Vous reprendrez bien un petit peu de crise ?
Non, la crise n’est pas terminée… même si les bourses remontent et que les chiffres font mine de dire que tout s’arrange (exemple de la balance extérieure de l’Europe ou de la croissance négative moins forte que prévue), en réalité rien n’a changé. Le résultat positif de la balance est lié à la baisse des importations (et donc de la consommation européenne), et une croissance négative ou faible est au mieux de la stagnation.
Il y a beau jeu pour les gouvernements à jouer de la langue de bois, ou de marteler des contre-vérités jusqu’à les inscrire dans le plus profond des âmes. Nier la différence fondamentale qui existe entre l’économie réelle et les chiffres statistiques permet de mélanger les chiffres artificiels créés par la spéculation et leur rapport avec la réalité..
Mais lorsque les populations n’auront plus de travail il y aura beau faire grise mine, la réalité finira bien un jour par rattraper les chiffres. Car qu’on le veuille ou non, le capitalisme suit ses propres règles, dans lesquelles sa chute est inscrite
Le seul objectif de tous les plans de sauvetage, G20 et autres « moralisations » capitalistes n’est pas d’empêcher cette chute, mais de retarder l’effondrement final, pour laisser le temps aux gros de se mettre le plus d’argent de côté (en précipitant la future chute), et aux dirigeants de s’organiser, c’est à dire de préparer ce qui suivra l’inévitable chute du capitalisme.
Comme le disait le philosophe Alain Badiou dans l’émission « là-bas si j’y suis », l’hypothèse communiste n’est qu’une hypothèse parmi tant d’autres.
Et comme il le prétend également, il est impossible de faire tomber le capitalisme sans avoir quelque chose d’autre à proposer derrière. La division du travail, la propriété privée, la « valeur travail » ne sont que des émanations du capitalisme, mais les choses pourraient être autrement. Il ne fait bien sûr à aucun moment allusion à une autre hypothèse, mais on pourrait très bien en émettre une autre, le « nouvel ordre économique mondial », que certains dirigeants appellent désormais publiquement de leurs voeux. Sur ce que signifie ce terme il est difficile de se prononcer car les allégations sont nombreuses et souvent contradictoires.
Cela ne remet en rien en cause le fait que face à l’effondrement du capitalisme (nombreux sont les économistes à annoncer la catastrophe tant le décalage qu’il existe entre la réalité et les chiffres est énorme). Certains dirigeants veulent un nouveau « Bretton Woods », d’autres la limitation des rémunérations, et d’autres encore souhaitent la fin des paradis fiscaux, ou l’établissement d’une nouvelle monnaie unique mondiale (voir Louis Gill) comme il avait été proposé par le « Plan Keynes » en 1944 en compétition avec « Bretton Woods ».
Oui le pire travail est en plus le moins bien payé. Qui s’en plaint ? les pauvres. Mais qui les entend ? personne. Regardons les suicides… le plus inquiétant est sans doute qu’ils en arrivent à se suicider plutôt que d’imaginer de se mettre en grève ou de se révolter. Cela signifie qu’ils sont parvenus à considérer la « valeur travail » plus comme une fin que comme un moyen. Et cela constitue une réussite majeure du conditionnement mental des hommes, en relation avec la spiritualité, pour servir l’économie : les hommes ont réussi à se persuader que le travail est un bien suprême à rechercher pour se définir en tant qu’être humain. Il est devenu « moral » de vouloir travailler, quand il y a quelques siècles la réussite se définissait dans l’oisiveté.
Alain Badiou regrettait le fait que les intellectuels d’aujourd’hui étaient assujettis au pouvoir, alors qu’auparavant les intellectuels avaient le pouvoir de soumettre les gouvernants. Car des éléments fondamentaux de la politique capitaliste reposent avant tout sur une idéologie, ce qui est l’apanage des intellectuels, et dont se sont ensuite réclamés les politiques en appliquant à la réalité économique certaines valeurs comme la démocratie, ou la division du travail. Si certains penseurs ont pu faire admettre que la division du travail était un progrès pour l’humanité, cela prouve bien combien les intellectuels sont nécessaires pour réformer le monde…
C’est pourquoi les intellectuels d’aujourd’hui ont le devoir et la lourde tâche de penser le monde et les rapports dans la société d’une manière différente, et qui fasse contre-poids à l’idée que les puissants sont en train de mettre en place. Il faut que la nouvelle génération se remette à penser autrement, en se détachant de l’emprise de notre monde actuel, en cessant de se fermer les yeux sur la complexité de la tâche. Car si nous ne faisons rien, nous ne serons pas en mesure de dire non à la seule alternative qu’on voudra nous imposer.
L’hypothèse communiste est une voie, celle du nouvel ordre mondial en est une autre. A nous d’en choisir une qui nous convient. Car la crise va revenir, et cette fois-ci les puissants seront prêts. Pourquoi les laisser décider de la seule alternative ? il est bien évident maintenant que les partis politiques ne nous serons d’aucune utilité. Il faut donc que les penseurs, c’est à dire tous ceux que le sort de la société intéresse, soient en mesure d’inventer une nouvelle forme d’échanges, en établissant pour cela une nouvelle philosophie plus en accord avec les valeurs qui sont celles de la majorité, c’est-à-dire celle des pauvres.
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