Le gouvernement face au dérapage des dépenses publiques
Les mauvaises nouvelles qui dégraderont le déficit public s’accumulent (dérapage des dépenses de Sécu, augmentation du coût de la dette publique et, maintenant, baisse de la croissance). Décryptage de la réaction du gouvernement face à ce changement de donne.
Le budget 2007 de l’Etat, préparé en 2006 par le précédent gouvernement, prenait pour hypothèse une croissance de 2,25 %, comme les années précédentes. Et les dépenses ont été prévues telles que, avec des recettes correspondant à la croissance attendue, le déficit serait à peu près stable, à 2,5 % du PIB.
Depuis il y a eu le paquet fiscal : un trou clair et net de 11 milliards qui augmentera le déficit public d’autant (soit 0,6 % du PIB).
De plus cette année, comme les années précédentes, la croissance n’est pas au rendez-vous. Malgré le fort contexte international et européen, on va faire entre 1,7 % et 1,9 % selon les économistes (1,8 % pour le Crédit agricole et Natixis, < 2 % pour la BNP, "au mieux autour de 1,75 %" pour Xerfi). Et ces prévisions ont été faites avant prise en compte de la crise des subprimes et des marchés financiers de ces derniers jours. Les recettes publiques seront donc décevantes.
Et comme les dépenses ne seront pas moins élevées que prévu (au contraire les dépenses de Sécurité sociale dérapent nettement et les taux d’interêt sur la dette publique augmentent (l’OAT TEC 10 est à son plus haut niveau depuis trois ans), le déficit va clairement exploser, autour de 3 % cette année, puis nettement plus en 2008 (dois-je rappeler que dans le même temps entre 2004 et 2008, l’Allemagne aura transformé son déficit de 4 % du PIB en excédent ?).
Alors on peut penser que le gouvernement n’a pas de chance de voir tous ces nuages noirs s’amonceler d’un coup au-dessus de lui. Mais il n’a pas d’excuse car il est aussi mauvais (voire pire avec le paquet fiscal) que les précédents. Lisons attentivement ce que nous dit Eric Woerth, minsitre du budget, mardi 22 août : "Il n’y aura pas d’augmentation d’impôts", "L’idée ne peut pas être évidemment de se dire : Il y a moins de croissance, donc moins de rentrées, et à ce moment-là on va compenser en taxant plus". (Je note qu’au passage il a bien appris de Sarkozy comment tenter de décridibiliser un argument adverse par l’absurde, mais avec nous, ça ne prend pas !).
Ce que nous dit donc M. le ministre, c’est que la France serait dans un creux de croissance et qu’elle aurait donc besoin d’une relance keynesienne - augmenter fortement les déficits - pour que la croissance reparte en 2008-2009 et comble la dette comme par magie... Grave erreur de diagnostic qui conduit à de graves mauvaises décisions : les Etats-Unis, la Chine, le monde, l’Europe et donc la France sont au contraire à la fin d’un pic de croissance ! Celle-ci menace de se réduire (personne ne la voit augmenter), et ce n’est pas la réduction des droits de succession du paquet fiscal qui va relancer la croissance en France !
Enfin, même si à court terme le raisonnement que dénonce le ministre semble en effet absurde (augmenter les impôts menacerait encore plus la croissance), il est pourtant valable, et même essentiel, à long terme (ce qu’aucun gourvernement n’a compris depuis trente ans et que seuls 18,5 % des Français ont compris en 2007). Autrement dit, alors que les prévisions de budget 2008 battent leur plein, il faut admettre que la croissance l’an prochain ne sera pas de 2,5 %, mais au contraire prendre les décisions et faire les choix - que ce soit sur les recettes ou les dépenses - qui feront que même avec 1,5 % de croissance, le déficit se réduira. Et si on a plus de croissance, ce sera tant mieux car il se réduira plus fortement.
Non à la dette !
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