L’européanisation des Etats-Unis !
La nation la plus riche et la plus puissante du monde n’est plus ce qu’elle était et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour nous ! En fait, l’essence même du modèle économique américain s’est aujourd’hui diluée dans une fièvre dépensière obsessionnelle, sorte de fuite en avant morbide… C’est ainsi que, quelle que soit leur étiquette politique, les gouvernements US successifs depuis le tournant du siècle ont rivalisé en dépenses sans nullement chercher à compenser par une majoration de la taxation. En effet, les engagements de l’Etat fédéral ont échappé à tout contrôle tant sous George W. Bush que sous le Président Obama et ce alors même que les Etats-Unis restent une des nations Occidentales où l’imposition est la plus basse…
Jusque là, tout s’était relativement bien déroulé puisqu’ils compensaient par des emprunts massifs auprès des investisseurs étrangers friands de leurs Bons du Trésor. Pour autant, ce pays se retrouve actuellement – enfin pourrait-on dire – face à un choix basique : dépenser moins ou taxer plus. En réalité, les Etats-Unis ne seraient pas confrontés à un tel choix si leur économie ne subissait pas une transformation critique où les taux du chômage semblent devoir se maintenir à des niveaux élevés dans un contexte de croissance molle. Eh oui : les Etats-Unis s’européanisent manifestement…
Car cette très vive controverse à propos du relèvement du plafond de leur dette – réglée in extremis ces heures dernières – n’aurait même pas eu lieu si le pays bénéficiait d’une forte croissance similaire à celle des années 90. Dans le cadre de cet épisode ayant revêtu une intensité dramatique certaine, nul n’a en effet remis en cause leur solvabilité, ni même évoqué un relèvement des taux d’intérêts sur leurs dettes. Cette nation, ayant produit de brillants économistes, semble tout bonnement avoir grossièrement négligé que la rigueur et la discipline budgétaires s’imposent dès lors que la croissance est à la traîne si l’objectif est bien de ne pas se noyer sous des déficits incommensurables. Car les déficits publics sont systématiquement et naturellement inversement proportionnels aux taux de croissance, le but de la bonne gouvernance étant à l’évidence d’éviter coûte que coûte le piège mortel de la déflation par la dette…
Au demeurant, les politiques américains – avec leur escalade verbale et leurs surenchères successives tout au long de ce mélodrame qui s’est conclu hier – n’ont fait que mettre en relief davantage et accentuer cette mièvre activité économique de leur pays. Cette foire d’empoigne a ainsi résulté en une détérioration supplémentaire du climat des affaires : assises sur des montagnes de liquidités, les entreprises et les banques sont encore moins tentées aujourd’hui d’en faire usage tandis que les investisseurs étrangers ont assistés, éberlués, à ce spectacle dérisoire de politiciens de second ordre qui pensaient en premier lieu à préserver leur propre carrière… Le tout dans une conjoncture où leur monnaie sert encore de référence internationale et d’étalon pour le commerce mondial.
Il y a donc toutes les chances que l’accord enfin trouvé la nuit dernière ne permette de sortir les Etats-Unis de leur débâcle : trop peu et en tout cas trop tard pour améliorer les perspectives économiques et pour résorber le chômage. Et pendant ce temps, les citoyens américains de base ont, comme les observateurs étrangers, été choqués par l’incapacité de leurs dirigeants à trouver des compromis rapides et propres dans l’intérêt de la nation. Oui, les américains méritent mieux que ces responsables, tant Démocrates que Républicains ! Oui, il est navrant de noter que la polarisation extrême et excessive du débat national atteint des sommets quasiment plus vus depuis la guerre civile ! Mais les Etats-Unis sauront-ils renouer – avant qu’il ne soit définitivement trop tard – avec les recettes économiques et bien-sûr avec la générosité idéologique ayant fait leurs succès et leur prospérité d’antan ?
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