Le « fear marketing »
Si je vous cite les évènements suivants, quel est leur point commun ? L’affaire du sang contaminé en 1991, la maladie de la vache folle (début des années 1990), la tremblante du mouton, la tempête de 1999, le 11 septembre 2001 (encore appelé 9/11), la canicule de 2003, l’attentat de Madrid de mars 2004, l’ouragan d’Asie du Sud-Est en 2004, l’attentat de Londres en juillet, le cyclone Katrina et sa petite soeur Rita, les émigrants de Ceuta et Melila, le tremblement de terre du Cachemire au Pakistan, la grippe aviaire H5N1...
Eh bien, tous ces évènements spectaculaires, destructeurs et d’ampleur internationale, contribuent à l’émergence d’une nouvelle forme de relation entre d’une part les consommateurs et le commerce, d’autre part l’opinion publique et la presse, et finalement entre les citoyens et l’État. Une relation fondée sur le principe de précaution, l’angoisse, l’anxiété et la peur.
Bienvenue dans l’ère du "fear marketing" et du "terror media" où chaque évènement donne lieu à une amplification démesurée des craintes individuelles et collectives. Peu à peu, le rêve et la confiance dans l’avenir, qui présidaient aux grands espoirs laissés par la chute du mur de Berlin, font place au repli sur soi, à la méfiance, à la suspicion, au communautarisme.
La société se cloisonne peu à peu, car elle devient sur-informée, sur-protégée par le principe de précaution ; le mal guette, il est là partout, et il va frapper d’un instant à l’autre. C’est vrai, durant la guerre froide, les populations étaient galvanisées par la peur d’une conflagration nucléaire générale. Mais les gens consommaient, sortaient, s’amusaient, voyageaient avec leur sac à dos à travers le monde.
Aujourd’hui, j’ai le sentiment que la population est davantage à la recherche d’une protection et d’une sécurité que les gouvernements sont incapables de garantir. Cela crée une ambiance de méfiance et d’attentisme par rapport à l’initiative individuelle. Les gens ont peur de "bouger" sur le principe de "un tiens vaut mieux que deux tu l’auras". La société s’immobilise, se gélifie, se fige.
Dans ce contexte, je me demande si on peut s’attendre à une reprise de la croissance, à ce que la consommation des ménages et les investissements reprennent ? On attend un nouveau boom économique, qui n’est pas près d’arriver.
Un nouveau type de marketing va donc se développer, le marketing de la peur, le "fear marketing", avec un discours qui cherchera à amplifier la peur, pour proposer des produits qui rassurent. A voir donc.
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