Où en est le christianisme social ?
Des mouvements catholiques s’investissent dans l’arène électorale ; après l’épiscopat, c’est au tour du CCFD (Comité catholique contre la Faim et pour le Développement) et du Secours catholique de se lancer dans une campagne pour sensibiliser l’opinion aux thèmes qui leur sont chers. D’autres mouvements, moins connus du grand public, participent activement à ce courant qui connaît un indéniable succès : le christianisme social, qui naquit en France au XIX° siècle, se porte bien.
Les héritiers de Lamennais et de Frédéric Ozanam
Le XIX° siècle a vu naître des penseurs catholiques attentifs à la misère de la classe ouvrière : Frédéric Ozanam, Félicité de Lamennais, et d’autres, ont été aux avant-postes d’une sensibilité nouvelle, qui a pris corps au siècle suivant dans des initiatives aussi variées que le syndicalisme chrétien, les mouvements de démocratie-chrétienne, la fondation de l’Action catholique ouvrière, et de nombreuses associations caritatives. D’autre part, les lois de laïcité furent l’occasion pour les catholiques français de renouveler leur mode de présence à la vie sociale : leurs instruments d’influence traditionnels (l’école, l’hôpital, les congrégations religieuses, la dotation financière consentie par l’Etat dans le cadre du Concordat) disparaissant, ils se sont trouvés dans l’obligation de repenser radicalement leur organisation et de l’inscrire dans le cadre nouveau qui leur était imposé. C’est alors que sont nés les patronages, à l’origine d’innombrables clubs de sport ; les mouvements d’Action catholique, qui ont été dans les années d’après-guerre une pépinière de responsables politiques et syndicaux ; le scoutisme, dont on fête cette année le centenaire...
Ce christianisme de l’action se ressent, certes, de la perte d’influence du catholicisme en France. A travers ses organismes de développement et de solidarité, ses lieux de débat et de réflexion, et son action institutionnelle, il est pourtant une réalité incontournable dans la société civile.
Développement et solidarité : des ONG de premier plan.
L’effort de solidarité
internationale des catholiques est officiellement coordonné par le CCFD. Ses
15 000 bénévoles, répartis en 1500 équipes locales, font de cet organisme
de l’épiscopat
Le
Aux côtés de ces deux poids lourds, une multitude d’associations plus discrètes œuvrent, localement et nationalement, pour la solidarité et le développement. La DCC (Délégation catholique pour la Coopération) est spécialisée, avec la FIDESCO, dans l’envoi de volontaires à l’étranger dans le cadre de la coopération ; la Société de Saint-Vincent de Paul visite malades et personnes seules ; Habitat et Humanisme se préoccupe de logement et de mixité sociale.
Un effort de réflexion et de formation
Les catholiques sociaux se retrouvent également dans des lieux de réflexion et de formation. Ces dernières années ont vu la renaissance d’un mouvement qui avait connu entre les deux guerres des heures glorieuses : les Semaines Sociales de France, fondées en 1904, avaient traversé une longue éclipse avant de retrouver aujourd’hui une vigueur inattendue. Présidées par Michel Camdessus, ancien Directeur général du FMI, elles organisent des débats sur les grandes questions de société, dans lequel se retrouvent chaque année des milliers de participants. L’Europe, la violence, le travail, la bioéthique, la république, ont été les sujets abordés ces dernières années. Hommes politiques de premier plan, grands patrons, la liste des participants publiée sur le site Internet des SSF donne la mesure de l’importance et de la qualité du travail qui s’y déroule.
A une échelle plus modeste, le CERAS (centre de réflexion sociale des Jésuites de France), à travers sa session annuelle et les cours, séminaires et articles de réflexion qu’il produit régulièrement, est également un lieu important d’élaboration de la pensée sociale de l’Eglise catholique.
Les Assises chrétiennes de la Mondialisation, elles, ont abouties à la publication d’un ouvrage collectif (Dialogues pour une terre habitable, chez Bayard). Présidées par Jérôme Vignon, ancien collaborateur de Jacques Delors, elles ont été l’occasion pendant trois ans de débats en région, préparés par des partenaires qui n’avaient guère l’habitude de travailler ensemble jusqu’alors.
Le bilan de cette action est difficile à évaluer. Les Semaines sociales s’y sont essayées, faisant le compte des lois qui ont été votées après ses sessions annuelles ; mais nul ne peut établir un lien de cause à effet... D’autant que le but recherché est d’abord de s’adresser aux consciences personnelles plutôt que de se lancer dans une politique réfléchie de lobbying.
Quelques sites web :
http://www.ssf-fr.org/
(Semaines sociales de France)
http://www.acm2004.org/
(Assises chrétiennes de la Mondialisation)
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