Vous vous trompez M. Stiglitz, il existe un modèle économique alternatif !
Quel contraste entre les fastes prévus pour l’avènement de Barack Obama à la Maison blanche et une brève parue dans le Monde auquel personne n’aura prêté attention. Et pourtant, ce qui est suggéré dans cette brève est de nature à prophétiser, ou disons, en usant d’un néologisme, prospectiver le monde qui vient.

Les propos exposés concernent l’économie. Et ce n’est pas un Jean-Marc Sylvestre ou un Bernard Maris qui s’exprime mais un Nobel, Joseph Stiglitz, connu pour ses positions ouvertes et progressistes, à l’instar d’un Paul Krugman ; et du reste sollicité par Nicolas Sarkozy pour un rapport sur la croissance et la méthode pour l’évaluer.
Que va-t-il sortir de ce rapport remis au cours du premier trimestre 2009 ? A vrai dire, pratiquement rien sauf de la méthodologie rationaliste et idéologique où le PNB n’est pas le seul critère. S’y ajoutent le développement soutenable, la qualité des services publics, l’état sanitaire des populations, les mesures pour l’environnement… Et ce que j’en pense, c’est que c’est effrayant, rien que des lubies évaluatives dont on se demande quelles seront les pertinences, les critères, et de surcroît, quel en sera le coût car il en faudra, des bureaucrates, des statisticiens, des enquêteurs de terrain, pour aller chez les vieilles dames évaluer la santé, pour voir si les riverains ont leur composteurs, et j’en passe !
Jaurès, entre ici dans ce billet et parle nous donc de ce réel ! Jaurès, toi qui a prononcé cette formule si retentissante : « quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots ». Merci ! Alors nous y voilà, au plus près de l’esprit du rapport Stiglitz. Que les hommes changent les mots actuellement, ce n’est pas un scoop. Mais avec le rapport Stiglitz, ce ne sont pas les mots mais les modèles d’évaluation qui sont amenés à changer si bien que la formule de Jaurès colle de près à notre époque. Quand les hommes ne peuvent changer l’économie, ils modifient les critères d’évaluation de l’économie. Et Stiglitz d’affirmer*** qu’il n’y a pas de modèle alternatif, autrement dit, nous sommes foutus, condamné à vivre le marasme inégalitaire que connaît le Japon depuis 20 ans (mais l’Espagne, l’Italie, la France, n’en sont-elles pas sur le chemin depuis dix ans ?)
Eh bien, sachez M. Stiglitz, qu’il existe un moyen d’améliorer substantiellement la répartition des flux économiques. Un modèle alternatif où la demande de monnaie n’est plus monopolisée par des prêts des banques centrales, des prêts qui vont vers l’économie Empire, les banques, la concentrations, et endettent les classes moyennes. Un modèle où par la « planche à billet rationnelle », la demande de monnaie est créditée sur le compte de chaque ménage qui en dispose comme il veut ? Voilà de quoi rééquilibrer, moyennant également une fiscalité sur les hauts revenus, décidée par concertation internationale (l’OMC décide bien des règles du commerce, pourquoi ne pas élargir ses compétences à la fiscalité ?) Eh bien, puisque vous prétendez qu’il n’y a pas d’alternative pour modifier le système, je n’ai pas d’autre choix que de dire que vous nous trompez, M. Stiglitz !
***"Je crains qu’on ne se dirige vers une situation de malaise à la japonaise, indique M. Stiglitz. Parce qu’il persiste des problèmes fondamentaux en particulier celui des inégalités. Les inégalités ne sont pas seulement un problème social mais aussi un problème de flux économiques : ceux qui pourraient dépenser de l’argent n’en ont pas et ceux qui en ont ne le dépensent pas. La façon dont nous avons "réglé" le problème ces dernières années était de permettre à ceux qui sont en bas de l’échelle d’emprunter toujours plus, mais ce système n’était pas viable. Aujourd’hui ce modèle s’est effondré, mais nous n’avons pas de solution de rechange sur le plan économique. Nous n’avons pas de nouveau modèle qui permettrait à l’économie de se développer de manière robuste et véritablement durable." (Le Monde, 19/01/09)
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