Bitcoin, cas pratique : le Venezuela
Alors que la lutte pour le pouvoir s’intensifie chaque jour entre le président Maduro et celui du parlement Juan Guaido, le peuple vénézuélien est livré à lui-même.
Les privations sont multiples : nourriture, médicaments, électricité sont autant d’éléments de base que la population essaye désespérément de se procurer.
Encore faut-il avoir les moyens de les payer, sachant que l’inflation a dépassé les 100% par mois l’an dernier !
Une boîte d’antibiotiques coûte 9000 Bolivars (environ 8 euros), soit le niveau du revenu mensuel minimum, que Nicolas Maduro a déjà augmenté 25 fois depuis son arrivée au pouvoir en 2013.
La crise politique se conjugue – comme souvent – avec une crise monétaire qui amène son lot de mesures répressives contre l’épargne publique.
Afin d’éviter que les déposants ne retirent massivement leurs avoirs auprès de banques en qui ils n’ont plus confiance, la limite journalière de retrait a été fixée à 10 Bolivars, ce qui permet d’acheter deux œufs au marché.
Ceux qui avaient la chance d’avoir des devises étrangères en compte en sont pour leurs frais. Leur utilisation est encore plus surveillée par les autorités qui redoutent l’exode des capitaux.
Comment faire pour s’en sortir ?
Chaque jour, 2000 personnes quittent le pays en espérant trouver meilleure fortune ailleurs et aider leur famille restée sur place.
Encore faut-il pouvoir leur faire parvenir des fonds, compte tenu des restrictions bancaires précitées et du fort taux de criminalité.
C’est dans ce cadre que le Bitcoin, en tant qu’actif numérique infalsifiable et transférable en un clic, prend tout son sens.
Depuis la série de dévaluations du Bolivar entamée l’été dernier, le volume de transactions en Bitcoins au Venezuela explose selon le site Localbitcoins.
Alors que moins de 180 Bitcoins par semaine s’y échangeaient début 2018, ce chiffre a décuplé au mois de décembre, représentant plus de 6 millions de dollars de transactions hebdomadaires.
Localbitcoins est une plateforme mettant en relation vendeurs et acheteurs de Bitcoin partout dans le monde.
Ce n’est pas une bourse d’échange à proprement parler. Les transactions se font de gré à gré, comme suit :
- Admettons que Pedro, un migrant vénézuélien établi aux USA, veuille envoyer des Bitcoins à sa famille à Caracas
- Pedro achète des Bitcoins sur une bourse d’échange de Bitcoins aux USA
- Pedro trouve un acheteur potentiel de Bitcoin au Venezuela sur Localbitcoins, avec qui il définit les modalités d’échange
- Pedro consigne ses Bitcoins sur Localbitcoins pour initier la transaction.
- L’acheteur remet les fonds à la famille de Pedro en cash ou par virement bancaire
- La famille confirme bonne réception des fonds. Les Bitcoins sont alors libérés par Localbitcoins en faveur de l’acheteur.
Le Bitcoin est donc un moyen extrêmement sûr d’envoyer des fonds au pays, en un minimum de temps et de frais, sans aucune interférence possible par le gouvernement.
Petro-flop
Devant la popularité grandissante du Bitcoin, Nicolas Maduro a lancé une crypto-monnaie nationale appelée « Petro », dont chaque unité est soi-disant garantie par un baril de pétrole, ressource dont le pays regorge.
Selon le bloggeur vénézuélien Eduardo Gomez dans un podcast avec Anthony Pompliano, des émissaires du gouvernement sont allés demander aux alliés du pays (Chine, Russie, Turquie, etc) d’acheter du Petro en échange de leur monnaie nationale, afin d’augmenter les réserves de devises du Venezuela.
Ils sont rentrés de leur mission bredouilles, s’étant vu dire qu’on leur achèterait volontiers du pétrole, mais pas du Petro.
L’Etat entend aussi imposer le Petro à sa population, qui le tient en aussi basse estime que le Bolivar.
Ce fiasco montre bien que les gens ne sont pas dupes.
Le Bitcoin a de la valeur car il n’est manipulable par aucune autorité et repose sur un réseau mondial et ultra-sécurisé, contrairement au Petro.
Or : loin des yeux, loin de la poche
Comble de l’ironie, Nicolas Maduro a tenté de rapatrier 14 tonnes d’or déposées auprès de la Banque d’Angleterre et s’est vu opposer un refus cinglant, sur pression des Etats-Unis qui lui préfère son opposant Guaido.
C’est tout le problème de l’or : il n’est pas transportable facilement et peu adapté aux échanges commerciaux.
Si l’Etat avait diversifié ses réserves de devises en Bitcoin, il y aurait accès en tout temps. Il pourrait l’utiliser pour commercer librement avec l’étranger, sans être entravé par les sanctions américaines.
L’exemple du Venezuela montre que ce qui est bon pour le peuple l’est aussi pour l’Etat, et qu’il vaut mieux prévenir que guérir.
Le Bitcoin n’est pas cet inutile et énergivore monstre financier que ses détracteurs dépeignent. Il rend service à des milliers de personnes prisonnières de gouvernements aux abois. Il permet d’échanger et de conserver de la valeur de façon autonome.
Le Bitcoin, c’est la liberté.
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