Vers la prochaine révolution universelle ?
Il semblerait que l’humanité ait pris conscience de la nécessité de revoir les fondements de l’ordre mondial avec pour ambition une meilleure justice. Ceci pourrait bien constituer la prochaine révolution universelle, mais sommes-nous capable de l’assumer pacifiquement et avec quels vecteurs ?
A l’heure où le président de la République s’exprime à l’assemblée de l’ONU, non sans brio et conformément à une certaine tradition universaliste, l’Union européenne dont certains de ses membres, proies d’un complexe d’existence, peine à trouver sa voix malgré des initiatives intéressantes (objectif unilatéral de réduction de l’émission des gaz à effet de serre de 20 % d’ici à 2020).
Alors comment faire pour que les principes et les ambitions affichés par M. Sarkozy ne restent pas un beau discours, mais deviennent un acte fondateur de la prochaine révolution universelle ?
Il doit être admis que l’Union européenne agissant en tant que cause finale trouvera sa réalisation dans la disparition politique des nations au profit d’un ensemble plus vaste que nous désignons aujourd’hui sous le terme de l’union. Mon propos n’est pas de susciter un débat sur le caractère approprié ou souhaitable d’une telle disparition, car je me place du point de vue de l’histoire universelle, qui, pourvue d’une flèche (d’un sens), tend à complexifier les systèmes pour en simplifier les actions. Ceci ne veut pas dire que l’esprit des nations disparaîtra, mais qu’il sera fondu dans une organisation politique englobant le destin des peuples qui la compose dans une même communauté de buts.
Le constat que l’on peut faire, cinquante ans après la signature du traité de Rome, sur ce qui fut - et qui demeure peut-être encore à ce jour - le plus grand et le plus singulier projet de l’Histoire puisqu’il visait pour la première fois, à lier des peuples sur la base du libre consentement, est que l’union n’existe pas politiquement et que sa maturité est sans doute encore au stade de l’enfance. Comment parler d’universalité dans la cacophonie ?
Il faut donc s’interroger sur la capacité de l’UE à mener les grands défis rappelés par le président de la République et le rôle qu’elle aura à y jouer. Il conviendra sans doute de définir clairement les attributions de l’Union au risque de niveler les ambitions par le bas. Pourtant c’est une occasion qu’il ne faudrait pas manquer. Mais, on peut être frappé - dans un tout autre contexte - par une déclaration du ministre du Foreign Office britannique, M. David Miliband, qui lors du congrès du labour, tout en rappelant la nécessité d’un ancrage de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne, a qualifié l’Union d’ : « une institution internationale dont nous avons besoin. » Cette phrase peut sembler anodine, mais elle est révélatrice du problème de fond et du débat qui existe sur la destination de cette institution. En la qualifiant d’institution internationale, M. Milliband ramène l’Union - à ce qu’elle est de fait -, une banale institution internationale comme les autres, pose son but comme atteint et la disqualifie en tant que vecteur universel.
On reprochera sans doute à M. Sarkozy de faire feu de tout bois ou de marcher à la wonder, mais force est de constater que l’Union européenne n’est pas mûre pour porter le message universel et que les nations doivent encore jouer leur rôle. Or l’histoire universelle nous renseigne sur deux choses :
- Le progrès universel n’est possible que si l’ordre est remis en cause. Ce qui serait inédit et ce qui donne un tour intéressant à l’ambition qui semble être celle de l’humanité aujourd’hui, est que pour la première fois, il est possible de le faire pacifiquement. Mais les nations qui détiennent le pouvoir de cet ordre y sont-elles prêtes ?
- Le progrès universel est inévitable et obéit à un processus naturel présent dès la naissance de l’esprit humain (Hegel). Si nous ne résolvons pas les problèmes par la raison - ce que l’humanité a appris à faire -, un processus naturel s’en chargera et sera par essence moins pacifique.
Une conscience nouvelle semble en marche, certaines nations semblent prêtent à remettre en commun une partie de ce qui fonde leur pouvoir sans attendre celles qui tergiversent, et qui sait ? Les forces telluriques qui ont parfois secoué ce pays ne sont peut-être pas éteintes et le temps est peut-être venu de reprendre le bâton du pèlerin universel, qui dans son attitude d’incitation et d’exemplarité, dira le bien de tous.
Nous saurons vite de quoi il en retourne...
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