Délit d’initié autour de Fortis ?
Le juge d’instruction belge Michel Claise, spécialisé dans la grande fraude fiscale et la criminalité financières, enquête sur un possible délit d’initié. En septembre 2008 puis le 3 octobre suivant, veille de la vente de Fortis à BNP Paribas, la holding Bois Sauvage s’est délestée de 4,6 millions de titres sur les 5,1 millions qu’elle détenait... Des personnages bien connus des milieux d’affaires risquent l’insomnie - et plus, si affinités.

On apprend, via le quotidien économique flamand De Tijd, que la holding Bois Sauvage, bien connue dans les milieux d’affaires belges, détenait encore en portefeuille 5,1 millions d’actions Fortis fin juin 2008. En août, alors que l’action était encore cotée à 5,4 euros, la holding s’est délestée d’un million de titres. Et le vendredi 3 octobre, juste avant la cession à BNP Paribas, elle a encore vendu 3,6 millions de titres Fortis. Quelques jours plus tard, l’action chutait à 0,7 euro.
Une enquête pour délit d’initié est ouverte depuis plusieurs mois au parquet de Bruxelles, dans le cadre de laquelle une perquisition s’est déroulée la semaine dernière dans les bureaux de la holding. Cette dernière est notamment actionnaire de la Banque Degroof, de Cofinimmo, Delhaize, Ter Beke, Neuhaus et Recticel. Interrogé par nos confrères, Vincent Doumier, administrateur délégué, a simplement déclaré que « La Compagnie du Bois Sauvage a pris connaissance d’articles de presse selon lesquels elle serait soupçonnée d’avoir bénéficié d’informations privilégiées lors de la réalisation d’une partie importante de son portefeuille Fortis. La Compagnie du Bois Sauvage a répondu à toutes les questions qui lui étaient posées dans le cadre des enquêtes en cours et affirme avec vigueur qu’elle n’a rien à se reprocher ».
Un chevalier pas très blanc
Reste que selon des sources proches de l’enquête, le parquet dispose d’indications concrètes selon lesquelles la Compagnie du Bois Sauvage a vendu pour plusieurs millions d’euros d’actions Fortis en tant qu’initié. On sait aussi que le juge Claise n’est pas un rigolo qui inculpe sur un coup de tête. En cas de condamnation, Bois Sauvage encourt une amende pouvant aller jusqu’à trois fois la valeur des actions vendues. Les enquêteurs n’ont pas encore identifié formellement l’origine de l’information qui a permis à Bois Sauvage de vendre ses actions juste avant qu’elles ne perdent toute valeur ; ce ne peut être qu’un membre influent de la direction. Cet épisode risque de jeter un discrédit considérable sur la réputation de cette holding, vedette des affaires belges, et surtout sur celle de son président, Guy Paquot. La presse avait rapporté qu’en 2006, Paquot, fait Chevalier en 2000, avait investi dans une société danoise du nom de « Trois à Deux », dont l’activité principale était l’exploitation de sex-shops particulièrement glauques à Copenhague (voir photo). On cite même l’exploitation, dans les locaux de cette société, de prostituées forcées issues de la traite d’êtres humains. Autre administrateur de Bois Sauvage éclaboussé : Jean-Claude Daoust, past-président de la FEB, autrement dit le « patron des patrons » belges sortant. Un comble, dès lors que Daoust a fait de l’éthique des entreprises son cheval de bataille... Enfin, on trouve encore parmi les administrateurs de la holding un certain Pierre-Yves de Laminne de Bex, qui se présente comme le descendant de Charlemagne. Que du beau monde, en somme...
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