. Le schéma est tellement simple. Une tentative de réforme de l’archaïque Education Nationale tout d’abord. Un début de contestation, ensuite. Et un retrait de la loi enfin. Xavier Darcos a lâché. Sa réforme de la classe de seconde a été abandonnée sous l’autel de la peur des manifestations.
Pourtant la mobilisation lycéenne n’était pas autant importante que lors par exemple du CPE. Lycéens bien sûr manipulés par les professeurs qui font tout pour que cette mesure ne voie jamais le jour.
(...)
Alors la question peut se poser, la France est-elle réformable ? Cet évènement récent nous montre que non. Le troupeau des syndicats dicte la loi aux différents ministres avec comme armes ultimes les grèves et les manifestations. Nicolas Sarkozy avait dit il y a maintenant un an « Ce n’est pas la rue qui gouverne ». Mais elle a encore gagné.
On voit tout de suite le parti pris de la pseudo analyse de l’auteur, exercée à travers le prisme de sa déception de l’échec de la sinistre réforme Darcos.
Pas un moment la question n’est posée de la pertinence de cette réforme ; non.
Le mot "réforme" est utilisé comme une baguette magique, sans avoir à en analyser le contenu ; pourvu qu’on réforme.
Pourtant, de nombreux analystes, dont Jack Lang qui, en l’occurence, sait de quoi il parle, ont dénoncé cette "réforme Darcos" comme, en fait, un démantèlement de l’éducation nationale, une démission des aides apportées aux élèves en difficulté, une dramatique réduction du nombre des effectifs dans l’éducation nationale, quand elle n’a jamais été aussi en difficulté.
Bref, une réforme totalement inadaptée, beaucoup plus proche, sous couvert "d’économies budgétaires", d’une démolition de l’école publique, au progressif bénéfice des écoles privées.
Mais l’auteur de l’article ne voit dans les lycéens qu’un troupeau de moutons dociles, évidemment manipulés par les professeurs. A Aucun moment, il ne leur accorde le crédit d’avoir, par eux-mêmes, analysé cette réforme, et la juger inadaptée et destructrice.
Les syndicats, décrits eux-mêmes comme "en troupeau", manipulant eux aussi, évidemment, les naïfs étudiants, et osant s’élever contre des mesures qui, selon l’auteur, n’auraient même pas dû être discutées, puisque venant du pouvoir.
Et l’auteur de fulminer contre "la rue" qui aurait encore gagné.
Manifestement, l’auteur semble partisan d’un pouvoir fort, imposant aux citoyens des lois absurdes, allant à l’encontre de leurs intérêts, sans les consulter ; c’est comme ça, si t’es pas content, casse toi pauv’ con !
Eh ben oui, mais non....
Si ce n’est pas la rue qui gouverne, un pouvoir ne saurait gouverner contre la rue.
Quand le fait du prince est imposé, sans concertation, sans dialogue, et que ce fait va à l’encontre des intérêts des citoyens, il est de leur DEVOIR, dans une démocratie, de manifester leur désaccord, et de ne pas se laisser imposer des mesures iniques.
Le pouvoir n’est, transitairement, que le représentant du peuple, élu pour surveiller et défendre les intérêts des citoyens.
Heureusement, il reste encore à quelques catégories de citoyens, dont les jeunes ; scolaires et autres, la capacité de se révolter contre des mesures injustes, et de pouvoir les empêcher.
C’est un signe démocratique extrèmement réconfortant.
La rue a gagné ; tant mieux ; espérons que ce n’est qu’un début !