You must be evil, Roselyne
Qu’ont donc les publicitaires dans la tête ? Un cerveau ou quoi ? Ont-ils des enfants ? Pas une minute de spots publicitaires sans violence... au point que l’on passe son temps à mettre la main sur les yeux des enfants au milieu de leurs programmes de jeunesse ! Les publicités pour les séries du soir, toutes violentes, sont caractéristiques. En ce moment, il y a un bonhomme qui se fait fracasser la tête contre un mur, bande sonore poussée à fond pour vanter la série "FLICS" de TF1 de Frédéric Diefenthal sur un scénario de départ d’Olivier Marchal... rien que le nom déjà... donne une idée aux gamins.

Comment voulez-vous respecter un policier si depuis tout petit on vous l’appelle flic ? J’ai discuté récemment avec un journaliste de renom : il a conclu comme moi, à faire de nuit les accidents de la route, à voir les cervelles répandues sur 10 mètres de long et à en vider ses tripes, que le boulot de la police n’était pas tout rose. "Ce n’est pas vous qui allez décrocher les pendus", lui avait un jour décoché un de ces policiers qui n’avait pas aimé une remarque sur son travail. A juste raison. Une raison que sont en train de perdre les publicitaires, à nous montrer tous les jours des scènes d’incivilité manifeste : en ce moment, pour une pub de viande de fromage ou de téléphone orange (je n’ai plus l’objet tenu par l’acteur en tête !), on nous montre un individu qui laisse tomber dans l’hyper tous ses achats, qui restent répandus là, écrasés par les autres clients. Ça se veut de l’humour et c’est bien une glorification du hooliganisme, rien d’autre. Et ce n’est pas le seul exemple, on en voit juste après les effets dans la vie courante.
Je vais comme vous au supermarché (le moins souvent possible il est vrai) et passe mon temps à remettre discrètement en rayon ce que d’autres saccagent : je ne sais pas si vous avez déjà vu un rayon de chaussures, dans un hyper, mais ça ressemble souvent à un crash d’avion en pleine montagne, avec force chaussures répandues un peu partout et rayons dévastés, les tailles étant toutes mélangées. Et encore, les chaussures ne sont plus en boîte sinon on marcherait sur le carton jusqu’à hauteur d’homme. Notre société de l’instant fabrique ce désastre tous les jours, et rien ne semble arrêter la tendance... les fabricants, pour contrecarrer les vols et les saccages en arrivent à ranger leurs objets dans la boîte avec une multitude de fixations : c’est bientôt Noël, vous allez pouvoir vérifier ce que je raconte : les jouets neufs sont tous fixés par une dizaine de liens sur leur support de carton : remarquez, là ça a un avantage. Ça réapprend la patience aux gamins, obligés d’attendre dix minutes et vingt coups de ciseaux rageurs pour pouvoir jouer avec leur Ben Ten... mais est-ce vraiment nécessaire ? J’en doute. Le monde publicitaire marche sur la tête, glorifie ce qu’il ne faut pas et se tire avec la caisse : c’est un hold-up perpétuel de la pensée.
Les publicités qui peuvent être incompréhensibles au point d’être arrêtées au bout d"une semaine : c’est le cas de celle de Bill Gates avec Jerry Seinfield... qui ne conduit pas à faire aimer Vista... loin de là. Il faut dire que Seinfield ce n’est pas la rondeur hilarante de John Hodgman, et que de faire sa campagne pour tenter de vendre Vista en réalisant les films avec des Mac, ça la fout mal. Microsoft a toujours trompé les gens, ça se vérifie dans les faits. Faut dire qu’entre-temps Apple avait déjà mis en ligne une pub moquant les 300 millions de la campagne de pub... pour rien... Le film était incompréhensible, tout simplement. Bill Gates, qui n’a jamais été un intello, a voulu faire intello. Encore raté. "What it doesn’t have is creativity, the key ingredient Microsoft has always lacked", dit un site avec justesse. Cette campagne ratée signe plutôt comme un enterrement de première classe pour Vista, qu’elle était censé booster... La publicité marche sur la tête désormais : elle fait l’inverse de ce qu’elle devrait faire.
Violence, incompréhension et bientôt... horreur gratuite. Je ne sais pas quelle mouche a pu piquer Roselyne Bachelot, mais notre ministre caricaturale n’a rien trouvé de mieux que de dire qu’elle soutiendrait bientôt une campagne de pub comme celle en cours en Angleterre en ce moment, et affichant sur les paquets de cigarette des lésions horribles dues à des cancers consécutifs à l’usage du tabac. Sachant que ces paquets vont être visibles dans les débits de tabac, et que chez eux les gens ne vont pas non plus nécessairement les cacher, se rend-on compte de ce que ces visions d’horreur pourront produire sur les bambins qui tomberaient dessus (je n’ai pas mis la pire des illustrations exprès) ? Quel est le crétin qui a pu pondre pareille campagne sans une seule seconde penser aux enfants ? Car il faut le faire exprès là, sincèrement : doit-on soigner l’horreur par l’horreur ? Est-on forcé à cela ? Si les publicitaires névrosés ont l’aval des ministres, on peut tour craindre : plutôt que de prendre le problème à la base, à savoir les adjuvants comme le chlore qu’ont ajouté les fabricants de cigarette pour augmenter la dépendance (on meurt de cancer de résidus chlorés et non nécessairement de nicotine !), et d’avoir sévi en imposant une législation l’interdisant, on tape sur... le consommateur, finalement rendu responsable de ne pas faire assez attention à ce qu’il ingurgite. Taper sur la vache à lait alors que les trayeuses électriques reçoivent plus de courant... gouvernemental.
Vous comprendrez aisément qu’avec cette vision des choses je ne peux que m’opposer à cette fête idiote qu’est Halloween. Ma nièce, il y a sept ans, au tout début de l’apparition de cette fête en France avait eu une peur bleue en ouvrant sa porte avant sa maman ; elle était tombée nez à nez avec un gamin sanguinolent. Traumatisée la petite : elle a 19 ans maintenant et se terre pendant toute la durée des "festivités" d’Halloween. Ses copains ne comprennent pas : "Allez, viens, c’est drôle". Hier, le 26 octobre, on nous a pondu un défilé zombie à Lyon : les geeks désœuvrés et égoïstes couverts de sang s’y sont mis à cœur joie : ces pré-trentenaires pouvaient-il une seconde penser aux plus petits qui les verraient obligatoirement en organisant cette mascarade ridicule à travers les rues ? On voudrait en faire une "Journée internationale des zombies". A ce rythme-là, on devrait avoir dans moins de dix ans la journée des déterrés de Srebenica ou les bulldozers de Dachau : halte-là, peut-on dire je pense, tout n’est pas récupérable pour en faire un simple jeu. Et qu’on ne tente pas de nous faire le coup du "carnaval social", tout le monde étant "égalitaire" sous les masques.
Les magasins en ce moment regorgent de têtes coupées et de couteaux les traversant (sinon pire). Aux Etats-Unis, l’interprétation de la fête par certains prête à confusion. On me dit que ça aide les enfants à vaincre leur peur : je n’en suis pas du tout persuadé, et continue à y voir une agression du monde de l’enfance qu’on peine de plus en plus à respecter. Qu’est devenu ce monde, qui fait vingt minutes sur le viol d’un enfant dans un journal télévisé et en se répandant en pleurs alors que ce même journal est suivi d’une série où le principe est de mettre évidence les pires crimes et d’en faire le leitmotiv de toutes les chaînes ce soir-là (le jeudi soir est symptomatique) ? Les pleurs d’un Pujadas (euh, je m’avance là, le jour où on le verra essuyer une larme n’est pas encore arrivé) qui tire la télévision vers son pire côté trash sont très représentatifs d’une société malade, qui passe son temps à parler des crimes d’enfants, et s’en repaît, en ne sachant plus les protéger elle-même de la violence qui les anéantit.
Un rocker avait parfaitement bien cerné le problème il y a bien longtemps : Chris Rea, (atteint lui-même d’un cancer en 2002) avec un titre qui n’a pas pris une ride : You Must Be Evil, dédié à l’époque à sa fille âgée de 4 ans. Il l’a retrouvée en pleurs un jour devant sa télé allumée par défaut sur une chaîne d’info. Et a écrit la chanson qui suit...
Pourquoi montrer ça aux enfants ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi cette violence gratuite ?
I come home from work
I see my little girl
Shes crying on the floor
Shes been watching that tv
This aint late no, this aint even dinner time
To show them things on that screen
Whats wrong with you
You must be evil
Oh I know why you do it
Youre just looking for sensation
You got a hold of something
You tell us that its news
You dont have to show that stuff
Cant you show us some respect
You can tell us we dont need to see it
We dont need those cheap effects
You must be evil
You must be evil
I wish you were here
You dont have to show that stuff
You aint fooling no-one
You made my little girl cry
I wish you were here
We all know why you do it
Sometimes you even slow it down
Youre giving out some bad ideas here
I cant believe that you dont realis
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