• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Economie > Le plan Geithner ne suscite que du scepticisme

Le plan Geithner ne suscite que du scepticisme

Le Secrétaire d’Etat Américain au Trésor Geithner - dont la crédibilité est déjà sérieusement entamée depuis quelques semaines - a donc dévoilé il y a quelques jours les modalités d’un plan dont l’objectif est de soulager les établissements bancaires de leurs actifs toxiques. Les détails dévoilés tout récemment lèvent certes quelques doutes et ambiguïtés quant aux intentions de ce membre éminent de l’équipe économique Obama taxé - souvent avec raison - d’amateurisme mais les résultats de cet enième plan US ne dérouleront leurs effets - si effets positifs il y a ? - que sur le moyen terme.

Du reste, ce plan n’est-il qu’une version supplémentaire de tentatives souvent hâtives d’escamoter des actifs pourris ou constitue-t-il au contraire une trouvaille géniale consistant à faire participer le secteur privé dans l’évaluation et la reprise de ces créances toxiques ? En réalité, le plan Geithner est tout simplement à mi-chemin entre le plan Paulson ( le fameux TARP consistant à faire usage de la Banque Zombie ) et le plan Britannique.

En d’autres termes, alors que l’ancienne Administration US emmenée par Paulson, prédécesseur de Geithner, prévoyait de racheter les actifs douteux des Banques avec l’argent du contribuable, pendant que le plan Britannique, lui, privilégie le maintien de ces actifs douteux au sein des Banques moyennant une caution Etatique garantissant une valorisation minimale de ces créances ( ce qui revient en fait à maintenir à flot les Banques ), la dernière mouture du plan US consiste à faire participer le secteur privé et public de manière égale dans la reprise de ces actifs pourris...

Comme il a été dit et répété, le défaut fondamental du plan Paulson résidait dans le manque de clarté concernant le prix de rachat de ces actifs douteux, un prix trop élevé payé par l’Etat revenant en fait à cautionner avec l’argent du contribuable les agissements cavaliers et irresponsables de ces Banques sachant qu’un prix trop bas reviendrait à mettre de facto en faillite ces mêmes établissements, invalidant du coup le concept même de Banque Zombie.

Le plan Geithner consistant à reprendre ces actifs selon un prix proposé aux Banques fixé d’un commun accord entre le secteur public et ses partenaires privés, le défaut de la cuirasse demeure intact car rien ne contraint les Banques titulaires de vendre leurs actifs au prix offert. Geithner et ses acolytes ne devraient certes pas se retrouver à court de partenaires privés souhaitant acquérir des créances dont la valeur pourrait bien se rétablir de manière spectaculaires à l’avenir mais les établissements bancaires détenteurs de ces actifs ne se résigneront pas à les céder à des prix désavantageux.

Le plan Geithner prévoyant ainsi des contributions du secteur privé de l’ordre de 1’000 milliards de dollars n’aura donc aucun mal à convaincre ces investisseurs bénéficiant par ailleurs de conditions financières plus que favorables consenties par le Gouvernement Américain. Il est toutefois loin d’être acquis que les Banques consentent à vendre leurs créances si le prix proposé ne leur convient pas, ce qui confère en fait au plan Geihtner tout bonnement les mêmes défauts qui caractérisaient le plan Paulson ! En effet, les établissements bancaires concernés ne se résigneront toujours pas à admettre les dévalorisations substantielles de leurs actifs douteux et pour cause du reste puisqu’une telle admission les mettrait virtuellement en situation de banqueroute...

Il est donc vraisemblable que la concrétisation de ces partenariats public/privé qui nécessitera elle-même de longs mois sera suivie par une période de négociation entre Banques et investisseurs à l’issue de laquelle un certain nombre de Banques devront néanmoins céder leurs actifs à des prix peu avantageux contraignant ainsi le Gouvernement US à devoir les nationaliser...

Un temps hélas trop précieux aura tout compte fait été dilapidé car le Gouvernement Américain pourrait - et devrait - procéder immédiatement à la nationalisation de ses Banques les plus vulnérables dans le but de les restructurer rapidement en les amputant au passage de leurs actifs gangrenés afin de leur permettre de remplir à nouveau leur fonction - vitale pour l’économie - de pourvoyeuses de crédits.

Tétanisés face à l’inéluctable nationalisation au moins provisoire de leurs Banques, les tergiversations des responsables Américains entament sérieusement la crédibilité de l’équipe Obama pendant que le reste du monde regarde - en simple spectateur - la partie se dérouler.


Moyenne des avis sur cet article :  4.43/5   (14 votes)




Réagissez à l'article

21 réactions à cet article    


  • Forest Ent Forest Ent 25 mars 2009 13:34

    C’est vrai. Tout cela donne l’impression que l’administration cherche à réaliser la "nationalisation des pertes" dans les pires conditions pour le contribuable plutôt que pour l’épargnant. C’est un choix politique clair dans sa nature et sombre dans ses conséquences. La question de la "soutenabilité" de la monnaie américaine est maintenant plus qu’ouvertement posée.

    Cette crise a connu trois "échauffements" (août 2007, mars 2008, octobre 2008) d’intensité croissante. AMHA, le prochain évènement cathartique va être beaucoup plus violent. smiley


    • Michel Santi Michel Santi 25 mars 2009 13:45

      En effet, le blocage idéologique - ou doctrinal ? - semble consommé !
      Prochain climax cathartique après le G20 ?


    • Forest Ent Forest Ent 25 mars 2009 14:31

      Tout le monde a bien annoncé que le G20 ne servirait à rien. Il n’aura donc pas d’impact. Mais il y a tant de "déclencheurs" possibles : le dollar, les CDS, GM, GE, l’état de Californie, les dépenses de santé US, leur système de retraite, etc ...

      Et comme vous l’aviez signalé, il y a aussi l’Europe : les pays de l’est et du sud.

      Et puis la Chine : le jour où l’on publiera les chiffres réels du commerce récent, ça va faire très mal... Je n’entends plus beaucoup parler de la "théorie du découplage" du FMI.


    • plancherDesVaches 25 mars 2009 13:44

      Soit vous ne vous êtes pas assez renseigné, soit vous voulez noyer le poisson de ce qu’il font.
      D’ailleurs, je ne sais plus quel joyeux financier de l’équipe du gouvernement US a déclaré hier que le système mis en place était "complexe". Tu parles.
      Les actifs seront négociés au prix nominal, c’est à dire en considérant que la situation économique mondiale est toujours des plus florissante. (évidemment, ce n’est plus tout à fait le cas)
      Les "investisseurs" privés auront une garantie de l’état que quel que puisse être un prix inférieur à la revente, l’état leur versera la différence.
      Tout "actif" trop "douteux" (s’appuyant sur des banques ayant déjà fait faillite (20 depuis le début de l’année) sera racheté par l’état.
      Il s’agit donc de la PLUS GROSSE nationnalisation de pertes faite par un pays à ce jour. Et bien évidemment, sa contrepartie de privatisation des profits. On peut donc dire que le système de concentration de richesse est et reste et restera le courant de pensée le plus à la mode chez les anglo-saxons.

      Chose amusante : le montant initial est de 1000 milliards de dollars. Soit quasiment rien, mais il s’agit d’amorcer le mouvement pour habituer le peuple américain. Et les Chinois ont bien compris que ça allait entrainer la chute complète du roi dollar.


      • plancherDesVaches 25 mars 2009 14:37

        Autre chose bien amusante : le système économique virtuel prend maintenant BIEN l’économie réelle en otage en lui disant : donnez-nous l’argent de vos générations futures, ou on vous fait couler encore plus.
        Le virtuel....
        Ca donne envie de se déconnecter du net, non ?


      • W.Best fonzibrain 25 mars 2009 14:04

         mr santi
        que pensez vous de cela
        http://www.youtube.com/watch?v=_NMu1mFao3w&feature=channel_page
        qui a" retiré "550 miliard de dollars en 1 heure et demi

        sinon le plan geithner est super,il dit aux privé,investissez et si vous perdez on garantie,
        super de mieux e mieux


        • Michel Santi Michel Santi 25 mars 2009 14:16

          Oui, et je suis de plus en plus déçu par l’équipe Obama...


        • Kobayachi Kobayachi 25 mars 2009 19:57

          C’est ce qui a fait dire a Waren Buffet que les USA ont été victime d’un "nouveau pearl Harbor".
          Meme aujourd’hui le grand publique ne sait pas qui avait retirer tout cet argent.
          Etait-ce des ordinateurs, qui tous au vu de l’amorce de la chute ont automatiquement liquider leur positions ? Ou alors etait-ce un autre pays qui venait de lancer une guerre économique ?
          Grand mystere autour de tout cela et surtout grand silence de la presse économique sur le sujet.


        • W.Best fonzibrain 25 mars 2009 14:22

           mais c’est qui qui a "retiré" 550 milliard de dollar,cela le 15 septembre,quand on regarde les cours de bourse,le 15 septembre marque le début de la chute des indices

          qui joue à faire planter le système et pourquoi,
          si vous pourriez me répondre,je serai ravi,parce que ya des trucs que je saisi pas


          • Michel Santi Michel Santi 25 mars 2009 14:44

            La fin de son intervention est : "we don’t know"...

            Deux phénomènes se sont combinées en réalité : 1) l’échéance de prêts "subprimes" que les débiteurs (des privés) ont été incapables de rembourser aux banques exacerbant le point no. 2) qui est que, à l’approche de la fin du Trimestre, les Banques se devant de peaufiner leur bilan, se sont rendu compte qu’elles étaient en faillite...
            D’où la fuite massive de capitaux...


          • Internaute Internaute 26 mars 2009 12:06

            Vous avez peut-être un début de réponse ici. Sorros est connu pour avoir mis 80.000 anglais au chômage en spéculant sur la baisse de le Livre il y a quelques années. On le retrouve dans le quartet des grands gagnants en 2008.

            ===========

            (AOF / Funds) - Les 25 gérants de hedge funds les mieux payés ont gagné 11,6 milliards de dollars en 2008, selon le magazine américain Alpha. Leur rémunération moyenne s’est élevée à 464 millions de dollars, soit près de deux fois moins qu’en 2007 quand elle s’était élevée à 892 millions de dollars. Leurs revenus intègrent leurs parts des commissions de gestion et de performance de leurs sociétés, mais également la plus value générée par le capital qu’ils ont investi dans leurs fonds.

            Quatre gestionnaires ont engrangé plus d’un milliard de dollars. James Simons de Renaissance Technologies domine le classement avec 2,5 milliards de dollars, suivi par le numéro un de 2007, John Paulson de Paulson & Co avec 2 milliards de dollars. La troisième place est occupée par John Arnold de Centaurus Energy, dont les émoluments s’élèvent à 1,5 milliard de dollars. Le vétéran de l’industrie des hedge funds Georges Soros a pris la quatrième position avec 1,1 milliard de gains. John Arnold est le seul à ne pas avoir figuré au sein du quatuor de tête par le passé.


          • Serge Serge 25 mars 2009 16:47

            P.Krugman,prix Nobel d’économie ( un des rares économistes ayant annoncé "la déroute du système financier" bien avant la crise ) a fait part de son "désappointement" et se dit même "empli de désespoir."Il estime qu’un processus de nationalisation du secteur bancaire est "incontournable".Il dénonce la démarche de l’équipe économique du Président Obama " engluée par ses liens avec Wall Sreet."
            En clair,non seulement ce plan n’arrêtera pas la crise mais il va l’amplifier !


            • Marsupilami Marsupilami 25 mars 2009 16:57

              @ L’auteur

              Bon article. Mais vu que Geithner a été un des agents de la dérégulation financière sous le règne de Clinton, ce n’est qu’un pompier pyromane, comme son complice Larry Summers qu’Obama a aussi embauché dans son staff d’économistes. Not really the right man at the right place donc...


              • Serge Serge 25 mars 2009 17:23

                P.Krugman,prix Nobel d’économie, ( un des rares économistes ayant analysé et averti,bien avant septembre 2008, que le système financier allait droit dans le mur ) lui qui avait publiquement soutenu Obama,n’hésite pas à faire part de son "désappointement".Il déclare même être " empli de désespoir ".Il estime qu’un processus de nationalisation des banques est " incontournable."Il dénonce la démarche de l’équipe économique présidentielle " engluée par ses liens excessifs avec Wall Street."
                Faisons confiance à ce Nobel car en clair il envoie le message suivant : le plan Geithner est un leurre qui ne fera qu’amplifier la crise !Nous sommes avertis !


                • Kobayachi Kobayachi 25 mars 2009 19:41

                  Les articles de P. Krugmann dans le NY times, bien que toujours tres interressants, sont toujours a prendre avec précaution.
                  Bien qu’il critique souvent Bernanke, il ne faut pas oublié que les 2 hommes sonts amis de longue date, sortent tout 2 de la meme école et ont collaborer pendant de nombreuses années.


                • prudent 25 mars 2009 17:26

                  Tu me fais rigoler, michel, à la place de geithner tu ferais quoi ? tu nationaliserais toutes les banques « zombies » ? dans un pays où ce genre de geste frise l’acte socialiste ? c’est bien beau de se mettre à distance et critiquer, mais j’aimerais te voir à sa place, tu ne ferais pas le centième de ce qu’il accompli.


                  • plancherDesVaches 25 mars 2009 20:53

                    Votre réaction m’amuse. Car elle est d’une bétise qui va centrer le jugement sur une personne, soit, sortir un élément de son contexte.
                    Ainsi, dans un monde fait d’humains, vous êtes tellement centré sur vous-même que vous prouvez votre propre incompréhension des événements extérieurs.
                    Ce n’est pas QUE le commercial qui fait la valeur d’une entreprise.
                    Ce n’est pas QUE le truand politique qui fait le vérrolage de tout un gouvernement.
                    Vous me répondrez que le dirigeant est sensé choisir l’équipe qui l’entoure... Mais ceci est valable uniquement s’il n’est pas contraint ou influencé. Soit peu de vrais dirigeants.
                    Taper sur Geithner est faire le jeu de la chasse aux sorcières actuelle, rien de plus.


                  • Kobayachi Kobayachi 25 mars 2009 19:30

                    C’etait un peu fort des le depart non ?
                    Choisir un gars (Geitner) qui a frauder le fisc pour le mettre a ce poste la !
                    Et on voudrait que le peuple lui fasse confiance ?
                    Il n’a pas la stature ni le charisme pour arranger les choses.


                    • wesson wesson 26 mars 2009 00:22

                      bonsoir l’auteur,

                      héhéhé, je vous trouve bien pessimiste ces derniers temps. Pourtant, aux états unis les miracles se succèdent pire qu’a Lourdes.

                      Ainsi, on apprends que la consommation américaine en biens durables a monté de 3.4% en février après 7 mois de chute ininterrompue (dont un record de chute en janvier, -7.3%). On est donc ravi de savoir que les américains qui n’ont déjà plus que des crédits ont pu en obtenir d’autres pour consommer encore plus. Presque comme si on était pas dans une formidable crise provoquée par un excès de crédit ...

                      Selon l’article de Bloomberg d’ou je tire cette info, tout est en train d’aller mieux... Ne seriez-vous pas un peu cryptogauchiste sur les bords pour ne pas y croire ?

                      petit clin d’oeil à Forest ent, dans cet article on appelle le plan geitner un "partenariat public privé" de 1000 Mds. Comme en des termes pudiques ces choses là sont dites !

                      ah, une dernière info que, hélas, je n’ai aucune peine à croire : les commandes de matériel militaire on bondi de 35 % en Février aux USA.

                      Si les causes de déclenchement d’un nouvel épisode cathartique ne manquent effectivement pas, et on commence à deviner assez bien comment les gouvernants entendent gérer çà.


                      • Cug Cug 26 mars 2009 13:10

                        Le Secrétaire au Trésor Geithner a déclaré à CNBC : « nous avons un système financier qui est dirigé par des actionnaires privés et des établissements privés, et nous aimerions faire de notre mieux pour préserver ce système. »

                        Tout est dit, n’est ce pas.
                        L’objectif est de passer les pertes aux contibuables et c’est reparti ...


                        • ZEN ZEN 29 mars 2009 17:48

                          On voit ,déjà poindre quelques orientations qui risquent de se généraliser
                          Sacrifices pour les salariés , surtout !

                          "...Le président américain Barack Obama doit annoncer lundi de nouvelles mesures en faveur des constructeurs automobile. General motors et Chrysler avaient déjà bénéficié fin 2008 d’un prêt d’urgence cumulé de 17,4 milliards de dollars, et ont soumis en février au Trésor un plan de restructuration basé sur un total de 22 milliards de dollars d’aides publiques supplémentaires.

                          Interrogé sur la chaîne CBS dimanche, le président a toutefois clairement précisé que le gouvernement ne preterait pas d’argent sans de fortes contreparties. "Il faudra faire des sacrifices à tous les niveaux", a-t-il prévenu. "Tout le monde devra se réunir autour de la table et se mettre d’accord sur une restructuration en profondeur".

                          General Motors et Chrysler sont engagés dans des négociations avec le principal syndicat de l’automobile. Les constructeurs souhaitendiminuer leurs cotisations aux caisses de retraites, et accorder en échange des actions aux syndicats. Ils souhaiteraient également négocier des baisses des salaires...." (le Monde)

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès