L’Europe face aux défis de l’environnement
Il est des évidences qu’on ne se lasse pas de rabâcher : l’énergie est un des plus grands défis que devra relever l’Europe ! Pour des considérations environnementales, pour des raisons économiques et pour des motivations d’indépendance et de politique, l’énergie et son corollaire environnemental doivent être au cœur de l’action européenne, qui est l’échelon le plus pertinent pour donner les grandes impulsions sur ce thème. Alors qu’en est-il aujourd’hui, et que faisons-nous ?
Les considérations environnementales sont si nombreuses et connues qu’il vaut mieux suivre ce lien que de refaire le dessin. Un bon film vaut mieux qu’un long discours.
Lorsque le président Poutine annule en quelques semaines trois collaborations en Russie de trois majors énergétiques européens (BP, Shell et Total) il faut s’inquiéter de notre dépendance vis-à-vis de notre voisin russe, dont nous tirons 30% de notre consommation de gaz naturel. Quant à notre dépendance envers le Moyen-Orient pour le pétrole, l’habitude ne la rend pas moins effrayante.
Pour atteindre « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010 »[1] il n’est pas absurde de faire porter un effort tout particulier sur la recherche énergétique qui embrasse à peu près tout le spectre des sciences. Une économie de l’environnement recèle un fort potentiel de croissance et, à l’inverse, une économie qui voudrait nier cette donnée serait confrontée à une grave crise (cf. rapport Stern du 30 octobre 2006) .
Parce que, dans ces différentes facettes, ce problème « n’est pas limité au territoire malheureux de notre pays », c’est par l’Europe que doivent passer les mesures politiques qui prétendent le résoudre.
Pas plus que le nuage de Tchernobyl ne s’arrête à la ligne des Vosges, la pollution atmosphérique, le réchauffement de la planète et la politique énergétique ne peuvent être efficacement être traités au niveau national.
Il faut raisonner avec l’Europe d’abord, et avec le monde ensuite.
Et puisque ce sujet, paraît-il, passionne les citoyens de l’Europe, il n’est sans doute pas inutile de rappeler ici que l’Union européenne a un bilan dont elle peut être fière. Dont nous pouvons être fiers.
L’Europe s’est attachée à mener le combat sur trois fronts simultanés :
- L’intégration des marchés et des systèmes énergétiques en Europe
- La recherche et le développement sur des sources d’énergie nouvelles
- La régulation des émissions polluantes
D’abord sur l’organisation du réseau de transport et des interconnexions. Sans trop de heurts, elle est parvenue à mettre en place un réseau interconnecté sur le transport d’électricité. Les hubs des terminaux méthaniers redistribuent le gaz efficacement. Le système d’échange powernext fonctionne correctement. En très peu de temps, un marché européen intégré de l’énergie et des permis de polluer a été mis sur pied.
Ensuite le projet de réacteur ITER. Sans aller dans les détails techniques, le projet ITER vise à recréer un « soleil en chambre ». Si le projet fonctionne, il sera une véritable révolution. Il y a six participants au projet ITER, l’UE comptant pour un seul (USA, Russie, Japon, Corée du Sud, Canada, Europe). Au départ, plusieurs pays européens avaient postulé pour accueillir le site, mais nous sommes finalement (et difficilement) parvenus à une candidature européenne unique, et l’Europe a finalement gagné. L’Europe est donc parvenue à s’unir, d’abord pour fédérer une coopération internationale sur un projet stratégique, et ensuite pour unir ses forces dans la négociation afin que ce projet soit installé en Europe. Les rapports conflictuels du deutérium et du tritium seront enfin exploités moyennant une dizaine de milliards d’euros grâce à l’Union européenne. L’avenir nous dira si le projet ITER est une réussite ou non, mais d’ores et déjà, le discours de la méthode est le bon !
Citons aussi le fonds de recherche du charbon et de l’acier, qui a permis de développer des technologies augmentant de 30% la production d’énergie pour un taux émis de CO2 stable.
Beaucoup de ces points sont récapitulés dans Le « Livre vert » de mars 2006 présenté par la Commission, qui pose de manière très pragmatique le calendrier des actions et les buts à atteindre.
Enfin, sur les émissions polluantes,
Le Parlement européen a cédé aux lobbies et un compromis a été adopté qui repousse la mise en application de la nouvelle norme. En novembre 2006 l’assemblée plénière devrait adopter l’application de la norme à partir du 1 septembre 2009. Ce délai est regrettable, mais c’est déjà réjouissant que l’Europe prenne le mors aux dents et force son chemin.
Voilà, l’Europe de l’environnement ne se fera pas en un jour, mais jour après jour elle se fait. Au milieu de difficultés et de tiraillements, mais elle se fait. Disons-le, et prenons notre part dans ce cheminement. J’ai écrit à la seule députée de ma région électorale qui siège à la Commission de l’environnement pour lui demander de s’expliquer. Je vous tiendrai au courant de sa réponse éventuelle !
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