Quelle évolution de régime pour un hyper président ?
Au-delà de l’ombre de la présidence sur le discours de politique générale, il importe d’y lire l’évolution institutionnelle qui a déjà commencé, et celles que cela implique...
Voila une excellente question, il est important de savoir comment ce Premier ministre va exister politiquement alors même que le président intervient sur tous les sujets, et déflore même le coeur du discours de son Premier ministre devant les parlementaires UMP et que Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, a également cru bon de s’exprimer sur le sujet.
Quoique le sort politique de notre Premier ministre soit un sujet à part entière, il me semble plus intéressant de s’interroger sur le sens du "discours de politique générale".
Ce passage obligé n’est pas un rituel sans fondement, il s’agit après nomination du chef de l’Etat que le chef de gouvernement vienne devant la représentation nationale afin d’exprimer ses orientations et le projet qu’il compte conduire, afin que l’assemblée puisse se positionner et, on l’espère, adhérer pour faire avancer le pays.
Cela implique que le chef de gouvernement est responsable non pas du projet (qui a fait l’objet de l’élection présidentielle), mais de sa mise en œuvre. La notion de responsabilité est importante car elle souligne le fait que le Parlement peut retirer sa confiance à un Premier ministre et obliger le chef de l’État à le remplacer (l’exemple type est celui de la cohabitation où le président change de Premier ministre avant qu’une assemblée nouvellement élue ne le fasse).
Dans la mesure où le président tend à assumer la responsabilité des actes, il importe qu’il se soumette également à des contre-pouvoirs permettant d’assurer l’état d’une gestion démocratique. Il s’agit ici même du sens du mot "assumer" qui implique la capacité de prendre des décisions, d’agir, et qui implique le fait de pouvoir subir directement les conséquences de ces choix.
Il ne s’agit pas ici de juger du bien-fondé des choix et des actions du président, il s’agit encore moins de contester sa légitimité, pas plus que d’agiter l’épouvantail d’une peu probable dictature.
J’ajouterai même qu’à titre personnel je pense que l’évolution de notre démocratie passe par une prise en charge assumée des élus et, en premier lieu, du président de la République, cependant les institutions sont un équilibre sensible de pouvoir, de contre-pouvoirs, de droits et de devoirs, et faire évoluer une partie seule de ces équilibres tend à rendre ce système instable.
En période de crise ou de contestations (nationales ou internationales), ces déséquilibres créeront forcément des problèmes difficilement solubles.
Les questions posées ici sont plus sur les institutions que sur les personnes et, devant l’adversité, il nous faudra savoir ce qu’il se passera dans un régime d’hyper président.
L’exemple expérimenté par les gouvernements de gauche comme de droite est le licenciement d’un Premier ministre n’ayant pas su sortir d’une crise et ayant, par conséquence, perdu trop de crédit face à l’opinion.
Dans le cas d’une crise sociale importante au sein du pays, et sans vouloir jouer les Cassandre, que se passera-t-il avec un hyper président ?
Il pourrait :
- donner sa démission ;
- changer son propre mode d’action ;
- nommer un autre Premier ministre avec ou sans réels pouvoirs ;
- expédier les affaires courantes dans l’attente d’un autre suffrage ;
- dissoudre l’Assemblée ;
- ou simplement ne rien changer.
Cela doit aller au-delà de l’autorisation donnée au président de venir à l’Assemblée nationale, que ce soit pour un discours, ou encore de répondre aux questions.
Il est nécessaire de donner une vision claire des procédures à mettre en place et éventuellement un pouvoir à l’Assemblée du type motion de censure de la 5e République ou sur le modèle américain un empeachment.
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