Une exécution sous silence
Saddam Hussein était
responsable de terribles et nombreuses violations des droits de l’homme, mais
ces actes, aussi brutaux soient-ils, ne peuvent justifier son exécution, une
punition cruelle et inhumaine, a déclaré un responsable de l’organisation de défense des droits de
l’homme Human Rights Watch, Richard Dicker. Il a qualifié le procès de
"profondément irrégulier" (AFP).
Ce que dit Richard Dicker n’est malheureusement
que trop vrai. Sans vouloir rentrer dans le débat sur la qualité du procès de
Saddam ou encore sur sa fiabilité, il faut souligner l’aberration et la totale
mascarade d’une exécution digne de l’âge de Neandertal. Nous sommes en 2006, cela
ne se passe pas dans un pays, ou dans une province ou une ville, mais bien dans
la communauté internationale. Le statut de l’Irak est quelque peu flou depuis l’invasion
de 2003. Avait-on raison d’y aller ? Là n’est pas
L’exécution de
Saddam Hussein est "une étape importante" sur la route vers la
démocratie en Irak, a déclaré le président américain George W. Bush dans un
communiqué publié à Crawford (Texas). Elle marque la fin d’une année
difficile pour le peuple irakien et pour nos troupes. (AFP)
Saddam Hussein a payé, a déclaré
la ministre britannique des Affaires étrangères, Margaret Beckett, tout en
rappelant que le gouvernement britannique ne soutient pas le recours à la
peine de mort en Irak ni nulle part ailleurs. (AFP)
La France, qui plaide comme l’ensemble
de ses partenaires européens pour l’abolition universelle de la peine de mort,
prend acte de l’exécution de Saddam Hussein, a déclaré le ministère
français des Affaires étrangères. Elle appelle les Irakiens à regarder
vers l’avenir et à travailler à la réconciliation et à l’unité nationale. (AFP)
Le Japon a pris
acte de l’exécution de Saddam Hussein. Il s’agit d’une décision prise par
le nouveau gouvernement de l’Irak conformément à l’état de droit. Nous la
respectons, a déclaré un porte-parole du ministère japonais des Affaires
étrangères. (AFP)
Dans cette même communauté, rares sont les pays
occidentaux qui adhèrent encore à cette pratique d’un autre siècle. On pourra
toujours dire que les États-Unis ont été fidèles à leur idéologie, puisque
plusieurs Etats restent des fervents partisans de la peine capitale (encore que
plusieurs Etats l’aient bannie). Mais dans le cas des autres, que ce soit la France,
Si, pour Blaise Pascal, Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas,
force est de constater qu’en matière de conviction profonde, la politique et ses acteurs ont leurs raisons,
que la raison ne devrait pas chercher à comprendre. On l’aura compris, c’est
le jeu politique qui a primé. On peut constater que si, comme souvent,
les États-Unis agissent toujours en conformité avec leur idéologie et leur
vision des choses, les autres pays n’agissent qu’en fonction du premier. Parfois
en étant contre, pour faire plaisir à une partie de la population, souvent pour
ne pas mettre en mal le puissant allié de Washington.
Que voilà une fin triste pour l’année 2006. Espérons qu’en 2007, ils agiront plus en accord avec leurs convictions, quels que soient les êtres humains visés.
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