En défense des 3000 euros par mois et moins !
Partage des richesses, pour une défense de tous les prolétaires à 3000
euros par mois et moins.
Poser un tel chiffre semble arbitraire. Il s’agira d’argumenter pour réduire cet arbitraire, pour vérifier sa pertinence. Depuis aout 2007, la crise financière et économique est devenue sociale tant au sud qu’au nord. Au nord les couches moyennes et très modestes s’appauvrissent au sud les peuples meurent . Dans le même temps les très riches s’enrichissent tant au nord qu’au sud. Comment stopper la spirale infernale.
Qui sont ceux d’en-bas ? Quelle alliance entre couches sociales implique une telle défense ? La notion de peuple-classe opposée à peuple-nation apparait trop globale, trop politique. Elle ne parle pas à tous. Procédons autrement. En proposant une problématique relativement claire à partir des niveaux de revenus. Et encore sans considérer les revenus foncier et les revenus financier . Trop complexe. Mais en se focalisant sur les dynamiques d’accroissement ou de décroissance salariale.
I - Les lieux de basculements qualitatifs en fonction du revenus.
Ils forment des barrières entre couches sociales.
A) Ceux d’en-haut.
Au sommet : "Les très hauts revenus (THR) augmentent plus rapidement que la masse des revenus, tandis que la majorité des revenus (90 % des foyers) voient leur revenu augmenter moins vite que la masse des revenus". Voilà un résultat de l’étude de Camille Landais (1) aisé à retenir et qui mérite d’être retenu tout autant que la publicité soudaine du niveau du salaire moyen et du salaire médian. Ce propos précise le niveaux de décrochage de revenus des THR. Au sein des 5% des foyers les plus riches, les revenus ont augmenté de 19% ; au sein des 0,1 les plus riches de 32% et au sein des 0,01 les plus riches de près de 43%. Sur le tableau d’évolution des revenus ces deux dernières courbes (0,1 et 0,01 les plus riches) sont nettement montantes surtout la dernière. L’auteur ajoute que la France rompt avec 25 ans de grande stabilité de la hiérarchie des salaires. Outre les revenus mobiliers et les revenus fonciers l’étude montre une apparition dans la période récente (depuis 1998) de très hauts salaires, ceux des top-managers, des traders et des banquiers.
B) L’alliance à réaliser plus en-bas.
1) Tout en-bas : Le lumpen-prolétariat doit vivre décemment. Pour les sous-SMIC, il s’agit d’éviter la spirale de la misère et de se retrouver à la rue. C’est évidemment très important. Mais pour préserver une alliance sociale, il faudra éviter de "prendre à Pierre pour donner à Paul" car ce serait du misérabilisme et de la division entre couches sociales proches en conditions de vie .
2) Au dessus, mais néanmoins en-bas : Les prolétaires. Le niveau de franchissement du prolétariat se situe là ou il devient possible de vivre avec une petite capacité d’épargne dégagée chaque mois. Une alliance de couches sociales entre lumpen-prolétaires et prolétaires permettrait de changer la donne. Sans cette alliance aucun changement décisif ne semble possible. En outre cela suppose un rapport de force contre les riches, la bourgeoisie.
a) Réhabiliter la notion de prolétaire.
Le prolétaire n’est pas seulement le travailleur salarié qui vend sa force de travail pour vivre à un capitaliste. C’est aussi, en quittant la sphère de la production pour la sphère de circulation des marchandises produites, celui qui épuise son salaire dans le mois pour la reproduction de la force de travail ; autrement dit le loyer ou les prêts immobiliers pour l’achat de l’appartement ou la maison, l’entretient de la famille (nourriture, santé, scolarité, etc..). En 2009 en France et dans les pays similaires ce montant est grosso modo de 3000 ou 3200 euros ce qui correspond à 2 X le SMIC revendiqué (qui est donc de 1500 ou 1600 euros selon les syndicats de travailleurs).
Cette approche n’est pas fondée sur les notions de salaire médian ou moyen mais plutôt avec le coût de la vie, le type de fiscalité, et surtout la présence de service public sur le territoire. Des études scientifiques ont validés ce point comme étant plus déterminant que la fiscalité pour la redistribution des richesses.
b) Quelques points de repères supplémentaires pour renforcer le propos.
Vivre avec une famille avec un seul salaire à 3000 ou même 3200 euros ne permet guère d’épargner baucoup, juste un peu pour le livret A et obtenir un prêt immobilier de longue durée . Rien à voir avec les individus nettement plus aisés qui gagnent le double 6000 ou 6400 euros (soit 4 fois le SMIC revendiqué). Gagner deux fois l’équivalent de ce qui constitue le seuil du prolétariat donne un pouvoir d’achat proprement extraordinaire. Cela autorise une démultiplication des revenus, avec revenus fonciers, revenus financiers, etc... Et pourtant avec 6000 euros par mois on est encore loin des très grandes fortunes. Encore plus loin des multi-milliardiaires qui ne savent plus ce qu’ils possèdent !
Si la famille a deux salaires dont un à 3000 euros par mois, la vie permet de sortir de la condition prolétarienne mais sans être cependant un riche, loin de là . On peut appeler un couple disposant de 4500 à 5000 euros des « salariés en aisance limite ». Un rien peut encore faire basculer dans la condition prolétarienne. Il suffit qu’il y ait du chômage, ou plus simplement des études à payer et un loyer à un jeune étudiant et les fins de mois deviennent juste. Les frais de route emputent aussi le budget de ceux ou celles qui travaillent loin de chez eux.
II - Quelle politique de classe pour cette alliance d’en-bas.
1) Il ne suffit pas de défendre seulement le "bloc des 3000-3200 euros par mois et moins. Il faut aussi briser la dynamique d’accaparement des richesses par une petite minorité qui opère une énorme captation de richesse. Captation infondée de par son énormité mais aussi par le fait qu’il s’agir de plus des responsables de la crise que nous subissons. Il y a les responsables politiques qui ont édictés les règles, les dirigeants économiques impliqués dans le secteur financier bancaire mais aussi dans l’industrie qui ont permis la reproduction systémique de ce qui s’apparente à une énorme fraude.
2) Ce qui importe aussi c’est l’accès au travail et à l’évolution dans le travail. Ne pas rester trop longtemps au chômage puis ne pas rester trop longtemps avec le SMIC.
3) Disposer d’un minimum de revenu pour les "sans emploi" est nécessaire pour éviter la pente vers la rue, donc de se retrouver "sans logis". Défendre un véritable service public national du logement est nécessaire en plus de l’augmentation des minimas sociaux et du SMIC..
4) D’autres solutions sont à débattre : le statut de salarié permettant après formation qualifiante de passer à un autre emploi . La réduction du temps de travail car certains travaillent trop et d’autres non. Il faut aller vers une application du principe fondamental qui exige qu’en société "nul de soit exempt -sauf exception - de participation à la production de l’existence sociale", qu’il s’agisse de production marchande ou non marchande.
Christian Delarue
Cf. Les hauts revenus en France (1998 -2006) : Une explosion des inégalités ? Camille Landais. Cet économiste reprend et actualise les séries d’étude de Piketty pour la période récente.
45 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON