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Accueil du site > Actualités > Economie > La crise actuelle est-elle plus grave que celle de 1929 ?

La crise actuelle est-elle plus grave que celle de 1929 ?

La crise des subprimes (crédit à risque), qui a éclaté à l’été 2007, semblait reposer sur le retournement du marché immobilier américain, à cela deux raisons : la remontée des taux à partir de 2004 et le fait que les prix de l’immobilier ait atteint un sommet.
 
A celle-ci (la crise de l’immobilier) s’est ajouté une crise financière, d’une ampleur insoupçonnée, qui a fait vaciller, aux Etats-Unis, les plus grandes banques (Bear Stern, Merril lynch, Wachovia…) ; la première compagnie d’assurance du monde (AIG) ; Fannie Mae et FreddieMac, deux institutions crées par Roosevelt, qui détenaient à elles seules 40 % du marché hypothécaire. Les premières n’ont du leurs survies qu’a leurs rachat par d’autres banques (J.P Morgan Chase, Banque of America, Citigroup…..) grâce à l‘aide de la FED (banque centrale américaine), quant aux autres elles n’ont survécu que grâce à l’aide de l’État.
 
La faillite, en octobre 2008, de Lehmann Brothers, a complètement bloqué le marché du crédit interbancaire, le risque systémique (écroulement de l’ensemble du système financier) a pris une forme concrète. Celui-ci a eu pour conséquence le blocage de l’ensemble des compartiments du marché du crédit : crédit à la consommation, crédit aux entreprises……Évidemment la crise était mondiale puisqu’elle reposait sur l’utilisation de produits titrisés à l’échelle mondiale (transformation des prêts en obligations), grâce à la titrisation (censée répartir le risque), mais qui empêchait de connaître exactement ses contreparties et le risque qui leur était associé.
Elle touchait le plus fortement les pays dans lesquels les ménages étaient les plus endettés : les Etats-Unis, la Grande Bretagne et l’Espagne.
 
C’est par ce canal (blocage du marché interbancaire) que la crise financière s’est transformée en une crise économique mondiale : baisse de la consommation, de la production, des importations, des exportations et augmentation dramatique du chômage (surtout aux Etats-Unis) ; malgré que les États aient mis en place des plans visant à recapitaliser les banques et à garantir leurs engagements (plan Paulson, plan Brown, plan européen) ; ainsi que des plans de relance visant à stimuler l’activité grâce à l’augmentation de la dépense publique (dont le plan OBAMA pour un montant de 800 milliards de dollars).
Ajoutons à cela que la FED (banque centrale américaine) avait ramené ses taux directeurs dans une fourchette comprise entre 0% et 0,25% et qu’elle mettait en œuvre des moyens non conventionnels ( reprise des billets de trésorerie des entreprises et rachat des bons du trésor).
 
Malgré l’ampleur des mesures prises, les principaux indices mondiaux continuaient inexorablement à baisser. En réalité l’éclatement de la bulle immobilière américaine coïncidait avec la fin d’un cycle de croissance qui avait commencé dans les années 1980. Il reposait sur l’idée d’un endettement illimité favorisé par l’innovation financière (les produits structurés par exemple). Un système économique et financier basé sur un endettement illimité est inéluctablement condamné à s‘écrouler. Il est clair que la crise actuelle aura des conséquences importantes : les choses ne seront plus comme avant.
 
Un système économique et financier basés sur un endettement illimité favorisé par l’innovation financière est inéluctablement condamné à s’écrouler :
 
En effet le mécanisme du crédit aboutit à la création, ex nihilo, de monnaie par un simple jeu d’écriture. Il est fondamentalement instable tant au niveau national qu’international, sauf s’il a pour contrepartie la création de richesse.
Ce pouvoir destructeur est encore amplifié par le mécanisme de la titrisation qui transforme des prêts en actifs financiers complexes (les produits structurés, par exemple) qui sont placés auprès des investisseurs institutionnels dans le monde entier.
Warren Buffet, le célèbre spéculateur américain à parlé « d’armes de destructions massives ».
 
A partir des années 1980 se sont mis en place deux mécanismes indissolublement liés : le principe de la maximisation de la valeur pour l’actionnaire et la mondialisation, qui ont eu pour conséquence un endettement illimité.
 
Le principe de la maximisation de la valeur pour l’actionnaire et l’endettement des ménages :
 
Ce principe repose sur la maximisation anticipée des flux de dividendes futurs, ce qui revient à maximiser le cours boursier : rachat de ses propres actions, augmentation du levier d’endettement, distribution de stock option, opérations de fusions acquisitions.
Il détourne l’usage des profits de l’investissement productif : s’établit alors une véritable dictature de la finance sur l‘économie.
 
Il a aussi pour conséquence (mécanique) de comprimer les salaires et l’emploi, afin de mieux comprendre cela, il faut revenir à la crise asiatique des années 1997-1998.
Celle-ci a eu pour conséquence l’écroulement de la demande intérieure, des pays asiatiques, qui s’est accompagné de la croissance des capacités de production.
Les entreprises afin d’éviter la faillite se devait de réduire drastiquement leurs prix de vente à l’exportation. Elles ont ainsi exporté le choc déflationniste dans le monde.
L’existence d’un marché mondial des biens et services et du travail, sur lesquels l’offre était structurellement excédentaire, a fait perdre aux salariés leur pouvoir de négociation, et aux entreprises leur pouvoir de négociation vis à vis des consommateurs.
On observe ainsi dans l’ensemble des pays de l’OCDE, une déformation marquée du partage salaires / profits. Si on prend les pays du G7 (les sept pays les plus riche du monde) : on observe que les profits sont passés de 10% du Produit Intérieur Brut (PIB) en 1970 à 14% en 2004, alors que la part des salaires dans la Valeur Ajoutée (VA) est passée de 70% en 1970 à moins 65% depuis le début du 21ème siècle. En revanche les profits sont passés de 30 à 40%.
 
Il est clair, par ailleurs, que ce principe n’est pas tenable, à long terme, d’un point de vue macro-économique . En effet, il repose sur un ratio : le return on equity (ROE), qui est le rapport entre les profits et les capitaux propres, très élevé.
Si l’on prend un ROE de 15 %, ce qui était la norme avant la crise actuelle, et qu’on le rapporte à un taux de croissance fort, disons 4%. On se rend vite compte qu’à terme cela reviendrait à ne plus rémunérer que le capital.
 
La courbe des revenus a ainsi suivi, aux Etas-Unis, une courbe en U. Elle a retrouvé au début des années 2000, les niveaux de 1920. A l’augmentation stratosphérique des revenus des 1% des salariés les mieux payés a correspondu la stagnation des salaires de la classe moyenne (et des bas salaires). Ce phénomène est encore amplifié, après impôt, a la suite des cadeaux fiscaux des années 2000 - 2002.
 
Dans ce cas, le salaire réel est totalement déconnecté de la productivité, autrement dit les salariés sont privés des gains de productivité, ce qui réduit la consommation (rappelons qu‘elle représente les 2/3 de la croissance). La seule manière de stimuler la croissance passe donc par l’endettement des ménages.
Ainsi au Royaume-Uni, l’endettement d’un ménage moyen équivaut à 170% d’une année de revenu. Aux Pays-Bas, 180% ; aux États - Unis, 140 %.
Cette évolution s’est produite très rapidement : en 1998, l’endettement représentait seulement 68% du revenu d’un ménage espagnol, aujourd’hui 145 %.
L’encours de crédit, dans la zone Euro, représente ainsi 90 % du revenu annuel d’un ménage moyen.
On peut évaluer le surplus de croissance procuré par l’endettement à environ 1% du PIB.
 
Une telle tendance n’est possible que grâce à l’innovation financière qui a permis aux banques de passer de l’intermédiation (où elles portent le risque dans leur bilan et s’assurent de la solvabilité de leurs emprunteurs) à la titrisation qui repose sur l’utilisation systématique des marchés dérivés, ce qui leur permet de libérer du capital pour faire plus de crédit, puisqu’elles ne portent plus le risque.
 
La titrisation repose fondamentalement sur le fait de transformer un actif financier peu liquide (des prêts immobiliers) en un actif financier liquide (une obligation). Les emprunts hypothécaires sont donc transformés en obligation émises par les banques à destination des investisseurs institutionnels friands de « papiers immobiliers sécurisés » : fonds de pension, fonds obligataires, hedges funds. On parle de Mortgage Backed Securities (MBS), obligations garanties par une hypothèque, puis de Assets Backed Securities (ABS) qui présentent les mêmes caractéristiques que les MBS, si ce n’est qu’il s’agit d’obligations qui sont adossées à toute sorte d’actifs dont les « subprimes » (consentis à des emprunteurs à risque). Les investisseurs percevant le Cash flow généré par ces actifs.
A la même période apparaissent les Collateralized Debt Obligations (CDO), obligations découpées en tranches (eu fonction de leur rentabilité), qui permettent de regrouper un ensemble de créances (crédit aux entreprises, crédit à la consommation…) dont les MBS et les ABS (on peut créer un CDO synthétique en regroupant des dérivés de crédit).
 
Enfin apparaissent les Credit Default Swap (CDS), une pseudo-assurance contractée à titre privé, sans régulation, où le vendeur assure l’acheteur du CDS qu’il lui remboursera les pertes que ce dernier viendrait à subir du fait d’un tiers, en échange d’une prime fixée en fonction du risque de perte tel qu’il est alors perçu par le marché.
Il permettent ainsi aux investisseurs d’acheter des produits titrisés tout en s’assurant contre l’éventuelle insolvabilité des sociétés émettrices.
 
La titrisation a, en outre, entraîné un développement considérable de l’effet de levier.
Le ratio entre les actifs et les fonds propres des investisseurs était passé pour Bear Stern de 26 en 2005 à 32,8 en 2007. Pour Merril Lynch il était passé de 15 en 2003 à 27 en 2007. Il dépassait 30 pour Morgan Stanley et Lehmann Brothers.
Ainsi par exemple, alors que le dépôt de garantie est fixé à 10% pour les obligations ordinaires, les obligations de synthèse émises par les CDS ne requièrent qu’un dépôt de 1,5%.
 
Ces nouvelles techniques financières ont pour fonction de permettre aux banques d’investissement de se défausser du risque sur d’autres investisseurs en quête de rendements élevés. Elles ont également créé des Structured Investments Vehicles (SIV), véhicules d’investissement structuré, afin de maintenir hors bilan leurs propres positions (ce qui permet de contourner la réglementation Bale II).
 
Mais, au-delà, de cet aspect purement financier, ces nouveaux produits financiers ont une autre fonction essentielle : faire financer par des investisseurs non résidents une partie significative de la dette des ménages américains.
En effet, en 2006, le taux d’épargne des ménages américains devient négatif (-0,7%)
On pourrait donc en conclure que la cause première des déséquilibres extérieurs américains est l’insuffisance de l’épargne et l‘excès de l’investissement des ménages.
Ainsi en premier trimestre 2006, sur les 850 milliards de capitaux étrangers nécessaires au financement de l’économie américaine, un quart provient des autres banques centrales non résidentes, le reste est assuré par les investisseurs privés non résidents sous forme d’achats d’obligations émises par les institutions financières et destinées surtout au refinancement, par les marchés, de la dette des ménages par le biais de la titrisation.
 
La politique monétaire américaine a donc pour objectif, dès lors qu’éclate une bulle (internet par exemple), d’empêcher l’ajustement structurel inévitable entre l’épargne et l’investissement (des ménages), d’autant plus qu’elle opère un transfert massif de l’endettement privé des entreprises vers les ménages. Le canal de transmission utilisé a été le refinancement des prêts hypothécaires. Les ménages ont ainsi pu faire progresser leur consommation plus vite que leur revenu disponible.
 
L’économie tout entière repose sur un endettement quasi illimité des ménages. Or aucun système décentralisé d’économie de marché ne peut fonctionner correctement si la création ex nihilo de nouveaux moyens de paiement permet d’échapper, au moins pour un temps, aux ajustements nécessaires.
 
Les effets concrets de la mondialisation :
 
La doctrine de la mondialisation reposait sur l’idée que la libre circulation des marchandises, des services et des capitaux permettraient la meilleur allocation des ressources à l’échelle mondiale. On avait pas tenu compte des effets concrets de celle-ci : le déficit commercial structurel des pays développés vis à vis des pays émergents et sa conséquence : l’instabilité du système financier mondial.
 
La mondialisation, en effet, a fait apparaître un phénomène singulier, alors que les pays développés (Etats-Unis, UE à quinze, Japon) ont un taux d’épargne faible (18% en moyenne) l’ensemble des pays émergents ont un taux d’épargne forts (38% en moyenne en 2007). Cela signifie donc que les pays développés enregistrent un énorme déficit commercial vis à vis des pays émergents.
En 2007 le déficits cumulés de la balance commerciale des premiers a atteint 1100 milliards de dollars, alors que l’excédent des seconds (y compris Russie et OPEP) dépassait les 600 milliards de dollars. Il y a donc forcément des flux de capitaux, de même ampleur que ce déficit commercial, qui transitent des pays émergents vers les grands pays de l’OCDE.
En 2007, les réserves de change des pays asiatiques atteignaient 2400 milliards de dollars, celles de la Russie et des pays de l’OPEP, 1100 milliards. La part du financement du déficit extérieur des Etats-Unis (et, dans une moindre mesure, de l’Union Européenne) qui doit être assuré par les banques centrales a logiquement augmenté après la crise de l’été 2007 : elle approchait 100% aux Etats-Unis au début de 2008, empêchant de ce fait les achats d’obligations d’entreprises, de crédits structurés et autres actifs titrisés par les non résidents, lesquels se sont brutalement effondrés avec la crise des Subprimes (c‘est la grande différence avec l‘année 2006).
 
La croissance de la liquidité mondiale (14% en 2008) repose sur l’augmentation continue du crédit et du prix des actifs, elle masque ainsi une cruelle réalité : la faiblesse structurelle du taux de croissance des pays développés.
Autrement dit l’endettement des ménages a compensé les revenus que les pays riches ont perdu au fur et à mesure de leur désindustrialisation.
La production industrielle est aux Etats-Unis, au même niveau, qu’il y a dix ans, et le taux d’investissement a été divisé par deux.
 
Comme nous l’avons vu, les Etats-Unis doivent faire financer la totalité de leur déficit extérieur par les banques centrales non résidentes (achats de bons du trésor). Or les différents plans qui ont été mis en place ont fait exploser les déficits et les dettes publics : cette année le déficit public devrait atteindre 1752 milliards de dollars, soit 12,3% du PIB ; quant à la dette publique, elle devrait atteindre en 2010 prés de 80 % du PIB. L’endettement de l’Etat prendrait le relais de l’endettement des ménages.
Celles-ci devraient hésiter à financer le déficit américain, car elles vont se poser la question : les Etats-Unis ont-ils les moyens de rembourser une telle dette ?.
 
L’importance de l’endettement américain pose aussi une question plus fondamentale : celui de l’instabilité du système financier mondial qui repose sur le dollar (qui est la monnaie de réserve internationale).
 
En effet chaque pays possède des réserves de changes qui remplissent deux fonctions : le protéger contre un événement économique imprévu (augmentation des taux d’intérêt, augmentation du taux de change), mais aussi à ajuster sa politique de change à sa politique économique.
La plupart de celles-ci sont libellées en dollars et plus précisément en bons du trésors (les T-Bills). Leur grand avantage, c’est leur liquidité, on peut les convertir très rapidement en dollars ou en Euros. Leur grand inconvénient c’est qu’elles offrent une rémunération faible, entre 1% et 3% (la rémunération réelle peut même devenir quasiment nulle, voir négative, en fonction du taux d’inflation).
 
On peut donc considérer un pays à monnaie de réserve, comme un pays qui exporte des bons du trésor. Cela revient donc à dire, qu’il s’agit d’un pays qui consomme plus qu’il ne produit ; ou ce qui revient à la même chose qui importe plus qu’il n’exporte.
Il doit donc emprunter la différence à l’étranger.
Mais exporter des bons du trésor, ce n’est pas comme exporter des machines outils ou des ordinateurs, cela ne crée pas d’emploi.
Si bien qu’en général, les pays à monnaie de réserve, ont un problème d’insuffisance de la demande globale. C’est particulièrement le cas des Etats-Unis. Dans ce cas, c’est le déficit commercial qui induit le déficit budgétaire et non pas le contraire.
La montée de l’endettement finit par miner la confiance, qui est nécessaire pour maintenir le dollar dans son rôle de monnaie de réserve international, d’autant plus que les différentes mesures prises ont accru l’endettement de manière considérable.
Le dollars s’est littéralement écroulé par rapport à l’Euro, du 14 juillet 2008 au 28 octobre 2008, puisqu’il a perdu 21% de sa valeur.
Cette tendance est insoutenable puisque nous avons vu que début 2008, les Etats-Unis devait faire financer par les banques centrales non résidentes la totalité de leur déficit extérieur.
 
Ajoutons à cela que la mondialisation réduit l’efficacité de la politique monétaire, puisqu’à partir de 2004, l’augmentation de la masse monétaire mondiale est due pour l’essentiel (les 4/5) à l’augmentation des réserves de changes.
La gestion par les taux n’est plus suffisante. Il faut mettre en place des politiques monétaires coopératives à l’échelle du monde.
 
En conclusion on peut dire que la doctrine du libre échange triomphante a méconnu une donnée essentielle : une libéralisation totale des échanges et des mouvements de capitaux n’est possible, elle n’est souhaitable que dans le cadre d’ensemble régionaux groupant des pays économiquement et politiquement associés, et de développement économique et social comparable.
 
 
 
La crise actuelle et ses conséquences :
 
Si l’on veut comprendre la crise actuelle, il faut comprendre qu’il s’agit avant tout d’une crise de l’endettement. Elle commence à l’été 2007 par le retournement du marché immobilier, puis entraîne une crise financière d’une ampleur inégalée (sauf si on la compare à la crise de 1929), qui se transforme en une crise économique mondiale puisque le FMI comme l’OCDE prévoient une récession mondiale.
Il s’agit, en réalité, de la première crise de l’économie mondialisée.
Des crises, d’une telle ampleur, ont abouti soit au renforcement d’un centre économique et financier mondial (crise de la City en 1720), soit au passage à un nouveau centre dominant (crise de la City en 1890 qui fait de Wall-Street le nouveau centre dominant).
 
La crise actuelle à de nombreuses conséquences. Elle remet en cause des dogmes établis : l’idée que le marché pouvait s’autoréguler. Elle pose de nombreuses questions : faut-il nationaliser les banques ?, faut-il créer une véritable monnaie internationale ?, les pays développés doivent-ils mettre en œuvre un nouveau modèle de croissance ?.
 
Quoiqu’il en soit, on peut dire que l’éclatement de la bulle immobilière américaine marque la fin d’un long cycle de croissance (qui commence en 1980) qui était basé sur la tendance, à long terme, à l’expansion illimitée du crédit (ou de l’endettement).
 
La crise actuelle :
 
Afin de comprendre les causes de la bulle immobilière, il faut revenir en arrière.
A la suite de l’éclatement de la bulle technologique en 2000 et à l’attaque terroriste du 11 septembre 2001, la FED a baissé progressivement ses taux pour les ramener à 1% et les a maintenu à ce niveau jusqu’en juin 2004. Il s’est donc créé une bulle immobilière qui reposait sur le laxisme de plus en plus agressif dans l’octroi des prêts (on pouvait contracter un prêt alt.-a ou Subprime, sans remplir le moindre formulaire) et sur l’idée, aussi fausse que répandue, que la valeur des garanties n’était pas affectée par la propension à prêter.
De nombreux indices laissaient supposer qu’il s’agissait d’une bulle en formation. D’abord le taux d’épargne des ménages baissait fortement alors que le prix de l’immobilier suivait le chemin inverse. On pouvait aussi remarquer que les américains avaient davantage accru leur endettement immobilier au cours des six dernières années (avant la crise) que dans toute l’histoire du marché hypothécaire américain.
Enfin les hypothèques ALT-A et subprimes représentaient, en 2006, le tiers des hypothèques souscrites.
 
La bulle s’est développée lentement, elle n’a pas éclaté, quand la Fed a fini par réagir et a remonté ces taux pour les porter à 4%, même si elle n’a pas réussi à faire baisser les taux longs à cause de l’avalanche d’épargne en provenance du monde entier.
Elle était en réalité soutenue par la demande spéculative qui favorisait des techniques de titrisation de plus en plus sophistiquées.
Les indices immobiliers commencent à fléchir et s’inversent définitivement courant 2006. Le moment de vérité est venu : au printemps 2007, le problème des Subprimes se pose et entraîne la faillite de New Century Financial Corporation.
 
Des bulles similaires ont été observées ailleurs : au Royaume-Uni et en Espagne ; mais ce qui différencie la bulle immobilière américaine, c’est sa taille, ainsi que son importance pour l’économie mondiale et le système financier international.
S’ouvre alors un nouveau chapitre : la crise financière.
 
Celle-ci (et la crise économique) repose avant tout, comme nous l’avons vu, sur l ‘explosion de la dette globalisée : la dette des ménages américains passe de 46% du PIB en 1979 à 98% en 2007. La dette extérieure américaine représente 70% du PIB. La dette totale des américains (tous agents confondus) atteint 350% du PIB, soit bien plus qu’en 1929.
Il en va de même en Grande-Bretagne, où la dette des ménages explose, elle passe en trente ans de 20% à 80% du PIB. De même en France et ailleurs, au moins pour ce qui est de la dette publique.
 
La crise financière commence quand, la banque Bear Stern annonce le 15 juin 2007, que deux de ses hedges funds hypothécaires ont des difficultés à répondre à des appels de marge.
Le 9 août, les marchés du crédit à court terme sont suspendus, BNP - Paribas, a suspendu la cotation de trois de ses fonds d’investissement, d’un montant total de 2 milliards d’euros, en invoquant des difficultés sur le marché américain des crédits subprimes. Elle déclare ne pouvoir en évaluer les actifs, le marché ayant cessé de fait d’exister.
 
La dérégulation progressive des marchés financiers aux Etats-Unis a permis la création d’outils financiers dont le but essentiel était de permettre aux différents acteurs du secteur financier (banques, organismes de crédit) d’échapper à leur responsabilité ainsi qu’aux risques inhérents dus à la solvabilité de leurs emprunteurs.
Autrement dit, la titrisation de la dette hypothécaire US, s’est peu à peu transformé en un système de recherche du profit pur et simple pour un nombre croissant d’intervenants qui empochaient leurs commissions tout au long de la chaîne de production du crédit immobilier.
 
En outre, la titrisation qui était censée réduire les risques grâce au découpage en tranches et à la diversification géographique. En réalité, les a aggravés en transférant la propriété des hypothèques de banquiers qui connaissaient leurs clients à des investisseurs, dans le monde entier, qui ne les connaissaient pas.
Ensuite la méthode choisie qui a consisté à mélanger tout type d’actifs (par exemple dans les CDO), fait qu’il est difficile de connaître ses contreparties et le risque qui leur est associé.
Au début de la crise il est donc difficile de chiffrer les pertes avec exactitude, même si les banques vont tout faire pour minimiser l’importance de ces dernières.
 
Rien n’illustre mieux la folie de la tirisation que le marché des CDS, de loin le premier marché de produits synthétiques. En effet la valeur nominale totale des CDS en cours est estimée à 42 600 milliards de dollars, soit presque l’équivalent du patrimoine immobilier privé aux Etats-Unis. A titre de comparaison, la capitalisation boursière américaine est de 18 500 milliards de dollars, le marché des valeurs du trésor de 4500 milliards.
 
Aujourd’hui, il est possible de chiffrer les pertes subies par les banques américaines : selon le FMI, elles s’élèveraient à 2400 milliards de dollars, selon Nouriel RoubinI (économiste américain qui avait prévu la crise actuelle), elles s’élèveraient à 3600 milliards de dollars (en tenant compte de l’impact de la crise économique), alors que leurs fonds propres sont de 1200 milliards de dollars.
La conséquence que l’on peut en tirer est simple, le système bancaire américain est insolvable et par voie de conséquence le système bancaire mondial, puisque les principaux créanciers des banques américaines sont les autres banques en Europe et ailleurs.
 
Quand la crise éclate la Fed pense qu’il s’agit simplement d’une bulle immobilière, elle évalue les pertes à 100 milliards de dollars. Elle va donc injecter des liquidités, en baissant son taux directeur et essayer de régler le problème en restructurant le système bancaire. Elle va ainsi aider J.P. Morgan Chase à racheter Bear Stern qui risquait de faire faillite (15 mars 2008).Le 7 septembre 2008, le trésor américain est obligé de mettre sous tutelle Fannie Mae et Freddie Mac (organismes de refinancement hypothécaires créés par Roosevelt).
 
Le 15 septembre 2008, les choses s’accélèrent, Lehmann Brothers fait faillite le risque systémique devient une réalité. Face au problème de l’insolvabilité des banques américaine, il faut mettre en place une solution d’ensemble.
A la même date Banque of America rachète Merril Lynch grâce à l’aide de la Fed et l‘assureur AIG est à la recherche de 75 milliards de dollars afin d‘éviter la faillite. En effet, celui-ci est particulièrement exposé sur le marché des CDS (dont il était un des intervenants majeur). Il ne devra son salut qu’a un prêt relais de la Fed de New-York, d’un montant de 85 milliards de dollars (en échange duquel l’Etat aura droit à 80% du capital, ce qui revient à une nationalisation de fait). Le 29 septembre 2008, Citigroup reprend Wachovia.
Enfin le Secrétaire d’Eat au Trésor, Hank Paulson, annonce un plan visant à débarrasser les banques des actifs toxiques, pour un montant de 750 milliards de dollars.
 
La crise s’est répandue dans le monde entier : l’Islande est en faillite ; l’Irlande, l’Espagne, le Portugal en grandes difficultés. La Grande Bretagne dont le modèle économique était centré sur la City est aussi en grande difficulté.
Les dirigeants de l’union européenne se réunissent et décident de mettre en œuvre, sur une base nationale, les recommandations du plan Brown qui prévoit de garantir les engagements des banques sur le marché interbancaire ainsi que les dépôts bancaires. Il prévoit, en outre, de recapitaliser les banques qui sont en difficulté.
Le plan Paulson qui consistait initialement à racheter aux banques leurs actifs toxiques, suivra le même schéma
 
Malgré les mesures prises, la crise financière s’est transformée en une crise économique, d’abord au travers du blocage du marché interbancaire, ensuite au travers du blocage des marchés du crédit.
Si la crise de 1929 était une crise locale qui s’est diffusée dans le monde à cause des dévaluations compétitives et des mesures protectionnistes, la crise économique actuelle est par définition une crise mondiale qui est due à l’insolvabilité du système bancaire mondial. Les banques centrales sont donc devenues les prêteurs de premier et de seul recours.
Afin de lutter contre la crise elles ont donc baissé leurs taux directeurs, a tel point que les taux réels sont devenus négatifs ou nuls : les taux directeurs de la Fed sont compris entre 0% et 0.25%, ceux de la Banque d’Angleterre se situent à 0,5%, ceux de la BCE à 1%.
La politique monétaire ne peut plus stimuler l’économie, à cause de la trappe à liquidité (taux réels négatifs ou nuls). Il ne reste donc qu’à utiliser l’arme budgétaire.
 
Les Etats vont donc mettre en place des plans de relance : d’un montant de 787 milliards de dollars pour les Etats-Unis (5,5% du PIB), 586 milliards de dollars pour la Chine (7% du PIB), 106 millions de dollars pour le Japon (2,5% du PIB), 102 milliards de dollars pour l’Allemagne (3,1% du PIB), 38 milliards de dollars pour le Royaume - Uni (1,3% du PIB) et 32,5 milliards de dollars en France (1,3% du PIB).
 
Malgré cela, se développe une crise économique d’une ampleur inégalée, qui touche tous les pays.
Au quatrième trimestre 2008, la baisse du PIB est de 6% aux Etats-Unis, de 6% dans la zone euro, 8% en Allemagne, 16% à Singapour et 20% en Corée du Sud.
 
Il y a donc un risque non négligeable que l’actuelle récession en U se transforme en une dépression en L.
La production industrielle est en chute libre et les destructions d’emplois sont massives. La baisse des exportations se situe entre -40% et -50% au Japon, à Taiwan et en Corée.
Même si la baisse est moins importante en Chine, les importations se contractent de -40%. La contraction de l’économie mondiale, au premier trimestre 2009, semble se poursuivre au même rythme.
 
Il faut aussi tenir compte du fait que sur les 800 milliards de dollars du plan de relance américain, seulement 200 milliards seront dépensés en 2009 et la moitié consiste en des réductions d’impôt qui seront en grande partie thésaurisée par les ménages américains.
Sur les 100 milliards de dollars de réduction d’impôt accordé l’an dernier, 30% seulement ont été dépensés et le reste épargné.
 
L’ajustement de la consommation américaine et de l’épargne se poursuit, même si le taux d’épargne a augmenté de 5% au sens des comptes de la nation (NIA), il reste fortement négatif à cause de la baisse de la valeur nette du patrimoine des ménages (ce qui laisse supposer une contraction de la consommation sur les années à venir).
 
En définitive, le problème est simple lorsque tout le monde essaie d’épargner plus, dans une économie où le taux d’intérêt est proche de zéro, les revenus chutent et la situation empire.
Le paradoxe du désendettement est désormais bien connu : lorsque toutes les banques vendent des actifs pour tenter de réduire leur exposition et leur bilan, cela à pour résultat une chute du prix de ces actifs et aggrave leurs problèmes de capitalisation.
 
La déflation peut avoir des résultats aussi redoutables. Une entreprise peut tenter de préserver son activité, ou un travailleur son emploi, en acceptant de baisser ses prix ou son salaire, mais quand tout le monde agit de même cela produit une déflation de la dette, c’est à dire une augmentation de la charge de la dette qui pèse sur l’économie. Cela va donc induire des anticipations déflationnistes dans les décisions d’investissement et de crédit, ce qui amplifie la crise.
 
Nous ne sommes en réalité qu’au premier stade de la crise, selon le directeur du Congressionnal Bureau Office (organisme chargé d’évaluer la politique budgétaire aux Etats-Unis), qui écrit : « en l’absence de d’un changement dans la politique budgétaire, le CBO prévoit que l’écart entre la production et le potentielle de production de la nation sera le plus important, en durée et en valeur depuis la dépression des années 1930 ».
 
Les conséquences de la crise actuelle :
 
Il faut réaliser que la crise actuelle est plus grave que la crise de 1929, du moins si on se fie aux données chiffrées. En effet selon les calculs des économistes Barry Eichengreen et David O’Rourke, la chute de la production industrielle mondiale est, depuis neuf mois aussi violente qu’en 1929. La chute des cours de bourse est deux fois plus rapide, de même que le recul du commerce international.
L’économie mondialisée ne connaît pas de crise locale, celle-ci est par définition globale, d’autant plus que la globalisation des marchés financiers amplifie le phénomène à l’extrême.
 
Elle marque aussi et surtout la fin d’un long cycle de croissance qui a commencé dans les années 1980 et qui reposait sur l’idée d’un endettement quasi illimité favorisé par l’innovation financière, en s’appuyant sur deux tendances indissolublement liées : la maximisation de la valeur pour l’actionnaire et la mondialisation (du moins telle qu’elle a été mise en place jusqu’à présent).
 
Elle pose, en outre, une question, qui aurait semblé étrange, il y a encore un an : faut-il nationaliser les banques américaines (du moins celles qui sont en difficultés) ?.Le gouvernement américain a déjà engagé pour le système financier la somme (extravagante) de 9000 milliards de dollars sous forme de garanties d’investissement, de recapitalisation et de liquidités (dont 2000 milliards ont déjà été dépensés).
Sous cet angle on peut dire que le système bancaire est de facto nationalisé, puisque l’état américain détient respectivement 36% de Citigroup et 80% d’AIG.
Concernant cette dernière, les fonds engagés par la FED et le trésor américain pour renflouer les actionnaires et les créanciers sont passés de 80 milliards à 162 milliards de dollars.
 
Le sauvetage de AIG, c’est le sauvetage de ces créanciers qui sont les principales banques américaines et européennes. Elle a, en effet, vendu 500 milliards de CDS (garantie sur défaillances de crédit).
Principales bénéficiaires des largesses de la Fed et du trésor américain : Goldmann Sachs, Merryl Lynch, Morgan Stanley ainsi que d’autres banques américaines et européennes. Autrement celles-ci seraient insolvables.
D’ailleurs même avec les 2000 milliards de dollars, elles sont insolvables. L’augmentation des défauts de paiement due à la crise, permet de penser que les pertes prévisibles des banques seront 3600 milliards de dollars. Ajoutons à cela que la dernière estimation faite par le FMI, les évalue à 4600 milliards de dollars (voir le monde du 21/04/2008). Le système financier est effectivement insolvable.
La seule solution c’est donc la nationalisations « de jure » des banques américaines qui permettra à la fois de contrôler le bon usage des fonds publics et de connaître l’étendue de leurs pertes, nous y reviendrons (Joseph Stigliz et Paul Krugmann y sont favorables).
 
La solution choisie le plan Geitner (secrétaire d’état au trésor) écarte clairement cette solution au profit d’une bad bank qui résulterait du mariage entre fonds publics et privés. A partir d’un apport relativement faible du trésor : entre 75 et 100 milliards de dollars pris sur le plan Trouble Assets Relief Programme (TARP), il s’agit d’amener des fonds privés à racheter les actifs toxiques au travers d’une procédure d’enchères pour un montant global de 2000 milliards de dollars.
 
La Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) qui garantit les dépôts bancaires au Etats-Unis, offrant une garantie à hauteur de 85% de l’investissement réalisé.
Il s’agit d’une variante plus complexe du plan Paulson qui proposait que l’état se porte acquéreur des actifs toxiques à « un juste prix » (tout le problème est de définir celui-ci). Solution très favorable pour les banques et les actionnaires et très défavorable pour les contribuables. En effet Paul Krugman expliquait dans un article paru dans le New York Times (23 mars 2008), que si les actifs toxiques baissaient les investisseurs n’avait pas en s’en préoccuper, et qu’en revanche s’ils remontaient, ils empochaient tous les profits grâce à l’argent du contribuable.
 
Quant à Joseph Stieglitz (un autre prix nobel d’économie), il expliquait sans détours lors d‘une interview donnée à l‘agence Bloom Berg (17 avril), que ceux qui avaient conçu ce plan étaient soit « corrumpus par les banques, soit absolument incompétent ».
Selon lui ce plan a été conçu pour aider Wall - Stress (c’est une subvention déguisée) plutôt que pour mettre en place un système financier viable. En outre, les principaux conseillers de la Maison Blanche, en matière économique, sont trop liés à Wall-Streeet, notamment Lawrence Summers, ancien directeur d’un Hedge Funds (D.E. Shaw and Co).
 
La conclusion, que l’on pourrait en tirer, c’est que le système politique américain au sens large (pouvoir exécutif et législatif), serait dans l’impossibilité de mettre en œuvre des solutions efficaces. Simon Johnson (ancien économiste en chef du FMI) dans un entretien qu’ il a donné au magazine américain The Atlantic ( numéro du mois de mai), intitulé « Le coup d’Etat feutré », explique que l’industrie financière aurait mis la main sur le gouvernement.
Il explique que l’industrie financière aurait accumulé un énorme pouvoir politique, grâce à la politique mené par Reagan et à la progressive dérégulation des marchés financiers. La part des profits du secteur financier dans l’ensemble des profits est passé ainsi passé de 16% en 1986 à 41% de nos jours. Les Etats-Unis serait devenu une république bananière.
 
Le pouvoir de Wall-Street reposerait sur une véritable fascination culturelle ainsi que sur le passage des dirigeants des grandes banques d’investissement aux postes clefs du trésor américain.
 
L’oligarchie financière utiliserait ainsi son pouvoir afin de mettre en place des solutions conformes à ces intérêts. Selon lui, les banques refuseront de donner leurs véritables pertes, car elles seraient considérées comme insolvables.
La solution passerait donc par la nationalisation des banques en difficultés afin de connaître l’étendue exacte de leurs pertes et le démembrement de celles-ci, à terme, afin que ne s’applique plus le principe : « to big to fall ».
 
Autre conséquence de la crise actuelle, la remise en cause de l’idée que les marchés peuvent s’autoréguler. Autrement dit, il s’agit de remettre en cause la théorie de l’équilibre général (ou de l’efficience des marchés).
Selon cette théorie, l’équilibre économique atteint, serait aussi un optimum social. Il s’agit en réalité d’un modèle théorique qui repose sur des hypothèses très restrictives : rationalité parfaite des agents économiques et concurrence pure et parfaite.
Les résultats obtenus par la science économique et la théorie financière modernes permettent de penser, tout au contraire, que les marchés ne sont pas efficients.
 
Herbert Simon (prix nobel d’économie) a démontré que les individus ne se comportaient pas dans l’entreprise, comme le soutient la théorie classique de la firme. Par ailleurs, dans une économie complexe, les individus ayant des capacités cognitives limitées, leur rationalité est limitée (« bounded rationality »).
 
Joseph Stigliz (prix nobel d’économie) à quant à lui démontré que quand l’information est imparfaite et les marchés du risque incomplets (ce qui est toujours le cas), la maximisation de la valeur de marché ne permettait pas d’arriver à l’efficience économique.
 
Enfin le prix nobel d’économie, Douglas Nortth, en étudiant les systèmes économiques, dans une perspective historique à très long terme, a montré que les sociétés humaines mettait en place des institutions économiques qui n’étaient pas efficientes ; ce qui l’a amené à remettre en cause l’hypothèse de la rationalité des agents économiques. Selon lui la rationalité n’est possible que si les choix sont limités et un marché ne peut être efficient que dans un cas très simple : un marché à prix affichés, où il suffit de choisir les quantités (Douglas North, le processus de développement économique, Éditions d’organisation).
 
Quant à la théorie financière moderne, elle a démontré, grâce aux acquis de la finance comportementale, que les agents économiques n’étaient pas rationnels, en situation d’incertitude et/ou d’asymétrie informationnelle, à cause de leurs biais psychologiques et émotionnels, ce qui expliquait le décalage d’un actif financier par rapport à sa valeur fondamentale (bulle spéculative).
 
La théorie des conventions, à quant a elle montré, qu’en situation d’incertitude et/ou d’asymétrie informationnelle, la seule manière pour un individu, de prendre une décision sur un marché financier, était de se référer à un ensemble de règles admises comme telles par une communauté (une convention). Il existe donc une forme de rationalité qui est une rationalité mimétique, très éloigné de la rationalité néo-classique qui suppose de pouvoir déplacer dans l’arbre de décisions afin de choisir la meilleure solution.
 
Quant à Georges Soros, il va remettre en cause, au travers de la théorie de la réflexivité, l’hypothèse de la théorie néo-classique selon laquelle les marchés financiers doivent refléter toute l’information présente et futur. Selon lui, dans certains cas, les marchés financiers peuvent influencer les fondamentaux. Il existe une dépendance dynamique entre perception et réalité : la perception modifie les fondamentaux qui tendent à rejoindre des niveaux justifiant la perception.
 
En outre, le modèle économique actuel, repose sur le fait d’empêcher l’ajustement structurel inévitable entre l’épargne et l’investissement des ménages (sauf en cas de crise) et ne tient pas compte des effets concrets de la mondialisation : déficit commercial structurel entre les pays développés et les pays émergents, augmentation de la masse monétaire mondiale….
Comme nous l’avons vu, une libéralisation totale des échanges et des mouvements de capitaux n’est possible, elle n’est souhaitable que dans le cadre d’ensemble régionaux groupant des pays économiquement et politiquement associés, et de développement économique et social comparable.
 
Il fallait donc avoir recours à une théorie qui justifie une libéralisation totale des échanges et des mouvements de capitaux : la théorie de l’efficience des marchés (ou de l’équilibre général).
Cette théorie se transforme donc en une idéologie : le fondamentalisme de marché, que rien ne justifie.
Remarquons, en outre, que la conception des produits titrisés et des modèles mathématiques associés (modèle de risque) repose sur le paradigme, que les marchés sont à l’équilibre et qu’ils ne peuvent s’éloigner de celui-ci qu’aléatoirement.
La crise actuelle serait donc impossible.
On peut dire la même chose de la politique de la Fed, à l’époque de Monsieur Greenspan, la bulle spéculative est exogène au système. On ne peut intervenir pour la prévenir. On ne peut agir que quand elle a éclaté (l’argument théorique est de Monsieur Bernanke, l’actuel président de la Fed).
 
Il est certain que le développement du fondamentalisme de marché va de pair avec le prodigieux pouvoir politique qu’a accumulé le secteur financier américain.
On ajoute, au pouvoir économique et politique, le pouvoir de séduction idéologique.
Il s’agit en réalité d’une idéologie dangereuse, car elle considère la démocratie comme un rouage subalterne du marché.
 
Enfin dernière conséquence : faut-il créer une véritable monnaie internationale ?.
Nous avons vu précédemment que le pays, qui possède la monnaie de réserve internationale, a une grande facilité à s’endetter, puisqu’il peut payer sa dette en émettant des dollars ou des bons du trésor. L’endettement nuit à son tour à la monnaie de réserve internationale qui devient instable et perd de sa valeur, ce qui lui fait perdre sa principale qualité : conserver la valeur.
Créer une véritable monnaie internationale c’est transformé le système actuel des réserves de change internationales qui repose sur le pouvoir d’un seul pays (les Etats-Unis), en un système d’assurance coopératif.
 
L’idée n’est pas nouvelle, elle a été exposée pour la première fois par Keynes, lors de la conférence de Bretton-Woods qui a défini l’actuelle architecture du système financier international (1945) fondé sur le dollar (le plan White). Il s’agissait de créer une monnaie internationale : le bancor (convertible en or et défini à partir d’un panier de monnaies) , qui auraient été émise par une banque centrale mondiale : L’Union.
Joseph Stigliz a proposé, plus récemment, selon le même schéma, de créer les Gremlins Dollars.
Dans ce cadre, le problème de l’instabilité du système financier international repose autant sur les pays qui ont un déficit commercial, que sur ceux qui ont un excédent commercial. En effet, la loi d’airain du commerce international : c’est que les déficits des uns sont les excédents des autres (Keynes proposait de faire payer un impôt aux pays ayant un excédent).
 
Chaque pays aurait donc échangé sa propre monnaie contre un certain montant de la nouvelle monnaie. Dans le cas où un pays serait en déficit, il aurait emprunté à la banque centrale mondiale le montant nécessaire afin de couvrir son déficit, ce qui l’amènerait à terme à réduire celui-ci.
De la même manière la banque centrale mondiale inciterait un pays qui aurait un excédent trop marqué, à réduire celui-ci (par exemple en lui faisant payer un impôt).
On remarque tout de suite, le cercle vertueux induit par un tel schéma économique, notamment pour les Etats-Unis : baisse du déficit commercial, baisse du déficit budgétaire et à terme baisse de l’endettement public.
 
Bien évidemment un tel schéma améliore la stabilité du système financier international, puisque cela revient à dire qu’il existe une politique monétaire mondiale mais consiste à remettre en cause le privilège exorbitant des Etats-Unis qui peuvent payer leurs dettes en émettant leur propre monnaie.
 
Or il faut constater que la crise actuelle a entraîné une véritable explosion de l’endettement public américain, pour 2009 le déficit budgétaire se situera à 12% du PIB, d’autant plus que les recettes fiscales sont en baisse de 28% . Les Chinois ont, par ailleurs, annoncé officiellement qu’ils n’étaient plus disposés à financer, sans limite, la consommation américaine.
En outre la Fed a entrepris de mener une politique monétaire par des moyens non conventionnels : elle monétise la dette. Elle utilise la planche à billets afin de racheter les bons du trésor qui n’ont pas trouvé preneur pour un montant de 300 milliards de dollars. Elle tente d’éviter, en période de tension sur les marchés obligataires, que la dette souveraine n’évince la dette privée (émissions obligataires des entreprises).
 
Le problème d’une telle politique c’est qu’elle provoque une baisse du dollar (cela nuit, par exemple, à la compétitivité des produits européens) et relancera à terme l’inflation, ce qui est la principale crainte des banques centrales qui détiennent leurs réserves de changes en dollar (au premier rang duquel figure la Chine puisqu’elle détient environ 2000 milliards de dollars de réserves de change dont 70% en dollars, soit 1400 milliards de dollars).
 
Augmentation sans précédent de l’endettement public, baisse des recettes fiscales et politique monétaire non conventionnelle constituent un véritable cocktail explosif pour le dollar.
Le président de la banque centrale de Chine a d’ailleurs plaidé pour la création d’une monnaie internationale, en utilisant à cette fin les Droits de Tirage Spéciaux (DTS) qui sont l’unité de compte du FMI (article paru sur le site Internet de la banque centrale chinoise).
Il explique que le taux d’épargne des ménages chinois ne peut être modifié car il dépend de paramètres culturels, de la structure de la famille ainsi que du fonctionnement de l’économie chinoise. Quant au taux d’épargne des ménages américains, il estime que dans le contexte de crise actuelle, ce n’est pas le moment de le faire augmenter.
La seule solution passerait donc par l’utilisation des DTS comme monnaie internationale, ce qui revient à ne pas modifier les actuels excédents et déficits commerciaux, mais à réduire l’exposition de la Chine au dollar.
 
Dans le même ordre d’idée, la Chine utilise d’ailleurs tous les moyens afin de réduire son exposition au dollar en achetant des sociétés, des terres dans le tiers monde et en faisant augmenter ses réserves d’or (elles ont augmenté de 75% depuis 2003 et la Chine est devenu le cinquième détenteur mondial de réserves d’or).
 
Le président de la banque centrale de chine aborde la bonne question ; mais en restreignant la portée de son propos. L’intérêt de la création d’une véritable monnaie internationale, c’est la possibilité de réduire de manière structurelle et ordonnée les déséquilibres des balances courantes au niveau mondial, tout en rendant le système financier international plus stable.
 
 
 
 
L’explosion de la bulle immobilière a entraîné l’explosion de la bulle de l’endettement que l’on peut dater des années 1980, ce qui a eu pour conséquence de rendre insolvables les banques américaines et par voie de conséquences les autres banques un peu partout dans le monde.
Le blocage synchronisé, à l’échelle du monde, des marchés du crédit a entraîné une crise économique mondiale. La crise actuelle serait donc plus grave que celle de 1929, mais évidemment tout dépendra de la manière dont nous réagirons.
 
Il existe deux scénarios envisageables : un scénario rationnel et un scénario catastrophe. Le terme rationnel veut simplement dire, qu’à court terme comme à moyen terme, on s’engage à traiter les problèmes de fond que pose la crise actuelle.
 
A court terme, il faut partir de l’idée que les principales banques américaines sont insolvables. Le problème du plan Paulson (première version) et du Plan Geitner, c’est qu’ils cherchent à sortir les actifs toxiques des bilans des banques américaines, en vendant ceux-ci à une valeur surévaluée, ce qui empêche de lever l’incertitude et encourage à rechercher des solutions au coup par coup. Il s’agit, en outre, d’une subvention déguisée au secteur financier qui empêche de définir un système financier viable.
Par ailleurs les banques refuseront toujours de révéler leurs véritables pertes, de crainte d’être considérées comme insolvables avec les conséquences que l’on imagine.
Leur extraordinaire pouvoir économique, politique et idéologique leur permettent de dicter de telles solutions, alors qu’en réalité, il n’y a qu’une solution : nationaliser les banques en difficultés ce qui permettra de connaître l’étendue exacte de leurs pertes et agir en conséquence.
 
Il faudrait, à mon sens, parallèlement essayer de stabiliser le marché immobilier, puisque la plus grosse partie des produits toxiques ont pour actifs sous-jacents un actif immobilier, pourquoi ne pas recentrer le plan de relance, en venant en aide aux propriétaires immobiliers qui risquent d’être expulsés ?.
La FDIC pourrait offrir une garantie à hauteur de 85% concernant les biens qui risquent d’être saisis, ce qui suppose une modification de la loi sur les faillites personnelles aux Etats-Unis. La stabilisation du marché immobilier permettrait de procéder à une évaluation réaliste des actifs toxiques qui pourrait être alors vendus à un fonds de restructuration dirigé par l’état (c’est la solution qui a été mise en place avec succès en Suède lors de la grave crise de 1990).
 
A moyen terme, il est certain que la solution passe par un ajustement structurel et coordonné des balances courantes au niveau mondial. Autrement dit, il faut passer de la mondialisation de fait à la mondialisation de droit.
Les pays développés et les pays émergents doivent inventer un nouveau modèle économique.
 
Les premiers doivent mettre en œuvre des politiques visant à stimuler la croissance potentielle car ils ont des taux de croissance structurellement faibles. La seule solution est de développer l’innovation dans l’ensemble des secteurs économiques.
En effet la stratégie de niche, suivie par les Etats-Unis dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la communication, et de notre pays dans l’aéronautique et le nucléaire, n’est pas efficace afin de stimuler la croissance.
On ne peut développer des services à forte valeur ajoutée qui s’il existe une
production industrielle à forte valeur ajoutée.
Ils doivent, en outre, développer leurs capacités exportatrices afin de satisfaire les besoins des pays émergents.
 
Quant aux pays émergents, il est certain qu’ils vont souffrir de la crise : fuite des capitaux, chute des marchés boursiers et immobiliers ; mais on peut penser que c’est la croissance de leurs marchés intérieurs qui à l’avenir va tirer la croissance mondiale.
 
Dans ce cadre la création d’une véritable monnaie internationale offrirait un cadre adéquat permettant de réduire de manière structurelle et coordonnée les déséquilibres de balances courantes ainsi que d’améliorer la stabilité du système financier international.
 
Enfin, il existe concernant la crise actuelle, un scénario catastrophe. Il repose sur l’idée que l’administration Obama n’arrive pas à imposer sa volonté au secteur financier.
Dans ce cas on resterait dans le cadre de l’actuel plan Geitner qui a de fortes chances d’échouer, car il n’est pas basé sur un raisonnement économique cohérent.
L’échec de celui-ci empêchera toute relance significative de la croissance.
 
Dans ce contexte les plans de relance ne pourront avoir qu’un effet limité : une augmentation de la consommation à court terme.
L’actuelle récession pourrait se transformer en dépression. Dans ce cas il est presque certain que les Etats prendront des mesures protectionnistes.
Or les différentes économies sont arrivées à un tel stade d’intégration (ainsi que les processus de production), qu’il ne pourrait en résulter qu’un appauvrissement généralisé : une république de Weimar à l’échelle planétaire.
 
Le problème est que nous sommes exactement à mi-chemin entre le scénario rationnel et le scénario catastrophe : « L’homme est un être raisonnable, mais les hommes le sont-ils » (Raymond Aron, conférence prononcée à Londres).

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35 réactions à cet article    


  • John Lloyds John Lloyds 22 janvier 2010 10:50

    Excellent article, très long mais très profond, dont on pourra toutefois regretter la conclusion, souffrant d’un brin de naïveté, et dont le décalage avec la brillante analyse qui la prépare, pose question.

    Oui, c’est bien une crise de solvabilité, qui, par répercussions successives, échoit au dernier rempart solvable, le contribuable, et notamment, la classe moyenne. Les folies bancaires, permises par l’abrogation du glass-steagall act, avec la bénédiction des gouvernements, ont mené à une déroute dont l’intégralité de la facture est, et sera présentée au peuple. La classe moyenne, dans l’obligation de taper dans ses bas de laine pour survivre, en raison de la constriction fiscale croissante, de la raréfaction des crédits, et d’une contraction de l’économie, est appelée à disparaître à brève échéance.

    «  il n’y a qu’une solution : nationaliser les banques en difficultés ce qui permettra de connaître l’étendue exacte de leurs pertes et agir en conséquence. »

    C’est déjà fait ou en cours, la facture, le peuple a déjà bien compris qu’il allait se la manger. Mais n’est pas mettre un sparadra sur une jambe de bois ? Ne faut-il pas d’abord lourder tous ces irresponsables joueurs de casinos (et fermer les casinos) qui se fournissent en jetons dans le porte-feuille du contribuable, ne faut-t-il pas les passer par les armes (si vous, vous allez dans une banque derrière le guichet prendre 50€, une brigade d’intervention vous attendra dehors dans les 2mn), et créer un nouveau nuremberg pour ceux qui, au lieu de les virer, les ont reconduit, pour ceux qui ont dit, au coup de semonce de septembre 2008 « plus jamais ça », en ayant recommencé de plus belle ?

    « Il faudrait, à mon sens, parallèlement essayer de stabiliser le marché immobilier »

    Un brin naïf, les bulles s’étant propagées à d’autres secteurs, comme par exemple le carry trade, qui bloque les crédits destinés à l’économie réelle, et à côté duquel la bulle immobilière fait pâle figure. Mais supposons ... Comment allez-vous faire, puisque le FDIC est à l’état de faillite ?

    « Il repose sur l’idée que l’administration Obama n’arrive pas à imposer sa volonté au secteur financier »

    Très naïf : cette petite phase anodine montre que, si votre analyse est juste, vous n’en avez pas compris la cause profonde : Obama est un produit du secteur financier, et non l’inverse, en tant que tel il n’y a aucune chance qu’il impose quoi que ce soit par lui-même. Pourquoi pensez-vous qu’il a reconduit Bernanke ? D’où provient le financement de la campagne électorale (la plus chère de tous les temps) de cette bonne bouille humaniste, totalement inconnue quelques mois avant son challenge ?

    Oui, même si votre conclusion est un peu décalée, vous avez toutefois raison sur le fond : cette crise est plus grave que celle de 29. Mais c’est une crise orchestrée, le plus grand hold-up de l’histoire de l’humanité sur la classe moyenne qui, au mieux, finira par un capitalisme d’état à la chinoise, avec une masse populaire corvéable pour une bouchée de pain, et tenue en respect par un système repressif ultra-fachisant, ou au pire, comme en 39, directe conséquence de 29, avec une masse populaire gratos, et un réservoir de chair fraîche illimitée pour le front.



    • John Lloyds John Lloyds 22 janvier 2010 12:01

      «  La classe moyenne a davantage de possibilité de protéger son épargne »

      T’as un tuyau, Chanclerc ? La bourse ? L’immobilier ? smiley

      Pour le reste, oui, la plèbe va devoir affronter les dunes


    • ddacoudre ddacoudre 22 janvier 2010 12:57

      bonjour john

      les élément de la classe corvéable à merci sont réunis, le président peut dormir sur ses deux oreilles et passer toutes les réformes qu’il veut tout au plus il n’aura que de pauvre manifestation ou pétition l’arme, une arme de lutte redoutable.

      CEVIPOF_Baro_principal.pdf (Objet application/pdf)

      cordialement.


    • stephanemot stephanemot 22 janvier 2010 11:49

      pour moi cette crise n’etait pas une crise economique mais une crise de l’economie, avant tout une demission d’acteurs supposes connaitre leur metier.

      moins brutale que la crise de 29 (qui demeure un cas d’ecole connu de tous a commencer par Bernanke & co), celle ci aura des effets beaucoup plus durables.

      a l’epoque, il avait fallu attendre une quinzaine d’annees pour voir des instruments internationaux se mettre en place. mais il s’agissait surtout de combler un vide et ici, c’est de reforme ou de refonte drastique qu’il est question, et les resistances s’averent bien superieures.

      en depit de la destruction de ces dernieres annees, la remise en cause n’est encore que partielle. la crise ne pourra se resoudre tant que la veritable disruption ne survient pas.


      • ddacoudre ddacoudre 22 janvier 2010 12:50

        bonjour paul
        j’ai lu tes deux articles c’est bien d’apporter un tel éclairage, dans un modèle mathématisé l’on peut toujours trouver des facteurs annonciateurs, même si la difficulté demeure de les percevoir avant qu’ils n’aient réalisé leurs effets.

        mais comment espérer un changement de ces modèle déterministes quand ceux qui peuvent le faire politiquement ne s’en donne pas les moyens.

        lire cette étude.

        http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=68577

        cordialement.


        • ddacoudre ddacoudre 22 janvier 2010 12:52

          non celle-ci l’autre lien est un de mes a rticles qui était resté en mémoire

          CEVIPOF_Baro_principal.pdf (Objet application/pdf)


        • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 22 janvier 2010 22:14

          Pour les pays occidentaux, la crise est en effet beaucoup plus grave que celle de 1929. Non pas en ce qui concerne les avatars boursiers, mais par son contenu profond. Tout simplement, parce que les exportations de capitaux durent depuis beaucoup plus longtemps et qu’à présent, grâce à cette « brillante stratégie », le centre de gravité de l’économie mondiale se déplace vers l’Asie.

          Le « paradis occidental » rend l’âme après plus d’un siècle et demi d’exportation incessante de capitaux, expansions coloniales, guerres, etc. etc... Le tout, très peu glorieux, si on pense à l’atrocité des guerres et des génocides, à la brutalité du colonialisme, etc...

          Les exportations de capitaux françaises et britanniques étaient déjà une réalité avant l’arrivée de Napoléon III. Marx en a parlé en 1858, par exemple, pour répondre aux britanniques qui se plaignaient des importations de produits allemands.

          En 1870, Napoléon III s’est pris une raclée devant un pays destinataire des délocalisations franco-britanniques, l’Allemagne, qui avait fait son petit chemin. L’autre pays destinataire des délocalisations de l’époque étant les Etats-Unis, qui plus tard deviendront la première puissance mondiale profitant de la guerre de 1914-18. Cette guerre entre puissances européennes a été, précisément, l’issue de trois décennies de rivalités pour le contrôle de colonies et de zones d’influence dans un contexte d’exportation frénétique de capitaux avec l’aide de la politique de la canonnière.

          Jules Ferry défendait déjà la grande expansion coloniale française au nom de l’exportation de capitaux. Voir, par exemple :

          Le discours de Jules Ferry du 28 juillet 1885 (I)

          ainsi que les articles dont nous avons déjà fourni les liens dans ces commentaires :

          http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/seisme-en-haiti-la-malediction-68280#forum2396084

          http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/que-signifie-la-mort-annoncee-du-68136#forum2392301

          A noter que les « élites » françaises, de « droite » comme de « gauche », ont défendu mordicus les délocalisations. Voir :

          Délocalisations, recherche scientifique et propagande politique
          Recherche scientifique et technologique : où est la « guerre économique » ?

          Ce qui n’empêche pas tous ces « grands meneurs d’hommes » et spécialistes de la « gouvernance », de la « gestion » et tout le reste de continuer à chapeauter la société et à se décerner mutuellement toutes sortes d’éloges et de félicitations.

          Le Collectif Indépendance des Chercheurs
          http://science21.blogs.courrierinternational.com/

           


        • Bardamu 22 janvier 2010 13:15

          Palsambleu ! mortes couilles !... l’obsessionnel a frappé !

          Parkinsonien en diable, le garçon a été victime d’une crise de tétanie en plein sur son clavier !
          Impossible d’y décoller ses doigts d’expert, l’énarque en perdition !

          Un vertige !... une RTT trop longue, un manque d’activité ! panne de réunionite ? une crise encore pire qu’en 29 ?

          C’est pas un article, ça !
          Bien plutôt un testament fait à la terre entière !

          Ah ! Bardamu, il l’entend son excuse, comme son plat repentir :
          « Oui, j’suis désolé, j’ai rien vu venir avant !... mais, c’est plus fort que moi, il faut que j’la ramène ! »
           
          On nous prend pour des nazes ?... ou des gogos en herbe ?
          Palsambleu ! mortes couilles !... que je sois damné si je me trompe, qu’on se fout de notre figure !

          Mézigue, il le savait tout ça ! bien avant le môssieur !... qu’il fallait pas jouer avec les allumettes et brûler le fiduciaire, se mettre le feu aux bourses.

          Et encore, ça commence seulement ! et bien tant mieux d’ailleurs !
          C’était plus même tenable, cette affaire.

          On ne sait pas s’arrêter, alors le réel fait retour et s’en charge.
          Un bon pavé jeté en cette mer d’huile qu’est la virtualité, où tout paraît si calme et bouillonne par dessous !

          Le capitalisme se meurt ? Eh bien, à la bonne heure ! il est temps qu’on l’enterre !


          • ddacoudre ddacoudre 22 janvier 2010 13:59

            bonjour bardamu.

            aujourd’hui c’est ta journée de l’humour et j’en apprécie l’esprit fait de courtoises moqueries.

            cordialement


          • Bardamu 22 janvier 2010 15:53

            Je te salue itou !


          • Bélial Bélial 22 janvier 2010 13:39

            Du goudron et des plumes.


            • Bélial Bélial 22 janvier 2010 13:45

              Le monde est gouverné pas des gangsters, qui ont leur grand messe annuelle, la réunion du groupe de Bilderberg, soit on réaffirme notre humanité et on les fout à poil, soit on va vivre dans un film de science fiction.


              • BA 22 janvier 2010 16:27

                Jeudi 21 janvier 2010 :

                La banque hypothécaire allemande Hypo Real Estate (HRE), nationalisée l’an dernier, a annoncé jeudi son intention de créer une structure de défaisance pour évacuer 210 milliards d’euros d’actifs dégradés, soit environ la moitié de sa somme de bilan.

                HRE devient la deuxième banque allemande à faire appel à une « bad bank » après l’établissement régional WestLB en décembre, qui prévoit lui de se débarrasser de 85 milliards d’euros d’actifs.

                http://www.news-banques.com/hypo-real-estate-va-parquer-la-moitie-de-ses-actifs-dans-une-bad-bank/012113619/

                La banque allemande Hypo Real Estate annonce qu’elle a 210 milliards d’euros d’actifs pourris. Ce sont de soi-disant « actifs », mais leur valeur réelle est égale à zéro.

                Une autre banque allemande, WestLB, annonce qu’elle a 85 milliards d’euros d’actifs pourris.

                Et les banques françaises ?


                Combien de dizaines de milliards d’euros d’actifs pourris les banques françaises ont-elles ?


                Jusqu’à quand les banques françaises vont-elles continuer à mentir sur leur soi-disant « bonne santé » ?


                • Marc Bruxman 22 janvier 2010 19:26

                  Ben bizarrement les banques françaises n’ont pas trop fait de conneries. Et la crise leur a profité ! ! !

                  Elles ont été presque forcées à choper la garantie d’état mais n’en avaient pas réelement besoin. D’ou un remboursement rapide. Il va rester quelques merdes par ci par la a quelques milliards mais rien de bien grave.

                  Les noms des perdants sont déja connus.


                • dup 22 janvier 2010 17:07

                  pas pire , simplement la FIN

                  http://www.ustream.tv/recorded/410550.mp3


                  • Terran 22 janvier 2010 17:33

                    @ l’auteur,

                    Ce serait vraiment bien de t’intéresser aux propos de Lyndon Larouche.
                    Et si tu nous en sortais un papier honnête en mettant toute ta capacité de compréhension et d’analyse à propos du système qu’il dénonce et de la solution qu’il apporte, ce serait, merveilleux.
                    Tout au moins une avancée déjà.



                      • Marc Bruxman 22 janvier 2010 19:23

                        Non la crise actuelle n’est pour l’instant pas comparable à 1929. La plupart des gens n’ont pour l’instant pas vu grand chose changer. Les restaurants de Paris sont toujours pleins, les transports aussi. Bref cela n’a rien de cataclysmique.

                        Il y a eu un effet de panique début 2009 / fin 2008 et cette panique a tendence à diminuer fin 2009. Du coup, il y a retour à la normale de l’économie avec un petit coup de boost.

                        D’une certaine façon cette crise est terminée. Ce qui ne veut pas dire que les raisons de la crise ont été purgées. Et donc on va la voir revenir dans quelques temps.

                        Tout va maintenant dépendre de la façon dont les états vont épurer leur bilan. Si ils parviennent à résoudre les problèmes de dette publique, sachant que la dette privée commence à se réduire depuis un an, on va arriver à une situation stable.

                        @Chantecler
                        "Ah, oui ? Et le salarié de base qui voit son revenu inchangé depuis 20 ans , quand il n’a pas régressé suite à un licenciement et reclassement , qui doit payer taxes , augmentation des factures et des produits de base , il est à l’abri ? « 

                        Et bien c’est surtout les taxes qui ont augmentées depuis 20 ans, les salaires ont quand même bien bougés.

                         »La classe moyenne a davantage de possibilité de protéger son épargne , alors que même les caisses d’épargne, pour les revenus de base, ont été dénaturées avec un intérêt ridicule...et en rejoignant le système bancaire général, privé et restructuré..."

                        La caisse d’épargne ca a toujours été un truc pour arnaquer les pauvres. Si le taux du livret A est ridicule c’est qu’il n’y a plus d’inflation. Bon d’un autre coté le livret A on a beau chier dessus c’est cool parce qu’il n’y a pas de blocage de l’épargne.


                        • perlseb 22 janvier 2010 20:00

                          J’ai beaucoup aimé cette phrase :

                          Mais, au-delà, de cet aspect purement financier, ces nouveaux produits financiers ont une autre fonction essentielle : faire financer par des investisseurs non résidents une partie significative de la dette des ménages américains.

                          Comme quoi, ceux qui ont « inventé » la titrisation sur les subprime avec note AAA avaient bien vu que l’endettement américain ne pouvait pas durer éternellement. Ils ont donc chercher à endetter le monde avec leurs propres dettes. En résumé, les USA pillent sur au moins 2 tableaux à la fois

                          C’est le coup de grace pour la crédibilité des USA.

                          Certains disent que l’Europe a été souhaitée par la CIA, mais on peut voir que depuis l’arrivée de l’euro, ils sont en grande difficulté (pure coïncidence peut-être).


                          • BA 22 janvier 2010 21:28

                            « Amorcée le 15 septembre 2008 avec la faillite de Lehman Brothers, qui restera dans l’Histoire comme le krach du jeudi 24 octobre 1929, la crise aurait détruit à ce jour 50 000 milliards de dollars - l’équivalent d’une année de PIB mondial - et nécessité plus de 2 500 milliards de dollars - l’équivalent du PIB de la France - pour sauver le système financier mondial. »

                            Jacques Marseille, Le Point, jeudi 21 janvier 2010.

                            Vous avez bien lu : la crise actuelle aurait détruit à ce jour 50 000 milliards de dollars.


                            • lechoux 23 janvier 2010 17:39

                              Ce n’est pas exact. 50 000 Milliards de dollars ont changés de main.
                              Des investisseurs ont lâché cette somme pour des biens qui n’ont plus aucune valeur. D’autres les ont empochés, en marges, intéressements et frais divers, dont les frais de bouche, dans tous les sens du terme.


                            • Antoine Diederick 22 janvier 2010 21:45

                              assez d’accord avec cet article de qualité.

                              Aurons-nous le second tour de la crise, la seconde vague ?

                              Suspens....

                              Il va falloir remettre les pendules à l’heure.....lourde tâche...

                              remettre le compteur à zéro.


                              • Antoine Diederick 22 janvier 2010 22:28

                                c’est la crise d’un système qui marchait trop bien.....


                              • Stoïque 22 janvier 2010 22:11

                                @ Bruxmann

                                « Et bien c’est surtout les taxes qui ont augmentées depuis 20 ans, les salaires ont quand même bien bougés. »

                                Depuis l’avénement de l’Euro en janvier 2001, les prix réels de nombreux produits courants ont en 8 ans presque rattrapé les valeurs en chiffres des Francs Français de l’époque, soit bientôt 6.6 x les prix de l’époque ( du fait des 6.55957 FF qu’il fallait avoir pour 1.00 EUR), alors que les salaires en moyenne n’ont pas du monter de bien plus de 30%...
                                Alors qu’on trouvait encore certains produits autour de 1.00 FF en 2000, soit 0.15 EUR, que trouve t’on à 0.15 EUR aujourd’hui, voire à 0.60 EUR, soit 4.00 FF de l’époque : Rien !
                                Ce ne sont certainement pas les taxes qui sont la cause principale de l’appauvrissement général... mais bien le pressurage des salariés et consommateurs !
                                En tous domaines, le client est une poire auquel il faut extorquer le maximum...Il n’est plus le roi.
                                Indépendamment des aspects économiques, la perte de moralité de la puissance économique (toujours plus et à n’importe quelle prix ou conséquence collatérale) est aussi un des vecteurs de la crise !


                                • xa 24 janvier 2010 20:21

                                  Vous avez une liste de ces produits à1 Frf en 2000 et 1 euro en 2010 ?


                                • Pierre Boisjoli Pierre Boisjoli 22 janvier 2010 22:34

                                  On ne remet pas les pendules à zéro. On vit avec les conséquences de ses gestes passés. La situation mondiale est pire qu’elle n’a jamais été et il n’y a qu’apparence de fonctionnement. Il faudrait exiger que les banques produisent un audit qualité pour s’en rendre compte et cela inclut la FED. Les titres pourris sont partout et le monde fonctionne sur des apparences de bonne santé. La microfissuration du tissu social est à l’oeuvre et elle doit aboutir au retour du fils de l’homme. Quand le monde ne saura plus à quel saint se vouer, il se retournera vers Dieu au plus fort de la crise.
                                  Pierre Boisjoli
                                  le conseiller divin
                                  le seigneur des seigneurs
                                  le roi des rois
                                  le prince de la paix


                                  • douce france 23 janvier 2010 01:42

                                    ..une chose est sur, cette crise c’est pas par hazard ; et je pense qu’on est en train d’assister
                                    a la phase ultime de la mondialisation.
                                    ..et que les les vingt prochaine années vont etre tres..tres.. intéressante.....


                                    • wesson wesson 23 janvier 2010 03:44

                                      Bonjour l’auteur,

                                      Allez, quelques nouvelles du front pour se donner le courage ! Aujourd’hui (en fait hier), 5 banques américaines sont allés au tapis, portant à 9 le nombre de faillites depuis le début de l’année :

                                      Premier American Bank, Miami, Florida
                                      Bank of Leeton, Leeton, Missouri
                                      Charter Bank, Santa Fe, New Mexico
                                      Evergreen Bank, Seattle, Washington
                                      Columbia River Bank, The Dalles, Oregon

                                      pour la FDIC qui est déjà techniquement en faillite, la petite note se monte à environ 3 milliards de dollars.

                                      Pas de doute, tout baigne !


                                      • fhefhe fhefhe 23 janvier 2010 05:16

                                        Bruxman :

                                        Prix moyen d’une baguette 6 Frs
                                        Prix moyen d’un litre de carburant 7,8 Frs
                                        Prix moyen d’un camembert 13 Frs
                                        Prix moyen d’une salade 8 Frs
                                        Prix moyen d’un Kg de pomme de terre 4 Frs
                                        Prix moyen d’une place de cinéma 60 Frs
                                        Etc.......
                                        Prenez le SMIC au 30 Juin 2000 qui était de 1 144€ et celui d’aujourd’hui 1 343€ . Donc une augmentation de 17%
                                        Maintenant je vous laisse calculer les hausses des produits précités....
                                        D’autre part sachez qu’en 2006 (ce n’est pas si « vieux » ) 9 % de la population active était payée au SMIC , fin 2009 elle était de 15 % .....et avec 1 000 000 million de chômeurs en fin de droit fin 2010 ....je suis persuadé qu’elle dépassera les 20 % !!!!

                                        Pire ou moins pire qu’en 1929 là n’est pas le problème...le problème est dans le POUVOIR d’ACHAT des salatriés payés au SMIC mais également de la classe moyenne .

                                        Vous oubliez les travailleurs pauvres qui n’ont même pas les moyens de se loger .... !!!!

                                        Mr Bruxman , Croyez -vous qu’un salarié payé au Smic depuis 10 ans a le même Pouvoir d’Achat ... en ayant vu ne serait-ce que sa baguette de pain augmenté de 100 % ???
                                        Qu’un cadre moyen gagnant 2,5 le Smic qui a les moyens de manger « 5 fruits et légumes » par jour , a conservé son Pouvoir d’Achat avec une hausse de mini 200 % sur les fruits et légumes .( Vérifiez Mr Bruxman la Pomme de terre a augmenté de + de 1 000% en 10 ans !!!) ???

                                        Même si les salaires ont augmenté en moyenne de 20 % sur les 10 dernières années...les prix des achats « UITILES » « VITAUX » ont augmenté eux de + de 100% !!!!

                                        Mr Bruxman en 2010 il est 6,559 fois plus difficile de finir les fins de mois pour la majorité des Français . Quand je parle de majorrité , ce n’est pas des 53 % des Français qui ont voté pour le Président du POUVOIR d’ACHAT mais des 80% de la population active

                                         


                                        • Amada 23 janvier 2010 15:32

                                          Bonjour fhefhe,


                                          merci pour ce salutaire appel chiffré qui met un terme à toutes les formes d’opinions aux profit de la réalité ! A force de sornettes, nos esprits sont de plus en plus « enfumés » par des idéologies cachées qui ne disent pas leur nom. 

                                          Par exemple les lamentations dramatiques sur le moindre pourcentage de baisse sur l’immobilier, et les exclamations victorieuses lorsqu’il repart (soi-disant). Mais qui « parle » la-dedans ? 
                                          Dans mon seul immeuble, 10% des gens ont connu un épisode « rue » en 2009 mais en s’en cachant « honteusement » y inclus de leurs amis ! (Aucune présence donc dans les « statistiques » !) Je précise : Ces gens ( qui ont entre 30 et 59 ans) travaillent à temps plein, mais au Smic : ils louent leur studio 500,00 euros par mois, ce qui est illégal puisqu’ils ne gagnent pas 3x le montant du loyer, mais seulement le double. S’ils sont logés c’est que la résidence est passée temporairement au statut de résidence hotellière : on peut donc louer au jour, à la semaine, etc... Bref il leur reste 500,00/mois pour payer le reste : assurance, taxe d’habitation, voiture (faut arriver sur son lieu de travail), téléphone, nourriture...
                                           L’un d’eux a travaillé, sous couvert de « forfait » pour 3 euros nets de l’heure pour une sous-traitant de notre organisme de courrier (ça non plus, ça n’entre pas dans les « chiffres »). Faisons une petite projection : en supposant pouvoir mener deux emplois en même temps, cela ne va guère au-delà des 840,00/mois pour 70 heures par semaine... Même si on travaille la nuit : il suffit de n’y pas faire le nombre d’heures normales pour être payé au smic jour. (Pauvre P... qui renonce à 450.000 euros par an, soit l’équivalent de 37 emplois annuels à plein temps au salaire de base... !)
                                          Qui sont ces gens ? Des « paumés » ? Des « moins que rien » ? Des « assistés » ? Des « glandeurs » ? Non. Des « non qualifiés » alors ? Non plus, la plupart ont bac + 2...
                                          Notre Novlangue les appelle pudiquement « travailleurs pauvres », faute de pouvoir puiser dans le vocabulaire classique (« exploités », « esclaves » etc...). Et oui, il n’y a pas que des « étudiants » ou des « sans papiers » qui auraient besoin de Jeudi Noir !
                                          Cordialement
                                          Amada

                                        • Amada 23 janvier 2010 15:44

                                          Bonjour fhefhe,


                                          merci pour ce salutaire appel chiffré qui met un terme à toutes les formes d’opinions aux profit de la réalité ! A force de sornettes, nos esprits sont de plus en plus « enfumés » par des idéologies cachées qui ne disent pas leur nom. 

                                          Par exemple les lamentations dramatiques sur le moindre pourcentage de baisse sur l’immobilier, et les exclamations victorieuses lorsqu’il repart (soi-disant). Mais qui « parle » la-dedans ? 
                                          Dans mon seul immeuble, 10% des gens ont connu un épisode « rue » en 2009 mais en s’en cachant « honteusement » y inclus de leurs amis ! (Aucune présence donc dans les « statistiques » !) Je précise : Ces gens ( qui ont entre 30 et 59 ans) travaillent à temps plein, mais au Smic : ils louent leur studio 500,00 euros par mois, ce qui est illégal puisqu’ils ne gagnent pas 3x le montant du loyer, mais seulement le double. S’ils sont logés c’est que la résidence est passée temporairement au statut de résidence hotellière : on peut donc louer au jour, à la semaine, etc... Bref il leur reste 500,00/mois pour payer le reste : assurance, taxe d’habitation, voiture (faut arriver sur son lieu de travail), téléphone, nourriture...
                                           L’un d’eux a travaillé, sous couvert de « forfait » pour 3 euros nets de l’heure pour une sous-traitant de notre organisme de courrier (ça non plus, ça n’entre pas dans les « chiffres »). Faisons une petite projection : en supposant pouvoir mener deux emplois en même temps, cela ne va guère au-delà des 840,00/mois pour 70 heures par semaine... Même si on travaille la nuit : il suffit de n’y pas faire le nombre d’heures normales pour être payé au smic jour. (Pauvre P... qui renonce à 450.000 euros par an, soit l’équivalent de 37 emplois annuels à plein temps au salaire de base... !)
                                          Qui sont ces gens ? Des « paumés » ? Des « moins que rien » ? Des « assistés » ? Des « glandeurs » ? Non. Des « non qualifiés » alors ? Non plus, la plupart ont bac + 2...
                                          Notre Novlangue les appelle pudiquement « travailleurs pauvres », faute de pouvoir puiser dans le vocabulaire classique (« exploités », « esclaves » etc...). Et oui, il n’y a pas que des « étudiants » ou des « sans papiers » qui auraient besoin de Jeudi Noir ! Et la bulle immobilère c’est ailleurs qu’en France où les prix sont « très raisonnables ».
                                          Cordialement
                                          Amada

                                        • Marc Bruxman 24 janvier 2010 00:55


                                          « Prix moyen d’une baguette 6 Frs »

                                          Environ 1 € maintenant ca n’a donc pas bougé des masses.

                                          Prix moyen d’un litre de carburant 7,8 Frs
                                          Prix moyen d’un camembert 13 Frs
                                          Prix moyen d’une salade 8 Frs
                                          Prix moyen d’un Kg de pomme de terre 4 Frs
                                          Prix moyen d’une place de cinéma 60 Frs

                                          Rhaaa bordel je viens de comprendre vous avez traduit en Franc les prix de maintenant. C’est intelligent ca. Ducon tu crois que je me souviens de combien je payais en Franc les trucs ? Alors bon je vais t’expliquer, le Franc c’est mort depuis bientot 10 ans. J’ai plus aucun souvenir de ce truc.

                                          « Maintenant je vous laisse calculer les hausses des produits précités.... »

                                          Je serai bien incapable de vous le dire. Sur des prix de ce genre je ne les mémorise pas. Mais il y a bel et bien eu augmentation. Ca ne sert d’ailleurs à rien de les mémoriser, suffit de comparer le moment venu quand on est dans le supermarché, entre les marques...

                                          « D’autre part sachez qu’en 2006 (ce n’est pas si »vieux" ) 9 % de la population active était payée au SMIC , fin 2009 elle était de 15 % .....et avec 1 000 000 million de chômeurs en fin de droit fin 2010 ....je suis persuadé qu’elle dépassera les 20 % !!!!« 

                                          Source ?

                                           »Mr Bruxman , Croyez -vous qu’un salarié payé au Smic depuis 10 ans a le même Pouvoir d’Achat ... en ayant vu ne serait-ce que sa baguette de pain augmenté de 100 % ???« 

                                          Ah ben la baguette de pain ca change pas grand chose à l’histoire vous le savez très bien. C’est un truc à 1 €.

                                           »Qu’un cadre moyen gagnant 2,5 le Smic qui a les moyens de manger « 5 fruits et légumes » par jour , a conservé son Pouvoir d’Achat avec une hausse de mini 200 % sur les fruits et légumes .( Vérifiez Mr Bruxman la Pomme de terre a augmenté de + de 1 000% en 10 ans !!!) ???« 

                                          Je sais pas trop j’en achéte jamais brut. En général plus en version frites dans un mac dalle ou un truc du genre... Pis bon c’est vrai je regardes pas trop les prix au rayon fruits et légumes. C’est pas vraiment la dessus que ca change le prix des courses. Dans d’autres rayons si on compare les prix sur le moment et qu’on évites de prendre des grandes marques on s’en sort plutot bien.

                                           »Même si les salaires ont augmenté en moyenne de 20 % sur les 10 dernières années...les prix des achats « UITILES » « VITAUX » ont augmenté eux de + de 100% !!!!« 

                                           »Mr Bruxman en 2010 il est 6,559 fois plus difficile de finir les fins de mois pour la majorité des Français . Quand je parle de majorrité , ce n’est pas des 53 % des Français qui ont voté pour le Président du POUVOIR d’ACHAT mais des 80% de la population active"

                                          Ah je croyais que ca avait doublé ! Diantre doublé ca veut dire 6.55 fois plus ? Bordel !


                                        • xa 24 janvier 2010 20:19

                                          "Vérifiez Mr Bruxman la Pomme de terre a augmenté de + de 1 000% en 10 ans !!!"

                                          Vous voulez dire qu’en 2000, on payait le kilo de pomme de terre 8 centimes ???? Vous êtes sûr de vos chiffres ??


                                        • lolo 25 janvier 2010 00:10

                                          Tout d’abord félicitation à l’auteur pour cet article, que même un néophyte comme moi dans les questions de finance et d’économie est arrivé à suivre malgré sa longueur.

                                          Etant chercheur de profession (biologie/chimie), j’ai fait ma thèse au sein d’une multinationale française et je suis parti aujourd’hui travaillé de l’autre cotés des Alpes chez nos cousins helvétiques ; je voudrais juste intervenir sur la croyance que nous allons nous en sortir grace à l’innovation.

                                          "Les premiers doivent mettre en œuvre des politiques visant à stimuler la croissance potentielle car ils ont des taux de croissance structurellement faibles. La seule solution est de développer l’innovation dans l’ensemble des secteurs économiques.

                                          En effet la stratégie de niche, suivie par les Etats-Unis dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la communication, et de notre pays dans l’aéronautique et le nucléaire, n’est pas efficace afin de stimuler la croissance.
                                          On ne peut développer des services à forte valeur ajoutée qui s’il existe une
                                          production industrielle à forte valeur ajoutée.
                                          Ils doivent, en outre, développer leurs capacités exportatrices afin de satisfaire les besoins des pays émergents.« 

                                          A mon sens, il faut que les pays »riches" se réindustrialisent en général. Car comme le dit l’auteur on ne peut avoir une innovation efficace que s’il y une étroite collaboration de la recherche et du secteur de l’innovation avec une industrie. Mais malheureusement ce n’est pas du tout le chemin que l’on prend. L’industrie continue à régresser et la recherche est mauribonde en France du moins. Or pour innover, il faut de bon chercheurs, mais aussi de bons industriels avec du savoir-faire et du métier.

                                          Certe ce ne sont que des impressions que je tire de mon environnement et de mon expérience. Néanmoins il doit certainement y avoir du vrai dans cela. De ce que j’ai vu en France, la recherche mis à part quelques niches (nucléaire) est bien mauribonde et je ne vois rien qui soit mis en place pour la dynamiser, malgré les dires de notre cher président.

                                          1. Tous les jeunes chercheurs et posdoctorant de France ne songent qu’à une chose, partir, partir de leur cher pays. Dans le public, comme dans le privé, les salaires sont tellement bas et proches du smic, que je vois mal comment ils pourraient être motivés. Il ne reste plus que les grands groupes qui proposent des salaires décents et encore c’est tout juste s’ils proposent à ces bac+8 des salaires à 1.8 fois le smic tout au plus...

                                          2. Il n’y a plus d’étudiant qui souhaite faire des sciences, et encore moins une thèse. Les jeunes ont trés bien compris que c’est la finance qui rapporte, et pas les sciences. Et ils sont trés conscients que les métiers de la science ne leur offrent que très peu de perspectives en terme d’emploi et salaire, et qu’ils ne rentabiliseront jamais l’investissement mis dans un doctorat. Dans certaines villes de France, il y avait même parfois plus de bourses de thèse à offrir, que de candidats à s’engager dans un doctorat, du kamais vu.
                                           
                                          3. Les laboratoires français et américains sont pleins à craquer de postdoctorants indiens, chinois et autres qui une fois leur postdoctorat achevés repartent dans leur pays, où ils trouveront des perspectives bien plus intéressantes qu’en Europe ou aux USA.

                                          4. Les pays asiatiques commencent aussi à développer une recherche de qualité eux aussi, nous n’en auront pas le monopole. D’ailleurs, le paradis des thésards européens fraichement diplomés, s’appelle désormais non plus les USA, mais Singapour ou Hong-Kong où les offres de postdoctorats et autres sont de plus en plus nombreuses.

                                          En conclusion, je crois que l’Asie pourraient effectivement devenir le coeur de l’économie mondiale à l’avenir. Elle concentre l’épargne et les capitaux, a attiré les industriels, ce ui mécaniquement engendre un développement de la recherche et de l’innovation.
                                          Dire que notre capacité innovatrice va nous sauver relève de l’hérésie. Je ne vois pas pourquoi les asiatiques ou autres pays en développement s’interdiraient de faire de la recherche et d’innover.

                                          Ensuite, quant à la crise et ses perspectives, je pense qu’il faudra nécessairement en passer par la nationalisation des banques, et qu’il faut mettre un terme au règne des grands banquiers. La finance doit être au service de l’économie, et non pas le contraire.

                                          • lechoux 26 janvier 2010 16:03

                                            Merci lolo pour ton témoignage. De plus, tu confirmeras que l’innovation ne génère pas d’activité rentable dans l’immédiat et que les entreprises, même grandes, ne se risquent pas à jeter des millions dans ces trous sans fonds s’il n’y a pas de rentabilité en vue.
                                            La réponse du gouvernement pour le développement de l’économie par l’innovation est un jeu de manche, un copié-collé des mesures gaulliennes. Les politiques ne savent que reproduirent les erreurs du passé et lorsque qu’un des leurs a réussi là où tout le monde a échoué, ils s’échinent à le copier sans voir que le milieu et les contraintes extérieures sont différents.

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