LGV Sud Europe Atlantique : Actionnaires Vinci gagnants sur toute la ligne
Mardi 31 août 2010, à Poitiers, le préfet de Poitou-Charentes, Bernard Tomasini a présenté aux élus et aux acteurs socio économiques de cette région le groupe Vinci concessionnaire des travaux et de la gestion de LGV Tours bordeaux pendant 50 ans.
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Qu’est ce le groupe Vinci ?
Le groupe Vinci, c’est en réalité 3 entités :
- Liséa le groupe actionnaire ( Vinci 80%, Caisse de dépôts et consignations 20%, une pincée d’Axa).
- Coséa le groupe d’entreprises qui va réaliser les travaux (une quarantaine d’entreprises dont une majorité de filiales de Vinci.
- Méséa entreprise qui se chargera de l’exploitation et de la maintenance de la ligne pendant les 50 ans de concession.
Le tuteur de ces 3 entités est Hervé Tricot, directeur pour Vinci du projet SEA ( Sud Europe Atlantique) qui fut en charge de l’autoroute A 19 de Brive à Montargis réalisée par Vinci selon le même principe de concession sur 50 ans.
Fortes pressions politiques (chantage à l’emploi) du lobbie BTP pour accélérer ce projet
Ce chantier LGV SEA est attendu avec impatience, et forte pression lobbying
« Les représentants de la profession (BTP) ne cachent pas qu’ils ont fait pression pour que cette infrastructure soit lancée au plus vite. "Il y a eu, en effet, des messages adressés par la Fédération nationale des travaux publics, mais nous avons parfaitement tenu le calendrier annoncé", se félicite Hubert du Mesnil, président de RFF, gestionnaire des infrastructures ferroviaires. » LE MONDE 31/03/2010
Face aux inquiétudes des élus concernant les impacts socio économiques et environnementaux de ce projet, Hervé Tricot a martelé pendant deux heures de discours des promesses : « Concertation, écoute, consensus et respect des engagements pris auprès de l’État. »
Projet LGV : pas d’emplois durables créés
L’expérience acquise de la concertation, de l’écoute, du consensus et du respect des engagements appliqués par RFF et par la Préfecture ne laisse guère d’illusions sur le sens de ces engagements.
Hervé Tricot déclare la création de 1.300 embauches locales promis. A raison de 2000€ de coût mensuel pour l’employeur pendant 3 ans, cela représente 93 millions € des 5200 millions € de finances publiques investis dans ce projet pharaonique. Soit 1,7% de l’investissement. Ces emplois temporaires ne débouchent sur aucun renforcement à long terme du tissu économique des régions impactées et donc ces 1300 embauchés en CDD se retrouveront mis au chômage au terme de la réalisation de ce projet.
Si les 5,2 milliards avaient été utilisés au renforcement de l’économie de proximité, pour la création d’emploi durable afin de répondre aux besoins de services autant agricoles, qu’artisanaux, résidentiels, des entreprises des régions concernées, il est à parier que les régions ainsi alimentés par cette manne financière pourrait connaitre en 3 ans le plein emploi.
Mise en péril des finances publiques
Au contraire, la gestion de cette nouvelle infrastructure ferroviaire à côté de la ligne existante, va alourdir globalement la charge du service public de transport ferroviaire pour les usagers et pour les collectivités territoriales. Qui va payer ce déficit galopant du transport ferroviaire ?
Dans le public, deux catégories d’invités ont pris le micro. Hervé Tricot se fait rassurant. D’un côté des élus ruraux qui n’espèrent pas grand-chose des retombées économiques, mais défendront bec et ongles les aménagements qu’ils ont demandés dans leur commune. De l’autre, des élus urbains et des entrepreneurs locaux qui espèrent voir fleurir des emplois et des contrats. Les uns et les autres sont repartis avec deux chiffres : 1.300 personnes seront embauchées sur le tracé (dont un tiers en insertion) et 20 % des travaux seront confiés à des sous-traitants locaux n’appartenant pas au groupement Coséa. Le plus gros du chantier sera réalisé par les entreprises concessionnaires et leurs propres salariés.
« Mais les retombées économiques d’un projet de 7,8 milliards d’euros seront forcément plus conséquentes que cela, par exemple dans le domaine des services », a voulu rassurer le préfet. Élus et entrepreneurs ont pris bonne note de ses engagements.
Pas de retombées économiques à attendre
Une étude réalisée sous la direction du maître de conférence Marie Delaplace de l’université de Reims démontre qu’une LGV n’apporte aucun avantage économique aux régions desservies. Il ne faut pas s’attendre à un miracle économique due à la LGV, mais bien aux conséquences économiques de l’endettement public suscité par le financement de ce projet.
L’attractivité d’une ville ne dépend pas de la LGV
Pendant que les grands élus politiques des régions se battent pour « désenclaver » leur région avec une LGV, et cela au risque fou d’endetter dangereusement les finances publiques, une études factuelles réalisées par la faculté de Paris Dauphine démontre qu’une LGV n’a aucune incidence sur l’attractivité résidentielle, donc par voie de conséquence économique des villes françaises. Pour preuve, la grande ville la plus éloignée de la capitale Toulouse est la plus attractive. Et en tête de ce classement d’attractivité démontrée … deux villes corses : Bastia et Ajaccio. Heureusement qu’aucun élu corse n’ait eu l’idée de la réalisation d’une LGV sur un viaduc en Méditerranée ! ;-)
Impacts environnementaux négatifs
Une étude menée par des experts suédois démontre l’impact environnemental négatif de la réalisation d’une nouvelle LGV dans le sens où le dégagement de CO2 occasionné par le terrassement, la mise en place du ballast, la fabrication des rails, des caténaires, etc est supérieur à l’économie de CO2 que pourrait susciter l’usage pendant 50 ans des TGV à la place des avions et des automobiles.
Les riverains impactés, les dindons de la farce LGV
Par ailleurs, les riverains sur les 117 communes impactés par ce projet LGV subissent des préjudices environnementaux, et économiques qui ne sont pas comptabilisés :
1) La perte en revenu foncier, et d’exploitation, et donc de revenu communaux suscitée par la confiscation des biens immobiliers nécessaires à la réalisation de cette infrastructure,
2) les préjudices sanitaires connus, mesurables pour les riverains de LGV et qui ne sont pas comptabilisés.
3) Les préjudices environnementaux et touristiques consécutif au saccage des paysages traversés
4) L’érosion de la côte immobilière à proximité d’une LGV
5) La boulimie supplémentaire d’énergie suscitée par l’effet de coupure des routes, des hameaux.
6) Les préjudices moraux, le viol de l’identité d’un résident qui avait choisi de vivre dans un environnement sans LGV et qui se retrouve bafoué dans son choix personnel.
Calendrier du chantier
> 2010-2011. Concertation, études et autorisations administratives (dont la loi sur l’eau et l’environnement), sondages géotechniques, archéologie préventive, libération des emprises foncières.
> 2012-2014. Travaux d’infrastructure (terrassements, ouvrages d’art, plateformes, etc.) et début des équipements ferroviaires. C’est à cette période que le chantier emploiera le plus de monde : plus de quatre mille personnes pendant deux ans.
> 2015-2016. Équipements ferroviaires (voie, caténaires, énergie, signalisation, télécommunications), essais, marche à blanc et homologation.
Chiffres-clés
> 50 ans. La durée de la concession de la ligne attribuée à Vinci par RFF.
> 302. Les kilomètres de ligne entre Tours et Bordeaux.
> 7,8. Le coût du chantier en milliards d’euros.
> 117. Le nombre de communes traversées dans six départements et trois régions.
> 400. Le nombre d’ouvrages d’art, dont 19 viaducs et 7 tranchées couvertes.
> 50. Les millions de m 3 de déblais à ôter du passage.
> 13.000. Les supports de caténaires
Conclusion
Les études menées pour la modernisation du service de transport ferroviaire voyageurs et marchandises conduite sous la pression des seuls lobbies financiers et BTP, dans la seule recherche par les grands élus des régions, de performance de vitesse pour uniquement des voyageurs grande ligne conduit à un gaspillage des finances publiques, un saccage environnemental supplémentaire, et à un leurre de miracle socio économique, et d’emploi
L’étude comparative en terme socio économique et environnementale effectuée dans la concertation, d’un projet d’optimisation de la gestion des lignes ferroviaires existantes pour assurer le transport voyageurs et marchandises et d’un projet de réalisation de LGV tel que préconisée dans le Grenelle de l’environnement et le SNIT 2010 est un leurre politique. Dans les faits, il s’agit de justifier à tout prix, à coups de martelage publicitaire, de désinformation systématique, de trafic d’études, de sondages démagogiques, de chantage à l’enclavement et au chômage, la réalisation d’une infrastructure nouvelle financée par les finances publiques pour assurer des profits supplémentaires à des entreprises d’actionnaires et de BTP, et de contenter les phobies des grands élus politiques des régions qui veulent couper le ruban de leur LGV et gare TGV.
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