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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Réforme territoriale : c’est l’Etat qui fait des (...)

Réforme territoriale : c’est l’Etat qui fait des économies

Trois ans que cela dure, de déclarations martiales en virages à 180 degrés, de menaces proférées par les lobbies territoriaux ou de retrait du gouvernement et, plusieurs lois plus tard on en arrive à se demander si on n’aurait pas mieux fait de rester à la situation antérieure et de mobiliser davantage le Parlement sur ce qui préoccupe vraiment les français, à savoir l’emploi au lieu de gaspiller le temps parlementaire sur ce qui est aujourd’hui une bouillie législative inopérante suite aux renoncements successifs du gouvernement.

Le flou a été toujours bien entretenu

On a commencé à mettre la charrue avant les bœufs, c’est-à-dire qu’on a parlé de réforme avant de définir ce qu’était une collectivité territoriale, d’où un malentendu permanent, déjà entretenu par le gouvernement précédent.

Comment est administré le Pays ? Voilà par quoi on aurait dû commencer et parler des compétences de l’Etat et celles dévolues aux collectivités territoriales, surtout depuis les lois Deferre votée à partir de 1982. Faites le test et demandez autour de vous qui fait quoi, qui administre quoi, qui décide pour tel ou tel investissement ou qui verse telle ou telle allocation et vous ne serez pas déçus si vous obtenez en moyenne 10 % de bonnes réponses. Le système est imbitable et n’a surtout pas été fait pour que le citoyen le comprenne, mais pour que les élus et les petits hommes gris des Ministères et des cabinets locaux le maîtrisent, et continuent de vivre grassement au frais du contribuable. Pourquoi en effet faire simple quand on peut faire compliqué ? Surtout quand ce sont les autres qui payent.

Dès le début, les choses n’ont pas été dites

Souvenez-vous les débats passionnés sur la « suppression des départements » sans que l’on sache de quoi on parlait : le département, subdivision administrative de l’Etat, chapeauté par le Préfet aux ordres du Gouvernement ou bien le département collectivité locale dirigé par une assemblée locale de conseillers généraux élus dans les cantons ? Beaucoup de citoyens ne savent sans doute toujours pas de quoi il s’agit et se sont enfermés dans l’abstention aux élections cantonales, et on les comprend.

Certains, qui croyaient avoir compris ont enfourché le cheval de bataille du complot européen visant à la suppression du département (lequel ?) et de ses cantons, « héritage de la révolution », en ignorant que c’était avant tout la collectivité territoriale qui était concernée et en se voilant la face sur l’obsolescence du canton en tant que subdivision territoriale, surtout en zone urbaine. Combat pathétique, combat dépassé, puisque ni le département « étatique », ni le département « collectivité territoriale » n’ont été touché par la réforme, si ce ne sont que quelques compétences en moins pour ce dernier et des cantons remodelés, pas pour prendre en compte la réalité des bassins de vie, mais simplement pour faciliter l’élection d’un couple homme/femme, signe incontestable de « modernité » à défaut d’efficacité.

Tout au long de ces trois années de débats (et plus si on ajoute l’ère Sarkozy), les lobbies ont été à la manœuvre et les élus n’ont pas été les moins actifs, étant entendu qu’ils votaient eux-mêmes les lois les concernant : un scandale !

Maintenant la communication gouvernementale va claironner que cette réforme est majeure , qu’elle est de nature à favoriser la relance, et autres âneries du mêmes type en évitant de s’attarder sur les promesses non tenues (la suppression des conseils généraux et les économies de 10 Milliards d’euros par an qu’elle devait apporter et la clarification des compétences).

Pour les Régions, c’est encore pire !

Le Parlement a voté en janvier 2015 une loi sur la diminution du nombre de régions et nous sommes beaucoup à nous être interrogé sur l’utilité de ce texte qui réunissait certaines régions et en laissait d’autres en l’Etat. Là également, les débats se sont attardé sur l’opportunité des nouvelles frontières régionales et surtout – chose essentielle pour la communication politique – sur la localisation des nouveaux sièges régionaux, chaque élu y allant de son petit couplet sur sa ville.

Là également, le débat a été tronqué, puisque cette loi a été votée avant même que les compétences futures des régions ne soient stabilisées, ce qui n’a été fait que le 16 juillet dernier par le vote de la loi sur la Nouvelle Organisation des Territoires de la République dans laquelle on constate qu’il n’y a pas grand-chose de nouveau sous le soleil des compétences régionales et surtout pas le transferts de celles du département qui n’aurait pas dû survivre à la réforme mais qui est toujours là, en coma dépassé, juste pour justifier « l’emploi » de plus de 4000 élus aux conseils départementaux et des cabinets et services de communication qui les entourent, à vos frais.

Il a fallu attendre la période estivale et la communication gouvernementale pour découvrir ce qu’il y avait vraiment derrière le nouveau découpage des régions, à savoir « la disparition de neuf postes de préfets de région », autant de directeurs généraux d’agences régionales de santé (ARS) et de 63 postes de directeurs régionaux des administrations de l'État, ainsi que leurs états-majors.

Dans chaque région fusionnée, il y aura l'an prochain un seul préfet de région, un seul recteur de région académique, un seul directeur général d'agence régionale de santé et un seul directeur régional pour chaque réseau ministériel », résume le compte-rendu du Conseil.

Un effort de mutualisation des « fonctions supports des administrations de l'État » devra également être conduit. Selon le gouvernement, la nouvelle organisation doit permettre de limiter la mobilité géographique des fonctionnaires territoriaux, qui ne devrait concerner que « de l'ordre de 1 000 agents sur les trois années de mise en œuvre de la réforme », sur un total de 27 000 agents de l'État en fonction dans les régions. 2 000 à 3 000 autres devraient voir leurs fonctions changer, tout en restant dans la même zone, a précisé un responsable du dossier ».

Voilà, c’est clair, ce texte voté concerne avant tout la rationalisation des moyens de l’Etat et surtout pas les collectivités territoriales régionales administrées par les élus. D’un côté, des économies en puissance pour l’Etat qui se désengage à nouveau des territoires et qui pourra dire qu’il remplit ses objectifs de réduction du déficit budgétaire et des impôts, et de l’autre côté des régions fusionnées qui vont devoir faire face à des nouvelles charges liées au regroupement des assemblées, à l’alignement des régimes indemnitaires des fonctionnaires territoriaux et à des frais de communication supplémentaires.

 Le contribuable qui verse des impôts à l’Etat applaudira des deux mains, pendant que le contribuable local (mais c’est le même) qui verse des impôts et des taxes à la Région sera mécontent de payer davantage pour ce qui est, il faut bien le dire un marché de dupes.

Une fois de plus nous avons été pris pour des imbéciles.


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29 réactions à cet article    


  • elpepe elpepe 1er septembre 2015 12:09

    que dire, nos fonctionnaires, etat et politiques, ont tue leur pays, mais ils s en foutent du moment que la soupe est bonne et continue a etre versee grassement et crassement ..
    J ai l habitude de dire qu ils sont pires que la Finance, des voyous, mais avec du pouvoir, la finance n a aucun autre pouvoir que celui de l argent ah ah ah
    Sinon nous salaries du prive ont est deja mort et c est une tres bonne chance, d ailleurs personne c est apercu de notre mort sauf pour 2015 et 2016, attendons de voir l impact sur les rentrees fiscales et sociales ah ah ah
    vive l effondrement de ce systeme profondement injuste, up to come, stay tuned


    • Enabomber Enabomber 1er septembre 2015 12:23

      @elpepe
      Commencer par « vive l effondrement de ce systeme profondement injuste », et finir par « up to come, stay tuned » dans la langue des maîtres actuels, il n’y a pas un peu de schizophrénie là-dessous ?


    • Michel DROUET Michel DROUET 1er septembre 2015 15:19

      @Enabomber
      Oui, finalement c’est la même chose. Pas besoin donc de stigmatiser les fonctionnaires.


    • elpepe elpepe 2 septembre 2015 03:38

      @Enabomber
      bonjour
      probablement de la provocation, mais ma tendance est plutôt parano smiley
      C est aussi la langue de Shakespeare aussi


    • eau-du-robinet eau-du-robinet 1er septembre 2015 12:35

      Bonjour,
      .
      A la demande des autorités qui pilotent la construction européenne, la politique d’Europe des régions, vendue comme réforme territoriale au peuple, a programmé le transfert de plus en plus massif de pouvoirs nationaux à des “Euro-régions”, en parallèle au transfert massif de pouvoirs nationaux vers la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE).
      http://www.upr.fr/av/le-demantelement-des-etats
      .
      Au même moment, les instances européennes promeuvent l’enseignement généralisé de l’anglo-américain d’une part et celui de langues régionales tombées en désuétude d’autre part. L’objectif tacite étant de folkloriser progressivement les langues nationales qui pourraient encore s’opposer au “tout américain”.
      .
      À l’insu des peuples, et notamment du peuple français, l’objectif final de ce programme de réforme territoriale n’est ainsi rien d’autre que de vider de substance les États d’Europe avant de les démembrer. La France est tout spécialement concernée.
      .
      Les Eurorégions par Eric ZEMMOUR et Pierre HILLARD.
      https://www.youtube.com/watch?v=JcS6sUU6fF4

      La dépouille des états européens par le régionalisation ....
      .
      http://www.upr.fr


      • egos 1er septembre 2015 14:04

        @eau-du-robinet 


        bjr

        « ’enseignement généralisé de l’anglo-américain »

        Remarque on ne peut + pertinente.

        Cela posé, l’anglais fait 1 usage massif de termes issus du français (consécutif à l’invasion anglo-normande) et par voie de filiation du latin. 

        Latin : langue adoptée universellement, notamment pr la transmission du savoir développé par les philosophes grecs.

        Confondre l’emprise de la finance et du mode de vie consumériste us et la nature de sa culture est au mieux précipité si ce n’est hasardeux.


        Cn second lieu, si l’enseignement de l’anglo-américain parait incontournable (is, économie, sciences, relations internationales) pourquoi ne pas rendre obligatoire l’apprentissage d’1 seconde langue européenne dès la sixième (voire + tôt) : allemand, italien, espagnol,russe, portugais 
         et 1 3ème dès la 4 ème.

        Il en restera qqs bribes (pr certains) qui sauront fructifier à la 1 ère occasion venue.

        cdlt

      • Michel DROUET Michel DROUET 1er septembre 2015 15:21

        @eau-du-robinet
        Sauf qu’il s’agit essentiellement de réformes croupion dépourvues de tout sens, si ce n’est que cela sert uniquement les banquiers et les affairistes.


      • Le p’tit Charles 1er septembre 2015 12:39
        Réforme territoriale ou comment faire couler à flot les milliards sortis des poches du peuple...On vous prend pour des veaux... !

        • christophe nicolas christophe nicolas 1er septembre 2015 13:53

          @Le p’tit Charles

          12h39 au lieu de 11h56, je vois que le p’tit charles rétrograde. Il faut prendre un petit coup d’EPO sinon Oncle Archibald va t’assommer. Tu looses grave, 43 mn au contre la montre, ce n’est pas la forme...

        • zygzornifle zygzornifle 1er septembre 2015 13:28

          ce qu’il faudrait réformer c’est la grille salariale des politiques qui est inadmissible et le calcul de leur retraite qui est un crachat au visage de tous ceux qui les font vivres grassement en se levant tous les matins pour le SmIc....


          • Michel DROUET Michel DROUET 1er septembre 2015 15:23

            @zygzornifle
            Parler de grille salariale et de retraite pour les élus, c’est accréditer la thèse qu’il s’agit d’un métier alors que c’est un mandat. Commençons donc par nommer les choses en ne confondant pas les deux.


          • zygzornifle zygzornifle 1er septembre 2015 18:08

            @Michel DROUET

             vu ce qu’ils valent a droite comme a gauche depuis 40 ans je dirait plutôt un délit qu’un mandat ....


          • Céline Ertalif Céline Ertalif 1er septembre 2015 14:50

            Bonjour,


            Si seulement nous avions eu une réforme qui aboutissait à des euro-régions, au démantèlement de l’État, et au fédéralisme... Nous en sommes bien loin.

            Un effort de mutualisation des « fonctions supports des administrations de l’État » devra également être conduit : effectivement, l’État est très centré sur l’économie de ses moyens et c’est ce qui reste principalement du projet quand on arrive à l’aboutissement de la réforme territoriale. J’observe cependant que les services de l’État continue à invoquer à tort et à travers la mutualisation quand il ne s’agit nullement de cela mais de redéploiement. Tout ça parce que le mot redéploiement n’emballe pas dans les rangs des administrations, pourtant le nouveau mot ne trompe personne. Cette utilisation a juste un travers, dont les services de l’État se contrefichent, c’est qu’elle pollue la compréhension du terme pour les collectivités locales qui, elles, auraient légitimement à développer de la mutualisation comme une méthode alternative, pour ne pas dire contraire, au transfert de compétence. J’en parle au conditionnel tellement le concept de mutualisme semble poser un problème de compréhension. Voici cependant quelques repères sur le sujet : 

            Le mutualisme fait partie intégrante d’une idéologie de l’entraide et de la solidarité qui s’oppose à la concentration des pouvoirs d’une part et au contrôle des objectifs par le propriétaire des moyens d’autre part. C’est donc un chemin différent du collectivisme centralisé, étatique par exemple, et de l’appropriation privée, capitaliste notamment. Le mutualisme accepte la concentration des moyens, pas la centralisation des objectifs.



            • Michel DROUET Michel DROUET 1er septembre 2015 15:26

              @Céline Ertalif
              Bonjour Céline
              La mutualisation dans les collectivités territoriales serait sans doute un moindre mal et c’est ce vers quoi on va, alors que c’est de fusion dont on devrait parler, celle qui diminue le nombre de collectivités et surtout d’élus


            • Aristide Aristide 1er septembre 2015 18:21

              @Michel DROUET


              C’est assez bizarre de désigner seulement la diminution du nombre d’élus. Il me semble que la réorganisation des services, si elle est bien gérée, devrait aboutir à une diminution du nombre de fonctionnaires par la rationalisation des taches, le regroupement de fonctions, l’abandon de la clause de compétence générale, .... 
              Mais bon, je fais confiance aux fonctionnaires territoriaux pour expliquer que cette réforme complexifie les procédures, etc, etc et donc qu’il faudra embaucher.

              Je suis assez sceptique sur ces réformes qui ne tranchent pas clairement et laissent à l’échelon local le soin de mettre en oeuvre les choix nationaux. On se retrouve souvent avec les inconvénients des deux mondes, une loi inadaptée par l’obligation de prise en compte de spécificités locales et bien sur une mise en oeuvre locale très « particulière ».

            • Michel DROUET Michel DROUET 1er septembre 2015 18:30

              @Aristide

              Voilà un de mes articles dans lequel vous découvrirez que je ne parle pas seulement des élus...

              http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/faire-des-economies-en-supprimant-158074


            • Aristide Aristide 1er septembre 2015 19:02

              @Michel DROUET


              Nul besoin de renvoyer à un autre article qui détaille ce que j’ai posé en introduction de mon message. On pourrait naturellement s’attendre à une diminution du nombre de fonctionnaires. 

              La question posée est que cela ne sera pas, pour la simple raison que l’inertie et le conservatisme ajouté à une certaine « mauvaise » fois aboutiront à une inflation du nombre de fonctionnaires.

              Par exemple, on pourrait croire que la gestion commune des lycées et des collèges pourrait automatiquement entraîner des économies et pas seulement en personnel, j’attend la mise en oeuvre mais il ne m’étonnerait pas plus que cela que se crée au niveau régional une « direction de l’enseignement secondaire » qui chapeautera les mêmes services régionaux pour les lycées et départementaux pour les collèges. En place d’économie, une super structure administrative réussira à auto alimenter des procédures qu’ils inventeront, du genre harmonisation des moyens, consolidation des compétences, etc ... Enfin tout ce qui permet à une service administratif d’enfler sans grand rapport avec les taches à exécuter et fonctions à remplir.

            • Pere Plexe Pere Plexe 1er septembre 2015 20:15

              @Aristide
              Que faire quand l’état se désengage et transfert la charge aux régions et départements.Récemment c ’est par exemple le transfert de l’acquisition et de la maintenance des équipements informatiques et des logiciels aux départements pour les collèges, aux régions pour les lycées.Bref quelques milliers d’ordi à entretenir sur vingt à cinquante sites pour un département moyens..Au bas mot une quinzaine de postes pour avoir un service minimum.

              Et encore à condition que le département en question ne se soit pas lancé dans le plan numérique  voulu par Hollande. Sans quoi il faut multiplier les chiffres par 5 au moins...

            • Michel DROUET Michel DROUET 1er septembre 2015 22:36

              @Aristide
              Vous pouvez attendre longtemps la gestion commune des lycées et des collèges puisqu’elle ne fait pas partie des mesures prises par la loi NOTRe du 16 juillet dernier. Il vaudrait mieux parler des transports interurbaine et scolaires qui seront eux transférés aux Régions en 2017.
              En fait, la question que vous posez, c’est celle de la lâcheté des élus qui ne prendront jamais une mesure visant à diminuer le nombre de postes dans les collectivités territoriales alors même que les effectifs devraient s’adapter aux gains de gestion prévus, par le simple non-remplacement des fonctionnaires partant en retraite.


            • Michel DROUET Michel DROUET 1er septembre 2015 22:42

              @Pere Plexe
              C’est vrai, mais il ne faut pas oublier que la décentralisation, à l’origine, s’est traduite également par une amélioration considérable des conditions d’accueil et d’enseignement des élèves des collèges et des lycées.
              En fait, la décentralisation a permis à l’Etat de se défausser sur les collectivités territoriales dans bon nombre de domaines, dont celui que vous soulignez.
              Où en serions nous si l’Etat avait gardé la maîtrise de l’informatique dans les établissements scolaires ? Au boulier, sans doute...
              Le transfert de compétences de l’Etat vers les collectivités locales, c’est aussi l’augmentation de la fiscalité locale, sans que pour autant on constate une baisse des impôts et taxes de l’Etat....


            • Céline Ertalif Céline Ertalif 2 septembre 2015 00:07

              @Michel DROUET et @Aristide


              Les observations ou les interrogations d’Aristide me paraissent de bon sens.

              L’acte II de la décentralisation nous a inventé un truc absolument incroyable avec le transfert des ATOS aux conseils généraux, maintenant départementaux, et aux régions. Plus de 10 ans après, j’en suis toujours baba. Nous connaissons depuis bien longtemps maintenant la cohabitation dans les écoles entre la gestion municipale et l’Éducation Nationale qui gère le personnel enseignant - encore que c’est un grand mot. La gestion de nos collectivités locales va du pas mal au pas terrible, mais même au plus bas la comparaison entre le management public local et celui de l’État est une éternelle consolation pour les territoriaux. Enfin et surtout, mettre 2 patrons sous un même toit n’a jamais été une idée très intelligente, c’est une cohabitation absurde, on l’a encore vu récemment avec la réforme des temps scolaires : une bisbille permanente entre les deux financeurs, une grande irresponsabilité vis-à-vis des enfants puisqu’on a abouti bien souvent au strict inverse du but annoncé pour des raisons de gestion, à savoir un maintien de la durée quotidienne scolaire et une augmentation de la durée hebdomadaire ! 

              Cela dit, je suis en désaccord sur l’enjeu de la mutualisation par rapport au transfert de compétences. Essentiellement pour la raison suivante : la concentration au sein du secteur public n’est pas une bonne chose en soi (le vaisseau amiral de l’EN illustre bien...), mais en même temps on ne gère pas de service public avec 1 000 habitants. Il faut regrouper mais dé-verticaliser, employer les méthodes transversales correspondant à notre époque et aux nouvelles technos. De ce point de vue, le transfert de compétences crée une concentration sans aucune réflexion alors que la mutualisation a le mérite de reposer le problème du rapport entre une administration unique et les décideurs politiques en raison de leur pluralité. Or, justement, l’un des problèmes vraiment importants, c’est que les élus se prennent de plus en plus pour des gestionnaires, des petits patrons alors qu’ils n’ont a priori aucune compétence professionnelle et que ce n’est d’ailleurs pas leur rôle si tant est que nous souhaitons la démocratie. Je suis sûre d’être en accord avec Michel sur cette idée que nous croyons importante : la priorité est de dé-professionnaliser les élus locaux.

              Les représentants des électeurs doivent retrouver le chemin de l’activité politique, être un lien entre les experts (internes ou externes) et leurs électeurs, et se recentrer sur les finalités. Qu’ils soient des passeurs pour fabriquer des choix sur les enjeux que les experts peuvent éclairer et qu’ils ressourcent le lien de l’intérêt public avec la population. Aujourd’hui, les élus locaux sont des écrans, ils fantasment un pouvoir patronal alors qu’ils ne sont ni propriétaires ni des managers qualifiés, et de la politique ils ne connaissent plus que l’allégeance à une étiquette politicienne pour se faire reconnaître électoralement tellement ils sont devenus transparents. Ce qui entraîne un rejet du côté des électeurs où la validité de la légitimation du processus électoral est de plus en plus mise en doute, et un rejet par la génération Y du côté des administrations où l’on ne croit pas une seconde à la compétence managériale des élus.

              Il est nécessaire de décloisonner les processus administratifs, de les simplifier, de passer d’une domination réglementaire au design par expérimentation progressive. Il s’agit donc de supprimer les emplois sans utilité publique. Cette vision du futur ne peut que choquer la génération actuelle des élus encore attachée à une vision patrimoniale des services publics locaux, teintée de clientélisme, qui choque les jeunes territoriaux hostiles à une hiérarchie pyramidale à la compétence incertaine où les élus se sont installés d’eux-mêmes au sommet. C’est un mouvement parallèle à celui des électeurs qui ne vont plus voter parce que leur sens de la citoyenneté dénonce un déficit démocratique. Cette opposition repose moins sur des conflits d’intérêt que sur une rupture de valeurs, elle conduit droit à un effondrement si l’aveuglement perdure.

            • elpepe elpepe 2 septembre 2015 03:42

              @Céline Ertalif
              Bonjour
              oui bon point le regionalisme pour une disparition des etats au profit d une europe democratique aurait ete la solution mais on peut tjrs se brosser
              in fine l Europe va disparaitre et c est malheuresement une tres bonne chose


            • Michel DROUET Michel DROUET 2 septembre 2015 20:37

              @Céline Ertalif
              Bonjour Céline
              Le transfert et la répartition des TOS entre départements et régions, nous les devons à Raffarin, qui a en fait opéré un transfert de charges, sachant que les élus locaux sous la pression du terrain seraient obligé de remettre les choses à niveau.
              C’est comme cela depuis les transferts de 1982 et il faut avouer que le niveau d’équipement et de service a augmenté au profit des usagers.
              Le transfert « TOS » outre le fait qu’il a consisté à les répartir entre deux collectivités - imbécilité crasse - a été incomplet puisque les gestionnaires et les personnels sociaux et infirmiers sont restés dans le giron de l’Etat de manière incompréhensible.
              S’agissant de la mutualisation, je la conçois exclusivement dans le cadre de l’intercommunalité et non entre 2 ou 3 communes isolées, ce qui me semble la porte ouverte au grand n’importe quoi, à l’image de la loi votée sur les communes nouvelles qui consiste à montrer les efforts que l’on fait pour calmer la population alors que, je me répète, c’est l’intercommunalité qui est la bonne formule, avec un conseil élu au suffrage universel et des compétences élargies.
              Je suis d’accord avec vous, Céline, pour dire qu’il faut sortir du Maire « multi compétence et quasi chef d’entreprise » en particulier dans les petites communes qui n’auront jamais les moyens de leurs ambitions et qui seront obligés de quémander une subvention ou bien un peu de la réserve parlementaire.
              La question de la reprise en mains de leur destin par les citoyens est cruciale, mais malheureusement elle me semble un peu utopique actuellement étant entendu que la tendance est plutôt à l’abstention parce que plus personne ne comprend le système. 


            • Céline Ertalif Céline Ertalif 3 septembre 2015 00:19

              @Michel DROUET  Mais il y a tout de même quelques volontaires zélés qui croient à la possibilité de disrupter tout ça : http://democratie-ouverte.cap-collectif.com/ ; http://www.territoires-hautement-citoyens.fr ; http://www.la27eregion.fr/ etc...


            • Patrcia 3 septembre 2015 02:50

              Et si on commençait par la réforme de la carte judiciaire qui date de 1958 et qui n’est plus adaptée à la société actuelle ?


              • Pere Plexe Pere Plexe 4 septembre 2015 20:45

                @Patrcia
                Adapter.. ?C’est souvent une manière élégante d’accélérer la désertification de territoires entiers pour aggraver la surpopulations ailleurs.
                Plutôt que d’essayer « d’adapter » les territoires aux populations ne serait il pas intelligent d’avoir une politique volontariste d’aménagement c’est à dire d’adapter les populations aux territoires ?
                Les surcouts pour la collectivité que génère sur et sous population est titanesque...avec une qualité de vie dégradée dans les deux cas.
                La vraie réforme économique écologique et sociale n’est pas ailleurs !


              • Spartacus Lequidam Spartacus 3 septembre 2015 08:28

                C’est un peu bidon. 

                Pas besoin de région pour nommer des préfets.....

                Le nombre de préfet sans préfecture est astronomique...
                Préfet est un poste pour les potes....

                Le dernier préfet nommé est l’ancien adjoint de Valls pendant 10 ans à son ancienne mairie d’Evry...
                Un préfet sans aucune préfecture, mais avec la gamelle de préfet

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