Plainte pour violences contre le maire de Fréjus et accusations de racisme : une affaire à éclaircir
Une famille de vacanciers béarnais pose ses serviettes devant une plage privée, mais en bordure de mer, dans la fameuse "zone des cinq mètres" qui ne peut être soustraite au domaine public. Le plagiste, aidé de ses employés et du maire de la ville, Elie Brun, tente de la faire dégager. L'altercation atteint des proportions graves, puisque la mère de famille a un doigt fracturé. Elle dépose plainte contre, en particulier, le maire. Celui-ci se défend en accusant la famille de propos racistes. Le parquet de Draguignan a demandé un complément d'information avant de décider de la suite à donner. Il devrait être possible, on l'espère d'éclaircir cette affaire, qui a été enregistrée tant par l'appareil photo de la mère de famille que par une équipe de télévision présente sur place.
Une plage dite "privée" est une plage laissé par la ville en concession à un plagiste. Les prestations y sont payantes, et l'enjeu financier est important, de façon directe pour le plagiste et de façon indirecte pour la mairie, à qui le plagiste paie une redevance. Les deux sont donc souvent d'accord pour maudire le public non payant qu'il n'est pas légalement possible d'empêcher d'installer sa serviette dans la fameuse "zone des cinq mètres", c'est à dire une bande cinq mètres en toute bordure de mer, non privatisable. Les clients payants sont obligés, pour accéder à la mer, de slalomer entre les serviettes du populo. Tel est le paysage général dans laquelle s'inscrit l'affaire de violence, et, possiblement, de propos racistes, qui s'est déroulée le 15 juillet à Fréjus.
Elle opposait la famille d'un médecin béarnais chassée violemment de la bande des cinq mètres par, selon les plaignants, le plagiste, ses employés et le maire UMP de la ville, Elie Brun. Pour avoir les deux sons de cloches, on lira tout à la fois La République des Pyrénées, plutôt favorable à la famille béarnaise, et Var Matin, seul à relayer les accusations de racisme proférées par le maire.
Nous saisissons l'occasion de donner un grand coup de chapeau au site si controversé Fdesouche.com. C'est grâce à lui que nous avons pu avoir les deux points de vue sur cette affaire. Ce site a commencé par relayer l'article de Var Matin, qui répercute les accusations de racisme du maire contre la famille de vacanciers. Puis, un lecteur a placé dans les commentaires un lien vers l'autre article. On voit là l'efficacité du journalisme citoyen. Pour avoir accès aux deux sons de cloche, il aurait fallu avoir un pied à Fréjus et l'autre dans le Béarn. Ce n'est le cas de personne pris individuellement, mais ce fut le cas de la communauté des commentateurs de l'article.
Commençons par relayer le point de vue de la famille béarnaise, recueilli par La République des Pyrénées :
La famille est au bord de la mer. Arrive le plagiste.
« Il y a toujours des imbéciles ou des individus qui ne veulent jamais rien comprendre. Vous gênez mes clients. Çà serait bien si vous dégagiez »,
Le médecin rétorque :
« Je lui ai répondu que cette partie de plage n'était pas privée, que nous ne gênions personne, que de toute façon, nous allions partir, et que nous n'avions aucune intention de squatter sa plage »
Toujours d'après lui, l'employé n'en démord pas :
« Il nous prévient qu'il va faire appel à la police municipale, il en arrive à proférer des menaces physiques, s'en prend au fiancé de ma fille »
Un deuxième plagiste s'approche et propose de prêter main-forte à son collègue. La famille plie bagages, mais elle est poursuivie par l'équipe de la plage :
« Ils étaient six, vociférants, et parmi eux se trouvait un homme en pantalon et chemisette. J'ai appris ensuite que c'était le maire »
Simultanément, son fils est coursé par trois individus, il reçoit un coup de poing. La mère de famille est agressée pour lui arracher l'appareil photo avec lequel elle enregistre la scène. Elle a un doigt fracturé :
« Il a jeté l'appareil à plusieurs reprises sur le sol pour le faire exploser. Il a récupéré ce qu'il croyait être la carte mais qui n'était que la batterie, un réflexe de mafioso ! »
La carte a pu être récupérée par les enquêteurs. En principe, elle devrait parler.
Le maire s'en mêle. Ecoutons toujours la famille, relayée par la République des Pyrénées :
" « La police nationale a calmé le jeu » insiste le médecin. Mais avant son intervention, le maire de la ville « a invoqué son statut de premier magistrat et d'officier de police judiciaire pour demander à la police municipale d'embarquer la famille : 'Tu me les embarques, tu me les mets 48 heures en garde à vue'a-t-il ordonné au patron de sa police municipale »"
Le journal béarnais a tenté de joindre le maire de Fréjus pour avoir son point de vue, mais n'y a pas réussi.
En revanche, devant les journalistes de Var Matin, le maire accuse la famille béarnaise de racisme.
L'altercation proprement dite est présentée par Var Matin de façon sensiblement identique que l'article béarnais. Voire plus sévère, puisque Var Matin écrit :
"Selon des témoins de la scène, Élie Brun aurait violemment pris à partie la famille, leur lançant à plusieurs reprises : « On ne veut pas de gens comme vous ici »."
Cependant, Var Matin a pu joindre le plagiste et le maire. Ce dernier accuse la famille béarnaise de racisme. Var Matin écrit :
"Joint par téléphone, Élie Brun assume. Mieux, il « regrette de ne pas avoir été plus agressif. Ces gens-là ont manqué de respect à une personne qui travaillait sur la plage, le traitant de sale bougnoule [ce que la famille dément, N.D.L.R.]. Et cela, je ne le supporte pas. Un être humain, qui en plus se lève à 5 heures du matin pour aller bosser, ça se respecte ».
« Ils nous ont reproché d’empiéter sur le domaine public maritime avant d’insulter mon employé », ajoute Sébastien Scaglia, le patron de la plage privée. La plainte en elle-même ? Elle « ne gêne pas » Élie Brun, « prêt à aller en correctionnelle s’il le faut, pour dire qu’on n’a pas le droit de traiter une personne de bougnoule »."
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