Vive l’Azawad libre !
Lors du déclenchement de l'opération "Mali" j'écrivais, début 2013, à contre-courant de l'enthousiasme "populaire" dominant et des dithyrambes médiatiques :
"L'intervention rapide de la France devant le délitement de l'armée malienne et l'avancée foudroyante des islamistes vers le sud peut se justifier. Pour autant, je ne pense pas qu'il faille lui accorder une adhésion aveugle et inconsidérée.
Retenons avant tout de cette guerre qu'elle fait l'objet d'une formidable campagne de "désinformation de masse", qui vise à faire passer une intervention aux multiples origines et aux multiples motifs, pour un simple combat contre le "danger islamiste".
Il faut la replacer dans le contexte historique de l'esclavagisme, puis dans celui de la colonisation, des frontières héritées de la décolonisation, de la politique dite de la FrançAfrique, et de la préservation des intérêts économiques des puissances occidentales.
Avant d'applaudir à la "campagne du Mali" comme on applaudissait à la campagne de Libye en ses débuts, il serait préférable de se documenter tant soit peu sur les raisons qui ont poussé une partie des Touaregs à se jeter, en désespoir de cause, dans les bras des islamistes.
Actuellement, toute la classe politique fait consensus et approuve avec vigueur l'engagement de la France au Mali. Les médias contribuent d'ailleurs à conforter l'enthousiasme belliciste de l'opinion publique et se font les chantres de l'intervention.
Il n'est pas inutile cependant de considérer :
- que le régime malien n'est pas un parangon de démocratie, tant s'en faut.
- que la France continue à privilégier les dirigeants de la "Françafrique" (et pas obligatoirement les populations noires) au détriment des populations de l'Azawad.
- que la plupart des commentateurs assimilent les Touaregs à des arabo-musulmans, alors que ce sont des berbères islamisés.
- que depuis des décennies les droits élémentaires des Touaregs sont ignorés, voire bafoués, avec la bénédiction de l'ancienne puissance coloniale.
La situation des Touaregs ressemble (même si comparaison n'est pas raison) à celle des Kurdes : ils constituent un peuple en quelque sorte "partagé" entre plusieurs États. J'emploie à dessein le mot État, pour le distinguer de celui de Nation.
Il est bien évident que les dirigeants noirs de la FrançAfrique chercheront à "torpiller" toute alliance avec les Touaregs, de crainte de voir ces derniers bénéficier ultérieurement des dividendes de leur appui, notamment au niveau de la revendication d'autonomie de l'Azawad.
Il est navrant de constater que ceux là-mêmes, parmi les Noirs, qui dénoncent la colonisation et les méfaits du néo-colonialisme, pratiquent à l'égard de leurs minorités, qu'ils déconsidèrent, un "centralisme" de type jacobin, et leur dénient le droit à l'existence en tant qu'entité à tout le moins autonome.
Si l'affrontement entre Touaregs arabo-berbères et peuples noirs doit être replacé dans son contexte séculaire (esclavagisme des arabo berbères), pour autant, il ne légitime pas la négation du droit des Touaregs à s'autodéterminer, et à disposer de leur territoire ancestral, rattaché artificiellement au Mali lors de la colonisation puis de la décolonisation.
Enfin, à ceux qui répètent à l'envi que les populations noires ont eu à subir de la part de leurs voisins du Nord les terribles exactions de la "traite" , nous rappellerons qu'elle fut également, à travers le continent africain, organisée par des chefs de guerre et des roitelets issus d'ethnies noires.
Cf. pour plus amples développements : blog " u zinu" - Article : "Mali. Désinformation de masse" http://www.wmaker.net/u-zinu/
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