Il y a quelque chose de pourri...
La crise des subprimes a provoqué à ce jour près de 26 000 licenciements parmi des grands noms de la finance mondiale comme Citigroup, HSBC, UBS, Crédit Suisse entre autres... Ainsi, à eux seuls, Citigroup et Lehman comptent-ils à leur actif près de 8 100 licenciements.
La crise des subprimes a provoqué à ce jour près de 26 000 licenciements parmi des grands noms de la finance mondiale comme Citigroup, HSBC, UBS, Crédit Suisse entre autres... Ainsi, à eux seuls, Citigroup et Lehman comptent-ils à leur actif près de 8 100 licenciements. Du reste, ces derniers ont liquidé plus de 5% de leur division des marchés financiers en dépit de pertes dues aux subprimes ne s’élevant qu’à 1,5 milliard de dollars comparées aux quelque 24,5 milliards de Morgan Stanley. Morgan Stanley qui a déjà procédé au licenciement de près de 2% de ses effectifs mondiaux se montant à quelque 48 300 salariés. Pour mémoire, Morgan Stanley a connu son premier trimestre négatif depuis la création de la banque en fin d’année dernière.
Une question s’impose : comment expliquer que les bonus à la City de Londres ne soient en baisse que de 16% par rapport à ceux de l’année dernière ? Effectivement, les gratifications s’élèveront cette année à globalement 14 milliards de dollars et représenteront la seconde meilleure année en termes de distribution de bonus sur la place financière londonienne...
Dans ces conditions, les tribulations d’un trader de la Société Générale ayant coûté quelques milliards de dollars ou d’euros à son établissement ainsi que son rachat vraisemblable par une autre entité bancaire ne pouvaient tomber au plus mauvais moment. La confiance envers le système bancaire était déjà au plus bas avant ce sombre événement du fait de l’incompétence et de la gourmandise de bien de nos professionnels. Cette fraude ou escroquerie présumée du trader de la Société Générale nous rappelle trop celle de Nick Leeson ayant précipité Baring dans la faillite. Tous deux avaient appris à dissimuler leurs pertes grâce à leur expérience dans le back-office, tous deux avaient caché cette perte un long moment et tous deux exigeaient des bonus toujours plus élevés... Nos deux compères nous font également penser à Hamanaka, "Monsieur 5%", qui avait manipulé pendant dix ans le marché du cuivre chez Sumitomo, ou à Peter Young qui, après avoir entraîné Morgan Grenfell dans des pertes abyssales, se présentait devant ses juges londoniens en robe !
Comment expliquer les pertes de la Société Générale alors que les secteurs de la révision et du contrôle internes, la fameuse compliance, ont connu une progression spectaculaire ces dix dernières années ? Certes, on ne peut mettre un inspecteur derrière chaque trader... Pourtant, ce mot de "banquier" qui, antan, inspirait confiance et respect car représentant un des piliers de notre capitalisme triomphant, ce mot est pratiquement devenu une insulte ! De fait, la réputation des banquiers s’est dégradée à mesure que leurs bonus excessifs atteignaient des sommets. On ne peut - ni ne doit - condamner l’ensemble de la profession du fait d’un trader véreux ou stupide mais il n’en reste pas moins que ces 5 à 7 milliards d’euros perdus par lui à cause de mauvaises opérations ou de mauvais paris rejoignent les 90 milliards d’euros volatilisés dans les subprimes et donnent du coup une image et une ampleur dramatiques du monde et de l’état actuel de la finance. Manque de discipline, appât du gain démesuré, culture du court terme sont autant de qualificatifs qui s’appliquent à l’immense majorité de nos professionnels. Le monde a été rudement sinistré par ces banquiers qui, dans l’espoir de récolter des bonus intéressants, se sont mis à convertir en titres les prêts hypothécaires des classes moyenne et pauvre aux Etats-Unis avant de les revendre à d’autres professionnels en mal de rentabilité... Certes, la recherche de profits est louable dans notre système. Cependant, un minimum de discipline, de tempérance et de vision à moyen terme aurait évité de poursuivre la commercialisation de titres ne valant plus rien et nous aurait évité une crise si aiguë ! L’appât du gain se doit d’être entouré de valeurs et de garde-fous qui le régulent. Il y a quelque chose de pourri dans le monde de la finance...
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