Le numéro de décembre d’Actualités Habitat, une revue éditée de manière assez confidentielle par l’Union sociale pour l’habitat, expose la position de cette organisation forte de 4 000 000 de logements sociaux concernant les propositions de la commission Attali sur le logement et la croissance.
En premier lieu, de réelles convergences sont affichées sur les conditions du développement de l’offre foncière. Sont notamment réaffirmées les nécessités de rendre cohérents deux types de documents de planification locale : les plans locaux d’urbanisme et les programmes locaux de l’habitat.
Les premiers sont censés définir des espaces constructibles en conformité avec les besoins mis en évidence dans les seconds. En réalité, ces documents ont le plus souvent été établis sans lien, ce qui rend quasi-impossible la réalisation des logements nécessaires.
On peut d’ailleurs se demander pourquoi avoir créé deux documents distincts.
Les HLM marquent également leur accord sur la nécessité d’appliquer réellement la loi SRU qui fixe le quota minimum de logements sociaux pour chaque commune en laissant le préfet imposer la loi en cas de défaillance locale.
En second lieu, l’Union sociale de l’habitat sait remettre quelques pendules à l’heure face à l’intelligence trop définitive des membres des commissions Attali.
Elle rappelle notamment que les logements HLM consomment 30 % moins d’énergie que les logements privés, et que si la consommation d’eau s’établit à 150 litres par personne dans le privé elle se limite à 100 litres dans le parc HLM.
Elle rappelle également qu’en moyenne les loyers HLM sont de l’ordre de deux fois inférieurs aux loyers dits de marché.
Elle insiste enfin sur la qualité des organismes HLM qui sont le plus souvent des PME à forte implication locale et qui à ce titre offrent une réelle qualité de service. Certaines de ces entreprises présentent d’ailleurs des niveaux de satisfaction de leurs locataires très élevés, parfois supérieurs à 85 %.
Notons au passage que la commission Attali en souhaitant constituer des entreprises HLM plus importantes par regroupement est en totale contradiction avec une de ses affirmations les plus récurrentes sur la souplesse et la créativité des PME.
Les enquêtes réalisées par les organismes HLM montrent d’ailleurs que la qualité de service semble décroître au-delà d’une certaine taille d’entreprise (+ de 15 000 logements).
Pour la commission, la PME serait vertueuse pour tous les secteurs d’activité sauf pour l’activité HLM.
L’Union sociale pour l’habitat sait également exposer ses stigmates de rhumatisant en restant réticente sur l’accession à la propriété, et notamment celle des locataires HLM et en refusant de traiter au fond la question de l’occupation du parc social par des personnes aux revenus trop élevés.
En conclusion, on voit transparaître dans cette contribution la situation de l’habitat social en France.
Un système et un vrai savoir-faire, incarnés par 60 000 salariés, qui ont su faire mieux que le privé en matière de développement durable : énergie et eau, mais également en matière de développement du lien social dans les quartiers difficiles ce dont on parle peu.
Ce système a également permis de limiter les loyers à des niveaux qui permettent le maintien dans les lieux des personnes les plus pauvres.
Dans le même temps, ces professionnels de l’habitat peinent à négocier les virages imposés par l’évolution de la société. Ils continuent à opposer la primo accession au locatif social “la vente HLM doit certes être développée, mais non rendue systématique alors que l’offre locative sociale est insuffisante” et à croire que la mixité sociale serait le fait de quelques riches présents dans les HLM “la commission (Attali) souhaitant la mixité sociale, ceci nécessite d’accueillir aussi les ménages les moins pauvres en HLM”.
Tout cela semble faire fi de deux évidences.
Premièrement, un locataire qui achète, c’est un demandeur potentiel de logement de moins et donc cela ne nuit pas au rapport offre-demande dans le locatif. Il convient simplement de laisser une part suffisante au logement locatif dans l’ensemble du patrimoine disponible ce qui ne semble pas problématique dans l’immédiat.
Deuxièmement, tout le monde comprend bien qu’il faille accueillir des locataires jusqu’à 3 à 5 Smic selon que l’on est en province ou à Paris, personne ne comprend en revanche que l’on puisse y accueillir des ménages jusqu’à 10 Smic.
En fait, les primo accédants sont issus des même couches de la société que les locataires HLM et peuvent précisément contribuer à la mixité des immeubles et des quartiers en acquérant leurs logements là où ils étaient locataires. A contrario, les locataires riches résident le plus souvent dans des HLM de luxe où la question de la mixité ne se pose quasiment pas.