Une manière de gouverner jusqu’à l’écœurement
Il arrive un moment où on a envie soit de tout balancer et de partir à la pêche ou de tout exploser. Il arrive des moments où l’écœurement devient indicible. Il arrive ce moment où on se sent impuissant et découragé de cette impuissance. Depuis quinze mois la France s’enfonce dans une autocratie détestable, où à chaque pallier descendu vers les enfers en politique étrangère et nationale on se dit que l’on a atteint le fond, mais chaque jour nouveau nous dit : attend mon petit gars, t’es pas au bout de tes peines.
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Il sera facile à nos bons apôtres admirateurs du Guide de crier au TSS. Facile, facile comme les insultes permanentes de leur leaders envoient à tous ceux qui les contredisent, mais qui à force d’habitude commencent à les utiliser contre Devedjian. L’avenir dans les hauts de Seine est prometteur. Le modéré Karoutchi vient de parler d’Ayatollah à propos de l’opposition à cette mascarade de constitution. Jamais ni de démonstration sur le fond, ni d’explication, ni d’arguments pour contrer. Non anathèmes et insultes.. En quelques jours voilà trois comportements qui font déborder le vase, et je n’ai même plus envie d’écrire comme à Soisson.
Le premier j’en ai parlé ici. Trois arbitres touchent 300 000 euros payés par les contribuables pour permettre à Bernard Tapie qui avait perdu en Cassation de récupérer une somme variant de 285 millions d’euros à 400 millions d’euros selon le calcul ou non des intérêts. Ce qui lui laisserait entre 20 et peut-être plus d’une centaine de millions d’euros. Dans cette affaire il y a plusieurs scandales. Il y a celui que le CDR, alors qu’il a gagné en cassation, au moment du changement de son président qui lui voulait, lui, aller au bout en justice et au moment de l’accession de Sarkodollar à la présidence change d’avis et choisit une commission arbitrale. Le second scandale est celui des 45 millions de préjudice moral. Il y a de quoi s’étouffer. 45 millions ! et ceci quand en 2006 la France avait sur son sol huit millions de pauvres (Libération et Insee) avec 13,2 % de la population qui vivait avec moins de 880 euros par mois (50 mille fois moins), quand la veuve d’un mort de l’amiante touche 45 mille euros (mille fois moins, le prix de la souffrance et de la mort). Tapie, du reste n’est pas ingrat, vient de renouveler son admiration envers Sarkozy en le dédouanant : « La seule fois où Sarkozy a eu à traiter une affaire qui me concernait, c’était quand il était ministre du Budget : il a déposé plainte contre moi pour fraude fiscale », ce qui, selon lui, a entraîné la créance » de son groupe, qu’il s’apprête à rembourser. Cette décision n’a d’ailleurs pas empéche l’ex-ministre socialiste de « continuer d’avoir de la considération et de l’admiration pour » l’actuel chef de l’Etat. Tapie ne manque ni de culot ni de mentir. Quelques rappels : Borloo, membre influent et riche du gouvernement était l’avocat de Bernard Tapie, Borloo qui serait en train de monter un cabinet d’avocats commun avec qui ? Notre Lumière du matin. Rappelez vous dans les off du Point ce que disait Sarkozy : . « Président, on a été six à faire l’job. Regardez les seconds mandats - hein ? Pas formidable ! Alors, moi, en 2012, j’aurai 57 ans, je me représente pas. Et quand j’vois les milliards que gagne Clinton [il avance le visage, cligne des yeux], moi, j’m’en mets plein les poches ! [il frappe de ses mains les deux poches de son veston]. » « Je fais ça pendant cinq ans et, ensuite, je pars faire du fric, comme Clinton. 150 000 euros la conférence ! » A n’en pas douter l’association sera fructueuse. Jean Sarkozy devait jouer une pièce de théâtre avec la fille de Bernard Tapie. Le Canard Enchaîné, de son côté révèle que Guéant est intervenu de l’Elysée pour empêcher l’expulsion du fils de Bernard Tapie. C’est ici repris par Libération. De plus celui qui est en failite personnelle a pu régler cash 10 000 euros et se porter caution pour 10 fois plus. Il doit y en avoir beaucoup autour devous en faillite personnelle capables de sortir 10 000 euros cash. Et Tapie nous dit qu’il n’a pas de lien avec Sarkozy. Ces deux derniers points confirment les dires de Tapie. De tout cela ce qui m’écœure jusqu’aux vomissements ce sont ces 45 millions d’euros pour préjudice moral.
Le second ne prendra que quelques lignes. Sarkozy veut la peau de Franz-Olivier Giesberg, patron du Point. Pinault dément. C’est ici, par le Nouvel Observateur.
Je ne sais pas si je dois dire que je garde le meilleur pour la fin. Les deux premiers sont déjà gratinés : collusion d’argent, pouvoir et voyoucratie, atteinte à la liberté de la presse. Donc le meilleur ou le pire. Après avoir refusé les amendements de l’opposition concernant la nouvelle constitution l’illustre président de l’Europe s’inquiète du résultat du congrès et il a raison. De là il joue sur tous les tableaux et des plus minables combinaisons. D’abord il protège ses arrières. Bien qu’ayant refusé les amendements il se prépare à accuser l’opposition de l’échec possible de cette consultation versaillaise. Il continue à se comporter en autocrate en annonçant, ce qui n’est pas de son pouvoir mais de celui de l’Assemblée qu’il dit vouloir renforcer, que dorénavant les groupes parlementaires ne seront pas formés de 20 députés mais de 15. Une évolution opportune alors que les arguments de ce pouvoir étaient à l’automne complètement opposés alors que le PC lui voulait l’abaisser à 10. 15 et Baylet va faire voter son groupe MRG oui. Qui a été vice président du MRG ? Et qui vient de se voir gratifier de quelques petites galettes ? Bernard Tapie. Deux cadeaux. mais on ne s’arrête pas là. Je vous laisse vérifier par vous même l’augmentation des encarts publicitaires de l’Etat dans les journaux du groupe de presse de Baylet. L’Elysée achète les votes, ils les achète au sens strict du mot avec des biftons. C’est aussi la nomination récente par le chef de l’Etat au conseil d’Etat, nomination surprenante d’un radical de gauche comme le révèle Moscovi à LCI et repris par le Nouvel Observateur : Le député socialiste Pierre Moscovici a vivement critiqué, vendredi 18 juillet, sur LCI les moyens employés selon lui par la majorité pour obtenir une majorité pour le vote de la réforme des institutions lors du Congrès, parlant de pratiques qui "rappellent beaucoup les années Tapie" et "les mauvaises heures de la IVe République". "J’ai l’impression qu’il y a eu des discussions qui ne grandissent pas la politique. Quand j’ai vu arriver il y a dix jours au Conseil d’Etat un homme qu’on a un peu oublié mais qui est une figure dans la galaxie des radicaux de gauche, Jean-François Hory", nommé à ce poste par le chef de l’Etat, cela "rappelle beaucoup les années Tapie du début des années 1990", a déclaré Pierre Moscovici.
Et l’abominable chèvre du PS, le danseur africain, qui après avoir gentiment demandé au Kondukator de faire un geste s’aplatit dans la boue à ce que l’on n’en voie même pas le cul dépasser : Réforme des institutions : Lang dit « merci » à Sarkozy (Libération)
Sarkozy a aussi proposé un ministère au roué Michel Mercier président du groupe centriste du sénat. En apportant les voix de son groupe à ce oui il fait coup double : il isole un peu plus Bayrou (dont on sait grâce aux révélations du Monde qu’il y a une cellule spéciale à l’Elysée pour le descendre avec un certain Marleix dont on va reparler) qui appelle à voter non, et aide le Monarque a réussir son opération minable. Voilà une belle preuve d’allégeance qui méritera son susucre. Bien sûr ce n’est pas tout.
L’AFP nous dit ceci : La gauche, François Bayrou et des députés UMP dénoncent des "pressions" et "marchandages" de l’exécutif, en particulier de Nicolas Sarkozy, pour faire basculer lundi les hésitants ou les récalcitrants dans le camp du oui au Congrès sur la réforme des institutions.
Nombreux coups de fil de conseillers de l’Elysée -notamment de Claude Guéant- à des députés UMP, convocation de certains par le chef de l’Etat lui-même, appels insistants, ressentis comme des menaces, d’Alain Marleix (Collectivités), en charge du redécoupage électoral... plusieurs élus résolus à voter non, ou tentés de le faire, ont affirmé à l’AFP être "harcelés".
De fait, une certaine fébrilité règne depuis plusieurs jours dans les allées du pouvoir tant l’issue du vote est incertaine.
Le scrutin devrait se jouer à quelques voix, peut-être moins de cinq, situation totalement inédite pour un Congrès.
"Il y a des débauchages et des médiocrités dont on avait perdu l’habitude. On nous dit qu’il faut revaloriser le Parlement, or on fait des pressions inacceptables. Des députés ont été convaincus de changer de vote en étant achetés ou contre la promesse d’un maroquin", a déclaré à l’AFP le député chiraquien Henri Cuq, opposé à la réforme.
"Que le président du groupe UMP (Jean-François Copé) nous appelle, c’est son rôle. Mais le président de l’Assemblée (Bernard Accoyer) fait des pressions directes ou indirectes, Nicolas Sarkozy convoque des députés dans son bureau et s’arroge le droit de modifier le règlement de l’Assemblée" sur le seuil de constitution d’un groupe parlementaire, a-t-il dit.
"On m’a appelé pour me dire +ne t’inquiète pas, Marleix va s’arranger pour ta circonscription+", raconte un député UMP qui se dit soumis "à une pression d’enfer". En vain : il maintient son vote négatif.
Philippe Folliot (app NC), toujours hésitant, assure ne pas avoir eu droit à un tel traitement : "ce serait le meilleur moyen de me faire voter contre !".
"Il est temps que cessent ces pressions, ces chantages, cette frénésie de marchandages, qui prennent une ampleur jamais vue", a lancé jeudi le porte-parole du PS, Julien Dray.
Enfin, jee vous laisse le soin de lire avec attention ce qui est écrit dans ce journal de gauche qu’est Le Figaro , c’est tragiquement édifiant :
« Je viens de faire savoir de manière véhémente au président de l’Assemblée nationale et au président du groupe UMP (à l’Assemblée) que les cinq parlementaires MPF et moi-même étions choqués par les méthodes utilisées par eux, qui relèvent de la menace, du chantage, et de la tentative d’achat », a-t-il déclaré. « Je leur demande de cesser le harcèlement téléphonique. Les cinq parlementaires du MPF reçoivent un appel toutes les heures venant de tous les horizons de l’État », a-t-il déclaré.
Philippe de Villiers dit avoir lui-même reçu « quatre » appels d’Alain Marleix, secrétaire d’État à l’Intérieur et aux Collectivités Territoriales, laissant entendre que le futur redécoupage électoral pourrait concerner son fief de Vendée. « Il m’a dit ‘on ne pensait pas s’occuper de la Vendée, mais je pense qu’on va s’en occuper’ », a assuré Philippe de Villiers. « Il y a un quart du gouvernement qui ne fait qu’« appeler les parlementaires qui veulent s’opposer à la réforme », a-t-il dit. « J’ai été au Parlement pendant longtemps, jamais je n’ai vu ce genre de procédé », a-t-il affirmé.
On peut « demander la lune »
La députée MPF Véronique Besse a déclaré qu’elle avait d’abord été appelée par des collègues UMP, avant que les appels ne viennent « de plus haut », et par exemple du président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer. « Et on m’a dit que cela allait venir de plus haut encore », a-t-elle ironisé. Ses différents interlocuteurs lui ont donné le sentiment qu’elle pouvait « demander la lune ». « On me demande ce que je veux », « on me demande si une mission sur la famille me ferait plaisir, en me disant qu’on s’arrangera sur les conditions », a-t-elle dit. « Je suis admirative des députés UMP qui résistent encore », a-t-elle dit.
Est-ce que dans une République saine et juste on peut avoir comme secrétaire d’État à l’Intérieur et aux Collectivités Territoriales dont dépend le découpage électoral celui qui est aussi le responsable des élections du parti majoritaire ? Est-il acceptable que ce même Marleix soit le responsable de la cellule élyséenne destinée à abattre un mouvement politique d’opposition non seulement moralement et éthiquement, alors qu’en plus il est rémunéré par l’Etat ? Est-il tolérable que le Président de l’Assemblée appelle des députés pour les influencer : La députée MPF Véronique Besse a déclaré qu’elle avait d’abord été appelée par des collègues UMP, avant que les appels ne viennent « de plus haut », et par exemple du président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer ? Est-il justifiable que le pouvoir tente d’acheter les députés : « Je viens de faire savoir de manière véhémente au président de l’Assemblée nationale et au président du groupe UMP (à l’Assemblée) que les cinq parlementaires MPF et moi-même étions choqués par les méthodes utilisées par eux, qui relèvent de la menace, du chantage, et de la tentative d’achat », a-t-il déclaré. « Je leur demande de cesser le harcèlement téléphonique. Les cinq parlementaires du MPF reçoivent un appel toutes les heures venant de tous les horizons de l’État », a-t-il déclaré. [...] Ses différents interlocuteurs lui ont donné le sentiment qu’elle pouvait « demander la lune ». « On me demande ce que je veux », « on me demande si une mission sur la famille me ferait plaisir, en me disant qu’on s’arrangera sur les conditions », a-t-elle [Véronique Besse] dit. ? Est-il démocratique que le pouvoir fasse du chantage à des élus du peuple : Philippe de Villiers dit avoir lui-même reçu « quatre » appels d’Alain Marleix, secrétaire d’État à l’Intérieur et aux Collectivités Territoriales, laissant entendre que le futur redécoupage électoral pourrait concerner son fief de Vendée. « Il m’a dit ‘on ne pensait pas s’occuper de la Vendée, mais je pense qu’on va s’en occuper’ », a assuré Philippe de Villiers. ?
Ce pouvoir ne doute de rien. Son impudence est zénithale.
Enfin à partir de quand dirons-nous : trop c’est trop ?
autre lien : rue89
PS : Cet article pourrait être sans fin, il a bien fallu lui en laisser une. Cependant, ce matin il est impossible de passer sous silence une affaire de plus qui s’ajoute à toutes les autres. L’affaire Falcone. Je ne la résumerai pas, juste que les services du ministre de l’Armée, Morin, ont apporté leur soutien en théorie juridique à celle de la défense de Falcone pour que la justice ne passe pas. Sont impliqués entre autres : Charles Pasqua et son fils, Pierre-Philippe, le préfet Jean-Charles Marchiani, Jean-Christophe Mitterrand ou Jacques Attali et José Edouardo dos Santos, président de l’Angola récemment devenu ami de la France grâce aux bons offices de notre chef prospecteur en pétrole. Vous trouverez tout dans Le Monde et Libération.
L’affaire de l’Angolagate fera-t-elle pschitt ? En tout cas, dans l’attente du procès qui s’ouvrira le 6 octobre à Paris, rarement le pouvoir politique aura mis autant d’énergie à mettre sous pression l’institution judiciaire.
Dernier épisode en date, une lettre du 11 juillet, révélée jeudi par le Point, adressée par Hervé Morin, ministre de la Défense, à Me Pierre-François Veil, l’avocat de Pierre Falcone, marchand d’armes et personnage central du dossier. Dans ce courrier, qui était précisément une réponse à une demande d’analyse juridique de l’affaire par le ministère de la Défense formulée, le 4 juillet, par l’avocat, Hervé Morin explique : « Il résulte de l’examen du dossier de mon ministère, à la lumière de vos observations, qu’en l’absence de transit par le territoire français, la législation relative aux opérations de ventes d’armes et de munitions ne s’appliquait pas, aux dates retenues par le dossier de l’instruction, à l’activité exercée par M. Pierre Falcone. » En substance, le ministre sape la base légale des poursuites menées de 2000 à 2005, une position déjà tenue par le ministère de la Défense par le passé.
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