Viktor Bout et les USA, ou Mickey dans Fantasia (7) le rôle de la Roumanie et celui... d’Air France !
Dans les pays cités parmi ceux qu’ont le plus visité Viktor Bout et ses avions, figure un pays européen central : la Roumanie, ex satellite de l’URSS libéré de son joug dictatorial Ceaucescien, à la chute de l’emprise russe. Comme tous les pays périphériques d’une machine de guerre devenue folle et démesurée, c’est un grand fournisseur en armements. Un pays membre désormais de l’union européenne, mais qui a continué à produire des armes, notamment légères, en quantités astronomiques : c’est sa façon d’entrer dans « l’économie de marché » sans doute. Avec la Slovaquie, la Moldavie et son croupion de Transnitrie, nous avons là les principaux lieux de production d’armes dans le monde européen. Logique d’y voir passer régulièrement les avions d’approvisionnements de Viktor Bout. La plupart des armes ayant servi lors lors du conflit Rwandais provenaient de cette région du monde. Apportées par les Antonov ou les Tupolev de Bout, en même temps que les miliaires français dépêchés sur place...

Tous ces vols sont suivis de près par... la CIA."Un journaliste de la télévision polonaise, M. Witold Gadowski, a rapporté dans son article, publié en Mars 2008, que de seulement juillet 1997 à octobre 1998, des officiers de la CIA ont répertorié 37 vols d’avions de Victor Bout de la Mer Noire, à l’aérodrome de Burgas vers les pays africains. Seulement pour l’Angola, les compagnies aériennes de Victor Bout ont livré pour 15 millions de dollars de dollars d’obus d’artillerie, 20 milles obus de mortier ainsi que 20 lanceurs de missiles et 6 300 missiles. En Afrique, Bout a coopéré avec un autre fameux marchand d’armes, Ranjivan Ruprah, du Kenya. "Burgas était le nœud central du trafic de cigarettes organisé au profit de Milosevic, auquel a aussi amplement participé Victor Bout. La Roumanie n’a pas arrêté de vendre depuis, loin de là. Au 1er septembre 2010, un rapport indiquait que la Roumanie avait accordé 432 permis en 2009 pour des ventes d’armes, dont 294 "d’importation et de transfert" pour une liste de clients dont la tête était tenue par l’Algérie, l’Afghanistan, les USA et l’Iraq pour 145 millions de dollars au total. Les importations représentant 72 millions de dollars, notamment de de France (!), des USA et d’Iraq (?). le 19 juin 2010, Amnesty dénonçait ce trafic en termes très nets. "Le rapport cite en tant que vendeur bulgare provenant de Sofia les armes livrées par Armico Ltd, qui avait l’autorisation du gouvernement bulgare de les exporter au Rwanda. La Bulgarie, les gouvernements français et kenyans qui ont permis l’exportation et le transit de la cargaison d’armes à travers leurs territoires ont omis d’arrêter ces transferts, selon le rapport".
En 1989, l’effondrement de l’URSS ruine littéralement l’industrie d’armement roumaine, qui perd alors 90% de ses commandes : il faut trouver de nouveaux débouchés, et c’est ce dont vont se charger les militaires eux-mêmes. "Au sommet de l"organisation du trafic roumain, des personnes du sérail militaire. En fait, la gestion du réseau d’entreprises sous-traitantes appartient au colonel George Dumitrescu, un officier de haut rang de la brigade anti-terroriste du SRI (le Service roumain de renseignements intérieure), qui a coordonné les activités des citoyens arabes et de leurs frères musulmans en Roumanie. Son cousin, l’ex- responsable du personnel de l’Académie du renseignement dans leannées 1990, a été nommé procureur de l’armée à la Cour suprême. Toutes les opérations de contrebande de cigarettes de ce réseau ont été soutenues par un général et le chef de la Division économique du contre-espionnage de la SRI." La SRI joue un rôle extrêmement important dans la fabrication des faux papiers nécessaires au exportations clandestines d"armes. "Du personnel de la SIE (Foreign Intelligence Agency de la Roumanie) basés dans les ambassades roumaines a été chargé de préparer les faux documents nécessaires pour les opérations commerciales des trafiquants d’armes du réseau". La section des commentaires à cet article du Times Online mentionne un lien entre Bout et le gouvernement roumain dans la période allant de 1996 à 1999 en la personne du colonel Gigel Bratiloveanu. Ce colonel travaille actuellement comme conseiller économique pour l’Ambassade de Roumanie à Moscou, de sorte que le gouvernement roumain ne doit pas être très loin de ses activités. Après tout, l’ambassade se trouve à Moscou, pas en Sibérie."` L’homme cité aurait eu un rôle dans les événements qui ont conduit Bout en prison : "Maintenant, M. Bratiloveanu est chargé en tant que représentant commercial de l’ambassade de Roumanie à Moscou. C’est lui qui a donné la clé USB à Viktor Bout avec dedans le prix roumain des systèmes de missiles sol-air pour la guérilla des FARC".
Roumanie, Moldavie mais aussi Slovaquie. Parfois, les avions de Bout font le relais pour les autres : en janvier 1999, le Sunday Times, de Londres, a également indiqué que Sky Air Cargo, de Londres, et la Airlines Occidental, d’Ostende appartenant à un commerçant belge d’armes, Ronald Rossignol et ont utilisé de vieux Boeing 707 chargés de fusils d’assaut AK47 et des mortiers portatifs de 60 mm vers Bratislava, la capitale slovaque. Soi-disant destinés à l’Ouganda, les armes, 40 tonnes à la fois, sont allées au Libéria et la Gambie, où ils ont été ensuite transférées sur les vols à partir d’un aérodrome de brousse à Kenema en Sierra Leone, par les services de Victor Bout. Finalement, les armes ont été apportées à des rebelles dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). On le voit, quand ce ne sont pas les avions que l’on déguise, ce sont les trajets que l’on rend complexes.
La Roumanie donne également à Viktor Bout l’occasion d’ouvrir d’autres portes. Parmi les russes expatriés, beaucoup deviennent citoyens israéliens. "Dans ces nébuleuses, les membres des mafias de l’ex-URSS, devenus ressortissants israéliens, sont de plus en plus nombreux. Shimon Naor est ainsi suspecté par la Roumanie, son pays d’origine, d’avoir frauduleusement alimenté en armes le Burkina Faso et le Togo entre 1996 et 1999" note Fanny Pigeaud de RFI. Israël, fort demandeur en armes de toutes sortes, a en effet déjà un pied dans la place : Un exemple en est l’activité de la société israélienne Romania Emtam, qui a tenté d’exporter en Israël plus de 3 000 lance-flammes adaptables sur armes automatiques qui avait été illégalement fabriqués en Roumanie. Afin d’obtenir la licence d’exportation, les lance-flammes avait été étiquetés comme "pièces de tour industriel". Viktor Bout est évidemment à l’affut. "Son partenaire israélien en Roumanie, l’amiral Shimon Naor, un ami de l’ex-président roumain Emil Constantinescu, le fait entrer dans l’arsenal de Romtehnica, et les entreprises roumaines de Defense. Les cigarettes embarquées selon les papiers à bord de l’avion d’Air Sofia, seront en fait, des fusils et des munitions chargés à Bucarest-Otopeni pour une destination sous embargo en 1998 (la Sierra Leone). Qui est Naor Shimon ? Ou plutôt, qui est le lieutenant-colonel Shimon-Hershkovitz ? C’est Ha’aretz qui l’explique, dans le contexte des scandales de corruption au ministère de la Défense israeilien (...). A après sa sortie des Forces de défense israéliennes, Naor Shimon est devenu un marchand d’armes pour plusieurs entreprises israéliennes. Il sera arrêté en Roumanie au mois d’août 1999 sur la suspicion de vendre des armes roumaines, au moyen de faux documents (ceux des certificats de l’utilisateur final, qui indiquent que les armes étaient à destination auTogo) à la guérilla deJonas Savimbi, violant ainsi les sanctions de l’ONU sur les ventes d’armes à l’Angola". Naor, arrêté en Jordanie en 2004 et condamné en 2006 à 11 ans de prison recevra six années de plus pour activités criminelles. Mais il avait réussi à s’enfuir, grâce à l’imbroglio de la justice roumaine. Fuyard, la France l’a retrouvé en mai dernier : "Bucarest a demandé samedi aux autorités françaises le transfert d’un ressortissant roumano-israélien condamné à onze ans de prison pour trafic d’armes et arrêté en France. Selon les autorités roumaines, Shimon Naor, âgé de 60 ans et recherché depuis 2006, "a falsifié plusieurs documents de transport" obtenant "une licence d’exportation d’armement et de munition dans des pays soumis à un embargo". Selon l’agence de presse Mediafax, les armes auraient été transportées au Nigeria et en Érythrée. M. Naor qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen, avait été arrêté en août 1999 et libéré pour des raisons procédurales. Il avait aussitôt fui la Roumanie mais a été jugé par contumace (ROMÂNIA LIBERĂ)" nous apprend l’ambassade de France en Roumanie". Dans la presse, rien sur le personnage. En mars 2007, Air Sofia avait été interdite de vol et s’était aussitôt mue en United International Airlines, une compagnie...serbe, disposant de 5 vieux Antonov 12 (YU-UIA. YU-UIB, YU-UIC, YU-UID, YU-UIE).
Devant la forte demande du Libéria, ou émanant du conflit Rwandais, Bout va être obligé de se disperser, et de confier des transferts à d’autres associés tels que Leonid Minin, trafiquant arrêté en Italie dans des conditions rocambolesques évoquées ici. Dans son rapport de juin 2010, Amnesty revient sur son jugement. "Les documents de la Cour semblent montrer comment Minin aurait fourni non seulement les armes, mais aussi un avion qui a servi à les transporter au Libéria. Avec l’aide d’une société immatriculée à Gibraltar, aurait Minin pris des dispositions pour la livraison d’armes à transporter de l’Ukraine à Burkina Faso à l’aide d’un Antonov-124 un aéronef exploité par une société du Royaume-Uni et a fourni un certificat d’utilisateur final indiquant ostensiblement que les armes étaient destinées au gouvernement du Burkina Faso. Les documents de vol et les photographies révèlent que les armes ont ensuite été envoyées sur Ouagadougou, et de Bobo Dioulasso au Burkina Faso vers le Liberia, en utilisant un jet privé BAC-111 appartenant à Minin, enregistré aux ïles Caïman."
Documents joints à cet article




33 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON