Un téléphone casher... prépayé, ou un JewBerry ?
La dépêche est tombée aujourd’hui et a fait sourire toutes les rédactions. Oh, ce ne sont pas les nouvelles frasques d’une Paris Hilton ou d’une Britney Spears, ou les révélations sur le sulfureux producteur de Tarantino, non, ça concerne l’annonce de nouvelles cartes téléphoniques. Vous allez me dire : pas de quoi fouetter un chat, pourtant. Eh bien détrompez-vous, ces cartes-là valent leur quart d’heure de fou rire. Elles sont signées Bezeq, qui n’est autre que la compagnie de téléphone nationale israëlienne. Toujours pas de quoi rire. Et pourtant : annoncées telles quelles, ce sont les premières cartes téléphoniques... casher. Oui, je sais, ça surprend et on est déjà en train de me souffler qu’elles ont déjà saigné à blanc le compte bancaire de celui qui vient de les acheter, à défaut de l’avoir été elles-mêmes sur l’autel de la rentabilité religieuse. Israël, aujourd’hui, s’adapte à tout, et surtout à sa frange religieuse ultra-orthodoxe, celle-là même qui pourrit depuis quelques années tout le discours politique du pays. Israël est malade de religion, et cet épisode grotesque en est une preuve supplémentaire. Retour sur la téléphonie cashère, ou comment montrer l’absurdité d’un monde et celle d’un pays qui s’enfonce dans le délire religieux.
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Une religion, ai-je déjà dit ici-même, ce n’est qu’une secte qui a davantage réussi que d’autres. Ça se vérifie à tous les étages de la manifestation du sentiment religieux, et ça se vérifie aussi aux facultés d’adaptation de cette secte aux innovations sociales ou technologiques qui entourent ses adeptes. C’est un peu la loi de la sélection naturelle des sectes (et une des raisons de l’affaiblissement du christianisme, ce n’est pas notre célèbre Léon qui va me contredire). Tout le monde a en tête la carriole des incroyables Amishs et leurs déguisements vestimentaires d’un autre âge. L’ultra-orthodoxie religieuse mène à des choses incompréhensibles pour le commun des mortels, religieux ou pas. Dans tous les sites vilipendant les islamistes extrémistes, on trouve des images de pratiques religieuses sanguinolantes, celles de certaines sectes islamistes pratiquant la flagellation par exemple, en oubliant qu’en Espagne une congrégation a perpétué pendant des siècles la même chose, et qu’aux Philippines c’est monnaie courante. Mais on l’oublie semble-t-il. Critiquer un extrémisme dans un seul sens, c’est souvent oublier qu’on a pas fait beaucoup mieux au fil de l’histoire, ce qui devrait normalement relativiser les choses. Car dans le genre relatif, il y a pire encore. Chez les Haredis, ces ultra-religieux orthodoxes juifs, par exemple, qui font des circonvolutions incroyables, en ce moment, pour tenter d’adapter leur croyance ancestrale à la civilisation moderne. Vu de l’extérieur, ça tourne au grotesque et au risible. Mais ça mérite d’être raconté, tant ça démontre les excès auxquels on arrive sous le nom de religion, à un sectarisme avancé, dirons-nous. J’entends tous les jours ici chez certains que les "islamistes", extrémistes ou pas, sont des arriérés. Je ne les ai jamais entendu dire qu’on trouvait ça aussi chez les juifs orthodoxes. Alors je vais en parler, qu’on puisse au moins comparer en connaissance de cause. A comparer les extrémistes, on en devient plus tolérant... mais pas avec ceux, qui, visiblement sont allés... trop loin. Des deux côtés s’entend bien. Tolérer ne signifie pas non plus accepter les pires dérives.
D’abord, il y a le plaisir. Faut pas en parler, aux extrémistes, ça c’est un point commun à beaucoup de religions. Là où il y a de plaisir, il n’y a pas de Dieu. Satan est toujours représenté mort de rire, il est vrai. Parmi les premiers plaisirs, la musique. Les Talibans pendant l’occupation soviétique faisaient la chasse aux transistors, les soviétiques partis ils n’ont pas arrêté de le faire. Entrant dans les maisons pour les briser par terre. Le plus souvent, d’ailleurs, c’étaient des radios Grundig FR220 balancées par caisse entières des avions US (40 000 au total !), la fréquence rivée sur Radio Free America ! La musique occidentale "dégénérée" ne devait pas arriver aux oreilles de l’être humain. Un Taliban n’est pas très "One for the money, two for the show"... Et bien même chose en fait en Israel, au Committee for Jewish Music, l’organisation émanant des Haredis, qui ne chantent qu’en Yiddish, et pas n’importe quoi s’il vous plaît. Car là-bas, le maître mot c’est "casher". Un truc qui s’appliquait au départ qu’à la nourriture, et qui s’est depuis répandu partout. Les poulets comme les autres animaux devaient selon cette croyance être égorgés par saignés pour être comestibles : c’est exactement la même chose que chez les... musulmans et la viande dite halâl. A part qu’aujourd’hui ça signifie plutôt respecter les rites, dans tous les domaines, y compris jusqu’aux plus inattendus, comme la musique. Un homme, chez eux, se charge de la chasse au titre "pas casher". Le rabbin Luft, c’est son nom, est donc celui qui décide de ce qu’on doit chanter ou non là-bas. Exit à nouveau et obligatoirement le "one for the money..." C’est pas très rock’n’roll, en effet, dans sa tête "The main part of the music should be the melody. Percussion should be secondary. They should not bend notes electronically and should not use instruments like electric guitars, bass guitars or saxophones in Jewish music," he says." Autant revenir aux instruments des Pierrafeu (et notre gars ignore les Klezmorim, ce n’est pas possible !) ou à... Spike Jones. L’auteur inoubliable de "Der Fuerher’s Face ! " qui jouait avec seulement des marteaux, du matériel de cuisine... et une lunette de w-c à cordes du plus bel effet.
Vous allez me dire, avec 8% de la population, ils ne représentent rien dans la population, ces fameux ultras. Détrompez-vous : extrêmement violents (capable de détruire ce qui leur déplaît), insidieux politiquement, car à la base d’autres partis politiques à façade plus présentables, ils arrivent à empêcher des carrières en décrétant simplement que l’artiste n’est pas "casher". De l’autre côté ça s’appelle une fatwa. C’est exactement la même chose chez eux, sous un autre nom. "Pas casher". Celui qui se retrouve visé n’a plus qu’à changer de boulot. Un disc-jokey, Menahem Toker, une idole pourtant là-bas, en a fait les frais, nous dit la BBC : "In Jewish Orthodox culture there’s no cinema, no theatre, no television. The only thing we have is music", dit-il...seulement la musique, sans instruments électriques ni de rythme trop élevé. "Il a été prouvé que le rock a des répercussions très négatives sur les hommes, les plantes ou les animaux tandis que la musique classique n’a que des retombées positives", précise Luft. Pas de saxophone, donc, jugé "indécent" .Gasp ! Autant allez se pendre avec son fil de micro... interdit, le micro (un appareil électrique, vous n’y pensez pas !). Pas de télé, pas de théâtre, pas de cinéma : ouh là, fait pas bon vivre vraiment chez les ultras orthodoxes sous la houlette de Mordechai Bloi, membre des "Gardiens de la Sainteté et de l’Education". Pas de "One for the money"... On se croirait...en Corée du Nord, chez eux. Et je ne vous parle pas des concerts... déjà qu’lls avaient en leur temps interdit les Beatles ! "Cet été, les activistes orthodoxes ont même boycotté un concert à Netanya du chanteur orthodoxe très populaire Avraham Fried, qui partageait la scène avec des artistes non religieux. Malgré la directive, l’événement a connu un franc succès (...) Autre chanteur haredi en vogue qui a acquis une grande popularité dans les cercles non religieux : Gad Elbaz. A l’image d’Avraham Fried, il a organisé un concert dans une ville peu fréquentée par les ultra-orthodoxes, Césarée. Pour l’occasion, Elbaz a mis au point un système inédit. Les gradins ont été divisés en trois sections : une aire pour les femmes, une autre pour les hommes et une zone mixte." Imaginez le casse-tête (que met-on dans la "zone mixte" ? les transexuels ou les hermaphrodites ?) ! C’est ça, ou bloquer les artistes à la source :" notre objectif est d’écouter les nouvelles chansons avant qu’elles soient enregistrées en studio" dit encore Ebrahim Luft. Celle-là, même Goebbels n’y avait pas songé !
Dans les écoles "casher", on signe un papier pour bien certifier que l’enfant qui s’inscrit n’y fera pas d’internet ni de télévision, pas plus que chez lui. OK très bien, voilà qui ne résout pas l’épineux problème du téléphone portable, remarquez... Heureusement, Avi est là. Il vit dans le quartier ultra de Nar Hof, dans les faubourgs de Jérusalem... et vend des téléphones... casher. Non, non, ils ne s’appellent pas comme ça car il a fini par égorger l’opérateur à force de ne pas réussir à communiquer avec lui (comme en France où les envies de meurtres viennent vite avec 10 minutes passées chez Orange pour ne pas le citer). Non, son téléphone est tout bonnement estampillé "casher". Oui, on ne rigole pas (même si c’est difficile de résister). Ou alors fort. Comme si en France l’archevêché se mettait à vendre des téléphones bénis !!! Déjà que les gens s’attendent à tout autre chose quand ils entendent "eau bénite" et s’aperçoivent que c’est de l’eau du robinet sur laquelle on a fait un signe de croix (je dis ça mais j’ai longtemps crû qu’elle était extra-ordinaire, cette eau tout ce qu’il y a de plus banale !). Le "kosher cell phone", c’est en résumé un téléphone portable ordinaire (un Motorola)...mais vidé de son sang numérique : il peut envoyer et recevoir des messages , mais pas de SMS, ni aller sur internet ou prendre de photos. Pas de SMS, pour ne pas avoir de relations directe entre fille et garçon ! Interdit ! Pas casher ! Autant le faire en bakélite, avec une manivelle et un cadran mécanique pour numéroter... Pas de musique dedans non plus, adieu I-Phone, veau, vaches cochons et "One for the money"... Et des contacts seulement entre Haredis, donc, ce qui laisse augurer du degré de surveillance de la nation israélienne, chez qui Cristina ou Edvige peuvent largement dormir tranquille. Super ! Et pas de photos de femmes non plus. Encore moins dénudées. Filtrées via un provider téléphonique ou Internet, Rimon, qui trie à qui mieux mieux, selon divers échelons de blocage : plus il filtre, plus c’est.. cher. Sacrément bridée, donc, la bête, qui hérite d"un label certifiant le bouzin comme respectant la religion des ancêtres. "Kosher certified. Yaveh cleared".
"Casher phone", vu de l’extérieur c’est à se rouler par terre comme définition, ou comme le titre justement un blog rigolard "Kosher cell phones - when your religion makes you a cretin". Des appareils timbrés "casher", donc, pour... timbrés. Mis entre les mains de n’importe quel ado normalement consititué, doué ou pas, il tient ses fameuses restrictions deux minutes, c’est évident, mais l’apparence religieuse chez les ultras est sauve. Evidemment, il vaut plus cher. Faut pas rêver : casher se traduit aussi souvent par "plus cher". L’argument de vente d’Avi, en fait est.. impayable : "He says he feels there is a sense that anyone who does not have a kosher phone "should be excluded from society". Elle est bonne celle-là : le gamin se retrouve à causer qu’à son groupuscule, mais ce n’est pas être exclu de la société civile israélienne pour notre Avi-the-casher-man ! En fait, les Haredis n’en ont rien à cirer des autres... israéliens. C’est un état dans l’état, avec ses propres règles et sa propre... police.
Vivre avec seulement les 613 commandements de la Torah comme ligne de conduite, c’est pas de la tarte tous les jours au XXI ème siècle ! Les interrupteurs interdits durant tout le shabbat, les ascenseurs qu’on doit rendre automatiques et incessants car interdiction de toucher à un bouton durant la période, etc... Et dans la Torah, ne cherchez pas : il n’y a pas de "one for the money"..ni d’ascenseur... et encore moins d’électricité. Les seuls éclairs sont ceux des colères de Dieu. Si bien que pour les ventes, chez les ultras, c’est pas encore gagné. Les clients sont... pauvres, le marché plutôt restreint. "Some 60 percent of ultra-Orthodox men do not work regular jobs, preferring religious study. More than 50 percent live below the poverty line and get state allowances, compared with 15 percent of the rest of the population, and most families have six or seven children, said Momi Dahan, an economist at the School of Public Policy at Hebrew University," nous apprend le New York Times. Comme marché captif, ll y a mieux dirons nous : des assistés sans le sou traînant derrière eux des familles nombreuses, ç’est pas à eux qu’on va vendre des encyclopédies Universalis et des Home Cinema ! Et pourtant ! En une semaine de vente à peine, on avait déjà fourgué plus de 20 000 portables estampillés ! Les gamins on dû s’amuser à débloquer les bouzins tout le week-end ! Mais à ce stade, l’initiative d’Avi était restée isolée et demeurait entièrement privée. Aujourd’hui, tout vient de changer.
Le dernier avatar de ce délire étant le "JewBerry " : oui, vous avez bien lu : un Blackberry dédié à la religion, avec tout le toutim : textes à réciter, heures à respecter, GPS pour se trouver un copain de prière, etc. Le créateur du JewBerry, Jonathan Bennett, ayant déjà obtenu le blanc-seing de deux rabbins partisans de la nouveauté (et donc pas ultras) : Chayyim Alevsky et Joseph Potasnik. Le"business de la téléphonie religieuse" a en effet un bel avenir devant lui : en face, c’est l’Hidaya, le téléphone portable "certifié musulman" pas moins ridicule, bien au contraire. Outre les heures de prière, celui-là promet encore davantage, la liste des mosquées à proximité : "Ils ont également accès à une version intégrale du Coran en arabe et traduite en indonésien, à des fonds d’écran religieux et à des sonneries reprenant des chants traditionnels. Dans quelques mois, Esia, l’opérateur qui a lancé le produit, prévoit d’y intégrer la liste des mosquées à proximité, ainsi que la voix d’un imam récitant les prières. De quoi attirer de nombreux consommateurs dans ce pays qui compte près de 200 millions de musulmans. D’autant que le Hidaya est l’un des portables les moins chers du marché". Selon des bloggeurs, ce n’est pas le premier sur le marché (l’un d’entre eux ajoute : "Nokia avait déjà un" Islamic Organizer" -horaires de la prières, direction de la Mecque par gps etc- " !!!). , mais c’est le "premier certifié musulman". Ce qui, comme le JewBerry ne veut strictement rien dire ! Depuis quand estampille-t-on une religion ? Pour ceux, qui, comme moi, s’en tamponnent dans les grandes largeurs, c’est difficilement compréhensible, disons.
Ces dernières mois, les Haredis s’en étaient pris à des paquets de céréales... pas casher me direz vous. Même pas, remarquez, car c’est très difficile à égorger les céréales : sur ces paquets de la firme Telma figurait simplement la photo de l’actrice israélienne Orna Banai, qui joue aussi dans le feuilleton Sex and the City. Selon le leader Haredi, Shmuel Popenheim, l’actrice était... mal fringuée : "in promiscuous clothing" dit-il. Résultat, razzia ultra dans les supermarchés, céréales étalées partout... la liberté d’expression des orthodoxes, et de leurs ridicules "patrouilles de la pudeur" quoi. Passe encore pour les céréales (quoique), les Haredis savent aller plus loin encore. Avec leur fameuse brigade des bonnes mœurs, à l’origine de tous les excès. Comme quand ils organisent des expéditions punitives chez une dame, habitant leur quartier et vivant une vie normale de rencontres, même pas toujours amoureuses. Là ça tourne au cauchemar, comme l’indiquait un très effrayant article de Courrier International. A faire frémir. Et ils ne s’en sont pas pris qu’à elle :"Elhanan Buzaglo a été arrêté début août pour avoir agressé une femme soupçonnée d’entretenir des relations indécentes avec des hommes mariés dans le quartier de Maalot Dafna [à Jérusalem]. Selon le dossier, il a reçu 2 000 dollars pour sa participation à l’agression. Deux autres suspects ont été arrêtés la semaine suivante : Shmuel Weisfish, pour avoir participé à l’incendie d’un magasin qui vendait des lecteurs MP4 en dépit d’une décision du tribunal de la communauté ultraorthodoxe, et Binyamin Meirovich, qui est soupçonné d’être un des chefs de la brigade des bonnes mœurs et le responsable de ses opérations. La police devait demander au tribunal la prolongation de la détention provisoire" précise le quotidien Yediot Aharonot, repris par Courrier. Ils ’en prennent à beaucoup de choses : la compagnie aérienne El Al ou la chaîne de distribution Shefa Shouk, qui ont dû faire face à un boycott organisé pour avoir "désacralisé le Shabbat". Les destructions ou le boycott, leur arme économique préférée... A croire qu’ils ont parfois débarqué jusque chez Agoravox. Ou même jusqu’à la BBC, qui se voit obligé de changer de version de texte parlant d’eux.... comme le démontre de façon amusante et dramatique à la fois ce site... (cliquez sur les 6 versions différentes !). Leur mainmise sur les médias a de quoi faire peur... Leur influence insidieuse est purement et simplement scandaleuse !!!
Tout ceci est effrayant, car ces illuminés véritables terrorisent les gens qui ont le malheur de penser différemment d’eux. Enfermés dans leurs certitudes religieuses, enfermés dans un mode de pensée qui défie l’entendement. De plus en plus ridicule, à faire la chasse aux lecteurs de MP3 qui ne seraient pas "casher", à dévaster les boutiques de DVD jugés irrespectueux envers leur croyance dépassée. Une forme de fascisme intellectuel patent qui a tendance à faire des petits. Et ce sont les mêmes, ou les élus de leur pays qui vont venir stigmatiser les pratiques religieuses chez les autres, notamment chez les islamistes voisins. Remarquez, question marché casher, il y a encore de quoi faire au catalogue du ridicule : de la brosse à dent casher au réveil pour indiquer Shabbat, y’a encore moyen de faire quelque argent. Ma préférence allant au cache-interrupteur magnétique du meilleur goût, d’une utilité plus que douteuse vu de ce bas monde. Quoique l’horloge à effleurement aussi soit pas mal : "All alarms shut off by themselves after one minute ! Once set, no need to touch your KosherClock on Shabbos ! NO PROBLEM WITH MUKTZAH." "One for money..." two for the show... Ces gens là, en fait, sont prêts à me marcher sur mes pompes bleues, avec leurs croyances ridicules et datant d’un autre âge. Voilà le velours bleu, aujourd’hui, devenu "pas casher". Le mot tolérance ne fait visiblement pas partie de leur vocabulaire.
Hier, le premier a se féliciter du lancement de la nouvelle "Ligne Pure" de téléphonie (c’est son nom !) est le ministre... des télécommunications, le même que sous Olmert. Logique, me direz-vous, c’est lui qui en est responsable ! Pour sûr : il s’appelle Ariel Atias, et possède un cv qui explique tout : "He is also manager of Shas’ kosher supervision organization"... tiens tiens... oui, c’est bien ça : "In 2007 he tried to get a law passed that would censor violence, sex, and gambling on the internet. Also, in February 2008 he said if Israel and Palestinians were holding secret negotiations on Jerusalem the Shas Party would leave the government." Le mélange infâme politique et religion ! L’homme avait déjà menacé en effet de surveiller l’internet plus qu’il n’en faut, prétextant bien entendu la pédophilie. Comment un ultra-orthodoxe s’est-il égaré dans un monde de médias qui prône l’antithèse de ses croyances, cela reste un mystère, mais Atias, pur orthodoxe, y est arrivé et s’est même maintenu, rallié au nouvel élu lui aussi avec l’extrême-droite israélienne (de Lieberman). Mais tout cela ne résout pas un gros problème : pendant la guerre de Gaza, les autorités israéliennes, pour se défendre de leur agression, étaient allées faire courir le bruit que les palestiniens avaient été "avertis" des frappes de leurs bombardiers par e-mails... évidemment, impossible de retrouver de témoignages l’attestant (ou alors ils gisent sous les gravats). Israël utilise l’internet comme bon lui semble, et dans ce cas il n’y aurait pas de filtrage. Ou raconte ce qu’il a envie de raconter. Mais surtout oublie de préciser comment il a obtenu l’adresse mail et GPS des palestiniens visés et bombardés... A faire les malins en communication, les voilà sacrément piégés eux-mêmes ! Alors comme ça, on espionne tout le monde et on utilise après des bombes GBU-39 guidées par GPS ? Fournies par qui ? Mille exemplaires, achetés en septembre 2008 ? Mais à qui donc ?
Le parti Shas, pour ceux qui l’ignorent, est un parti séfarade extrémiste, qui depuis toujours fait régulièrement la une des journaux israéliens pour divers scandales : "Le Shass a été victime d’importants scandales. Aryé Déri, l’ancien leader du parti, a même purgé une peine de prison suite à sa condamnation pour corruption. Aussi, le rabbin Ovadia Yossef est familier des déclarations controversées dans le monde laïc. Par exemple, il affirma lors d’un cours hebdomadaire que les jeunes victimes juives de la Shoah étaient des âmes réincarnées qui avaient ainsi expié les fautes commises dans des existences antérieures." La tentation de bloquer le Net, dans le parti, ne date pas d’hier : spécialement en Israël, où l’espionnage est une véritable seconde nature. Bloquer ou l’inverse, comme en Australie, faire l’enseignement de la Torah... par téléphone (bonjour les factures, ou alors c’est facturé au... rouleau). Car chez les ultras, et leur presse, dont Yated Neeman, on ne s’embarrasse pas trop : quand il s’agît de faire correspondre leurs idées aux réalités... Photoshop est là, comme les "gommeurs" au bon vieux temps de Lénine ou de Staline : sur la photo officielle du nouveau gouvernement, ou figurent deux femmes, Limor Livnat, et Sofa Landver, celles-ci ont été effacées par le magazine ultra. Elles ne peuvent exister... grotesque attitude d’esprits fermés.
Et aujourd’hui, l’état hébreu, en mettant en vente ses fameuses cartes téléphoniques assez ridicules, vient de mettre le doigt dans un engrenage irréversible. Que le domaine privé s’occupe de répondre à cette dérive qui touche à la vie privée, normal et passe encore, donc : que l’Etat décide de faire de même est beaucoup plus grave. Il n’est pas sans surprise de constater qu’avant l’arrivée de Lieberman l’état israélien n’en était pas encore à autant satisfaire les extrémistes (et aussi rapidement, cette fois !) : une fois au pouvoir, une fragile coalition qui ne repose que sur un fort mince regroupement de groupes politiques et religieux disparates, il fallait impérativement satisfaire cette frange d’illuminés véritables pour espérer tenir un peu plus longtemps. Ces simples cartes de téléphone démontrent par l’exemple que l’état tout entier se radicalise et écoute des sirènes qui mènent le pays à sa perte. Israël s’abandonne littéralement à la religion. On ne peut diriger un pays avec des extrêmes, encore moins des extrêmes religieux. Ou alors, si on le fait, c’est qu’on vient de verser soi-même dans l’extrême : je vous avais dit que Lieberman ressemblait comme deux gouttes d’eau à Benito Mussolini. S’il était revenu sur terre, pour sûr que le dictateur italien aurait eu un téléphone portable.... du type de celui qu’on vient de décrire, ou tout comme. "One for the money, two for the show"...
Documents joints à cet article
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