenchon, sorti du diable vauvert, et dont il se murmure qu’il pourrait bien faire de l’ombre au candidat socialiste. Crédité actuellement de 15% d’intentions de vote, il aurait pris 10 points au cours de ces dernières semaines. D’où lui viennent alors ces intentions ?
Quelques chiffres peuvent nous éclairer. Parti de 6,5% d’intentions en janvier dernier, le leader du Front de Gauche n’a pas gagné de terrain sur les électeurs du PS (stables autour de 27/28% depuis 5 mois) ni sur ceux de Nicolas Sarkozy (en progression de 24 à 28% environ). Encore moins sur le NPA, LO, Dupont Aignan, Cheminade ou EELV, remarquablement stables autour de 0 à 2%. Restent François Bayrou et Marine Le Pen en perte de 4 et 6 points depuis janvier ce qui nous fait 10.
Ainsi les nouveaux électeurs de Jean-Luc Mélenchon seraient recrutés parmi deux catégories :
- les « bobos » de centre gauche qui avaient donné leur voix au moraliste du Modem trop isolé aujourd’hui au milieu. Ils se radicalisent pour la circonstance et apprécient le discours éclairé, cultivé et sans concession du tribun Mélenchon.
- Certains parmi les fameux « oubliés, les petits, les sans grades, les obscurs, les invisibles de la Démocratie » dragués depuis des années par la famille Le Pen qui, lassés de leurs discours d’exclusion veulent libérer leur parole sans pour autant renier leurs valeurs. En Jean-Luc Mélenchon ils ont ainsi trouvé le juste équilibre.
Certes, les sondages aidant, certains électeurs de gauche n’ayant plus peur de voter inutile s’offriront un brin de frisson en votant pour le Front de Gauche ce qui coûtera bien 1 ou 2 points à François Hollande. A l’autre extrémité du spectre, Nicolas Sarkozy arrivera bien quant à lui à ramener quelques électeurs de Marine Le Pen dans son giron. Mais il ne fait plus de doute désormais que parmi les candidats forts de l’anti-système, Bayrou/Le Pen/Mélenchon, la dynamique est dans le camp du dernier nommé et que les frontières entre leurs électorats sont poreuses et à son avantage (il peut recruter chez les autres mais les électeurs de Le Pen et Bayrou ne sont pas compatibles par exemple).
Cet électorat volatile et plutôt désabusé sera l’enjeu majeur du second tour. Difficile à capter par essence, il sera attentif aux moindres faits et gestes des qualifiés du 6 mai. Toute tentative de le récupérer sera vouée à l’échec et le seul conseil avisé que l’on pourrait donner aux candidats aujourd’hui serait de ne surtout pas passer d’accord avec quiconque mais de rester sur ses bases sans donner l’impression de forcer un bulletin à rentrer dans une urne. Car il s’envolerait aussi sûrement que le taux d’abstention de ce second tour.
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