Union européenne : le respect du « non » est entre vos mains
Le nouveau président de la République ainsi que le Parlement qui sera élu les 10 et 17 juin se trouvent devant une responsabilité historique : porter le Non du peuple français - comme le fait le gouvernement des Pays-Bas avec le Non néerlandais - ou bien le trahir. Or, le « condominium du Oui » propose aujourd’hui un saucissonnage du traité constitutionnel, avec un simple changement de dénomination. Dans le même temps, les uns et les autres ne craignent pas de scander des promesses (sur le pilotage de l’euro, la baisse de la TVA dans la restauration, le pouvoir d’achat, la lutte contre l’immigration clandestine...) dont l’application est non seulement en contradiction avec la plupart des orientations inscrites dans cette constitution européenne qu’ils veulent coûte que coûte, mais supposerait même que la France quitte l’Union européenne ! Le moment est donc venu pour les citoyens du « Non » mais aussi pour tous les démocrates soucieux du respect du résultat du référendum du 29 mai 2005, d’investir le débat. C’est ce que leur offre le groupe « Indépendance et Démocratie » au Parlement européen, en lançant une campagne intitulée « Non, c’est non » appelant les élus à respecter... la démocratie et le choix des Français ! « Non, c’est non » est d’ores et déjà à la disposition des candidats à l’élection législative qui - comme moi dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais - entendent défendre le « non » du peuple français aujourd’hui gravement menacé.
Car l’européisme ne supporte ni la confrontation au réel, ni le débat contradictoire, ni la défiance des masses s’exprimant démocratiquement, comme le démontrent tous les plans "B", "A+" et autres "mini-traités" qui se succèdent depuis le 29 mai 2005 pour recycler le coeur institutionnel du traité rejeté.
Voilà deux ans bientôt que les dirigeants français vont à Bruxelles s’incliner, se justifier, s’excuser même du rejet de la Constitution européenne. Aujourd’hui en campagne électorale, voilà qu’ils jurent la main sur le coeur et debout sur les estrades qu’ils ont "entendu le non français".
On espérait alors qu’ils évoquent la refonte complète des traités, restituant aux Etats leur souveraineté et lançant une Europe des coopérations à géométrie variable avec un véritable protectionnisme européen. Hélas, nulle part on ne veut entendre, ni comprendre le "Non" français. Mystère complet, que cet appel venu du tréfonds d’un peuple résolument européen, mais qui refuse que cette Europe serve à faire le contraire de ce qui avait été promis, en liquidant peu à peu toute frontière, protection, autorité et représentation véritable.
Les projets du condominium du Oui
Pour l’UMP, l’UDF et le PS, il n’est d’avenir qu’européen. Ce condominium du oui propose un simple saucissonnage du traité constitutionnel, avec un changement de dénomination. Pourtant, ils ne craignent pas d’énoncer des promesses (euro, TVA dans la restauration, pouvoir d’achat, immigration...) dont l’application est non seulement en contradiction avec les orientations inscrites dans cette Constitution à laquelle ils s’obstinent à dire "oui", mais supposerait que la France quitte l’Union européenne.
Plus patriote que moi tu meurs, le nouveau président Nicolas Sarkozy plaide tout de même pour un "mini-traité" - comme s’il s’agissait d’un problème de taille... reprenant en fait intégralement les parties I et II - c’est-à-dire les parties constitutionnelles - du traité rejeté. Et de préférer une ratification par la voie parlementaire, moins risquée que la voie du peuple...
Mme Royal proposait, elle, pendant la campagne présidentielle, d’ajouter un protocole "social" en annexe du traité, dont elle ne touche pas, elle non plus, la substance constitutionnelle. Moins cavalière que l’UMP, elle promettait toutefois, elle, un référendum en 2009. La socialiste en avait profité pour poursuivre son oeuvre d’innovation sémantique, en rebaptisant l’affaire "traité fondamental de base", titre pléonastique qui plongea une fois de plus les juristes dans la perplexité.
Citoyens, à vos plumes !
Le nouveau président de la République et la prochaine Assemblée nationale pourront donc soit porter le non de leur peuple, soit le rejeter. C’est pourquoi le groupe Indépendance et Démocratie a lancé cette campagne "Non, c’est non", qu’il met entièrement entre les mains des Français eux-mêmes. Ce sont plus de 300.000 cartes diffusées dans toute la France que les citoyens pourront adresser à leurs élus pour les sommer de déclarer publiquement qu’ils s’opposent au recyclage de la Constitution européenne sous quelque forme et dénomination que ce soit, et d’exiger que tout nouveau traité soit ratifié par référendum.
En voici le texte :
"Je vous écris d’un pays, la France, qui a rejeté par référendum la "Constitution européenne". Vous en avez peut-être entendu parler ? Pourtant dans le monde politique, on prétend savoir mieux que les Français ce à quoi ils ont dit Non. Et l’on s’apprête quand même à la ratifier, en bloc ou saucissonnée, en entier ou condensée, sous le même nom ou sous un autre. "Mini-traité", "traité simplifié", "traité fondamental de base" : les Français comprennent surtout qu’ils sont traités comme des imbéciles.
Un mariage suppose le consentement mutuel. Or, le 29 mai 2005, la mariée a clairement dit Non. Rien ne vous autorise à dire Oui à sa place.
C’est pourquoi je vous remercie de vous engager à respecter le Non de la France, en vous prononçant publiquement :
1) contre le recyclage de la "Constitution européenne" ;
2) pour que tout nouveau traité européen soit ratifié par référendum"
L’occasion est ainsi donnée à chacun de rappeler qu’en fait d’Europe, les peuples ne se laisseront plus assigner un rôle de figurants. Alors, citoyens, électeurs du "non", électeurs du "oui", démocrates, à vos plumes !
Christophe BEAUDOUIN
Coordinateur de la campagne "Non c’est non"
pour le Groupe Indépendance et Démocratie au Parlement européen
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