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Accueil du site > Actualités > Economie > 2009 : Qui a peur de Franklin Roosevelt ?

2009 : Qui a peur de Franklin Roosevelt ?

Pourquoi est-ce que depuis l’élection d’Obama, les médias américains sont truffés d’attaques contre son New Deal ? Pourquoi depuis l’investiture de Barack Obama, les articles de presses s’enchaînent pour conseiller au Président Obama de ne pas suivre ses pas ? Pourquoi est-ce que même dans Le Figaro il est annoncé que Roosevelt n’a fait qu’empirer la dépression de 1929 ? Pourquoi ce révisionnisme soudain ?

Au sujet des récentes attaques contre Franklin Roosevelt

Des deux côtés de l’Atlantique, les intérêts financiers s’activent pour détruire l’héritage du Président américain Franklin Roosevelt, qui avait mis Wall Street devant les tribunaux, repris le contrôle du crédit et impulsé la phase de développement la plus vaste de l’histoire des Etats-Unis. Historiquement, ces intérêts n’ont jamais digéré leur défaite de 1933 et de 1945. La résurgence de l’esprit Rooseveltien et de ses politiques dans la nouvelle administration menacerait l’existence même de cette oligarchie, au moment où son système financier vit ses dernières heures.

Le 29 janvier, c’est Florin Aftalion, professeur à L’ESSEC spécialisé dans la gestion de portefeuille et membre de la Société du Mont Pèlerin, qui s’est attaqué au « mythe du New Deal » dans les colonnes du Figaro. Se retranchant derrière des statistiques sur l’emploi et la dette publique, il affirme que « loin d’avoir sorti l’Amérique de la dépression, la politique du New Deal l’y a enfoncée ». Pour résumer sa pensée, il écrit que « la politique de Roosevelt consista, en fait, en une série de réformes improvisées et désordonnées s’appuyant sur une rhétorique antibusiness et des interventions législatives brutales que la Cour suprême finit par déclarer inconstitutionnelles ». La conclusion de cet article ? « Espérons qu’Obama ne suivra pas les errements de Roosevelt. »

Aux Etats-Unis, une attaque similaire est parue dans le Washington Post du 1er février, sous le titre [«  Roosevelt était un grand dirigeant, mais sa politique économique n’est pas à suivre ». L’auteur, Amity Shlaes, a publié en 2007 un livre consacré à ce thème (M. Aftalion y a-t-il pompé quelques opinions ?), alors qu’elle travaillait à l’American Enterprise Institute, l’un des bastions idéologiques de l’oligarchie financière aux Etats-Unis, tristement connu pour avoir alimenté la montée au pouvoir du régime Bush-Cheney et de ses idéologues néo-conservateurs. Mme Shlaes étale régulièrement ses opinions dans le Financial Times, le Wall Street Journal et sur Bloomberg News, les porte-voix de ces intérêts financiers anti-Roosevelt. Sa conclusion ? « Obama pourrait mettre la réforme des marchés avant les dépenses. » 

« Rhétorique antibusiness » ou combat politique ?

Si l’argumentation économique employée contre Roosevelt par ces deux auteurs relève de l’escroquerie intellectuelle, tous deux semblent ignorer le contexte politique du New Deal : la bataille qui a opposé Roosevelt aux « Marchands du temple ». Après le krach de 1929, le Peuple américain a subi la pire dépression de son histoire et les intérêts financiers de Wall Street, coupables de cette crise, exerçaient plus encore leur oligopole sur l’économie et la finance des Etats-Unis. Voici deux éléments historiques fondamentaux pour pallier aux manquements de M. Aftalion et Mme Shlaes :

* Lorsque Roosevelt arrive au pouvoir, il s’appuie sur les enquêtes du juriste Ferdinand Pecora qui, dans le cadre d’une Commission spéciale du Sénat, met à jour les malversations de Wall Street, passant sur le grill les plus importants banquiers de l’époque (JP Morgan inclus), dont certains finiront en prison. En pleine dépression, cette vérité exposée aux yeux de la population a permis à Roosevelt de faire passer toute une série de lois (Glass-Steagall Act, Securities Act, etc.) pour reprendre le contrôle du système bancaire et le ramener à son rôle d’outil au service de l’économie réelle.

* Acculé, Wall Street riposte en 1934 avec la création de l’American Liberty League, ayant pour objectif affiché de « défendre la liberté et la Constitution américaine ». A son financement, on trouve les grandes sociétés contrôlées par les réseaux de JP Morgan et de la famille Dupont, comme US Steel ou la Standard Oil, fameuse pour avoir commercé avec le régime nazi avant et pendant la guerre. Parmi les fondateurs et membres de cette Liberty League, se trouvait Prescott Bush (le grand père de George W., qui avait accordé en 1932 un prêt salvateur au parti nazi), des membres de la famille DuPont ou encore John Raskob, un homme de main de la maison Morgan qui, en tant que Président du Parti Démocrate, a eu recours à toutes les manœuvres et coups tordus possibles pour éviter la nomination de Roosevelt lors de la Convention démocrate de juin 1932. L’American Liberty League, qui promouvait les thèses eugénistes du biologiste français Alexis Carrel, menait une campagne ouverte contre le New Deal, le qualifiant d’« anti-démocratique » et de « fasciste ». C’est un comble lorsque l’on sait que ces familles de Wall Street étaient les parrains du corporatisme mussolinien. La Liberty League a même été au cœur de la tentative avortée de coup d’Etat contre Roosevelt en 1934, formant une milice paramilitaire composée d’anciens combattants, à l’image des Croix-de-Feu françaises de 1934.

Il faut ajouter que ces forces opposées au New Deal étaient fortement représentées au Congrès : la peur et les sabotages ont limité les financements demandés pour le New Deal, puis en 1937, s’est formé une majorité conservatrice opposée à la dynamique rooseveltienne. L’opposition était également féroce à la Cour suprême : un groupe de juges surnommés « les quatre cavaliers », hérité de la période Teddy Roosevelt-Taft-Wilson-Harding-Coolidge-Hoover (1901-1933), où la Maison Blanche était aux mains de l’impérialisme financier. Ces quatre juges ont tenté en vain de saboter le New Deal. S’ils ont eu raison de certaines lois, ils n’ont pas réussi à faire annuler la Tennessee Valley Authority et le Social Security Act.

Le New Deal : c’est l’économie physique, idiot !

Ensuite, du point de vue économique, les deux auteurs sont soit incompétents, soit de mauvaise foi. Pourquoi ? Car ils mesurent les effets du New Deal dans le très court terme, le réduisant à de simples « dépenses », et seulement à l’aide de statistiques : aucune considération pour la transformation physique à long terme qu’a engendrée le New Deal. Explication :

Les auteurs reprochent au New Deal de n’avoir pas créé assez d’emploi et d’avoir recouru massivement à des emplois aidés et peu valorisants. Cette affirmation est absolument fausse ! Roosevelt avait deux objectifs : d’abord, pourvoir à l’urgence sociale en créant très vite un maximum d’emplois servant à réparer les infrastructures vétustes du pays (routes, ponts, écoles, etc.). Ce programme repose essentiellement sur la quantité de main d’œuvre employée. Mais comme l’a expliqué Roosevelt dans son discours d’investiture, il fallait « accomplir dans le même temps, grâce à ces emplois, les grands projets dont nous avons besoin pour stimuler et réorganiser l’utilisation de nos immenses ressources naturelles. » En d’autres termes, il s’agit de transformer le territoire, de le développer et de l’équiper pour que les hommes puissent y vivre partout et dignement. Là, on entre dans l’investissement à long terme où l’intensité capitalistique prend le pas sur la quantité de travail : pour construire des barrages et des centrales électriques en masse, il faut beaucoup plus de travailleurs qualifiés, de nombreuses machines et de nouvelles technologies, faisant massivement appel au secteur clé d’une économie productive : la machine-outil, les machines prototypes qui permettent de fabriquer les machines. Si les libéraux reprochent à Roosevelt son recours massif aux emplois aidés, au détriment du secteur privé, en réalité, le privé a indirectement travaillé pour ces premiers chantiers, et dès qu’il a s’agit de grands projets d’infrastructure, l’administration Roosevelt a eu recours à la sous-traitance.

Parmi les grands projets d’infrastructure, on connaît tous les accomplissements de la fameuse Tennesse Valley Authority, qui a permis de contrôler les crues du Tennessee, de le rendre navigable, de produire de l’électricité pour toutes ses vallées et de créer tout un système d’irrigation pour l’agriculture. On connaît un peu moins le Rural Electrification Act, qui a permis à 90% de la population rurale américaine d’accéder à l’électricité. Ainsi, les agriculteurs ont pu mécaniser leur production et améliorer leurs conditions de vie sanitaires et sociales. Cet ensemble de projet a aussi mis à contribution les capacités industrielles inutilisées entre 1929 et 1933, qui tombaient à l’abandon.
 
On voit donc que le New Deal a créé un socle économique nouveau et a permis à l’ensemble des Etats-Unis d’accéder à l’ère moderne. Sans cela, qui aurait pu garantir que les Etats-Unis aient été en mesure de défaire les puissances de l’Axe sur les fronts européen et pacifique, tout en approvisionnant en armes l’Union soviétique et la Grande Bretagne ? 

Car là est un autre mensonge : « Finalement, ce fut sans doute la guerre qui mit fin à la grande dépression », nous dit M. Aftalion. Et bien c’est ne rien comprendre au principe dynamique qui régit l’économie. Pour lui, la production de guerre est bonne pour l’économie : l’Etat dépense massivement et les usines tournent à plein. Pourtant, si l’on réfléchit un peu, on peut se rendre compte que les dépenses de guerre ne sont pas productives : 20 millions d’hommes ont été retirés de la population active pour aller se battre ; les munitions, les fusils, les chars, les bombardiers, les jeeps et autres, par leur existence, n’accomplissent aucune action économique positive, tout en accaparant les capacités de production. Il semble que le doctorat en Finance de M. Aftalion ait pris le pas sur son doctorat de Physique.

La fraude statistique

En ce qui concerne les reproches des libéraux et de Mme Shlaes d’avoir dépensé sans compter pour un résultat médiocre, il est très éducatif d’examiner un critère qui leur est cher : la progression de la dette publique américaine sous Roosevelt. Pendant le New Deal, la dette publique, en pourcentage du PNB, est resté à son niveau de 1933, soit 40%. Ce n’est qu’à partir de fin 1942-début 1943, lorsque l’effort de guerre est total, que la dette publique explose. Il est donc clair que tant que la dépense est productive et orientée vers le long terme, comme dans le New Deal, elle ne coûte pas plus que ce qu’elle crée de richesse réelle dans l’économie.

L’autre mensonge de Florin Aftalion et d’Amity Shlaes est le chômage : c’est leur principal argument pour dire que le New Deal était un échec. Ils reprochent à Roosevelt de n’avoir pu réduire le chômage à moins de 10% de la population active avant que la guerre ne commence. Entre 1929 et 1933, le chômage est passé de 5% à 25% de la population active, soit 7 millions de chômeurs supplémentaires pour un total de 8,5 millions. Selon les chiffres de l’US Census Bureau (l’agence gouvernementale de recensement), entre début 1933 et fin 1936, la population active occupée a augmenté de 7 millions, puis de 5 millions entre 1937 et fin 1940, soit 12 millions de nouveaux emplois nets. Dire que le New Deal « a enfoncé » les Etats-Unis dans la dépression est donc faux et archifaux.

Si l’on peut se demander pourquoi, alors, un tel acharnement sur Roosevelt, la réponse est simple : les intérêts financiers internationaux de Wall Street et de la City n’ont pas abdiqué et comme on le voit avec la politique criminelle de renflouement des spéculateurs, le combat de Roosevelt, contrairement à ce que Shlaes et Aftalion veulent faire croire, est bien celui que la Présidence Obama doit mener.

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Bibiographie :

-* Franklin Delano Roosevelt, ou comment gagner la bataille contre Wall Street et l’impérialisme britannique, Jacques Cheminade, septembre 2000, Roosevelt-de Gaulle-Monnet : Reprendre leur combat (Solidarité et Progrès, 2000) ; http://solidariteetprogres.org/article3372.html


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34 réactions à cet article    


  • Tonton Tall 4 février 2009 14:39

    Bravo ! ça c’est du vrai bon journalisme citoyen !


    • Le péripate Le péripate 4 février 2009 15:25

       Oui, si on veut. Voilà un auteur qui met le mot mensonge à toutes les sauces. Comprendre que lui dit la Vérité.

      Depuis la chute de l’URSS, l’économie administrée n’a plus la côte. Roosevelt est la dernière icône des néo-marxistes et keynèsiens durs. C’est pourquoi effectivement il est important de dire ce qu’à été le New Deal.



      • Bertrand Bertrand 4 février 2009 16:18

        Vous plaisantez M.,

        Les arguments sont là et les principes sont clairs.

        Le problème c’est que vous cherchez à tout mettre dans des boites ("marx", "keynes", "économie administré") au lieu d’utiliser votre raison.
         
        Quant à votre article en lien, c’est du même accabi que les deux tribunes auxquels je réponds avec cet article : jugement idéologique en totale abstraction de la réalité historique.

        Faites vos recherches sur sur la main mise de Wall street sur l’économie et les institutions américaines depuis la mort de Mc Kinley jusqu’à mars 1933. vous remarquerez d’ailleurs qu’ils n’ont pas disparu avec Roosevelt et qu’ils se sont refait une santé après sa mort. Faites vos recherches sur l’aspect transnational de ces groupes d’intérêts et vous verrez ce qu’ils ont fait à l’Europe et ce qu’ils étaient en train de faire aux Etats-Unis.

        voici un très bon documentaire qui donne la perpective historique : http://www.dailymotion.com/video/x6rclo_1932-le-systeme-americain-contre-le_news

        Si vous allez étudier sa vie, ses discours, ses politiques, ses opposants, tout ça dans le texte (plutôt que des articles d’opinions pré-machés), vous verrez que Roosevelt n’était ni un idéologue ni un opportuniste, mais qu’il défendait simplement la tradition constitutionnelle des Etats-Unis.

        Après, je ne dis pas que il a tout fait bien et parfaitement, attention. Par contre lorsqu’un on a à faire à un "héros" de l’histoire d’une nation (et qui a apporté beaucoup pour les autres nations), comme avec de Gaulle, Moulin ou Mendès (qui avaient tous leur défaut, il faut savoir faire la part des choses, car si on abbat nos héros, on abbat notre capacité à se battre politiquement.


      • Le péripate Le péripate 4 février 2009 17:15

         Parce que, bien sûr, l’idéologie, c’est les autres. Vous, c’est la raison. Très intéressant. Enfin, je veux dire, sans intérêt. Les lecteurs pourront comparer. Bien sûr, dans le lien que je donne, il manque la désormais traditionnelle dénonciation anti-tout et anti n’importe quoi. Moins convaincant. Il faut réfléchir.


      • phil2nim phil2nim 4 février 2009 17:55

        @ l’auteur
        Ne perdez pas de temps à répondre , il n’en vaut pas la peine. C’est un provocateur qui cherche à se rendre intéressant.



      • Le péripate Le péripate 4 février 2009 20:39

         Je retiens ce post, Léon, comme le post le plus con que tu aies jamais écrit. J’en fais même une copie, comme un monument à sauvegarder.


      • Le péripate Le péripate 4 février 2009 23:46

         Argumenter sur quoi ? Ce post est con parce qu’il se retourne comme un gant. Par exemple : les étatistes souffrent de l’absence de la mère, et retrouvent dans la névrose étatique l’amour qu’ils n’ont pas eus enfants. Ne pouvant renoncer à sucer leur pouce, ils têtent la mamelle étatique et se masturbent de la main resté libre. Etc....

        Vous trouveriez ça intelligent ? Non. Donc ce post est con, et ce n’est même pas une insulte, c’est un constat. Triste constat.


      • Zalka Zalka 5 février 2009 13:50

        "l’économie administrée n’a plus la côte"

        Merci péripate ! si si ! Merci vraiment de démontrer que pour vous le choix de l’économie, c’est une mode, comme la haute couture.

        Superficialité contre analyse minutieuse, on connait votre choix.


      • Tonton Tall 4 février 2009 17:06

        Le péripate
        comparer Roosevelt avec les cocos ... !?
        + binaire, c’est comment ?


        • Le péripate Le péripate 4 février 2009 17:11

           Tu mets les keynésiens avec les cocos ? C’est toi le binaire.


        • geko 4 février 2009 19:29

          Le péripathétique n’a pas encore trouvé le 1 il en est resté au 0 smiley

          Sinon de l’article ! Bush n’est plus mais ses donneurs d’ordre sont bien en place ! et si tout le réseau informatique de la maison blanche a été changé c’est peut être pour cette raison !

          Un très bon article paru ce mois-ci dans "Alternatives économiques" : "Face à la crise des années 1930, le New Deal roosveltien offre un bilan économique et social médiocre. Mais il aura le mérite d’endiguer les populismes et de permettre des avancées démocratiques".


        • Le péripate Le péripate 4 février 2009 20:44

           Oui, Alternatives économiques, le journal qui se retrouve gratuitement dans tous les casiers des enseignants, celui qui continue à m’envoyer leur prose absurde malgré que je leur ai signifié la fin de mon abonnement, tout comme d’ailleurs la prose du PS. 


        • geko 4 février 2009 21:12

          Je ne suis pas enseignant et je paie pour lire Alternatives économiques ! Les proses du PS n’ont jamais polluées ma boîte aux lettres !

          Je cite cet article car il sort des caricatures de bouquins d’école justement ! côté prose l’économie c’est pas vraiment de la poésie !


        • Le péripate Le péripate 4 février 2009 23:07

           geko, vous vous faites avoir. Résilier votre abonnement, et...... vous verrez. smiley


        • geko 5 février 2009 08:51

          @ Philippe Renève

          Les postulats sont souvent à l’origine des plus grandes escroqueries intellectuelles comme par exemple la rationalité des agents économiques !


        • Nathan Nathan 4 février 2009 18:28

          Merci au commité de rédaction de suppripmer ce message, il s’agit d’une erreur.


        • armand armand 4 février 2009 18:38

          Les propres partisans de Roosevelt lui reconnaissaient une tendance à passer en force - comme nous sommes encore en 1935, certains iront jusqu’à le comparer à Hitler, Mussolini ou Staline en affirmant que la crise impose de ne pas se laisser entraver par les formes légales.

          Certeines mesures, en effet, surprennent dans un pays comme les USA, comme le décret interdisant aux particuliers de posséder de l’or... qui n’a été révoqué que sous Nixon !
          Les Etats-Unis n’ont jamais rechigné à laisser leur président suspendre les garanties constitutionnelles si la situation passe pour exceptionnelle. Ensuite c’est à la postérité de juger. Lincoln (qui a suspendu l’Habeas Corpus, fait arrêter et mettre au secret des milliers de personnes, ordonner l’invasion militaire d’une partie du pays) ainsi que Roosevelt passent pour de très grands présidents. Bush, se fondant sur des mensonges, a fait pareil en profitant du choc du 11 septembre.
          C’est un peu le syndrome de Cincinnatus - ce Romain qui accepta de devenir dictateur le temps qu’il fallait, puis qui est retourné à sa charrue lorsque le danger était passé - dont la légende était fort prisée en Amérique au XIXe siècle.


          • Le péripate Le péripate 4 février 2009 20:21

             Le décret interdisant aux particuliers de posséder de l’or est tout, sauf innocent ou idiot. La question était bien d’interdire la vraie monnaie, afin d’imposer la monnaie de singe de la Fed.


          • Le péripate Le péripate 4 février 2009 23:14

             Oui, j’ai lu cette page. Et d’autres de Rideau, qui a une manière assez personnelle de dire les choses. Il se trouve que je suis aussi un lecteur attentif de Girard, et, dans ce contexte, Rideau a une réflexion qui m’a intéressé. Le jour où vos proses ne seront plus le prêt à penser d’Alternatives économiques sur un vieux fond corporatiste, j’accepterai certainement de vous des remarques sur l’originalité ou non d’un propos.


          • Nethan 5 février 2009 02:37

            « l’adoration religieuse de l’État comme une autorité surnaturelle toute puissante. » 

            Phrase amusante quand l’extrème inverse prône une main invisible qui est elle réelement surnaturelle.

            Ce lien risque d’être amusant à lire ^^ 


          • pierrot123 5 février 2009 08:28

            Cet article méritait pourtant mieux que cette lamentable dérive des commentaires...(Mais c’est une des lois de l’Internet : le premier commentaire qui dérape envoie tout l’attelage dans le décor, et, comme on dit : "c’est moche !"...


            • Bertrand Bertrand 5 février 2009 09:59

              Merci à tous d’avoir foutu ce post en l’air pour des futilités.

              Ca me fait penser aux couvertures des médias sur les finances Royal, de Kouchner, de Dray et toute les attaque systématique en terme de camps et d’idéologie, alors que le pays et le monde s’enfonce dans une crise dont on pourrait ne ressortir qu’àprès une destruction totale de la société et de ce qui nous reste de république.

              Mon espoir réside cependant dans la majorité des lecteurs de l’article qui n’ont probablement pas perdu leur temps à faire des commentaires et qui ont réfléchi à ce qui y était développé. Souvent les plus intéressant sont ceux qui se taisent...car ils pensent !

              Un jour, les idées finiront par vaincre les idéologies ! C’est inévitable mais faisont en sorte que ca ne tarde pas trop.

              A bon entendeur, salut.


              • faxtronic faxtronic 5 février 2009 11:24

                Ben en fait. Car la question de ton article c est : est ce le retour de l etat au poste de l economie une bonne chose ou non, ou formuler autrement : est ce que Roosevelt est il meilleur ou non que Reagan, ou bien est ce que la main invisible est elle plus efficace et sensee que la gouvernance.

                Si je pense en regle generale que la main invisible est plus efficace, je pense aussi que cette efficacite se traduirait par des tensions telles que la resurgence de fascismes et autre populisme et guerres mondiales sont a craindre. Donc je suis pour une regulation etatique et democratique forte.


              • sisyphe sisyphe 5 février 2009 13:15

                Excellent article, qui remet les choses en place, à propos de Roosevelt et du New Deal. 
                Evidemment, il fallait s’attendre aux sursauts d’ndignation des pauvres libertariens, pour venir polluer ce fil ; ce qui fut fait par le plus dogmatique de leurs représentants sur ce site. 
                Bah : il est tellement connu comme le loup blanc dans le poulailler, que ça ne sera pas d’un grand préjudice.

                Il est largement temps, en effet, que l’état reprenne ses droits vis à vis des puissances financières et des banksters de tout acabit. 

                A ce sujet, on relèvera, l’incroyable réaction de la guignolesque Parisot, à la saine décision d’Obama de limiter les salaires des patrons des entreprises aidées ; je la reproduis in extenso, parce que ce n’est pas tous les jours, qu’on peut se payer une telle tranche de ridicule :

                ""C’est un grand risque. C’est le risque que partent des hommes ou des femmes qui sont peut-être pour partie responsables du drame économique actuel. Mais qui sont aussi les plus compétents pour mettre en place les solutions",  smiley smiley smiley
                "C’est aussi le risque de créer un équivalent de nationalisations dont l’histoire a prouvé qu’elles provoquaient toujours à moyen terme des formes de déclin économique."


                "Nous serions très inquiets si le gouvernement devenait (...) chef d’entreprise lui-même. Il faut laisser à l’entreprise la liberté de fonctionner. C’est à cette condition qu’elle est créative et efficace"

                Si ce n’était aussi dramatique, vu la conjoncture, il y aurait vraiment de quoi se payer une franche poilade, non ? 
                 smiley


                • armand armand 5 février 2009 13:22

                  sisyphe,

                  Pour une fois d’accord, cet interview de Parisot est... surréaliste.
                  Et on pourrait lui rappeler que limiter le salaire des patrons était une idée de ce dangereux rouge qu’était le banquier J.P Morgan... qui estimait qu’à plus d’un rapport de 1 à 25 au sein d’une entreprise on mettait à mal la cohésion


                • Zalka Zalka 5 février 2009 13:53

                  Bon article, clair, concis, argumenté, documenté.


                  • Internaute Internaute 5 février 2009 14:09

                    Cet article est superficiel et tandencieux. La principale critique contre les anti-new-deal se résume à l’inépuisable référence à Hitler.

                    « ...comme US Steel ou la Standard Oil, fameuse pour avoir commercé avec le régime nazi avant et pendant la guerre. »

                    Bouh qu’il est laid, j’ai peur.

                    Alors là je me marre. La Standard Oil était la propriété des Rockefellers dont on utilise dans d’autres articles des citations pour les accuser de préparer le pouvoir juif mondial. Il faudrait quand-même savoir. Ou bien Rockefeller soutient Hitler ou bien il prépare le pouvoir juif mondial mais pas les deux à la fois.

                    Revenons à des choses plus sérieuses. Les principaux adversaires des théories de Keynes et du New deal sont les élèves de l’école autrichienne. Vous trouverez sur leur site un tas d’articles précis, bien documentés et qui ne sont pas écrits sous le coup de la colère. Pour le New Deal, on peut taper New Deal dans leur barre de recherche et lire par exemple celui qui s’appelle "The disaster called the new deal".

                    http://www.mises.org/


                    • Bertrand Bertrand 5 février 2009 16:15

                      tu dis "La principale critique contre les anti-new-deal se résume à l’inépuisable référence à Hitler."
                      je dis "relis l’article"

                      tu dis "Les principaux adversaires des théories de Keynes et du New deal (...)"
                      je dis "Y’a que dans les livre scolaire qu’on apprend ça"

                      Non, sérieusement, Keynes est un monétariste qui pense que ce qui compte c’est la dépense, la circulation de l’argent, il disait même que payer des gens à creuser un trou puis le reboucher c’était utile. On peut mettre Martine Aubry dans le même sac que Keynes, mais pas Roosevelt. Roosevelt s’est même plein de lui après leur rencontre à washington en disant : "il m’a laissé une ribenbelle de chiffres. C’est un mathématicien mais certainement pas un économiste politique". Tout est dit.


                    • sub_persifl sub_persifl 6 février 2009 23:36

                      Merci pour votre article particulièrement instructif.

                      A la lecture du discours d’investiture de Roosevelt, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec la situation actuelle.
                      Aux mêmes causes les mêmes effets.
                      La petite France (et son peuple) est bien mal lotie avec son petit président pour faire face à ce désastre.


                      • Bertrand Bertrand 7 février 2009 09:52

                        Oui mais viendra rapidemment le moment où Sarkozy aura le choix entre fuire, se faire couper la tête ou défendre l’intérêt général. Ca parrait pas gagner vu d’aujourd’hui, mais en France aussi on a durement combattu les intérêts financiers : le CNR et Charles de Gaulle, ces gens qui ont vu et subit la collusion entre les élites économiques du pays et le fascisme/nazisme. La loi du 2 décembre 1945 a nationalisé les banques pour y faire le ménage et surtout à nationalmisé la banque de France, dehors les "200 familles". C’est cette action décisive (qui remettait le crédit et l’émission de monnaie sous l’autorité de l’Etat) qui a permis à la France de reprendre sa souverainté et son indépendance.
                        Et en ça, de Gaulle a fait ce que Blum voulait et avait commencé à faire en 1936 avant d’être saboté par ces 200 familles. Et Blum était un ami proche de Roosevelt et il voulait avoir le contrôle du crédit pour financer ce qu’il voyait comme un New Deal à la française.
                        Tou ça c’était seulement quelques décennies en arrière, pas si loin, quelques heures à l’échelle de l’histoire !...


                      • sub_persifl sub_persifl 7 février 2009 10:20

                        Merci pour ces précisions. Vous m’apprenez beaucoup de choses. 
                        A l’instant même, j’écoute une émission sur France Culture "Roosevelt : les cent premiers jours".
                        cordialement


                      • Phil 27 février 2009 20:03
                        Le new deal est un mythe propagé par les vainqueurs de la guerre. La politique économique de Roosevelt était directement inspirée de celle de Mussolini.
                        Pourtant son échec est indiscutable : 18% de chômeur en 1939, traitez-moi de révisionniste, je n’appelle pas ça une réussite !
                        Trotsky disait lui même :
                        « Le New Deal n’a été possible qu’en raison des richesses colossales accumulées par les générations précé­dentes. Seule une nation très riche pouvait se permettre une politique aussi extravagante. Bien plus, une telle nation ne peut pas continuer indéfiniment à vivre aux dépens des générations passées. »

                        • Bertrand Bertrand 27 février 2009 20:55

                          A ces affirmations, Phil, je demande des arguments plutôt qu’un slogan séduisant, sans quoi ce ne serait que bavardage.

                          Pour ce qui est de l’avis de Trotsky, ce qu’il dit n’est pas entièrement faux, mais si on réfléchit deux minutes, on se rendera aisément compte que si le New Deal a cherché à faire revivre la grandeur industrielle et progressiste héritée du développement de l’après-guerre de Sécession (cet héritage avait été détourné depuis 1900 et partiellement détruit avec 1929), l’ère Roosevelt à fait passer un cap au pays, établissant un socle économique qui a permit à des centaines de millions de gens de vivre, jusqu’à la destruction post-industrielle lancée dans les années 70 jusqu’à nos jours.

                          Pour sauver les Etats-unis d’un marasme où le nombre de morts se compterait en millions, Obama et les dirigeants américains devront donc faire mieux que Roosevelt sans toutefois en avoir le talent et la vision.

                          Ceux qui orchestrent la campagne anti-Roosevelt d’hier et d’aujourd’hui ne cherchent qu’à détruire ce pays dont le monde entier attend avec impatience le réveil, contre l’oligarchie, contre le libre-échange, contre Wall Street et contre la géopolitique foireuse anglo-saxonne.

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