Perte de compétitivité et code du Travail
S’il est difficilement disuctable que la maison France a perdu depuis 10 ans énormément de sa compétitivité (sinon comment expliquer que nos produits et services se vendent globalement de plus en plus mal ?) les raisons avancées pour expliquer un tel phénomène mérite sans doute qu’on s'attarde sur cette très grave dérive (si tant est qu’on estime la compétitivité comme un élément fondamental de notre économie et donc du développement social).
De nombreux commentateurs avancent d’une même voix le coût du travail en France (et il est inconstant de comparer les couts salariaux d’un pays comme l’Allemagne qui produit des machines et outils de haute technicité et ceux de la France qui ne fait en général qu’utiliser les machines et les outils produits par les usines allemandes), oublions aussi l’impact des 35 heures (qui au demeurant perturbent bien plus l’activité des PME que des grandes entreprises).
Abandonnons aussi l’explication –sommaire- sur la supposée cupidité d’un patronat qui serait tourné vers Germinal et le travail des enfants (il n’y a d’ailleurs pas de diplôme ni de barrière pour accéder au patronat et s’il était facile de faire fortune par ce biais on se demande pourquoi il n’y a pas plus de vocations). Nous rappellerons à ce sujet que dans une société ouverte et libérale les meilleurs ont toutes les chances de prendre la place des moins bons et qu’aucun patron mauvais ne développe ses affaires de nos jours (alors qu’une administration travaillant mal n’a pour seul juge et contrôleur qu’elle-même).
En fait il est une raison que bien peu de commentateurs abordent pour expliquer nos piètres performances économiques : la conflictualité et la faible qualité du travail en France depuis le début du XXIème siècle (abandonnons aussi ces légendes sur la meilleure productivité des travailleurs français, obtenue comme chacun le sait par l’évincement massif des jeunes, des seniors et des moins qualifiés).
En effet si le XXème siècle vit l’émergence et le développement de la société industrielle (société taylorienne où le travail est chronométré, parcellisé et guidé) le XXIème siècle voit l’émergence de nouveaux paradigmes professionnels.
Dans une société toute entière tournée vers les services, où la concurrence s’exerce sur toute la planète (un informaticien indien à 10 000 km peut faire bien mieux l’affaire qu’un ingénieur français basé à la Défense), le travail a profondément changé. Il ne s’agit guère plus de tirer des richesses du sol ou du sous-sol (ou alors presque sans main d’œuvre comme aujourd’hui dans les campagnes), ni même de produire des biens simples comme une pièce métallique ou une planche de bois mais bien plus d’inventer, d’innover, de prendre des décisions en étant autonome, impliqué, curieux et capable de travailler en équipe.
Ces qualités-là ne sont pas enseignées dans notre école nostalgique de Jules Ferry (orientée vers le diplôme non professionnel et ne visant qu’à la sélection d’une élite… devenue de moins en moins utile). Les nouvelles compétences professionnelles ne sont pas prônées par les organisations syndicales (qui globalement sont toujours dans la confrontation de classe) et notre Code du Travail (mille-feuilles règlementaire devenu contre-productif) ne permet plus aucune innovation, aucune amélioration des relations entre les travailleurs et leur employeur (il n’y a qu’à voir le piètre développement du télétravail en France).
Si donc aujourd’hui il est moins coûteux d’importer du lait d’Allemagne dans nos hypermarchés, si de nombreux fruits et légumes viennent du monde entier, si le poisson, la viande et un très grand nombre de produits industriels ou textiles (à commencer par les voitures que nous n’arrivons plus à vendre quand elles sont produites en France) sont importés c’est que les français (comme les autres peuples de la planète) préfèrent désormais consommer des produits et services réalisés à l’extérieur, avec une qualité en hausse, des prix moins élevés et via un travail plus qualifié.
Trop sûr de notre bon droit (social), persuadé que nos positions acquises seront éternelles, entraînés par des promesses démagogiques (la retraite pour les infirmières âgées de 55 ans ou les fonctionnaires ayant eu 3 enfants) nous n’avons pas vu passer le train du progrès économique et du travail en ce début du XXIème siècle.
Il nous reste désormais (bien) moins d’une décennie pour redresser la barre, tout changer et dire la vérité à nos concitoyens : à l’avenir il faudra travailler mieux, il faudra travailler plus (les 35 h sont une aberration professionnelle et sociale) et il faudra travailler plus longtemps (aucun régime de retraite ne pourra survivre avec des cotisations en régression et des droits à la retraite en très forte augmentation (car les baby-boomers partent désormais massivement à la retraite).
Toutes ces choses sont certes pénibles à entendre mais le manque de confiance et d’assurance dans l’avenir de nos concitoyens (qui remettent en question leur choix 3 mois après avoir élu leur Président) ne prouvent-ils pas à l’envie que le peuple ne supporte plus qu’on lui mente (pour être élu) et qu’on se précipite pour faire l’inverse de ce que l’on disait dès les élections gagnées.
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