Les retraites : une dette sociale intenable au XXIe siècle
Au delà des discussions et des polémiques sur la réforme des retraites, des ridicules manifestations des étudiants pour leur droit à la retraite, de la retraite par points ou par répartition (qui n'est pas supérieure à la capitalisation), le problème du paiement, pour les 40 prochaines années, des retraites reste énorme et impossible à résoudre dans le cadre d'une économie moderne, ouverte et libre (sous le communisme ça ne serait pas mieux évidemment).
Si Michel Rocard avait déclaré en 1992 que les problèmes des retraites pouvaient "faire sauter 4 ou 5 gouvernements", le problème pourrait s'être aggravé et capable de faire exploser une économie et un système social comme celui de la France entière.
Cinq faits ne peuvent être occultés et ne sont pas traités par les réformes à venir
- Le vieillissement inéluctable de la population française et mondiale : l'humanité entière vieillit. Même si le phénomène est plus marqué en Europe (et en France avec désormais une baisse continue de la natalité), les nombreuses générations d'après-guerre sont encore souvent en vie et vont peser durant des années (décennies) sur les régimes sociaux. En 1981 quand la retraite à 60 ans fut installée par la Gauche les Français vivaient en moyenne 8 années de moins qu'en 2020. La retraite devrait logiquement aujourd'hui être repoussée à 68 ans (si l'on prend en compte l'espérance de vie les femmes devraient partir plus tard, tout comme les travailleurs "intellectuels" ou les cheminot -qui ne sont pas des mineurs de fond)
- Le faible nombre de cotisants face aux retraités (12 millions, bientôt 15 millions de retraités) pour moins de 20 millions d'actifs c'est intenable. Après-guerre il y avait près de 6 travailleurs pour un retraité
- La baisse d'attractivité et de volume du salariat dans un monde économique devenu incertain et flexible. Le salariat va fortement régresser dans les prochaines années du fait d'un travail trop chargé (nous sommes les champions du monde du travail chargé et taxé) mais aussi de la conflictualité des relations de travail et de l'aspiration à devenir indépendant ou encore de l'impossibilité de nombreux jeunes à accéder à un emploi stable et durable
- Les promesses intenables et accumulées depuis 40 ans : pénibilité, retraites prématurées, Compte Epargne temps, avantage pour 3 enfants, pour carrières longues, temps libre...Aucun de ces droits sociaux n'étaient financés, ils ne coutaient rien à offrir sur le moment mais ce sont les générations à venir qui sont censées payer (et qui refuseront sans doute de le faire)
- L'absence de provisionnement des retraites des fonctionnaires (ce qui double potentiellement la dette du pays bien au-delà des 200 % du PIB). L'Etat est supposé être son propre assureur (ce qui était possible dans le cadre d'une souveraineté monétaire des Etats) il ne provisionne aucune dépense de retraite de ses propres personnels. Ces retraites sont donc ponctionnées sur le budget de l'Etat (plus de 50 milliards aujourd'hui soit équivalent du budget de l'Education nationale), ces sommes seront croissantes et de moins en moins accessibles (les innombrables embauches de la Gauche après 81 qu'il faut bien assumer pendant 80 ans, 40 ans de "carrière" et 40 ans de pension)
Depuis l'adoption (heureuse) de l'Euro la France n'est plus maîtresse de sa monnaie
En cas de dépression financière importante (supérieure à celle de 2008) les Etats ne pourront plus emprunter pour amortir la crise, ni même dévaluer leur monnaie (via la planche à billet) pour à la fois retrouver de la compétitivité, limiter les importations (nous importons plus de 50 % de notre consommation) et rémunérer les habitants en monnaie de singe (une monnaie dévaluée mais qui permet toujours de se maintenir dans les frontières).
Si les milieux financiers internationaux cessaient de nous prêter 200 milliards chaque année
Notre "modèle" social est largement organisé à crédit (depuis les années 70), si on arrête de nous prêter 1 milliard tous les 2 jours les retraites (tout comme les salaires des fonctionnaires) ne peuvent plus être payées, nous ne pourrions plus subventionner la santé (déficitaire elle aussi), le chômage (qui irait croissant) et évidemment les retraites (structurellement déficitaires si on inclut les retraites des fonctionnaires).
En cas de dépression économique nous n'aurions de solution que de quitter l'Euro (et sans doute l'Europe)
Si nous reprenions le Franc français comme monnaie (ce que de nombreux démagogues réclament encore) non seulement notre monnaie ne vaudrait rapidement plus rien, mais nos dettes libellées en euros exploseraient (à hauteur de la dévaluation de notre monnaie nationale) et nous ne pourrions plus emprunter nulle part (qui nous prêterait pour être remboursé en monnaie de singe ?) et à ce instant là on peut estimer que tout l'équilibre de notre "modèle" social exploserait en quelques semaines (avec peut-être une guerre civile sociale).
Les retraites seraient réduites pour tous à un minimum vital (en deçà du minimum vieillesse actuel) avec sans doute des bons pour payer son alimentation (non importée), ses transports ou son logement. Le chômage ne pourrait plus être indemnisé (d'autant moins qu'il exploserait), la santé serait limitée aux strictes urgences (sans importation massive de médicaments ou de matériel médical), bref nous retournerions à une société pauvre et très inégalitaire comme celle d'après la grande crise de 1929.
La seule différence entre les années 30 et les années 2020 serait que notre pays serait seul (sans l'Europe) et deviendrait sans doute un fétu de paille dans le concert des Nations encore puissantes (Russie, USA, Chine).
Les retraites sont un dossier miné et impossible, sans solution à court ou moyen terme
Les retraites minent notre économie et notre avenir commun car elles reposent sur des promesses intenables comme chacun le sent (et le sait) bien. Le slogan "faire payer les riches" serait évidemment totalement impraticable tant notre dette sociale est immense dans notre pays (qui ne travaille plus assez depuis 40 ans) et c'est en travaillant plus longtemps (68 ans) et mieux que nous pourrons nous en sortir.
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