Vous avez aimé les « subprimes », vous adorerez la suite !
Ne vous inquiétez pas : tout est sous contrôle ! Heureusement que l’on peut lire et entendre un peu partout que les banques françaises ne sont en aucun cas aussi exposées que les banques américaines à la crise actuelle. Rassurés, nous sommes... Le serons-nous pour assez longtemps ?
Oups ! La Société générale vient de nous faire part d’une perte colossale due à une manœuvre frauduleuse de l’un de ses traders et bien entendu à quelques pertes sur les « subprimes ». Mais ce triste et frauduleux événement n’a aucun rapport avec les turbulences actuelles. Tiens, à propos : pourquoi ce vilain petit canard que nos médias hexagonaux canardent à bon escient (car forcément responsable de la crise mondiale actuelle) a-t-il appelé son ouvrage Le Temps des turbulences ? Aucun des commentateurs de commentaires ne semble s’être posé la question... D’ailleurs ce vieux monsieur qu’est Alan Greenspan mérite-t-il une quelconque attention respectueuse de leur part et de la nôtre ? Assurément, non ! C’est un homme d’un autre temps qui a fait son temps. Fermez le ban et passons à autre chose...
En tant que consultant-expert indépendant des marchés financiers depuis plus de quinze ans et dépositaire de brevets d’analyse et de gestion alternative, le cœur de mon travail est d’analyser les flux financiers transitant officiellement par les entreprises de marchés tels Nyse-Euronext, Deutsche Börse, Liffe et consorts (un peu à la manière d’un médecin qui ausculte son patient avec son stéthoscope). Depuis quelques semaines, je m’étonnais de la faiblesse, voire la quasi-absence de prises de « couvertures » ou d’assurances sur les marchés en ce début d’année boursière 2008. D’autant que mes super-correspondants-professionnels de culture anglo-saxonne s’alarmaient auprès de moi du feu qui couvait sous la cendre. De mon côté, rien dans mes chiffres ne me paraissait justifier leurs inquiétudes. Pourtant, manifestement et lundi dernier l’a prouvé, j’étais dans l’erreur, une erreur initiée par un outil que j’avais mis des années à développer... L’outil informatique ne devait-il pas immédiatement finir en un classement vertical sans autre forme de procès ? Assurément oui ! Quoique, quoique...
En proie au doute, une idée effroyable me traversa l’esprit : et si mon outil ne s’était pas trompé et qu’il n’y avait rien à découvrir comme si l’ensemble de la profession financière et bancaire n’avait pas pris ou pas pu prendre ou avait été empêchée (pour des raisons qui me dépassent) de contracter les positions de couverture ou les assurances nécessaires pour se protéger d’éventuels forts mouvements baissiers ! Et dans un tel cas, qu’adviendrait-il ?
Pour bien comprendre le sens du propos, prenez la métaphore du conducteur de voiture. Imaginez un propriétaire de véhicule refusant délibérément de contracter l’assurance obligatoire de sa voiture (soit parce qu’il veut économiser, soit parce qu’il ne peut pas la payer), qui prend malgré tout le volant et qui produit un grave accident : que se passe-t-il ?
Rien de très bon assurément ! Les conséquences civiles et pénales pour cet irresponsable sont incalculables... Et les dommages collatéraux aussi ! Et dans le cadre de la finance de marché, il ne vaut mieux pas évoquer la notion de dommages collatéraux tellement les effets peuvent être pires que les actes eux-mêmes. 1929 n’en est qu’une triste illustration !
Ne soyons pas négatif que diable ! La capacité de l’économie américaine à rebondir est extraordinaire ! Adam Smith est là et veille au grain ! Sans doute en 1987. Sans doute en 2001 malgré les secousses initiées par l’affaire Enron. Mais la donne est-elle vraiment la même en 2008 ? Le système est-il encore aussi sain que celui qui a été étudié au siècle des Lumières ?
Alors, si ce fameux outil d’analyse ne s’est pas trompé dans les non-prises de positions nécessaires de couverture par les professionnels du secteur, alors les dommages collatéraux au sein des organismes financiers et bancaires vont être terribles au cours des prochains mois.
- Dans le meilleur des cas et si la puissance publique est suffisamment bien inspirée, les banques s’absorberont ou fusionneront afin de préserver leur devenir et les fondations mêmes de notre système économique capitalistique. L’Etat mettra forcément la main au portefeuille et le contribuable sera mis à contribution. Mais y a-t-il vraiment un pilote dans l’avion ? Sincèrement, je ne suis pas sûr que celui qui tient les commandes de l’immense A380 dans lequel nous sommes tous possède, ne serait-ce que son brevet de pilote privé !
- Et dans le pire des cas, me demanderez-vous ? Les banques les plus fragiles, les plus exposées et les moins précautionneuses fermeront leurs portes assurément. Les clients-épargnants feront la queue devant leur devanture pour récupérer leur maigre pécule, mais seront de toutes façons spoliés. Et les drames financiers et humains s’étaleront à la une de nos sites web les plus visités. Quant aux blogs de colère, ils seront légions ! Que nos politiques ne sous-estiment pas le tsumani qui se forme, car il en va de la sauvegarde et la protection de nos valeurs démocratiques.
En tout cas, demain ne ressemblera en rien à ce que nous connaissons aujourd’hui. Georges Soros n’a-t-il pas enfoncé le clou en affirmant dans un journal autrichien que la crise actuelle est la plus grave crise depuis la Seconde Guerre mondiale ? Ce qui n’est guère optimiste, vous en conviendrez. Mais rappelez-vous ! La santé mentale, c’est le pessimisme par la pensée et l’optimisme par l’action. Alors, le temps est venu de réfléchir ensemble à ce que nous pourrions construire sur ces ruines en devenir et de proposer...
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