Sale con d’un jour, sale con toujours ?
J’ai envie de vous présenter un livre qui mérite d’être lu non seulement par les managers mais par toute personne qui travaille sur la civilité et la citoyenneté, un livre de Bob Sutton : « Objectif zéro-sale-con »
Le sale con, l’"asshole", littéralement le "trou du cul", que l’auteur, M. Bob Sutton,
traduit aussi en "enflure", nous pourrions dire l’enfoiré mais le terme
est devenu sympathique, c’est donc l’enfoiré antipathique.
Le sale con est celui qui après vous avoir parlé vous a rabaissé, vous "humilie" et qui le fait en profitant de son "autorité".
Chouette,
voilà donc un livre qui va nous livrer tous les secrets pour détecter
les sales cons, un bon moment de défoulement contre tous ceux qui nous
pourrissent la vie au travail et dans la vie de tous les jours.
Plus
largement ce livre est un réel livre de management, indiqué pour des "thérapies" individuelles ou de groupes, la philosophie de l’auteur
rassure et s’intègre dans la lignée réaliste de l’organizational
behavior, loin de tout angélisme sur le fonctionnement des
organisations.
D’où viennent les sales cons ?
Les
sales cons viennent de partout et sont partout, il y en a même en nous.
Les sales cons sont hypercontagieux, nous dit l’auteur.
C’est
bien pour cela que l’objectif zéro-sale-con est un objectif de
management. C’est pour cela aussi que cet objectif nous concerne tous,
nous sommes tous des sales cons en puissance, nous n’imaginons même pas
notre potentiel de nuisance. Oui vous avez le pouvoir de devenir un
sale con !
Le
sale con est nuisible et la racine du mal, celle qui révèle les superenflures vient du Pouvoir, et plus le gâteau est gros plus le sale con
est "ignoble". Le pire des sales cons est le sale con certifié, la
superenflure, je vous invite à les découvrir, à les démasquer !
Car
le sale con est un phénomène de société qui ne peut que s’accentuer
avec les écarts qui se creusent par exemple entre les rémunérations des
top managers et des employés allant de 1 à 500 aujourd’hui contre 1 à
20 il y a quelques années. Cela rend-il le patron 500 fois plus
important que l’employé ? Certainement pas, mais cela augmente son
potentiel sale con de 1 à 500.
Il
est donc nécessaire nous dit l’auteur et je partage son opinion de
conserver des écarts raisonnables, humains, c’est-à-dire quantifiables,
imaginables et non plus astronomiques.
Il
est aussi important de savoir combien coûte d’avoir des enflures qui
règnent dans votre entreprise ou administration, dans vos associations
ou partis politiques (là je crois qu’il y a du taff). Car quelle que
soit la valeur "marchande" de vos sales cons, leur surcoût et surtout
la démotivation qu’ils provoquent autour de vous est inimaginable si
vous ne le chiffrez pas et si en conséquence vous ne vous débarrassez
pas de vos sales cons certifiés.
Pour
éviter que les sales cons ne prennent le dessus organisez-vous, devenez
un manager, soyez à l’écoute, il y a dans votre société certes des gens
très estimables qui trouvent dans le travail une source
d’épanouissement mais si ceux-là ne comprennent pas et si vous ne
comprenez pas que nombre d’entre nous (même s’il peut y avoir du
plaisir à travailler), travaillent pour survivre (rappelez-vous la pyramide de Maslow) alors vous ne pourrez pas lutter contre les sales cons, contre la connerie.
Comment lutter contre les sales cons ?
L’auteur
met en évidence plusieurs stratégies pour lutter ou éviter les sales
cons. C’est sans doute là que l’on retrouve le plus la philisophie de
vie de l’auteur et c’est là que je me suis le plus reconnu.
Aucune
valorisation ici, je me suis vu en sale con suffisamment de fois en
lisant le livre pour me dire qu’en la matière il faut rester prudent.
Cependant
j’ai retrouvé deux attitudes que je pratique volontiers tous les jours,
l’une est dans cette citation de Léonard de Vinci : "Il est plus facile de résister au début qu’à la fin."
L’auteur explique par cette citation qu’il est plus facile de refuser
un job, une mission avec des sales cons au début car une fois embarqués
nous nous accrochons à tout un tas de valeurs qui nous font dire que
nous devons terminer le job avec ces sales cons !
La
deuxième attitude consiste quand on est en situation et que l’on ne
peut pas fuir à se laisser flotter comme porté par un torrent en
position de survie et de viser des petites victoires (c’est bon pour
son self-esteem).
Les
mesures simples à prendre sont donc les suivantes : choisir son
entreprise, quitter les lieux de travail malsains, éviter les gens
malveillants, tester le comportement de ses futurs collègues...
L’une
des mesures "drôles" quand vous êtes dans un essaim de sales cons est de
tenir des réunions sans chaises. L’auteur révèle qu’une étude a montré
qu’une réunion debout dure moins longtemps sans pour autant influer sur
les décisions prises en réunion. C’est donc un gain d’efficacité.
Ah
j’allais oublier tellement j’aurais commencé par ce chapitre tant à la
lecture de l’introduction il me sembla logique de balayer chez soi,
c’est un étudiant de l’auteur qui a trouvé la maxime "Admitting you’re an asshole is the first step."
Sale con un jour sale con toujours ?
La
question mérite d’être posée. L’auteur y répond en expliquant qu’on ne
peut pas soigner les sales cons certifiés au sein de l’entreprise, et
puis la vie est trop courte pour se balader avec un sale con sur le dos
pour un résultat incertain.
Le
sale con qui me vient en général en tête c’est le petit chef, celui qui
humilie par des phrases bien senties et mesquines ses subordonné(e)s.
Celui qui n’arrive pas à évoluer car il est seul. Seul contre tous.
J’ai en souvenir la phrase d’une employée, une technicienne très
compétente, qui nous a dit après que nous ayons recruté un
ingénieur : on ne savait pas quoi vous dire sur la façon dont il
(l’ingénieur) nous parlait et gérait nos chantiers, puisqu’il est
apparemment de votre côté.
J’avais commis une faute, celle d’un recrutement "seul" et sans procédure de recrutement.
J’avais
laissé entrer un petit chef, un sale con, humainement en dehors de
l’entreprise je n’avais rien à dire, mais sa seule vision était celle
du boulot, celle du client, il n’écoutait pas les techniciens les
"inférieurs".
Il
restera sans doute ainsi s’il ne se remet pas en cause ou s’il ne se
retrouve pas dans une situation humiliante qui lui montre le regard que
porte la société sur lui.
Car
l’objectif zéro-sale-con dans une entreprise, c’est l’entreprise
"citoyenne", c’est l’entreprise qui est civile et qui lutte contre les
incivilités. Or les incivilités se développent quand la société n’est
pas capable de montrer que tel et tel comportement sont irrespectueux,
et que celui qui commet l’incivilité n’a pas honte, et en tire même de
la fierté, c’est le cas en particulier de ceux qui se la pètent, ceux
qui ont la thune, le gros 4x4, et parce qu’ils sont riches ou puissants
pensent pouvoir passer devant les autres et sont prêts à les écraser pour passer !
Les sales cons disparaîtront peut-être le jour ou le Détecteur de Sale Con
sera 100 % opérationnel et opérationnel partout, ce jour-là il faudra peut-être aussi s’inquiéter de ne plus avoir de sale con pour nous ramener à
la réalité, le sale con est certes nuisible quand il est dominant, il
est utile pour l’exemple quand il est ultra-minoritaire et contrôlé...
Pour
conclure je ne peux que dire sympa ce livre, mais à quoi bon le lire
si je ne m’efforce pas de progresser un peu. Alors, je me suis dit, et si
je commençais par m’entraîner dans la voiture, en effet il n’y a aucun
moyen de mettre un automobiliste irascible en position de honte,
d’humiliation, pour la simple raison que nous sommes tous en vase clos.
Alors c’est décidé j’applique au moins ces consignes de base (mais pas qu’en voiture, la voiture c’est le test de résistance) :
- La
critique constructive (et surtout ne pas s’attaquer aux personnes) - ok ça va être
dur avec ce que j’ai dit de Sarko... J’ai une énorme marge de progrès !
- Ne pas surenchérir dans le jeux des sales cons pour éviter une contamination générale... En voiture c’est donc d’éviter les gestes trop amicaux...
- Et enfin ne pas considérer que si l’autre n’est pas d’accord avec vous c’est que c’est un sale con, car vous seriez alors le sale con en chef.
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